mardi 30 décembre 2008

Gaza - Heures sombres pour le Proche-Orient et tous ceux qui aiment cette région du monde


Difficile de ne rien dire sur ce qui se déroule en ce moment même à Gaza. Et en même temps, la complexité et la cruauté de la situation, la distance géographique - qui ne peuvent que rendre un peu dérisoire toute prise de position n’aidant pas directement à faire avancer les choses -, la nature de ce blog aussi, ne se prêtent guère à de longs développements sur le sujet.
Simplement ceci : ceux qui savent les liens affectifs qui m’attachent au Proche-Orient, et de quelle façon cette région du monde m’intéresse, devinent aisément mon état d’esprit. Face aux images et aux nouvelles qui nous parviennent, je pense évidemment à tous ceux qui se trouvent à nouveau pris dans une Histoire qui par trop leur échappe. Et aussi à Edward W. Saïd, disparu prématurément en 2003, et dont la réflexion aurait pu faire - j’espère, fera - beaucoup pour le Proche-Orient et ceux qui y vivent.




Byblos (Liban)





lundi 29 décembre 2008

Diversité : l’heure n’est déjà plus aux mesures “gadgets” et à l’agitation de “symboles” !


Rapide synthèse de deux articles à paraître dans Le Monde du 30 décembre (et déjà mis en ligne sur le site LeMonde.fr). De quoi compléter mon précédent post sur les limites prévisibles de l’ “approche Sarkozy” en matière d’ “égalité réelle des chances” à l’école faute d’une politique véritablement cohérente, et d’une réelle volonté d’efficacité vis-à-vis des individus victimes des ségrégations sociale et territoriale...

Le "plan banlieue" reste très loin de ses objectifs (d'après un article de Luc Bronner)...
Pour l'emploi, considéré comme le dossier le plus important, moins de la moitié des objectifs ont été tenus. Le secrétariat d'Etat annonce 2 000 contrats autonomie signés fin 2008, contre 4 500 prévus à cette date et 45 000 promis en trois ans.
Difficultés aussi dans la mise en place du "busing", dispositif importé des Etats-Unis pour favoriser une plus grande mixité sociale dans les écoles. Lors de l'annonce du plan, il y a dix mois, M. Sarkozy avait fixé l'objectif de 50 communes expérimentant ce modèle d'affectation des élèves des quartiers dans des écoles plus favorisées. Fin 2008, seules sept communes s'étaient lancées dans l'opération. Cinq autres pourraient s'y ajouter en septembre 2009.
En matière de rénovation urbaine, un rapport du comité d'évaluation et de suivi de l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) s'inquiétait du désengagement de l'Etat et des difficultés de financement des opérations à moyen terme (Le Monde du 13 novembre). La crise économique, en rendant urgente la mise en place d'un plan de relance, a toutefois contraint l'Etat à revoir ses objectifs à la hausse. Le gouvernement a annoncé le déblocage anticipé de 350 millions d'euros pour permettre le lancement de nouveaux travaux dès 2009.

...Dans un contexte en nette dégradation (d'après un entretien réalisé par Luc Bronner)
Dans un ouvrage paru récemment (Ghetto urbain, éd. Robert Laffont, 2008), le sociologue Didier Lapeyronnie explique comment nombre de quartiers, partout en France, se sont transformés en ghettos ces dernières années.
Il y a dix ans, il n’aurait pas utilisé ce terme. Pour que se constitue un ghetto, il faut à la fois une fermeture d'un territoire vis-à-vis du reste de la société et la construction, dans cette cité, d'une contre-société ou d'un mode de vie particulier. Or aujourd’hui, une telle réalité commence bel et bien à apparaître en France. Avec comme socle le fait de se considérer relégué et abandonné, d'être obligé de vivre dans un espace non choisi, de se sentir victimes de la société et de ceux qu'ils désignent comme des "Français" ou des "Blancs" - les citoyens à part entière que les habitants des ghettos ne sont pas. Paradoxalement, ces phénomènes de ghettoïsation sont plus marqués dans les villes moyennes de province que dans les régions auxquelles on pense habituellement, comme la Seine-Saint-Denis ou la banlieue lyonnaise. Le niveau de chômage et l'enfermement social et ethnique y apparaissent encore plus forts. On peut craindre qu'avec la crise actuelle les évolutions économiques y soient aussi plus brutales.
Par ailleurs, un lien s’établit entre l’apparition de ces ghettos et la dégradation des rapports hommes-femmes. Aujourd'hui, en France, la féminité permet en effet d'échapper au racisme, au moins en partie. Lorsqu'on interroge des filles, elles disent souvent : "Avec une minijupe et les cheveux lisses, je rentre partout" - y compris dans les boîtes de nuit à l’entrée desquelles les garçons se voient refuser. Cette expérience se traduit par un profond sentiment d'humiliation pour les hommes qui perçoivent l'émancipation des femmes comme une démonstration supplémentaire de leur relégation, et la "féminité" comme une trahison. Du coup, ils tendent à se replier sur les modes sociaux traditionnels, sur les rôles familiaux rigides où chacun a une place prédéfinie.

Face à cette réalité, les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy pour redonner ses chances à... l’égalité des chances, apparaissent bien dérisoires. Et la responsabilité du Parti socialiste, s’agissant d’élaborer une politique - et pour l’heure de jouer un rôle actif - à la hauteur de la situation, considérable. Pour l'heure, espérons que l'exécutif saura entendre ce que recouvraient les propos tenus dimanche 21 décembre sur les ondes de la BBC par Dominique Strauss-Kahn. Reconnaissant que l’augmentation de la dette publique était “inquiétante”, le Secrétaire général du FMI a appelé les gouvernements à une action forte face à la récession (hausse des dépenses budgétaires, réductions fiscales temporaires) - pour ne pas ignorer que “l’ensemble de la société va souffrir” en 2009.

vendredi 26 décembre 2008

“Égalité réelle des chances” : dépasser l' "approche Sarkozy" en matière de parcours scolaires... ou renoncer à faire vivre la diversité !


Il y a une semaine, mercredi 17 décembre dernier, Nicolas Sarkozy annonçait à l’Ecole polytechnique l’essentiel d’un ensemble de mesures visant à “favoriser l’égalité réelle des chances”.
Dans l’idée, il s’agirait de marquer le franchissement d’un cap, peut-être d’ouvrir une nouvelle ère dans la façon dont notre société assume sa diversité - à la fois sociale et culturelle - . Naturellement, l’un des premiers espaces où se jouera l’efficacité de la prise en charge d’un tel défi est l’espace éducatif.
D’où le volet éducatif envisagé par le Président de la République : objectif de 30% de boursiers dans chaque classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) d'ici la rentrée 2010 (Jacques Chirac avait fixé en 2005 un objectif d'un tiers de boursiers dans l'ensemble des prépas, ce qui avait permis de porter le taux de boursiers à une moyenne de 22% en 2006), et création d'"internats de la réussite" où les élèves de prépas issus des “banlieues” se verront offrir un logement et un accompagnement pédagogique.
Qu’en penser ? Replaçons la ligne politique esquissée par M. Sarkozy dans la situation que connaît aujourd’hui la France. Décalage criant entre les principes “universalistes” dont nous revendiquons collectivement l’héritage, et la peine dont nous faisons preuve à faire réellement vivre au sein de notre société la diversité dans ses différentes dimensions - voir à ce sujet la tribune intitulée “Oui à la diversité, mais à toutes les diversités, y compris le handicap”, publiée par Monique Pelletier et Edouard Braine dans Le Monde du 25 décembre -. Mécanismes à l’oeuvre dans les “banlieues” censées bénéficier des mesures annoncées. Prendre en compte ces réalités, c’est mettre au jour les limites évidentes des propositions formulées par le Président de la République, et de l’approche qu’elles reflètent face aux inégalités en matière de chances de “réussir sa vie”. Pourquoi ces limites ? Pourquoi l’approche en question apparaît-elle promise à une efficacité dramatiquement réduite, par rapport aux exigences auxquelles nous sommes confrontés ? Une ligne alternative est-elle envisageable, et si c’est le cas, autour de quels axes de travail pourrait-elle s’articuler ?

Rapportée aux exigences auxquelles nous sommes aujourd’hui collectivement confrontés face aux inégalités de chances de “réussir sa vie”, l’approche esquissée par Nicolas Sarkozy apparaît condamnée à l’inefficacité. Au mieux, à une efficacité réduite, et marginale.
Qui est censé bénéficier de l’approche appelée de ses voeux par M. Sarkozy ? Les enfants issus de milieux, sociaux et culturels notamment, ayant peu accès aux filières donnant massivement accès à la réussite professionnelle. Des filières - et donc des niveaux de responsabilité dans le monde du travail - où ces milieux sont du même coup extrêmement peu “représentés”. Dès lors, le véritable enjeu, c’est de permettre à des profils plus divers de trouver leur place et de jouer leur rôle avec de vrais chances de réussir dans ces espaces, scolaires et professionnels. Or, globalement, cela implique qu’un nombre suffisant de ces enfants et adolescents persévère dans le système éducatif jusqu’à l’âge adulte et même au-delà (argument quantitatif). Ce que rien ne garantit dans l’ “approche Sarkozy”.
Deuxième limite de cette approche : elle intervient essentiellement en surface, et à l’échelle d’ “îlots” (argument qualitatif, d’efficacité à court terme). En surface, c’est-à-dire bien tard dans le parcours scolaire des intéressés : à l’issue de l’éducation secondaire, alors que beaucoup - pour ne pas dire l’essentiel - est déjà joué. Ce sont les quotas de places réservées aux élèves boursiers dans toutes les classes préparatoires. C’est la mise en place en 2009, dans tous les ministères et les fonctions publiques hospitalière et territoriale, de classes préparatoires aux concours, à destination des élèves boursiers ou issus des quartiers. Cette approche se contente d’agir en surface aussi, dans la mesure où elle tend à provilégier l’ “effet vitrine”, au niveau d’ “îlots-vitrine”, sur le souci d’efficacité durable pour les intéressés. Garantir l’accès d’un certain nombre d’entre eux aux classes prépératoires aux grandes écoles, c’est bien. Mais l’objectif qui compte, si l’on veut vraiment faire émerger une “élite issue des quartiers”, c’est de diversifier rapidement le public des grandes écoles. Or là encore, l’ “approche Sarkozy” ne porte pas le moindre embryon de garantie.
Troisième limite : à supposer qu’elle porte ses fruits pour une partie des individus auxquels elle est destinée, l’approche annoncée par M. Sarkozy semble nous condamner, sur la durée, à perpétuer une terrible déperdition de moyens sans apporter de changement significatif en matière d’ “égalité des chances” (argument “économique” et d’efficacité sur la durée). Politique hors-sol, elle apparaît vouée à n’avoir qu’un impact très marginal sur les chances des voisins et des générations suivantes dans les “quartiers”.

Origine de ces limites prévisibles ? Les réalités en matière de développement des enfants et des adolescents, de parcours scolaires et de leurs étapes, d’impact de l’environnement quotidien sur les chances de réussite des individus.
En matière de développement et de constitution de la personnalité (capital essentiel dans un parcours de formation), beaucoup voire l’essentiel se joue dès les premiers mois et années de la vie - et pas seulement dans le cadre scolaire. Aujourd’hui d’ailleurs, un consensus se dessine pour dire que les différentes formes de pauvreté sont d’autant plus pénalisantes qu’elles affectent les premières années de la vie - de sorte que, plus l’action compensatrice est précoce et massive (avant même la scolarisation), plus les bénéfices pour l’enfant et la société sont importants. (Les rares études disponibles sur la réussite à l’école maternelle suggèrent ainsi que les inégalités cognitives entre élèves de maternelle sont non seulement d’emblée extrêmement importantes, mais ont en outre tendance à s’accentuer ensuite.) C’est que, comme le souligne Eric Maurin (Le Ghetto français. Enquête sur le séparatisme social, La République des idées, Seuil, 2004), cette période de la vie inscrit dans chaque génération un ensemble d’inégalités très profondes dans la constitution même des personnes - ensuite rendues visibles à l’école puis sur le marché du travail. Or pour réussir ses études, il est nécessaire d’avoir pu bénéficier dans son enfance de conditions d’études correctes, mais aussi de conditions d’existence propices. C’est donc à ce niveau aussi qu’il faut agir en priorité.
Deuxièmement, ce qui empêche beaucoup d’enfants “issus de la diversité” (au sens culturel ou social) de bénéficier d’une formation réussie et porteuse d’avenir, c’est une crise de confiance aujourd’hui solidement enracinée. Depuis la fin des années 1990, une crise de confiance semble en effet s’être installée, notamment chez les jeunes issus des classes populaires, vis-à-vis du système éducatif. D’une part, parce qu’ils ont constaté que les études qui leur étaient “réservées” n’étaient pas celles permettant de monter dans la hiérarchie sociale. Mais aussi, d’autre part, parce que leur famille ne pouvaient pas financer ces dernières, voies de la réussite sociale - le système actuel des bourses ne changeant pas grand chose à cela. Dès lors, permettre dans une mesure significative aux jeunes issus des classes populaires de persévérer dans le système éducatif jusqu’à l’âge adulte et même au-delà, cela exige de se donner les moyens de résoudre cette crise de confiance source de blocage. À cet égard, les mesures annoncées par M. Sarkozy ne sont pas du tout à la hauteur.
Troisième réalité qui appelle un verdict sévère sur l’ “approche Sarkozy” : les effets de contexte, qui déterminent le degré d’efficacité d’une politique prétendant agir sur l’égalité des chances de bénéficier d’une formation ouvrant des perspectives de réussite. L’ “effet de contexte”, qu’est-ce que c’est ? En France, plus de 20% des inégalités devant le retard scolaire au primaire et au collège sont en réalité dues aux inégalités de voisinage social ! (cf Eric Maurin, op. cit.) En particulier, le lieu de résidence représente pour les enfants et les adolescents un enjeu plus grand encore que pour les adultes, car il conditionne les interactions auxquelles ils ont accès à un moment décisif de leur développement, personnel et intellectuel. En clair, toutes choses égales par ailleurs, un enfant vivant dans une HLM risque beaucoup plus l’échec scolaire si il habite une HLM peuplée d’enfants en échec, que si sa HLM est peuplée d’enfants ayant réussi à éviter l’échec scolaire. Ou encore, les enfants dont les parents ont fait des études courtes n’ont quasiment aucune chance d’interagir avec des enfants ou des adultes ayant dans leur famille l’expérience d’une scolarité longue - donc qu’ils envisagent pour eux-mêmes un tel destin scolaire. Par conséquent, faute d’une action suffisamment forte pour la mixité sociale (application de la loi SRU), on n’augmentera pas significativement les chances de réussite des enfants que la ségrégation territoriale pénalise dès leurs premières années. Or, ni l’actuel gouvernement ni les alliés politiques de M. Sarkozy dans les communes (que l’on pense à Laurent Lafon à Vincennes ou de Patrick Beaudouin à Saint-Mandé...) ne semblent fortement mobilisés pour une telle action.

Une autre approche est-elle envisageable, et si c’est le cas, autour de quelles axes de travail peut-elle s’articuler ?
Comme le pose très bien Eric Maurin dans l’ouvrage que j’ai déjà cité, ségrégation territoriale et déficit de mixité sociale (et de cohabitation de destins sociaux divers) contribuent lourdement à enfermer chacun dans un destin écrit d’avance. Face à cette réalité, Nicolas Sarkozy entend aider ceux que leur origine sociale - et donc souvent leur quartier de résidence - défavorise le plus, ce qui revient en grande partie à essayer d’estomper les effets de la ségrégation urbaine en dehors des territoires qui la subissent. Une autre voie est possible - et préférable. Elle consiste à promouvoir une mixité sociale accrue, à mieux exploiter l’influence du contexte social, à encourager de façon volontariste l’avènement d’une société où la pauvreté familiale ne condamne pas les enfants à vivre dans des quartiers eux-mêmes dévastés par l’échec. Pour cela, il ne faut évidemment pas attendre la sortie du secondaire pour se préoccuper des conditions faites aux jeunes issus de milieux populaires pour se former ! C’est bien avant qu’il s’agit d’oeuvrer en priorité, si l’on veut vraiment être efficace !
Concrètement, il faut nous donner les moyens d’aider au développement des enfants en les soutenant à mesure de leurs besoins dès avant leur scolarisation. L’idée d’un soutien pré-scolaire est à étudier, dans le cadre d’une politique ambitieuse de la petite enfance.
En aval, repenser le système des bourses pourrait s’avérer utile. Actuellement, ce système repose sur un saupoudrage en direction d’un nombre de bénéficiaires trop important, sans atteindre dans chaque cas un niveau suffisant pour avoir un impact réellement positif sur l’attitude vis-à-vis des études. On pourrait par exemple envisager un système fondé sur des bourses d’un montant plus important et centrées sur un nombre plus réduit de bénéficiaires. Exigence : obtenir par ailleurs des résultats suffisants pour bénéficier aux autres élèves qui, autrement, auraient eu besoin de bourses. Et donner plus aux enfants et adolescents dont les familles sont le plus démunies de ressources (en travaillant en particulier sur leurs conditions de logement).
Pour cela, on pourrait faire le choix de se déprendre de l’habitude consistant à prendre les territoires géographiques comme point d’application systématique des politiques. Dans cette logique, les politiques s’enlisent, s’épuisent. Ciblant avant tout des territoires, on s’expose à voir le dispositif s’alourdir au fil de pérennisations et de généralisations politiquement difficiles à refuser - mais qui tuent dans son principe même l’idée du ciblage tout en finissant par stigmatiser des territoires qui s’enlisent dans l’aide sociale. Dans les ZEP par exemple, on est confronté à un saupoudrage et à un insuffisant ciblage des moyens, avec des résultats cruellement faibles par rapport aux objectifs de départ et des territoires pâtissant d’une mauvaise “image”. Pour atténuer tant soit peu les effets destructeurs de la ségrégation territoriale, il faut cibler correctement les individus eux-mêmes.
Cela n’a évidemment de sens que si l’on joue à fond la carte de l’effet d’entraînement. De même que chacun souffre de la pauvreté et des échecs qui frappent son voisinage, de même chacun bénéficie des améliorations et de la réussite devenues possibles pour ses voisins. Autrement dit, toute politique sociale ou éducative diminuant les risques d’échecs dans un type particulier de famille a pour effet indirect de diminuer les risques d’échec dans les familles vivant à proximité, même si elles n’en sont pas directement bénéficiaires. Ainsi, on continuera de servir aussi les territoires et les quartiers.
Dans les établissements scolaires du secondaire (à commencer par les collèges), le travail sur l’orientation et le contenu de la “culture scolaire” appellent une réflexion soigneuse, en vue d'ajustements nécessaires. Pour bien la mettre en oeuvre, il faut impérativement tenir compte de la diversité des situations, des profils et des “missions” spécifiques des acteurs de la communauté éducative (y compris les parents d’élèves), très variables d’un secteur scolaire à l’autre. Refusant les simplifications abusives qui aveuglent, il faut notamment être à l’affût des partenariats les plus directement efficaces (y compris, encore une fois, avec les parents d’élèves comme cela est actuellement expérimenté sur un autre plan avec un projet comme “La Malette des parents” dans plusieurs collèges de l'académie de Créteil).

En résumé, cessons de raisonner en termes de “quotas” systématiques, et de perpétuer tout en le plafonnant le traditionnel (et peu fécond) saupoudrage de moyens ! Acteur de premier plan pour relever le défi de la diversité, l’éducation nationale regroupe certes des situations individuelles très contrastées et des acteurs très divers. Mais tous peuvent bénéficier collectivement d’effets d’entraînement puissants. Si l'on veut les faire jouer à plein, le moment est venu de regarder les choses en profondeur, pour articuler efficacement spécificité des situations, et dynamiques latentes - dans une politique cohérente qui ne les neutralise pas d'avance !

mercredi 24 décembre 2008

Crise de l’économie réelle : témoignages édifiants de salariés et de sous-traitants du secteur automobile

En complément à mon “billet” du 20 décembre (où il était notamment question du risque de "se perdre" qui guette les travailleurs et contre lequel il faut d'urgence nous prémunir), ce panel de témoignages trouvé depuis sur le site lemonde.fr. Des travailleurs et des sous-traitants du secteur automobile y racontent comment ils vivent la crise au quotidien, et en quoi leurs conditions de travail se durcissent. (Les témoignages ont été adressés par courrier électronique, d’où le nom quelquefois étrange des intéressés !)
En les “entendant”, on comprend combien dans la période actuelle, les mesures strictement économiques n’ont aucun sens - et risquent fort de n’être pas durablement efficaces - si elles ne s’accompagnent pas d’un combat pour préserver la qualité de vie au quotidien - ce qui passe notamment par la préservation d’un temps à vivre suffisant en dehors du temps travaillé.
J’avais également été amené, dans le cadre de mon travail pour l’Université permanente du PS, à réfléchir sur la place et les conditions faites aux travailleurs dans leur espace de travail. Cet embryon de réflexion (intitulé dans mon mémoire “Pour que vive le travail... faire toute leur place aux travailleurs”) appelle sans aucun doute approfondissement : il est au coeur de la problématique du pouvoir-vivre, indispensable point d’appui pour faire face à la crise actuelle. Dont acte !

<< "Dans l'automobile, nous vivons la peur au ventre"

Les internautes du Monde.fr travaillant dans des entreprises du secteur ou des sous-traitants racontent la crise au quotidien.

"Les prestataires, principale variable d'ajustement" par Melvyn
A chaque fois qu'il est question de la crise du secteur automobile, on fait référence aux situations des constructeurs (Renault, PSA) et de leurs fournisseurs (par exemple Valeo, Faurecia, Magnetti Marelli, etc). Mais quid du cas des milliers d'employés des sociétés de prestations auxquelles les constructeurs ont largement recours ? Pour le site du Technocentre, nous ne sommes pas loin de 30 %. Aujourd'hui, ces prestataires ne sont plus qu'une variable d'ajustement pour venir au secours de la trésorie des grands groupes de l'industrie automobile. Les non-reconductions de contrat en 2009, souvent annoncées à la dernière minute, nous rappellent douloureusement l'aspect précaire de notre travail.

"Tous nos contrats prennent fin au 31 décembre" par Thaddée
Je suis prestataire pour un grand constructeur automobile français dans le secteur de l'ingénierie. Il y a trois semaines, nous avons appris que tous nos contrats prenaient fin au 31 décembre. De quoi passer de bonnes fêtes... Etant jeune ingénieur, j'ai bon espoir de retrouver du travail dans un autre secteur, mais la majorité de mes collègues n'ont pas cette chance. Beaucoup n'ont d'expérience que dans ce secteur. Quelles perspectives d'avenir ont-ils ? A l'aube d'une crise absolument monumentale, nous avançons malheureusement dans une obscurité absolue.

"Nous sommes en chômage technique tous les vendredis" par Guillaume
Je suis chef de projet chez un sous-traitant de premier rang. Mon secteur est l'un des moins touchés pour le moment, et pourtant nous sommes en chômage technique tous les vendredis, et un jeudi sur deux. Pendant les vacances de Noël, nous serons fermés plus de quatre semaines. Nous savons qu'il va y avoir des licenciements et les personnes concernées l'apprendont en janvier. On nous a annoncé une année 2009 très difficile : le volume de travail ne diminuera pas, à l'inverse des personnels, et pourtant, nous sommes déjà en sous-effectif.

"L'entreprise se sépare des intérimaires et des CDD" par Gilles
Je travaille pour le groupe SANDEN, le numéro deux de climatisation automobile. Depuis quelques mois, l'entreprise se sépare a vitesse grand V des intérimaires et des CDD. On ne parle pas encore de plan social mais nous y pensons tous. Nous sommes très inquiets de l'avenir. Pour ma part, à 44 ans, je ne sais pas si je pourrais retrouver du travail.

"Le maître mot c'est : passer l'hiver !" par Nurieta
Je travaille chez un équipementier automobile, basé en région parisienne. La crise, nous la vivons la peur au ventre. Chaque jour les nouvelles sont pires que celles de la veille. Le maître mot c'est : passer l'hiver ! Ceux qui survivront en sortiront renforcés. J'espère que passer l'hiver suffira, car le quotidien devient très difficile à vivre.

"La production a baissé de 30 % entre septembre et octobre" par Ptitkon
Je travaille chez un fournisseur de premier rang dans la branche automobile. Nous subissons de plein fouet les conséquences de cette crise : la production a baissé de 30 % entre septembre et octobre, une diminution de 25 % est attendue pour l'an prochain. Tous les intérimaires, soit une centaine de personnes, ont été renvoyés chez eux. Les consultants vont bientôt subir le même sort. L'équipe de nuit est supprimée.
Mon poste n'est pas directement lié à la production : chef de projet, je travaille sur les futurs produits de l'entreprise. A mon niveau, j'observe un gel de projets, une diminution drastique du plan d'essai par nos clients (moins de prototypes, réduction du kilométrage des essais de validation) et une réduction des échanges directs (annulation de nombreuses réunions, pour ne pas payer l'avion). Je constate également un intérêt croissant des constructeurs pour les moteurs de petite et très petite cylindrées, éventuellement couplés en hybridation. En matière de nouvelles technologies, la tendance va vers des produits basiques et peu chers. Le plus terrible, c'est que personne ne sait à quoi ressemblera cette industrie dans cinq ans.

"Ma société a été mise en vente" par Anonyme
Je suis ingénieur études dans une société de prestation pour l'automobile qui compte 300 personnes en relations publiques. Cette entreprise, détenue par une société étrangère, a vu son carnet de commandes fondre vers un zéro prévisionnel pour 2009. Notre client principal réduit le panel de ses "partenaires" et ma société n'en fait plus partie. "Le marché français n'est plus porteur", et la société mère fait face à de grandes difficultés financières. Résultat : nous sommes mis en vente. L'incertitude règne concernant un éventuel repreneur. Pour assurer mes arrières au cas où la société fermerait, j'ai déjà passé trente entretiens d'embauches. Au bout du compte, je reçois toujours la même réponse : on attend les budgets 2009.

"Le système politico-médiatique a tendance à exagérer cette crise" par Chris
Je suis ingénieur dans une société de prestation travaillant pour le constructeur au losange, et je ne me sens pas du tout menacé par la crise automobile. En effet, même si j'admets être dans un position favorable (en CDI, environ 2 000 € net par mois à 24 ans), je pense que le système politico-médiatique a tendance à exagérer cette crise, provoquant ainsi un vent de panique très néfaste pour la Bourse. Dans mon entreprise, personne n'a été licencié, et les embauches se poursuivent puisqu'il y a plus de projets disponibles que de ressources humaines. Pour certains patrons la crise n'est qu'un pretexte à justifier des plans sociaux qui auraient eu lieu de toutes facons.

"L'industrie automobile est un des plus gros clients de la branche FRET de la SNCF" par Abdel Hakim
Je suis conducteur de train, affecté au FRET SNCF. Plusieurs grands groupes de l'industrie automobile ayant passé des contrats avec la SNCF ont supprimé des trains de marchandises en raison d'une baisse de la production. Conséquence pour moi : une baisse de ma rémunération car une bonne partie de mon salaire varie en fonction de la charge de travail. En effet, l'industrie automobile est un des plus gros clients de la branche FRET de la SNCF. C'est pareil pour la sidérurgie, où les baisses de production influent sur le nombre de trains commandés ensuite à la SNCF.

"Le marché allemand n'est pas épargné" par Geoff
Je travaille en Bavière pour un important fournisseur des constructeurs allemand. Ici, les arrêts de chaîne sont adaptés en fonction de la production des clients. Dans ma branche, le design, les projets dits secondaires ou moins prioritaires (et moins rentables) sont laissés à l'abandon. Les postes d'externes se raréfient, les embauches également. Seuls quelques postes stratégiques font exception. Le marché allemand n'est pas épargné : les ventes chutent, les stocks augmentent et il faut faire le dos rond. L'ambiance est plutot maussade, même si les plans sociaux ne sont pas encore à l'ordre du jour. >>

dimanche 21 décembre 2008

Pierre Moscovici veut organiser au sein du PS un pôle dynamisant pour construire "un socialisme du 21e siècle"

Le 7 décembre dernier, je m’inquiétais des conditions dans lesquelles le Parti socialiste et sa nouvelle direction allaient savoir relever les défis de la diversité dans les mois et les années à venir. En commençant, naturellement, par faire vivre dans nos propres instances (nationales et locales) les diverses sensibilités que le PS rassemble en son sein, de manière à ne se priver d'aucune force de proposition pour "revitaliser" son projet. Un travail indispensable pour faire pleinement entrer notre famille politique dans le 21e siècle, et lui donner tous les moyens d’être à la hauteur des exigences rigoureuses dont celui-ci est d’ores et déjà porteur.
En tout état de cause, ce ne sont pas les ressources de bonne qualité ni les volontés, si une démarche résolument collective sait leur faire une juste place, qui feront défaut dans ce travail. Témoin la ligne et les objectifs que se fixe clairement sur son blog Pierre Moscovici, résumés dans un article mis en ligne sur nouvelobs.com le 19 décembre et que je reproduis ci-dessous.


<< "Loyauté" à la direction de Martine Aubry et "liberté", écrit le député socialiste sur son blog, définissant ainsi la ligne de conduite de son mouvement "Besoin de gauche".

Dans une "Lettre aux amis de 'Besoin de gauche'", postée jeudi 18 décembre sur son blog, l'ancien ministre des Affaires Européennes, Pierre Moscovici définit sa ligne de conduite : "loyauté" à la direction de Martine Aubry et "liberté". Nullement "un retrait, moins encore une retraite", écrit-il. Il invite fin janvier à une "réunion nationale" de "Besoin de gauche". Pierre Moscovici indique qu'il veut faire grandir" son mouvement "Besoin de gauche" pour construire, au sein du PS, une "force de réflexion, de proposition et d'action majeure".

Un groupe de poids
"Besoin de gauche", du nom de la contribution dont il était le premier signataire avant de rallier Bertrand Delanoë, "existe et pèse", assure ce proche de Dominique Strauss-Kahn. Le groupe compte "une trentaine de membres dans les instances nationales du PS, plusieurs premiers secrétaires fédéraux, 5 membres du Bureau national, 2 secrétaires nationales". Il s'agit de "construire et nous construire". Pierre Moscovici, qui avait été candidat à la tête du Parti, veut "faire grandir Besoin de gauche", "en faire une force de réflexion, de proposition et d'action majeure, au service du socialisme du XXIe siècle".

Une base "un peu étroite" pour Aubry
Pour lui, la direction de Martine Aubry s'est installée sur une base "un peu étroite", "coalise des forces hétérogènes". Pierre Moscovici préconise un "travail de fond" et une "organisation rigoureuse": avec un "collectif politique d'animation", "des experts" qui "travailleront de façon ouverte", des "camarades" qui "réfléchiront à la vie du Parti", des "correspondants" dans chaque Fédération, une lettre hebdomadaire dès janvier 2009.

Objectif : les futures "électorales"
Il s'agit de "préparer les conventions et textes du Parti" et de prendre toute (sa) place dans les échéances futures" "électorales" ou "internes" au PS. "Nous pourrons jouer un rôle central dans la rénovation, incontournable de la gauche et dans la préparation de l'alternance, indispensable à la politique de liquidation de Nicolas Sarkozy", écrit encore le député du Doubs. >>

samedi 20 décembre 2008

Temps de travail : dissiper les séductions brumeuses du “pragmatisme”, assumer les exigences réelles du progressisme

Cet été, je proposais à mon camarade Akli Mellouli d’adresser au journal Le Monde une tribune, pour dénoncer l’aberration que constituait la décision du gouvernement Fillon de relever le plafond du nombre de jour travaillés pour les “cadres”. Aberration au regard des aspirations croissantes et légitimes des individus dans la société française - et que cette société a besoin de faire vivre pour bien et durablement fonctionner. En particulier, l’aspiration croissante à avoir du temps pour soi, et du temps à passer avec ses proches. À “pouvoir se réaliser aussi, jour après jour, à travers une vie sociale et affective épanouissante, où la part humaine reprenne pleinement ses droits”.
Tandis que le choc de la crise se se propage, et que la crise financière internationale se fait crise de l’économie réelle, on prend progressivement la mesure de cette aberration. (Les ambitions affichées par le Président de la République en matière de diversité du recrutement dans les grandes écoles contribuent d’ailleurs à la mettre en évidence, j’y reviendrai prochainement.)
En effet, la “crise de l’économie réelle”, qu’est-ce que cela signifie ? Entre autres choses, un durcissement des conditions de travail au quotidien (y compris du fait des incertitudes accrues sur leur avenir professionnel pour les salariés, ouvrant la voie à des pressions accrues). Les bonnes résolutions et les engagements prometteurs suscités par la crise financière n’ont évidemment pas pu, à ce jour, se traduire par une transformation des pratiques qui régissent nos économies, et le quotidien des acteurs économiques (entreprises, travailleurs). Ce sont donc ces pratiques qui vont s’appliquer, avec une brutalité proportionnelle à la gravité de la situation (dès fin octobre le Bureau international du travail avait prévenu que la crise financière risquait d'accroître de 20 millions le nombre de chômeurs dans le monde, qui pourrait atteindre un record historique de 210 millions de personnes fin 2009).
Le risque ? Que ces acteurs économiques, c’est-à-dire tout simplement pour la plupart des hommes et des femmes qui travaillent pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, se perdent. Perdent leur travail. Soient dépossédés de tout pouvoir de trouver un sens à leur travail - qui sans cela devient abrutissant. Se voient arracher la disponibilité nécessaire pour “se reconstituer”, récupérer de l’usure du travail et exister autrement que par celui-ci (avoir une vie de famille, se cultiver, avoir une vie sociale, “faire le point” quand le besoin s’en fait sentir...). Autrement dit ? Que la vie se fasse sans eux, que d’autres transforment la société sans qu’ils aient la moindre chance d’y jouer pleinement leur rôle, ou d’y vivre leurs aspirations légitimes. Sauf à “tout casser” pour refuser qu’on les casse, et qu’on casse ce qu’ils veulent construire - parce qu’un acteur économique c’est aussi un citoyen, et une personne.
Fréquemment oubliée, cette évidence s’impose aujourd’hui avec force. Et sa prise en compte s’impose parmi les règles de l’économie. Ainsi, il y a quelques jours, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a souligné que les gouvernements doivent rapidement empêcher la récession économique de laisser les troubles sociaux se généraliser. En clair : les marchés vont devoir à nouveau pleinement intégrer la variable politique, sociale et humaine dans leur évaluation des risques.
Comment faire ? Une piste parmi d’autres : refuser la “privation de l’intime” (pour reprendre la notion-titre du philosophe Michaël Foessel), et faire résolument à celui-ci toute la place qui lui revient. Pour commencer, dans notre vie jour après jour. L’intime, c’est un ensemble de relations (y compris avec soi-même) où chacun exerce sa liberté de choix et expérimente sa capacité à créer des relations singulières, enchevêtrées dans une histoire, “en dehors” des mécanismes socio-économiques prédominants. C’est d’ailleurs une conquête des Lumières, l’invention de l’intime au XVIIIe siècle s’étant faite contre la toute-puissance de la religion sur les vies. C’est aussi ce terreau des expériences affectives, amoureuses, amicales, où germent les nouvelles normes que ses membres adressent à une société au fil de son histoire, la faisant ainsi progresser, se “moderniser”. Or, ainsi que l’analyse très bien Axel Honneth dans son ouvrage La Société du mépris, les évolutions néolibérales sont largement porteuses d’une dissolution de l’intime, en associant à la vie professionnelle “des exigences accrues en temps et en mobilité”, “des attentes constantes de responsabilité propre et d’engagement émotionnel plus conséquent”.
Concrètement, cela commence par refuser l’instauration insidieuse du travail dominical. Comme d’ailleurs les députés européens l’ont fait cette semaine pour l’augmentation du plafond de l’horaire de travail hebdomadaire. Mercredi 17 décembre, ils ont refusé la semaine de plus de 48 heures pour les travailleurs européens. Les Verts, les socialistes, un tiers des libéraux et une partie des chrétiens-démocrates unissant leurs voix, par 421 voix contre 273 (et 11 abstentions), ils ont imposé un amendement supprimant la possibilité laissée aux gouvernements européens de déroger, sous certaines conditions, à la limite du temps de travail hebdomadaire de l’UE (actuellement fixée à 48 heures). C'est un revers pour Xavier Bertrand, qui espérait un accord sur cet allongement.
Quittant la présidence de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy affirmait il y a quelques jours devant le Parlement européen qu’il sortait de cette expérience “plus européen”. Au point de reconnaître quelque pertinence aux députés européens et à leurs analyses sur les priorités et le sens de l’histoire en matière de temps de travail ? Après avoir tourné en dérision la réduction du temps de travail mise en oeuvre par le gouvernement Jospin, Nicolas Sarkozy et le gouvernement Fillon ont montré des velléités de repousser le plafond de ce temps... très loin. Nous verrons bien en janvier (le débat sur le travail dominical ayant été repoussé à cette date) ce qu’il reste du respect affirmé de M. Sarkozy pour les Européens et les analyses de leurs représentants.
Quoi qu’il en soit, les socialistes que nous sommes peuvent en tirer un encouragement à être eux-mêmes - tout en continuant de scruter les aspirations légitimes et fécondes de nos concitoyens, et en pensant soigneusement les moyens de les concrétiser. C’est à ce prix que nous dissiperons les séductions brumeuses du “pragmatisme”, et que nous redonnerons ses chances au progressisme.

mercredi 10 décembre 2008

Déclaration universelle des droits de l'Homme : 60 ans après, commémorer... ou faire pleinement vivre les libertés et droits fondamentaux ?

C’est aujourd’hui le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies). Est-ce un hasard? Tout dernièrement, le débat parlementaire sur la réforme de l’audiovisuel public a remis au cœur du débat politique la question des libertés publiques. C’est en effet sous cet angle que les élus de l’opposition (socialistes, communistes, citoyens et verts) ont décidé d’éclairer les enjeux du projet de loi, afin d’en mettre en évidence les graves travers. Au premier rang de ceux-ci : la « reprise en main » par l’exécutif de la nomination des dirigeants de l’audiovisuel public.
Bref rappel : en janvier 1989, la création du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) avait été une avancée pour les libertés publiques et l’équilibre des pouvoirs en France, le pouvoir de nomination dans ce domaine revenant à audit conseil. Avec la loi proposée aujourd’hui, les PDG de France Télévisions, Radio-France et de l’audiovisuel extérieur (Radio-France Internationale, TV5, Canal France International) seraient nommés en Conseil des ministres.
Autrement dit, on passerait d’une situation où l’Etat exerce sur ces sociétés un contrôle technique, notamment financier (les représentants du Parlement siègent déjà dans le conseil d'administration des différentes sociétés concernées, contrôlant chaque année l'utilisation des deniers publics ; de plus, l'audiovisuel public est régulièrement contrôlé par le contrôle d'Etat et par le ministère du budget), à une situation marquée par une influence directe de l’Etat sur leur travail.
C’est ce qui conduit certains, comme Jean-François Téaldi (l’un des porte-partole de l’intersyndicale de l’Audiovisuel public), à parler d’un « recul démocratique de quarante ans » et à craindre le retour d’une « télévision d’Etat » analogue à celle qui, dans les années soixante, voyait le ministre de l’Information dicter quotidiennement aux chaînes de télévision et de radio le contenu de leurs programmes et de leurs journaux (chat avec les lecteurs-internautes du site lemonde.fr le 5 décembre).
Certes, pour reprendre l’objection malicieusement soulevée par un de mes camarades sur un autre sujet rejoignant aussi la question des libertés publiques, « nous ne sommes pas sous Pinochet ». Nous ne l’étions pas non plus dans la France des années soixante. Souhaitons-nous pour autant renouer tranquillement avec les logiques de cette époque ?

En matière de respect des libertés publiques, une double vigilance s’impose. D’une part pour éviter – et le cas échéant, combattre – les mises en cause spectaculaires de ces libertés. Mais aussi d’autre part, pour ne pas passer à côté de réalités moins immédiatement perceptibles : réticences discrètes – et contredisant néanmoins les lois de la République – à les faire vivre au quotidien, sensibilité et exigences croissantes de nos concitoyens en matière de respect de ces libertés – et les obligations également croissantes que cela implique pour les responsables politiques. Dans ce domaine, l’histoire l’a souvent montré, rien, pas même la moindre approximation, n’est réellement anodin ni anecdotique.
Deux exemple, où l’on voit que les enjeux à l’œuvre dans un débat national comme celui de la réforme de l’audiovisuel public ont leur pendant plus près de nous.
L’ « affichage d’opinion et des associations sans but lucratif » ou « affichage libre », traduction concrète de la liberté d’expression. Il a été réglementé par la loi n° 79-1150 du 29 décembre 1979 et par le décret d’application n° 82-220 du 25 février 1982. Ces textes prévoient que dans chaque commune, sur une superficie définie suivant le nombre d’habitants, des emplacements d’affichage pouvant prendre différentes formes (panneau, colonne Morris, mur…) doivent être réservés aux associations ou à toute personne voulant passer une annonce gratuitement (sans but lucratif ou commercial). Dans une commune comme Vincennes, qui compte 47000 habitants, cela fait 27 mètres carrés mis à disposition des citoyens pour l’affichage libre. Y sont-ils ? Dans quelles conditions peut-on les utiliser ? Je vais faire dans les jours qui viennent ma propre enquête – disons que ce sera ma deuxième contribution personnelle à la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme !
Deuxième exemple : les conditions de vie faites aux personnes retenues dans les Centres de rétention administrative (CRA) comme celui de Vincennes, à proximité immédiate de notre commune. Fermé cet été après avoir brûlé, ce dernier a été rouvert au mois de novembre. Or dans ces centres, la décence des conditions de vie était jusqu’à présent partiellement garantie par le travail de la Cimade (association œcuménique d’entraide) - seule association assurant depuis 1984 une permanence dans les CRA, et qui publie chaque année un rapport très critique sur leur fonctionnement et le respect des droits dans ces structures. Malheureusement, dans le cadre de la refonte du système d’information des étrangers dans les 27 CRA répartis sur le territoire français (organisé par un décret daté du 22 août et devant entrer en vigueur le 1er janvier prochain), la Cimade perdra son exclusivité et les associations qui auront accès au CRA seront désormais désignées par le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire sur la base d’un appel d’offres lancé en août… par lui-même ! Contre cette inquiétante évolution, 260 élus de toutes tendances politiques (dont le numéro 2 du Modem et le député UMP Etienne Pinte) ont interpellé le Président de la République, dans une lettre ouverte publiée le jeudi 30 octobre. Ils estiment notamment “qu’imposer [aux] futurs intervenants un devoir de confidentialité et de neutralité va entraver tout témoignage public sur certaines situations contraires au respect des droits fondamentaux". Dès le lendemain, j’ai adressé à notre maire Laurent Lafon un courrier – que je reproduis ci-dessous – dans lequel je souhaitais obtenir des garanties sur sa position et celle de l’actuelle majorité municipale vincennoise sur cette question de politique générale qui trouve une application tristement concrète à 20 minutes à pieds du centre-ville de notre commune. À ce jour, ce courrier demeure sans réponse.

Comme citoyen, je souhaite que le 60e anniversaire de la DUDH soit aussi l’occasion de réfléchir ensemble sur les pratiques et les outils aujourd’hui nécessaires pour faire vivre pleinement – jusque dans notre environnement quotidien - les droits qu’elle a consacrés, et pour être à la hauteur des exigences croissantes de nos concitoyens en la matière. À l’heure où le local et le global se font écho, et se rencontrent sans cesse, l’échelon municipal n’a-t-il pas aussi vocation à accueillir une telle réflexion, et à y faire toute leur place aux citoyens et aux associations qui souhaiteraient y prendre part ? Les modalités restent à penser. Cela peut faire toute la différence entre une simple commémoration - où l’on se souvient "rituellement" - et un anniversaire – où l’on continue à faire vivre -.

dimanche 7 décembre 2008

Vous avez dit "diversité" ?...


Parcourant ce matin les informations mises en ligne sur le site internet lemonde.fr, un étrange écho a retenu mon attention. Echo entre les résultats de deux sondages réalisés à quelques jours d’intervalle, et qui voient nos concitoyens exprimer dans des proportions similaires deux sentiments a priori sans rapport entre eux.
D’après un sondage réalisé du 21 au 27 novembre, 78% des Français se sentent menacés par la réduction de la biodiversité (84% considérant la réduction de cette dernière comme un enjeu majeur du 21e siècle, et 56% déclarant n'être "pas d'accord" avec l'affirmation selon laquelle "on ne peut pas faire grand chose en tant que citoyen en faveur de la biodiversité [et que] c'est aux pouvoirs publics de prendre les décisions").
D’après un sondage réalisé les 4 et 5 décembre, “pour 71% des Français, le PS n’a pas de projet” (65% mettant en cause la qualité des dirigeants du parti).
Coïncidence anecdotique... ou au-delà et pour qui veut bien l'entendre, rappel à la lucidité et à la responsabilité dans nos pratiques internes ?

Que la préservation de la biodiversité apparaisse largement comme un enjeu majeur du 21e siècle, cela n’a plus rien d’étonnant. Notamment en raison de la place d’ores-et-déjà prise dans le débat public par la notion de diversité - sur les différents plans où elle se décline. Je partage naturellement cette conviction - et c’est sans grande originalité que j’ai mis cet objectif au coeur de ma réflexion sur le pouvoir-vivre, en esquissant les contours de ce que pourrait être une politique du pouvoir-vivre en matière environnementale. Ce qui retient l’attention, c’est qu’une majorité de nos concitoyens estime devoir - et pouvoir - jouer un rôle actif et direct dans préservation de la biodiversité. Et considère désormais ce combat pour faire vivre la diversité comme un enjeu incontournable de l’engagement politique et citoyen au 21e siècle.
Bonne nouvelle pour le débat politique, dont les acteurs vont devoir faire les efforts de lucidité et de rigueur nécessaires pour prendre à bras le corps cet enjeu, sans le faire de manière rhétorique ou superficielle. Bonne nouvelle aussi, a priori, pour le militant socialiste que je suis. Ma famille politique ne s’efforce-t-elle pas, au moment où elle amorce un renouvellement de son oganisation et sa remise en ordre de bataille, de relever le défi de la diversité dans ses différentes dimensions ?
Dès hier samedi, Martine Aubry a en effet annoncé que la nouvelle équipe de direction (secrétariat national) du PS serait une équipe parfaitement mixte avec 19 femmes et 19 hommes, soulignant que “c’est la première fois que cela arrive dans notre parti”. Le même secrétariat national comportera 20% de responsables issus des “minorités visibles” (c’est ce que Martine Aubry appelle, dans des termes effectivement plus heureux que cette formule, une direction “aux couleurs de la France”). Enfin, cette direction comportera “60% de nouveaux visages et 40% de moins de 40 ans”. Sont également annoncés, entre autres, deux outils susceptibles de garantir la diversité des idées dans le débat : "un forum des territoires" présidé par un grand élu PS, pour "que les élus retrouvent leur place au coeur du parti" avec pour missions notamment "d'échanger nos pratiques", "défendre nos collectivités" ; "un laboratoire des idées", pour "ouvrir les portes et les fenêtres" du PS "aux intellectuels, chercheurs, artistes, syndicalistes"... (Aubry: équipe de direction du PS de 38 membres, à parité hommes-femmes - dépêche AFP du 6 décembre, 14h20)
Ayant présenté la contribution de Martine Aubry parce que j’y trouvais un écho de mon engagement pour une politique du pouvoir-vivre, je ne suis pas étonné par ces idées prometteuses. Comme de celle de lancer des "assises de la rénovation" pour porter cet important chantier. Et pourtant, ce soir, j’ai des inquiétudes. Pas sur la bonne foi et la détermination de notre nouvelle Première secrétaire. Ni sur la capacité de nos valeurs, portées collectivement, à faire vivre ces transformations. Alors sur quoi ?
Poursuivant ma lecture, je découvre la dépêche AFP suivante : “Le Conseil national du PS a approuvé samedi par 146 voix pour et 72 abstentions le texte d'orientation politique proposé par la direction de Martine Aubry” (6 décembre 14h48).
Puis je tombe sur ce titre : “Le début de l'ère Aubry plombé par les divisions”, suivi des lignes suivantes en date du 6 décembre : “Nouvelle première secrétaire, nouvelle direction, nouveau texte d'orientation... Le Conseil national du Parti socialiste a marqué, samedi 7 décembre, le début de l'ère Aubry au PS. Mais ce Conseil qui devait être celui du renouvellement aura surtout été plombé par les divisions.”
Avant de rencontrer cette analyse de Vincent Peillon, disposé il y a peu à mettre ses qualités au service de la nouvelle direction du Parti socialiste, et déplorant aujourd’hui le “faux départ” de celle-ci : "tout a été fait pour mettre Ségolène Royal dehors" (faisant allusion à la ligne représentée par cette dernière, qui a recueilli face à Martine Aubry les suffrages d’environ 50% des militants) ; "le parti ce matin n'est pas en ordre de marche et j'ai regardé la direction telle quelle est composée. Cela ne permet pas de rassembler les socialistes, de s'opposer comme nous le devons à Nicolas Sarkozy" ; “Aujourd'hui, un Conseil national de plus de 300 membres a approuvé cette ligne à moins de 150 membres” autrement dit "Une semaine après le Congrès, il n'y a pas de majorité pour voter cette orientation politique [ce qui n’était] jamais arrivé". Espérant que “ce faux départ de la direction sera corrigé”, il réaffirme "Nous ferons tout ce que nous pourrons pour aider, mais en même temps nous ne pouvons être l'otage de quelque chose qui dénaturerait le vote des militants et l'attente des Français".
Résumons : faute de relever en profondeur le défi que constitue la diversité des lignes et des cultures politiques qui coexistent aujourd’hui au sein du PS, la nouvelle direction risque de le priver d’une partie de ses forces vives. Y compris, donc, dans l’exigeant travail d’élaboration de son projet.
Complétons, en revenant aux enseignements du sondage sur la biodiversité : renonçant à faire vivre à l’intérieur même de notre famille politique la diversité qui la caractérise, la nouvelle direction du PS, et avec elle notre parti, ne risque-t-elle pas d’apparaître inapte à prendre véritablement à bras le corps le combat pour faire vivre la diversité - ce combat qu’une majorité de nos concitoyens considère désormais comme un enjeu incontournable de l’engagement politique au 21e siècle?
Dans cette hypothèse, une réaction salutaire reste possible. Celle des militants qui se sentiraient “abandonnés” - et des autres, qui pourraient ne pas souhaiter cette situation. Comme les 56% de Français qui pensent désormais devoir - et pouvoir - prendre toute leur part dans préservation de la biodiversité sans attendre tout des pouvoirs publics, ces militants tendront-ils à jouer un rôle actif et direct dans la vie du PS sans attendre que l’impulsion soit donnée par ses instances dirigeantes ?
La possibilité et la portée de cette réaction salutaire - vecteur du “nouveau départ” souhaité par Vincent Peillon - dépendra alors très largement d’une chose : quel accueil et quel espace ces instances lui accorderont-elles ? Il reviendra aussi aux militants concernés, le cas échéant, de prendre leurs responsabilités pour faire entendre leurs aspirations et faire connaître ce qu’ils sont en mesure d’apporter au Parti socialiste.
Si cela se fait, et si les dirigeants socialistes - depuis le secrétariat national jusque dans nos fédérations et nos sections - font preuve de la réceptivité et de la souplesse nécessaires, alors nous pourrons réellement faire vivre le “tournant militant” ainsi nommé par Jean-Christophe Cambadélis, souhaité par Martine Aubry, et fortement appelé de leurs voeux par les militants socialistes lors du Congrès de Reims. Alors aussi, nous serons réellement rassemblés, et nous pourrons jouer pleinement notre rôle - en nous opposant et en nous imposant comme une alternative crédible aux yeux des Français.

samedi 6 décembre 2008

Lettre adressée fin octobre à M. Laurent Lafon concernant la réforme des conditions d'accès faites aux associations dans les CRA

Il y un peu plus d'un mois, j'ai adressé à M. Laurent Lafon un courrier dans lequel je l'interrogeais sur sa position, ainsi que sur la position de sa majorité municipale, sur la préoccupante réforme en cours du fonctionnement des Centres de rétention administrative (CRA).


Vincennes, vendredi 31 octobre 2008


Monsieur le maire,


ce jeudi 30 octobre, a été publiée une lettre ouverte dans laquelle 260 élus de toutes tendances politiques interpellent le Président de la République sur la réforme des conditions d’accès faites aux associations dans les centres de rétention administrative (CRA).
Comme vous le savez, cette initiative fait suite à un décret du 22 août qui organise une refonte complète du système d’information des étrangers dans les 27 CRA sur le territoire français, assuré jusqu’ici par la seule Cimade. Les nouvelles règles, dont celle de la confidentialité des intervenants, doivent entrer en vigueur le 1er janvier prochain. La Cimade perdra son exclusivité et les associations qui auront accès au CRA seront désormais désignées par le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire sur la base d’un appel d’offres lancé en août par lui.

Les signataires s’insurgent contre la remise en cause par le ministère de l’Immigration de la mission de la Cimade (association œcuménique d’entraide) - seule association assurant depuis 1984 une permanence dans les CRA, et qui publie chaque année un rapport très critique sur leur fonctionnement et le respect des droits dans ces centres. En particulier, ils jugent “que multiplier le nombre des intervenants au sein des CRA, qui seront désormais choisis dans le cadre d’un appel d’offres des marchés publics éclatés en huit lots distincts, empêchera dorénavant d’avoir une vision d’ensemble de la situation qui prévaut dans ces lieux d’enfermement". En outre, ils estiment “qu’imposer à ces futurs intervenants un devoir de confidentialité et de neutralité va entraver tout témoignage public sur certaines situations contraires au respect des droits fondamentaux".
Si le Tribunal administratif de Paris a annoncé le même jour avoir annulé l’appel d’offres lancé en août, le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire semble avoir annoncé, lui, que ce rejet "pour un motif de pure forme" ne met "nullement en cause, sur le fond, la réforme engagée", et qu'il va engager "immédiatement" un nouvel appel d'offres. Les mises en garde exprimées par vos confrères restent donc pleinement d’actualité.

Si notre ville n’accueille pas sur son territoire un de ces centres, elle a toutefois donné son nom à l’un d’eux, géographiquement très proche et mis sur le devant de l’actualité par plusieurs incidents dramatiques au cours des derniers mois. Par ailleurs, les modalités de fonctionnement de ces centres et leur évolution constituent un problème de politique générale, à ce titre concernant tous les élus de la République. En témoigne la variété des signataires de cette lettre ouverte : 14 parlementaires et 246 élus locaux, essentiellement Verts, socialistes et communistes, mais parmi lesquels on compte aussi le député européen et vice-président du MoDem Jean-Luc Bennahmias et le député UMP Etienne Pinte.

Suivant de près ce sujet, j’ai souhaité m’adresser directement à vous pour vous poser les questions suivantes :
- êtes-vous signataire de cette lettre ouverte ?
- vous reconnaissez-vous dans les mises en garde exprimées par ses signataires, et dans la critique qu’elles sous-tendent vis-à-vis de l’actuelle réforme du fonctionnement des CRA ?
- l’actuelle majorité municipale vincennoise a-t-elle une position commune vis-à-vis de cette réforme, et du problème de politique générale qu’elle constitue aux yeux de nombreux élus locaux ?

Insistant sur l’esprit républicain qui m’inspire ces interrogations, et en espérant trouver prochainement dans vos réponses la marque du même esprit, je vous adresse, monsieur Lafon, mes sincères et cordiales salutations.


Guillaume LOOCK, citoyen vincennois