dimanche 26 avril 2009

Journée nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation



C’était aujourd’hui Journée nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation. Comme chaque année, des cérémonies commémoratives ont eu lieu à Paris (au mémorial de la Shoah, au mémorial national des martyrs de la Déportation, à l’Arc de Triomphe) et dans chaque département. À Vincennes, la cérémonie se déroulait ce matin au Monument du Combattant Vincennois, cours Marigny.
Pour des raisons qui tiennent à la fois à une histoire familiale et à mon parcours personnel, cette journée a pour moi une signification singulière. Mais, invité ce week-end dans l’Oise pour un mariage, je n’ai pu cette année m'y associer pleinement. Je le fais ici, symboliquement en quelque sorte, en reproduisant ci-dessous le texte, écrit par les associations de déportés, que l'on a lu pour chacune des cérémonies. Une pensée plus personnelle l'accompagne.

« Il y a 62 ans, des dizaines de milliers d'êtres humains décharnés et hagards promis à une mort certaine sortaient miraculeusement vivants de l'enfer concentrationnaire, délivrés par l'offensive victorieuse des armées alliées coalisées pour mettre terme à la monstruosité criminelle du régime nazi.
Dans le respect de ceux qui n'avaient pas survécu, dans la fièvre de la liberté recouvrée, ils affirmèrent leur volonté de voir s'instaurer un monde de paix et de fraternité, un monde d'où les racismes seraient proscrits.
Les survivants constatent avec amertume que le monde dont ils avaient rêvé à la libération des camps n'est pas devenu réalité.
Pour autant, ils ont conscience des progrès accomplis. L'Organisation des Nations Unies s'efforce de résoudre les crises et d'éviter les conflits. Une justice pénale internationale permanente a été créée. De génération en génération, l'enseignement de l'histoire et l'entretien de la mémoire ont contribué à l'éveil des consciences.
En ce jour du souvenir de la Déportation, les survivants et les familles de disparus invitent leurs contemporains et les responsables politiques à rester vigilants. »

Signataires :
Fondation pour la Mémoire de la Déportation (F.M.D.)
Association des Déportées et Internées de la Résistance (A.D.I.R.)
Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance (F.N.D.I.R.)
Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (F.N.D.I.R.P.)
Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de Disparus (U.N.A.D.I.F.)
Union Nationale des Déportés, Internés et Victimes de Guerre (U.N.D.I.V.G.)

vendredi 24 avril 2009

“G8 Environnement” de Syracuse: des résultats en demi-teinte... et des perspectives de travail


Aujourd’hui, les ministres de l’environnement des pays du G8 et de grands pays en développement ont signé la “Charte de Syracuse” : un accord visant à préserver la biodiversité. (D'après des estimations de l'Onu, trois espèces animales ou végétales disparaissent chaque jour de la surface de la terre.)
Depuis mercredi, ils étaient réunis à Syracuse en Sicile, principalement en vue de jeter les bases d’un accord international sans précédent contre le réchauffement climatique - accord qui lui, n’a pas vu le jour.
La Charte de Syracuse insiste sur la valeur économique de la biodiversité, et prévoit de renforcer la lutte contre la déforestation et le commerce illégal, ou encore d'intensifier la recherche.


Les participants

- Le G8 : Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Italie, Canada, Russie, Allemagne, Japon.
- Les pays invités : le Brésil, la Chine, l'Inde, le Mexique, l'Afrique du sud, l'Australie, la Corée du sud, l'Egypte et l'Indonésie.
- Une “délégation” européenne : la Commission européenne, la République tchèque qui assure actuellement la présidence tournante de l'Union européenne et le Danemark (pour des raisons indiquées plus bas) ont été également invités.

Selon l'Onu, le G8 est à lui seul responsable de plus de 40% des émissions de gaz à effet de serre. Mais les pays invités comptent également parmi les économies les plus polluantes de la planète, notamment la Chine devenue depuis 2007 le plus gros émetteur de CO2 dans le monde.


Les enjeux de départ

- Prendre acte de l'échec de la convention de 2002 sur la préservation de la biodiversité, qui engageait la quasi-totalité des pays de la planète à "assurer d'ici à 2010 une forte réduction du rythme actuel de perte de diversité biologique".

- On pouvait nourrir l’espoir que la réunion de Syracuse soit "le point de départ d'une grande alliance entre le Nord et le Sud" intéressant "aussi bien les technologies que l'environnement et le développement". C’est ainsi que s’était exprimée Stefania Prestigiacomo, la ministre de l'Environnement italienne, en ouvrant les travaux mercredi.

- Outre le changement climatique, question environnementale la plus fortement mise en lumière, la conférence devait en effet s’attaquer aux problèmes de la biodiversité, ainsi qu’aux questions liées aux technologies à basse émission de carbone (dont la promotion doit être encouragée pour lutter contre le réchauffement climatique).

- La conférence visait à formuler des recommandations en vue de la conférence des Nations unies qui se tiendra l'hiver prochain à Copenhague.


Perspectives de travail, à moyen et court termes

- La conférence des Nations unies de Copenhague se tiendra en décembre prochain. Lors de cette conférence, la communauté internationale tentera de trouver un accord sur les réductions des émissions de gaz à effet de serre afin d'enrayer le réchauffement climatique. Le "traité de Copenhague" qui devrait naître de cette conférence a vocation à remplacer le traité de Kyoto - qui expire en 2012 et n'a jamais été ratifié par les Etats-Unis.

- Les chances de parvenir à un accord à Copenhague ont été considérablement augmentées quand le président Barack Obama a annoncé début avril que les Etats-Unis, jusqu'ici réticents à tout effort pour réduire la consommation d'énergie, entendaient "prendre la tête" de la bataille contre le réchauffement climatique.

- Pour autant, le chef négociateur des Nations unies pour le changement climatique, le Hollandais Yvo de Boer, a estimé qu' "entre aujourd'hui et Copenhague, il faut faire des progrès concrets et cela à un très haut niveau".

- Des avancées réelles sur la question climatique passent clairement par un dialogue de meilleur qualité et par une confiance accrue entre les Etats-Unis et les pays en développement. Le ministre de l’environnement brésilien, Carlos Minc, a souligné que "les pays en développement, comme la Chine, sont prêts à réduire leurs émissions, mais il y a un climat de méfiance. Les Etats-Unis n'ont toujours rien mis de concret sur la table."

- La semaine prochaine, le président Obama présidera à Washington un sommet des dirigeants des 17 plus grands pays émetteurs de gaz à effet de serre.

jeudi 23 avril 2009

Laurent Lafon ou la "proximité à éclipses"


Il y a quelques jours (post du lundi 20 avril), j'évoquais la posture d' "absence attentive" de Patrick Beaudouin, député de notre circonscription, résumant par cette expression l'attitude de celui-ci à l'occasion du vote sur l'amendement 552 à la loi sur l'hôpital. Les arguments avancés, je l'ai dit, accusent de graves faiblesses.
Du moins cette attitude était-elle revendiquée dans un courrier répondant à ma demande d'information. Ce qui prouve que cette demande d'un jeune citoyen a été entendue, et prise en compte - il est vrai que l'ignorer aurait constitué un fâcheux contrepoint, alors que M. Beaudouin s'apprêtait à présider une "cérémonie de citoyenneté" pour les jeunes électeurs à la mairie de Saint-Mandé!

Je n'ai pas eu cette chance avec Laurent Lafon.

On le sait, le maire de Vincennes s'évertue à afficher une sorte de "parti pris de proximité". Multipliant les démarches visant à afficher un désir de proximité avec les Vincennois de manière à entendre la diversité de leurs préoccupations (j’y reviendrai une autre fois). Ou encore, faisant de la proximité géographique un argument pour défendre la suppression du Tribunal d’instance de Vincennes - en soulignant dans la presse que Nogent-sur-Marne, c’est quasiment Vincennes.

Force est de le constater, ce "parti pris de proximité" connaît des éclipses!

Témoin, une lettre adressée au maire de Vincennes il y a plusieurs mois, concernant la refonte du système d’information dans - et sur - les CRA (Centres de rétention administrative), dont le “CRA de Vincennes” naturellement. Actuellement, on le sait, le gouvernement tend à créer un contexte propice au développement de situations contraires au respect des droits fondamentaux (voir mon post d'hier).
Cette inquiétante évolution avait conduit 260 élus de toutes tendances politiques (dont le numéro 2 du Modem et le député UMP Etienne Pinte) à interpeller le Président de la République dans une lettre ouverte parue le 30 octobre dernier. À l’évidence, tous n’étaient pas élus d’un territoire ou d’une commune “accueillant” un CRA sur leur sol. Mais tous, comme élus de la République, avaient jugé de leur responsabilité d’intervenir dans le débat public sur cette question de politique générale. Estimant notamment “qu’imposer [aux] futurs intervenants un devoir de confidentialité et de neutralité va entraver tout témoignage public sur certaines situations contraires au respect des droits fondamentaux.”
Comme habitant d'une ville dont un CRA porte le nom, j’avais souhaité connaître la position de M. Lafon et de l’actuelle majorité municipale sur cette question de politique générale qui trouve une application tristement concrète à 20 minutes à pieds du centre-ville de notre commune.
Arrivé à bon port (de source... on ne peut plus sûre !), le courrier adressé au maire de Vincennes pour cela reste à ce jour sans réponse.

Devant ce silence, trois hypothèses s’imposent au jeune citoyen que je suis...

Ou bien parmi les questions de politique générale qui se posent dans notre espace public, le respect des droits fondamentaux sur l’ensemble du territoire de la République française n’intéresse pas M. Lafon.

Ou bien, le CRA de Vincennes ne se trouvant pas sur le territoire de sa commune au sens strictement administratif du terme, M. Lafon estime ne pas devoir prendre en considération ce qui s’y passe. Dans une géographie à géométrie variable, les Vincennois sont priés de croire que Nogent (et son Tribunal d’instance) c’est déjà presque Vincennes ; en revanche pour Laurent Lafon le CRA de Vincennes (situé dans le Bois de Vincennes à 20 minutes à pied de notre mairie) se trouve, lui, tout à coup beaucoup trop loin de notre ville pour pouvoir faire l’objet d’une réflexion collective et républicaine de notre part.

Ou bien encore, totalement accaparé par une partie de ses fonctions de maire, de conseiller régional, et de président du groupe "Centre et apparentés" au Conseil régional, M. Lafon ne dispose pas toujours de la disponibilité nécessaire pour répondre toujours aux interrogations de ses concitoyens - fût-ce sur une question de cette importance.

Disons-le clairement, à l'heure où l'espace public connaît une densification sans précédent, et où la circulation accélérée de l'information nourrit la réflexion des citoyens, cette dernière explication - qui n'exclut pas les deux autres - serait compréhensible. Tout aussi clairement, elle plaide en faveur d’une pratique plus stricte du non-cumul des mandats, condition d’une disponibilité plus constante de nos élus vis-à-vis de leurs concitoyens.

mercredi 22 avril 2009

CRA : la Cimade dénonce la "mascarade" de l'appel d'offre


Suite au remarquable débat
- en forme d'appel à la vigilance sur ce qui se passe aux portes mêmes de l'espace européen - retransmis hier soir par Arte, je reproduis ci-dessous un article
paru la semaine dernière dans le journal Le Monde. (Pour ceux qui comme moi ont manqué la première partie de la théma spéciale "La bataille des droits de l'homme", on peut visionner le documentaire gratuitement pendant 7 jours à l'adresse suivante :
http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2583762.html .)

Il y est question des mises en garde exprimées par la Cimade contre la réorganisation du travail des associations dans les Centres de rétention administrative, décidées par le gouvernement (décret du 22 août 2008 réformant l'aide aux étrangers en centres de rétention administrative). Un sujet déjà abordé il y a quelques mois sur ce blog (post du 6 décembre dernier).

La Cimade (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués) est un organisme dont la mission se définit comme suit : « manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d’assurer leur défense, quelles que soient leur nationalité, leur origine, ou leur position politique ou religieuse” ; “en particulier, elle a pour objet de combattre le racisme, veiller scrupuleusement au respect des droits et de la dignité des personnes, quelle que soit leur situation.”

Depuis 1984 (par une convention passée avec le ministère des Affaires sociales), la Cimade est la seule présente dans les centre de rétention administrative répartis sur le territoire français, afin de surveiller les conditions de rétention, et d'apporter l'aide juridique nécessaire aux personnes en voie d'expulsion.

Par décision gouvernementale (décret du 22 août 2008) et suite à un appel d’offre lancé par le ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, à partir du 2 juin prochain cette mission sera répartie entre 6 associations.

La liste de celles-ci, rendue publique le 10 avril dernier, comporte :
- la Cimade, qui intervenait seule jusqu’alors,
- l’association service social familial migrants (Assfam),
- Forum réfugiés,
- France Terre d’asile,
- l’Ordre de Malte,
- le Collectif respect (inconnu des principaux acteurs de la défense du droit des étrangers, mais dont on sait que jusqu’à fin 2008 son président était chargé de mission au département développement solidaire du ministère de l’immigration... et qui a été retenu pour intervenir dans les centres d’outre-mer d’où sont expulsées chaque année plus de 12 000 personnes).

La répartition décidée par le gouvernement est censée prendre effet le 2 juin 2009. D’ici là, le Conseil d’Etat doit examiner fin avril un recours déposé l’automne dernier par la Cimade et 9 autres associations. La Cimade, pour qui la mise en oeuvre de cette réorganisation revient, en l’état, au "démantèlement de la mission d’accompagnement et de défense des droits des étrangers" et à une mise en concurrence des associations, a également déposé un recours auprès du tribunal administratif de Paris.



Centres de rétention : la Cimade dénonce la "mascarade" de l'appel d'offre

LEMONDE.FR | 15.04.09

Le ministre de l'immigration, Eric Besson, devra attendre que le juge se prononce avant de pouvoir signer les contrats avec les nouvelles associations appelées à intervenir en centre de rétention administrative (CRA). Après la décision, vendredi 10 avril, du gouvernement de partager entre six prestataires cette mission d'assistance aux étrangers en rétention, la Cimade, seule intervenante jusqu'alors dans les centres, a en effet décidé de déposer ce qu'on appelle un recours en référé "pré-contractuel" auprès du tribunal administratif de Paris.

L'association conteste l'ensemble de la procédure d'appel d'offre qui a conduit le ministère à éclater la mission entre plusieurs prestataires, en répartissant en huit lots la trentaine de centres répartis à travers la France. "L'enjeu n'est pas la fin du monopole de la Cimade, comme le laisse entendre la communication du ministère depuis le départ. Mais cette procédure vise à désintégrer le contre-pouvoir des ONG et interdire une défense efficace des personnes placées en rétention", ont expliqué, mercredi 15 avril devant la presse, son président, Patrick Peugeot, et son secrétaire général, Laurent Giovannoni.

Pour la Cimade, l'éclatement de la mission va de fait rendre beaucoup plus difficile l'aide individuelle apportée aux étrangers menacés d'expulsion. "Aucune association n'aura les moyens de mettre en place une véritable plate-forme de soutien juridique aux personnes mettant en œuvre la mission dans les centres de rétention, relève Damien Nantes, chargé de la coordination entre les CRA à la Cimade. Et aucune n'aura une vision d'ensemble de ce qui se passe dans l'ensemble des centres."

"LA MASCARADE" DE LA NOTATION

En révélant vendredi le nom des six futures associations devant intervenir en rétention désormais, le ministre a annoncé vouloir mettre en place un dispositif de coordination afin de "faciliter l'échange de bonnes pratiques, la connaissance de la réglementation ainsi que la mutualisation de formations et compétences, et de permettre des échanges réguliers et approfondis entre associations".

Mais pour la Cimade, la situation de dépendance vis à vis des pouvoirs publics dans laquelle vont ainsi se retrouver les acteurs n'est pas compatible avec la mission même d'assistance aux étrangers menacés d'expulsion. "L'assistance que nous apportons à ces personnes en les aidant à rédiger un recours, une demande d'asile, à défendre leurs droits, nous porte à être en conflit avec l'administration. Mais c'est un conflit naturel puisque cette aide freine, voire peut empêcher la procédure d'expulsion", explique Damien Nantes.

L'objectif poursuivi par le gouvernement se lit, pour la Cimade, dans "la mascarade" de la notation à laquelle celui-ci a procédé pour sélectionner les prestataires. Ayant reçu un courrier de réponse du ministère pour les seuls lots pour lesquels elle n'a pas été sélectionnée, l'organisation se dit pour le moins surprise par les notes qui lui ont été attribuées sur les différents critères retenus dans l'appel d'offre, et notamment sur la "compréhension des enjeux et engagement de service".

Pour les centres de Lille, Metz et Geispolsheim, près de Strasbourg (lot 2) par exemple, la Cimade se voit attribuer pour ce critère 18, tandis que l'Ordre de Malte, retenu pour y intervenir, obtient 21. Au final toutefois, sur l'ensemble des critères, seule un demi-point sépare les deux associations. Sur les lots 3 (CRA de Lyon, Marseille et Nice) et 7 (CRA de Palaiseau, Plaisir, Coquelles et Rouen-Oissel), la Cimade se voit distancer respectivement de deux points par Forum réfugié et d'un demi-point par France Terre d'asile, ayant là encore moins bien compris les enjeux. Mais c'est pour les centres d'outre-mer (lot 5) que la Cimade a, selon le ministère, le moins bien saisi les enjeux (12,5), le prestataire retenu, le Collectif Respect obtenant, lui, 18. Mercredi 15 avril, une trentaine d'associations ont d'ailleurs dénoncé dans un communiqué, cette attibution au Collectif Respect, association jusqu'alors inconnue des principaux acteurs de la défense des droits des étrangers.

"Nous ne sommes pas opposés au partage de notre rôle en rétention mais la mission doit être assurée par plusieurs associations dans le cadre d'une coordination, sur l'ensemble des centres de rétention", a tenu, mercredi, à redire le président de la Cimade, Patrick Peugeot, rappelant que la Cimade avait proposé que soit mise en œuvre une "mission nationale cohérente assumée conjointement par plusieurs associations". Cette proposition n'a jamais reçu de réponse du gouvernement.

Laetitia Van Eeckhout

mardi 21 avril 2009

"Ces droits de l'homme qu'on assassine" (théma spéciale ce soir sur arte)


Ce mardi 21 avril à partir de 20h45, Arte propose une théma spéciale "Ces droits de l'homme qu'on assassine".
Au programme : un documentaire suivi d'un débat en direct de Genève (où se tient, du 20 au 24 avril, la 2e conférence mondiale contre le racisme).
Objectif : décrypter la bataille idéologique en cours sur l'universalité des droits de l'homme.

A 20h45, "La bataille des droits de l'homme". Ce documentaire, réalisé par Caroline Fourest et Fiammetta Venner, nous proposera un retour sur la première édition de la conférence contre le racisme qui s’est tenue à Durban en 2001 et où certaines interventions (notamment des débordements antisémites) ont suscité une polémique internationale.

A partir de 21h45, débat animé par Daniel Leconte, en direct du Palais Wilson à Genève. Parmi les participants, Rama Yade (secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme) et l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit.

lundi 20 avril 2009

L' 'absence attentive' de Patrick Beaudouin...


Début mars, 40 associations avaient signé un appel demandant aux députés de voter pour l'amendement 552 à la loi Bachelot
(par ailleurs si controversée aujourd'hui voir mon post de samedi). Concrètement, de quoi s'agissait-il ? De supprimer, au cours et autour des “émissions dont une partie importante du public est constituée d’enfants et d’adolescents”, des publicités portant sur “des boissons et des produits alimentaires manufacturés avec ajout de sucres, matières grasses, ou édulcorants de synthèse”.

Pourquoi cette initiative ?
- D’après les études médicales, 18 % des enfants de 3 à 17 ans, soit près d’un sur cinq, sont en surcharge pondérale (avec 3,5 % considérés comme obèses). Coïncidence ? 60% des enfants en rentrant de l’école regardent la télévision - où les publicités pour les aliments vecteurs de surpoids atteignent alors un "pic" en terme de fréquence.
- En février, la ministre de la Santé s'était engagée à mettre en place une mesure d'encadrement réclamée par l'INSERM, l'AFSSA, ainsi que par un récent rapport parlementaire. À savoir : lors des programmes destinés au jeune public, n'autoriser la publicité que pour les produits alimentaires ayant des teneurs raisonnables en matières grasses, sucre et sel.
Option entretemps abandonnée sans explication. Et remplacée par une charte dans laquelle les régies publicitaires s'engagent uniquement à faire de la "sensibilisation".
Utile, mais clairement insuffisant de l'avis général. En outre, en contrepartie de cette charte, il semble que les régies publicitaires aient exigé que les pouvoirs publics s'engagent à ne plus réglementer ou légiférer dans le domaine de la publicité pour les 5 années à venir.

Concerné par ce sujet (notamment pour des raisons professionnelles, et aussi en raison du rôle capital que la solidarité intergénérationnelle me paraît jouer dans le bon fonctionnement de notre société), j’avais alors, comme citoyen, adressé un courrier à M. Beaudouin, maire de Saint-Mandé et député de notre circonscription.
J’y exposais les réalités et les arguments qui plaident pour une action plus efficace en matière de prévention de l’obésité - et pour la mesure portée par l'amendement 552. Je lui demandais aussi, dans l’hypothèse où il prendrait connaissance de mon courrier trop tard, de m’indiquer s'il en était d'accord les raisons de son vote.

Dans sa réponse (en date du 30 mars), M. Beaudouin m’explique que, “retenu par d’autres obligations”, il regrette de n’avoir pu assister à la séance au cours de laquelle l’amendement a été voté. Il se dit toutefois satisfait de la position de Madame Roselyne Bachelot qui a conduit à rejeter l’amendement.
1er argument : “Un accord négocié peut en effet, parfois, se révéler plus efficace que la contrainte législative.”
2e argument, un engagement à être “très attentif à ce que les engagements pris sont tenus” (sic) : “Si ce n’est pas le cas, ou s’ils se révèlent insuffisant (sic), il sera alors temps de recourir à la loi. Telle est, d’ailleurs, la position de Roselyne Bachelot qui, après avoir rappelé que le respect de la charte [“visant à promouvoir une alimentation et une activité physique favorables à la santé dans les programmes et les publicités diffusés à la télévision”, initiative des ...] feraient (sic) l’objet d’un suivi par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et un comité de suivi, s’est engagé à prendre des mesures plus coercitives le cas échéant”.

On ne peut qu'être d'accord avec le premier argument... sur le principe. Malheureusement, remis en contexte, le tout accuse de graves faiblesses.
Le contexte :
- l’impartialité du CSA vis-à-vis de l’exécutif fait aujourd'hui l'objet d'interrogations (mercredi 8 avril dernier, le Conseil d’Etat a annulé la décision du CSA de ne pas prendre en compte les interventions du Président de la république dans le calcul du temps de parole du pouvoir exécutif) ;
- au Royaume-Uni - où le gouvernement est pourtant réputé peu directif et “coercitif” - il y a déjà 1 an et demi que l’interdiction a été jugée nécessaire ;
- la “charte” en question ne traduit pas une volonté de "partenariat salutaire" de la part des régies publicitaires ; au contraire : elle repose sur le refus de toute limitation des publicités pour des produits alimentaires favorisant l’obésité (demandée par un nombre impressionnant d’associations, de la Société française de santé publique à l’Association nationale des Directeurs de la Restauration municipale, en passant par la FCPE, la PEEP ou encore UFC-Que choisir ).


La réponse de M. Beaudouin a le mérite - réel - d'exister. Mais sur le fond, elle ne prend pas la mesure d'une véritable urgence - tout aussi réelle -. Face aux réalités en cause, ménager les logiques mercantiles n’a aucun sens. J'y vois notamment un manquement au principe de solidarité intergénérationnelle - dimension pourtant essentielle de toute décision politique aujourd'hui.


dimanche 19 avril 2009

Européennes : Vincent Peillon donne le ton


Ci-dessous, un article que m'ont envoyé mes amis de la fédération du Rhône ("euro-région" Sud-Est, bien sûr !).


Vincent Peillon : « Nous avons besoin d'une autre Europe »

le progrès.fr, le 19.04.2009 04h00



Eurodéputé, tête de liste du Parti Socialiste pour la Région Grand Sud-Est, Vincent Peillon était, hier, l'invité de la Fédération du Parti Socialiste de la Loire.

Une visite qui marquait le lancement officiel de la campagne européenne du PS dans le département. Ce déplacement n'était en fait qu'une première salve. Une simple rencontre avec les militants et un échange avec les deux candidats ligériens (Marie-Hélène Riamon et Otman El Harti, respectivement 20e et 7e sur la liste).

Une seconde visite, de terrain celle-là, est en effet programmée le 27 mai prochain sur le département.

Mais hier, le candidat a donné le ton de la campagne que veulent mener les socialistes. « L'UMP qui n'a pas bouclé ses listes, ne veut pas parler d'Europe. Pour sortir du mensonge que la droite véhicule, nous devons mener une campagne de vérité ».

Une campagne de « vérité » qui passe par deux axes aux yeux du fidèle entre les fidèles à Ségolène Royal. « En premier lieu, il faut comprendre que nous avons besoin de l'Europe. Aucun de nos problèmes ne peut se résoudre en dehors de ce cadre. Deuxième point, nous avons besoin d'une autre Europe. Une alternative à celle dirigée aujourd'hui par la droite. Une Europe de gauche qui prône l'harmonisation à tous les niveaux. »

Et Vincent Peillon de rappeler l'enjeu du scrutin : « J'appelle solennellement toute la gauche à s'engager dans cette bataille. Le mode de scrutin est tel qu'il faut absolument voter pour l'alternative que nous proposons dès le premier tour. Il faut voter massivement et directement pour notre liste. »

L'élu ne veut pas croire à un désintérêt des Français pour cette élection : « L'histoire de notre pays est marquée par un siècle et demi de lutte pour construire ses droits sociaux et démocratiques. Aujourd'hui l'enjeu historique c'est de construire des régulations au niveau international. L'Europe doit être à la tête de ce combat et les Français doivent s'intéresser à l'Europe pour cette tâche historique. »

Jacques Perbey (Le Progrès de Lyon)

samedi 18 avril 2009

Contre la mort de l'hôpital public : l' "Appel des 25"


Avant-hier, Le Nouvel Observateur publiait l’ “Appel des 25 contre la mort de l’hôpital public”, signé par 25 chefs de service renommés de plusieurs hôpitaux parisiens. Objet de cet appel : le refus de la “médecine mercantile” instaurée à leurs yeux par le projet de loi Bachelot, portant réforme de l’hôpital public.

Ces personnalités du monde médical s’opposent à ce projet de loi - déjà voté par les députés et que les sénateurs examineront à partir du 11 mai -, dont un large chapitre renforce considérablement le pouvoir des directeurs d’établissement.

Pour les signataires, la loi en question “porte la disparition” de la médecine hospitalière, au profit d’une “médecine mercantile”. Concrètement, un directeur qui “pourra n’avoir aucune compétence médicale” verra ses prérogatives renforcées, et “arrêtera le projet médical de l’établissement”. En perspective dans le même temps, “des suppressions massives et injustifiées d’emploi d’infirmiers et d’aides-soignants”.

Une rupture dont “les premières victimes” seront les patients et les soignants. Dans ces conditions, les 25 signataires demandent l’organisation d’urgence d’ “états généraux de l’hôpital public”.

Voir le texte de l’appel et la liste des signataires :
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20090415.OBS3384/contre_la_mort_de_lhopital_public__lappel_des_25.html

Pour signer la pétition de soutien à cet appel (actuellement plus de 7000 signataires) :
http://tempsreel.nouvelobs.com/php/petition19

Pour un aperçu des principaux points du projet de loi :
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20081022.OBS7284/les_principaux_points_du_projet_de_loi_hpst.html

vendredi 17 avril 2009

Vincennes, Saint-Mandé, Fontenay-sous-Bois : "nos" maires sont-ils réceptifs aux initiatives citoyennes ?



Il y a quelques semaines, je m’interrogeais sur la signification d’un sondage aux résultats décevants concernant la prestation du PS comme premier parti d’opposition. (Voir mon
post du dimanche 15 mars.)

Aidé par les échanges que j'ai pu avoir depuis de nombreux mois avec des gens de sensibilités politiques très diverses, j'y voyais le reflet d’
une exigence accrue de la part de nos concitoyens vis-à-vis des responsables politiques en général. Des responsables dont le travail est plus que jamais pris en compte dans ses différentes dimensions, et dont on évalue avec une vigilance croissante la présence dans l'espace public. C'est-à-dire la capacité d’écoute et d(e ré)action au sein de celui-ci.

En cause notamment : la capacité à tisser, dans la durée, un lien de confiance et d'efficacité avec nos concitoyens. Avec, en termes de moyens et de pratiques, quelques pistes évidentes : réceptivité, réactivité, disponibilité, ce qui passe naturellement - entre autres - par une pratique plus stricte du non-cumul des mandats.

Les hasards du calendrier politique font que,
au cours des derniers mois, j'ai pu en trois occasions me faire une idée (parfois une première idée) de la réceptivité, de la réactivité et de la disponibilité des trois maires de notre circonscription face aux inquiétudes de leurs concitoyens.

Hasard toujours ? Ces jours-ci, l'actualité locale ou nationale entre en résonance avec ces expériences dont "notre" espace public a été pour moi le théâtre. Dans les jours à venir, je vous propose donc une sorte de tour d’horizon, à la lumière de ces témoignages d'un citoyen ordinaire.

mercredi 15 avril 2009

"Le nucléaire en Allemagne" : conférence au Deutsches Historisches Institut


Mercredi 15 avril, au Deutsches Historisches Institut
(Institut historique allemand)


"Quand le projet de sortir du nucléaire devient une réalité politique : les Verts et le ralliement du SPD."


En 1986, sous le choc de la catastrophe de Tchernobyl, le SPD se rallie au projet des Verts de sortir du nucléaire. En juin 2000, l’Allemagne annonce sa décision d’abandonner le nucléaire. La loi votée en 2002 prévoit une fermeture progressive des différents réacteurs après 32 ans d’exploitation, soit au plus tard en 2021 et interdit toute nouvelle construction et tout retraitement dès 2005.

Intervenants :

* Rebecca Harms (eurodéputée - die Grünen)
* Jo Leinen (eurodéputé – SPD)
* Klaus Traube (ancien directeur d’INTERATOM)




Cette conférence s'inscrit dans le cadre d'un séminaire international de deux ans sur « Le nucléaire en Allemagne », ouvert en janvier dernier à l'initiative de l'université Paris 7-Denis Diderot, en partenariat avec le CNRS.
La première partie va des années 1950 jusqu'au moment où le projet de sortir du nucléaire devient une réalité politique avec Die Grünen et le SPD. Il s’agit de montrer comment une culture du nucléaire s’est constituée en Allemagne depuis l’après-guerre.
La seconde partie (l’année prochaine) portera sur les dilemmes actuels de l'Allemagne et sa tentation de « sortir du sortir du nucléaire » pour régler ses problèmes énergétiques. On verra alors comment la culture du nucléaire pèse de tout son poids sur le dilemme actuel de l’Allemagne face au nucléaire.

Objectif : développer en France la connaissance de l’histoire du nucléaire en Allemagne, en faisant intervenir des philosophes, des sociologues, des historiens, des économistes ou encore des professionnels du secteur, français et allemands.

Pourquoi s’intéresser à l’Allemagne ? Parce que ce pays s’est engagé dès l’après-guerre dans une réflexion et a opéré des choix qui font de son rapport au nucléaire une exception en Europe. Et de l'Allemagne un véritable laboratoire de réflexion sur le nucléaire.






mardi 14 avril 2009

« L’Espoir à Gauche » : l’«esprit de projet» !


Face à la crise, à ses effets sur les Français, et aux blocages historiques qu’elle marque, c’est entendu : le PS a un devoir d’efficacité. Non seulement pour trouver des solutions, mais aussi pour inventer l'avenir ("inventer le possible", pour reprendre la belle expression jadis forgée par Lionel Jospin).

Que commande la situation actuelle ? Au-delà, que proposons-nous en termes de projet politique ? Travailler à ces deux niveaux, c’est renouer avec ce que j’appelle l’ «esprit de projet» - condition première d’une authentique rénovation du PS.
Membres du pôle « L’Espoir à gauche », Gaëtan Gorce (député de la Nièvre) et Manuel Valls (député-maire d’Evry), montrent par leurs analyses que cette ambition existe bel et bien dans les rangs du PS…


Identifier clairement les inégalités, injustices et goulots d’étranglement mis au jour par la crise

Pour Gaëtan Gorce, « c’est toute la problématique de la justice fiscale, malmenée ces dernières années, qui remonte aujourd’hui à la surface ». À travers, bien sûr, les scandales engendrés par le « bouclier fiscal » et révélés par le rapport récent de la Commission des finances de l’Assemblée (330 000 euros restitués à chacun des titulaires d’un patrimoine de 15 millions d’euros !).
Au-delà, si la part des salaires dans la valeur ajoutée est restée globalement stable ces 20 dernières années, et si sur la même période les écarts de revenus entre les déciles n’ont guère augmenté, en revanche les écarts de revenus se sont creusés entre les extrêmes. Les 1% des ménages les plus fortunés ont vu leur pouvoir d’achat augmenter de plus de 40% (contre 4% en moyenne pour l’ensemble des Français). À l’origine de ce décrochage : l’explosion des revenus financiers, et la réduction de la progressivité de l’impôt.

Autre exemple, l’équilibre rompu entre exigence de compétitivité et exigence de solidarité s’avère désormais insupportable. La rupture s'est produite il y a près de 30 ans avec la fin du modèle dit « fordiste » et du compromis social-démocrate qui lui était attaché. Sous l’effet de la révolution informatique, de la libéralisation des échanges et de l’innovation financière, s’est effondré un système dont les caractéristiques étaient les suivantes: une production standardisée, intégrant dans l'emploi le plus souvent peu qualifié des millions de salariés en échange d'un statut social protecteur et d'une participation garantie aux bénéfices de la croissance.
Cette évolution a eu des aspects positifs (prospérité relancée et relativement mondialisée), mais aussi une face sombre : recul des droits sociaux, désyndicalisation spectaculaire, au final désarticulation de l’économique et du social. À un modèle qui s’appuyait sur le social (gage de stabilité et de soutien à la demande), en a succédé un où l’on profitait des opportunités offertes par la mondialisation du marché du travail pour faire peser sur celui-ci tout le poids des économies à réaliser.
Avec la crise, cette occultation systématique de l’exigence de solidarité vient de trouver sa limite. Les excès de cette logique choquent désormais trop l’opinion et par contrecoup les gouvernements, et il ne sera plus possible de compenser la déflation salariale par le recours à l’endettement comme soutien à la consommation (Gaëtan Gorce).


Franchir un "cap" intellectuel en prenant acte de la nouvelle donne et en se dotant d’outils à sa dimension

La crise, marquant le retour d’une période de chômage de masse, impose « de raisonner à moyen-long terme » et à grande échelle (Manuel Valls).
Par exemple, renforcer le couple entre des régions fortes et puissantes capables de rivaliser avec leurs partenaires européens, et de grandes métropoles organisées en réseau assurant un équilibre du territoire national (cela tout en respectant mieux le principe de spécialité). L’alliance entre ces deux échelons territoriaux, principales sources de l’investissement public en France et acteurs essentiels de l’aménagement du territoire, apparaît comme un puissant levier en matière de croissance et de progrès – à ne pas négliger en ces temps difficiles (M. Valls).

Pour dépasser le goulot d’étranglement de l’injustice fiscale, Gaëtan Gorce propose que la France se dote d’un véritable « stabilisateur fiscal ». Celui-ci serait activé chaque fois que l’on noterait un décalage trop important entre l’évolution des revenus moyens des français et celui des ménages les plus aisés. L’écart excessif constaté serait alors corrigé par une modification du taux d’imposition sur les tranches les plus élevées (voire par un prélèvement exceptionnel).

Autre levier incontournable (Gaëtan Gorce) : jouer à fond la carte du « capital humain ». L’avenir de nos économies se bâtira en effet plus sûrement sur la valorisation de ce dernier que, par exemple, sur la spéculation immobilière.
Cette « révolution copernicienne » (que j’appelais d’ailleurs de mes vœux dans mon travail pour l'université permanente du PS, intitulé «Pour une politique du pouvoir-vivre») nécessite, pour avoir lieu, que l’on se donne les moyens de la réaliser : rétablissement du pouvoir de négociation des syndicats, association d’une élévation des niveaux de formation avec celle des salaires, recul de la précarisation via un socle de droits sociaux indépendants du statut professionnel… Condition de son efficacité : cet effort devra fonder un nouvel équilibre entre le social et le marché, prenant en compte la fluidité et la flexibilité de la nouvelle économie et de l’environnement dans lequel il s’inscrit.
Dans la même optique, Manuel Valls préconise d’investir massivement dans la formation et la qualification à travers un « pacte social entre l’Etat et les collectivités territoriales ».


La « méthode » : transparence, dialogue, audace dans la réflexion, souplesse dans l’action

Pour Gaëtan Gorce, « libérée des préjugés, de droite comme de gauche, la politique fiscale pourrait se montrer plus subtile ». Manuel Valls va dans le même sens. Interrogé il y a quelques semaines sur son désir de voir simplifier l’organisation territoriale et réformer en profondeur la fiscalité locale, il affirme que « sur un certain nombre de sujets, des consensus doivent pouvoir être trouvés » - tout en soulignant que [son] choix est clairement à gauche ».

Liberté rime alors avec « proximité ». Il n’y a généralement « pas de réponse uniforme à des situations complexes », il faut donc « encourager l’expérimentation en fonction des réalités locales » . Exemple en matière de fiscalité locale : moderniser la taxe professionnelle en la fusionnant avec l’impôt sur les sociétés.
Pour Manuel Valls toujours, en matière de réflexion politique, liberté rime avec « projet ». Ainsi refuse-t-il de se ranger dans « une quelconque écurie présidentielle » : pour lui, la priorité de sa génération est de redonner au PS une identité, un projet, des propositions qui parlent concrètement aux Français. »

Dialogue et transparence ? La mesure fiscale proposée par Gaëtan Gorce illustre cet esprit. Elle obligerait la nation tout entière à se demander régulièrement – et clairement - quelles inégalités sont acceptables, ou au contraire intolérables.
De même, G. Gorce appelle de ses vœux un véritable « Bretton Woods du social ». Il s’agirait que la Confédération européenne des syndicats réunisse gouvernants, universitaires, représentants du monde de l’entreprise pour forger ensemble les instruments d’un nouvel équilibre entre le social et le marché prenant en compte la fluidité de la nouvelle économie.


Un esprit et une démarche prometteurs, donc... et qui se retrouvent dans notre fédération! C'est le sentiment exprimé par ceux d'entre nous qui ont participé la semaine dernière à la réunion de travail du pôle "L'Espoir à Gauche 94", notamment notre ami Patrice Artins (ici au côté de notre camarade Jacqueline Robert Lezenes de Fontenay, de l'eurodéputée Monique Saliou, et de Denis Weisser et Benoît Joseph Onambele, animateurs de "L'EAG" pour le Val-de-Marne) !

vendredi 10 avril 2009

"Début d'ère (suite)" ou : un jeudi soir à Fontenay-sous-Bois


Ce jeudi soir, j’étais à la Maison du Citoyen et de la Vie associative, à Fontenay-sous-Bois. L’association “Les Amis du Monde diplomatique” y organisait une conférence-débat sur la crise, ou plutôt les crises actuelles.

En décembre dernier, s’était déjà tenue une conférence intitulée “La crise financière: aménagement du système actuel, ou point de départ d’une autre logique économique ?”, autour de l’économiste Liem Hoang Ngoc ( maître de conférence à Paris I et incidemment... membre du conseil national du PS).

Cette fois-ci, était invité Ignacio Ramonet, ancien directeur du mensuel Le Monde diplomatique, co-fondateur d’ATTAC et de Media Watch Global, auteur notamment de Guerres du XXIe siècle, d’un Abécédaire de la globalisation, et tout récemment de l’ouvrage Le Krach parfait. Crise du siècle et refondation de l’avenir (éd. Galilée, janvier 2009).

Au programme : retour sur les mécanismes de la crise actuelle -ou des crises compte tenu de la question climatique, et des répercussions de la crise financière sur le plan économique et social- ; mise en perspective dans l'histoire du capitalisme, panorama des moyens d’ores et déjà engagés pour y faire face (en particulier par le G20), et des réformes profondes qu’elle appelle, y compris au niveau européen.

Un complément intéressant - et très stimulant - aux analyses et commentaires plus “classiques”
développés notamment la semaine dernière, à la suite du sommet de Londres. Et au-delà, belle occasion de "faire dialoguer les approches" - une étape naturellement incontournable dans l'invention de nouveaux repères et de nouvelles pratiques rendue nécessaire par les goulots d'étranglement révélés par la crise. Une exigence absolue, aussi, pour prendre à ce travail une part réellement efficace !

mercredi 8 avril 2009

PS - Education nationale : vers l'émergence de l' "esprit de projet" ?



Ci-dessous,
un article mis en ligne sur le site nouvelobs.com intitulé "Le PS lance un grand débat public sur l'Education". Cette initiative me réjouit pour trois raisons :

1) enseignant en ZEP, la mise à mal du service public de l'éducation nationale est une réalité que je vis au quotidien, de même que ses conséquences ;
2) la démarche engagée par le PS semble marquer l'émergence de l' "esprit de projet" que j'appelle de mes voeux depuis quelque temps maintenant, parce qu'il apparaît comme une condition incontournable pour que le PS retrouve un discours clair, pleinement reçu par nos concitoyens, et capable de les convaincre (voir mon post du 23 mars);
3) cette démarche est du même esprit que celle qu'à mon initiative, nous avions entreprise l'automne dernier avec des camarades des sections de Vincennes, Fontenay-sous-Bois et Saint-Mandé (voir ci-dessus), anticipant en quelque sorte cette initiative. Les animateurs de nos sections étant alors largement accaparés par la préparation du Congrès, l'information avait alors été malheureusement peu relayée.


Le PS lance un "grand débat public" sur l'Education



NOUVELOBS.COM | 07.04.2009 | 13:43

Les socialistes se donnent un an pour élaborer un projet sur l'Education. Le débat sera organisé autour de "dix chantiers" dont le lycée et la réussite scolaire.

Les socialistes Harlem Desir et Bruno Julliard chargés du débat du PS sur l'Education. (Sipa)

Les socialistes Harlem Desir et Bruno Julliard chargés du débat du PS sur l'Education. (Sipa)

Le Parti socialiste a annoncé mardi 7 avril le lancement d'un "grand débat public" pour mettre en œuvre d'ici un an un projet sur l'Education. Harlem Désir, membre de la direction du PS, et Bruno Julliard, secrétaire national du PS à l'éducation, ont souligné lors d'un point presse les enjeux de ce débat. "L'école publique est en danger et traverse une grave crise", a expliqué Harlem Desir. Ainsi, le PS a engagé un "travail de collecte d'information", "un état des lieux", pour "alerter les Français sur l'urgence de sauver l'école publique" et "lancer un débat ouvert sur l'éducation", a poursuivi Bruno Julliard.

Dix chantiers


L'ancien président de l'Unef a critiqué "l'orientation libérale et régressive du gouvernement qui atteint les fondements même du service public d'Education", indiquant que "les socialistes sont très attendus sur le projet qu'ils vont présenter pour 2012 et en particulier sur le projet sur l'éducation".
Bruno Julliard estime qu'"on ne peut plus se limiter à un projet qui se limiterait à des revendications catégorielles. Il faut une ambition plus importante". Pour cela, le parti socialiste lance un "grand débat public autour de dix chantiers", comme la "réussite scolaire pour tous", la "société éducative", la petite enfance à l'école, le lycée, les métiers de l'Education, la laïcité…
Il faut "au moins un année de travail" avec notamment les syndicats, les associations et les citoyens pour arriver à un projet. A l'issue de ces chantiers, un "rendez-vous national PS" est prévu.

dimanche 5 avril 2009

Avoir des racines rurales "vivantes" : pour le meilleur, et...


Avoir des racines rurales "vivantes", est-ce une chance aujourd'hui ?
Fin de week-end contrastée à cet égard...

Sans aucun doute oui, à en croire le moment très agréable que j'ai passé ce dimanche après-midi au salon "Pari fermier" qui se tenait... aux portes de Vincennes (au Parc floral).
Pour la 6e édition de ce salon, 100 producteurs indépendants (éleveurs, viticulteurs, cultivateurs...) des régions françaises proposaient de quoi découvrir des produits issus de leur exploitation.
Ayant moi-même une partie de ma famille dans le monde agricole ("nous" fabriquons du fromage de Salers dans le Cantal), j'ai la chance de prendre un plaisir supplémentaire dans ce genre d'occasion, la découverte des produits s'accompagnant tout naturellement de rencontres avec des exploitants et leur histoire, et d'échanges savoureux.
Par exemple, avec ce jeune éleveur du Berry qui élève ses canards dans la tradition... magyare (grâce à une grand-mère jadis venue de Hongrie). Ou encore, avec ces "compatriotes" auvergnats, devenus éleveurs d'escargots dans l'Allier après une reconversion tardive... et spectaculaire (lui était chef cuisinier, et elle titulaire d'un troisième cycle de psychologie).

Mais avoir des racines rurales encore vives ne procure pas que des joies... Le soir même, regardant la télévision, j'ai appris par hasard qu'à Brezons, le village du Cantal d'où vient une partie de ma famille (et dont le maire était d'ailleurs il y a peu encore un cousin), l'école primaire une première fois "miraculée" est menacée de fermeture à la prochaine rentrée, dans le cadre de la nouvelle carte scolaire.
"L'école qui ferme, c'est un peu la mort qui pénètre dans le village". Pour qui a déjà vu un village s'éteindre - c'est mon cas -, cette phrase du maire d'une commune voisine veut dire quelque chose. Et a quelque chose d'encore plus déchirant quand ce village est un des berceaux de votre famille. Le nouveau maire n'ayant pas engagé de démarches pour obtenir le maintien de l'école, peu de chances que le "miracle" se reproduise.

samedi 4 avril 2009

Fin de semaine aux parfums de... début d'ère


Etonnante période…
Où l’on voit coïncider la crise, ses effets et les pronostics sombres quant à sa possible durée, annoncer la fin d’un modèle d’économie ; mais aussi le retour du printemps, un certain espoir avec la tenue du G20, une reviviscence du monde associatif et de l’espace public local à la faveur des beaux jours, la résurgence de l’Europe comme horizon politique (campagne des européennes oblige)… Pour moi, la fin de cette semaine a été en quelque sorte à l’image de cette singulière période !

Jeudi soir, réunion « tri-section » sur l’Europe. Les militants des sections de Fontenay-sous-Bois, Saint-Mandé et Vincennes étaient invités à se retrouver au Centre de loisir de la rue d’Estienne d’Orves (à Vincennes). Étaient également présents mon camarade Jean-Pierre Dusseaulx (secrétaire de la section PS du Perreux-sur-Marne), Akli Mellouli (secrétaire fédéral aux élections), et Emmanuel Lacresse (ex-responsable national aux politiques communautaires).

Les échanges se sont articulés autour de deux thèmes simples, constituant sans doute la meilleure entrée en matière à l’orée de notre campagne pour les élections européennes :
1) Où en est l’Europe après le refus du Traité constitutionnel européen et le Traité de Lisbonne ? ;
2) quel projet les socialistes (français et européens) portent-ils dans ce contexte ?

Si la campagne pour les élections peine manifestement encore à mobiliser, des interventions souvent « percutantes » ont mis au jour les ressorts possibles d’une campagne combative et d’un élan sincère. Côté « exposés », nos camarades David Dornbusch et Laure Herbert (de Fontenay-sous-Bois), ainsi qu'Emmanuel Lacresse, ont permis un tour d’horizon éclairant de la situation de l’Union européenne et de la gauche européenne à la veille des élections.

Les points de vue exprimés depuis la salle (où se trouvaient de nombreux camarades vincennois proches de « L’Espoir à Gauche », pour qui la question européenne occupe une place cruciale dans notre réflexion collective comme socialistes), ont pour leur part fait émerger une aspiration forte. Que le PS (et l’ensemble des socialistes européens) relèvent ce défi : proposer un horizon, un projet clairs et fermes pour l’Europe. Notre camarade Patrice Artins, comme un militant fontenaysien et moi-même, a notamment exprimé cette aspiration.

Une exigence renforcée par le contexte national et international, et l’attente qu’il crée chez nos concitoyens. Et par cette réalité paradoxale : si la gauche sociale-démocrate a d’ores et déjà gagné sur le plan des idées et des propositions présentées à l’occasion des élections européennes, elle pourrait bien perdre celles-ci dans les urnes faute de savoir proposer un horizon clair qui donne à son discours un sens fort – indispensable pour contre-carrer le populisme de la droite dans de nombreux pays de l’UE.

Cet effort est de surcroît indispensable pour ne pas gâcher une chance historique : pour la première fois, l’essentiel des socialistes européens présentent un candidat commun et de grande qualité pour la présidence de la Commission européenne (le Danois Poul Nyrup Rasmussen). Il y a là une occasion exceptionnelle de « déverrouiller » le rapport de force entre les différentes institutions parties prenantes dans la désignation du Président de la Commission européenne (actuellement décidée, en pratique, par les seuls gouvernements nationaux, donc échappant au Parlement européen). Une étape historique sur la voie d’un fonctionnement plus ouvert de l’Europe politique.

Samedi, réunion de lancement des "Etats généraux de la ville numérique", à Fontenay-sous-Bois (à la Maison du citoyen et de la vie associative). Objectif annoncé de cette démarche : «moderniser l’administration municipale et les rapports avec les citoyens» (voir le site http://www.fontenaynumerique.net).

Parmi les façons dont le numérique peut enrichir et vitaliser l’espace public local, quelques exemples marquants. La possibilité, pour les habitants de la commune de Grigny, de dialoguer avec les habitants de Koupela (ville du Burkina-Faso avec laquelle Grigny est jumelé et qui est doté du haut débit).
Ou encore, la possibilité pour des associations ou des établissements scolaires par exemple, de faire des économies en matière d’équipements informatiques (postes de travail) grâce à une externalisation de leur bureautique telle que le propose une entreprise lyonnaise venue présenter ses services. En quelque sorte, la fin du PC comme « personal computer » !

J’ai aussi été impressionné par la palette d’outils numériques à disposition des Fontenaysiens à la médiathèque Louis Aragon : livres électroniques chronodégradables une fois la période de prêt révolue, une discothèque virtuelle avec 430 000 pistes disponibles, le logiciel Kompass outil précieux lorsqu’on cherche un emploi…
La révolution numérique en cours, c’est donc de nouvelles opportunités pour les usagers des médiathèques – en outre revitalisées par les services proposés autour de l’outil informatique et numérique, objet d’une forte demande. C’est aussi d’ailleurs une évolution du rôle des médiathèques : non plus seulement aider à trouver l’information recherchée, mais contribuer à organiser la masse croissance des connaissances accessibles à nos concitoyens.

Si l’on a l’impression d’être au seuil d’une nouvelle ère, force est de constater des tâtonnements, sinon des hésitations de la part de ceux qui sont en pointe pour l’investir. On le voit avec le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN – structure qui, en réalité, apparaît à beaucoup d’égards dépassée dans le nouvel ordre mondial.
On le voit aussi, dans une certaine mesure, avec les limites du sommet du G20 – telles qu’elles apparaissent aujourd’hui en tout cas. Élément positif : le retour des Etats dans le jeu économique mondial, tout en intégrant de nouvelles puissances dans la « conduite » de celui-ci, en cohérence avec l’évolution des rapports de force et des dynamiques à l’œuvre dans l’économie mondiale. À quoi s'ajoute un possible effet bénéfique sur la confiance des acteurs économiques.
En revanche, faiblesse vis-à-vis des paradis fiscaux (pas d’interdiction), pas d’action contre les formes de spéculation autres que celle réalisée par les fonds spéculatifs systémiques, impasse sur plusieurs questions essentielles (fluctuation des monnaies, déséquilibre entre la sphère financière et la sphère productive, besoins considérables des pays en développement, répartition des fruits de la croissance entre capital et travail à rééquilibrer…).
Au total, le sommet du G20 n’est en quelque sorte qu’un seuil – dont il reste pour beaucoup à faire en sorte qu’il ouvre sur quelque chose de satisfaisant, qui reste à construire. Par exemple, il reste à garantir que la mise en œuvre d’une relance au niveau international, et les profits de la croissance censée en résulter, bénéficiera aussi aux contribuables – et dans des conditions justes. Pour cela, l’action politique est pleinement de mise, par exemple au travers de politiques fiscales adéquates.

Sans doute sommes-nous aujourd’hui au seuil d’une nouvelle ère. Enthousiasme – ou inquiétudes – mis à part, reste à faire l’essentiel : dresser l’encadrement de la porte, le doter de charnières solides, y monter la porte… et bâtir ce sur quoi nous voulons qu’elle ouvre!

mercredi 1 avril 2009

Val-de-Marne : les "forces vives" en première ligne face à la crise


Avec +4,2% de chômage en 1 mois, les effets de la crise commencent clairement à se faire sentir dans le Val-de-Marne. Certes, cela se traduit encore de façon moins spectaculaire que dans d'autres territoires : le tissu économique val-de-marnais étant très diversifié, les difficultés sont très réparties. N’empêche, la crise est bel et bien là, et elle commence à atteindre les forces vives de notre département.


En termes de structures économiques, les petites entreprises apparaissent en première ligne (en particulier dans le bâtiment, la métallurgie, les services aux entreprises et l’immobilier).
Plusieurs de ces entreprises ont vu leur activité baisser sensiblement et ont dû mettre une partie de leurs salariés au chômage technique, si bien que celui-ci a explosé (de 600 journées indemnisées par l’Etat pour la période janvier-février 2008, on est passé à 7709 journées en janvier-février 2009, soit +1184% !).
Exemple : Acument Global Technologies à Bonneuil-sur-Marne (entreprise sous-traitante dans l’industrie automobile).
Autre exemple : l’usine Renault à Choisy-le-Roy (spécialisée dans la rénovation de smoteurs, les boîtes de vitesse, les pompes à injection et les culasses) où ce mois-ci, 47 employés (sur 430) ont été touchées par du chômage partiel.
Pour le moment, les PME val-de-marnaises sont moins touchées, et beaucoup d’entreprises réussissent encore à régler la tension sur leur trésorerie au travers de licenciements individuels.
Mais pour certaines, le versement du deuxième tiers des cotisations sociales (le 5 avril) risque d’être un cap délicat.

Sur le plan humain, les jeunes adultes sont en première ligne. Les chiffres sont sans ambiguïté : entre janvier 2008 et janvier 2009, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a augmenté de 23% (+12,5% pour les femmes, +34% pour les hommes). Pire : dans des quartiers défavorisés classés parmi les 700 zones urbaines sensibles, le nombre de jeunes inscrits au chômage a augmenté de 57%, et il a doublé pour les diplômés bac+3 et plus.
Au-delà des chiffres, les acteurs “de terrain” sont témoins de cette évolution et de ses effets. Par exemple, après l’agression d’un instituteur par un jeune père de famille de 29 ans à l’école Eugénie-Cotton de Bonneuil, jeudi dernier, Hélène Houguer (secrétaire départementale du syndicat enseignant Snuipp) expliquait la multiplication d’incidents de ce genre par - entre autres - un contexte économique délicat pour certaines familles, “pour lesquelles la moindre difficulté (en l’occurrence, voir son enfant puni pour s’être bagarré avec un autre élève) devient alors rapidement insurmontable”.


Dans ce contexte, faire corps avec nos forces vives s'impose. Comment ? Quelles perspectives d’action pour cela ? Comme souvent, les efforts sont sans doute à déployer sur plusieurs plans.

Sur le plan économique. L’Etat doit prendre sa part, et semble décidé à le faire. Il a ainsi demandé à l’Inspection départementale du travail de créer 3399 emplois aidés dans l’année ou sur le premier semestre 2009 (selon le type de contrat, contrat initiative emploi, contrat d’accompagnement dans l’emploi, contrat d’avenir).
Autres alternatives aux licenciements selon Elisa baillon (inspectrice du travail chargée des restructurations dans notre département) : le recours au chômage partiel, ou encore des périodes de formation en partie financées par l’Etat.

Mais les mesures “brutes” annoncées (notamment par Nicolas Sarkozy mardi dernier à Saint-Quentin) ne peuvent pas suffire. Agir s'impose aussi sur le plan politique (au sens "basique" de ce qui touche à la vie de nos concitoyens dans l'espace public, et aux rapports qu'ils peuvent entretenir entre eux dans au quotidien).
Ainsi, il faut clairement préserver l’espace et le temps laissé aux personnes pour se reconstituer, pour tisser jour après jour avec leur environnement (social, humain...) un lien mis à rude épreuve par les tensions qui travaillent leur quotidien (notamment professionnel). C’est ce que je soulignais l’été dernier, après le rehaussement du plafond du nombre de jours travaillés pour les cadres, dans une tribune adressée avec un camarade de Bonneuil au journal Le Monde. C’est une des lignes de force de ce que, avec d'autres, nous appelons une “politique du pouvoir-vivre.
Par exemple, ménager des espaces de dialogue - et cesser de fermer ceux qui existent - s’impose, y compris en-dehors du lieu de travail. Pour Hélène Houguet, si l’impact de la crise entraîne un surcroît de tension entre parents et institution scolaire, cela est aggravé par la suppression du samedi, qui auparavant était un moment de rencontre et de dialogue avec les familles. D’où “des incompréhensions qui font que les choses s’enveniment plus rapidement”.
Plus largement, il est capital de préserver les espaces et les moments où se crée du lien social et affectif. Où l’on peut prendre le temps de s'entendre, et de se comprendre. Où l’on doit pouvoir trouver des chances de reprendre pied, quand le quotidien se fait houleux.

Comment ? Voilà une question, très concrète, qui sans aucun doute mérite notre travail - et pourquoi pas l'amorce d'une action. Et si ça commençait par là, ce que j’appelais il y a quelques jours “la politique par la preuve” ?