Lors de notre dernier Congrès cet hiver, j’avais été à la fois surpris et touché par la confidence d’une camarade, que j’apprécie, et dont je me sentais objectivement proche à beaucoup d’égards en termes de projet politique (moins sans doute en matière de conception de la vie du PS).
À la veille du vote, elle m’avait avoué que, tout en reconnaissant ma pleine légitimité pour assurer la fonction à laquelle j’étais candidat dans ma section, elle ne voterait pas pour moi parce qu’à ses yeux j’avais “trahi” mon camp. Traduction : ayant longtemps été proche des amis de Dominique Strauss-Kahn (en particulier Pierre Moscovici), et ayant soutenu son investiture pour les dernières élections présidentielles, mon ralliement à la “motion E” (Gérard Collomb, Ségolène Royal, Vincent Peillon, Najat Belkacem, Julien Dray, Manuel Valls...) était impardonnable.
Ces paroles m’avaient sincèrement peiné. Et m'ont fait réfléchir - d’ailleurs bien après le Congrès de Reims. Pourquoi, malgré cette proximité d’idées et les combats menés ensemble ces dernières années, nos routes s’écartaient-elles - au moins provisoirement mais au moment d’un choix important? Avais-je vraiment été, par mon choix, un “mauvais militant”?
J’ai fini par arriver aux deux conclusions suivantes.
1. La fidélité à une personnalité ne joue pas le même rôle pour tous les militants socialistes, au moment de faire un choix politique. Pour moi, et pour beaucoup de nos camarades qui ont pris part aux votes l’hiver dernier, on peut résumer les choses comme cela: le projet d’abord (projet pour le PS et ses militants, projet pour nos concitoyens, l’élan propre à ces projets) !
2. Soutenir une “motion” n’a peut-être pas la même signification pour tous les militants socialistes. Pour moi, c’est clair : soutenir une motion, c’est avant tout affirmer sa confiance dans la justesse et la force du projet spécifique dont elle est porteuse. Sûrement pas rejeter les aspirations ou les préférences d’autres socialistes - encore moins rejeter tel ou telle autre socialiste. Tous sont mes camarades.
Je ne crois pas que cet état d’esprit soit une question de “génération”... et encore moins une question de “motion” ! Je ne crois pas que la souplesse et l'ouverture d'esprit soient l'apanage de ceux qui ont fait le même choix que moi cet hiver. Pour preuve, ce que j’avais entendu lors de la réunion de lancement de “Besoin de gauche”, le pôle de travail animé par Pierre Moscovici (voir mon post du 25 janvier 2009). Mise à part l’étrange remarque d’une jeune camarade (“Que fais-tu là ? Tu ne sais plus où tu habites ?”), à mettre espérons-le sur le compte de l’humour (!), j’avais surtout perçu une aspiration à ne plus raisonner avant tout en termes de “motion”. Pierre Moscovici lui-même, d’ailleurs, m’avait paru privilégier avant tout, au sein du PS, le rassemblement des réformistes et des “pro-européens”. Impression aujourd’hui confirmée. Pierre Moscovici a en effet décidé de prendre ses distances avec la motion créée autour de Bertrand Delanoë pour le Congrès de Reims.
Je reproduis ci-dessous quelques déclarations et arguments exprimés par Pierre Moscovici pour expliquer son choix et son état d’esprit (rapportés notamment dans un article du journal Le Monde, et également exprimés sur le blog de l'intéressé sous le titre "L'audace d'espérer") :
- "Sans rompre avec Bertrand Delanoë, en pensant que nous avons toujours beaucoup de points communs (...), j'éprouve le besoin de construire quelque chose d'un peu différent".
- Le courant hérité de la “motion A” souffre d'un "positionnement incertain" et ne défend pas "suffisamment fort les idées social-démocrates réformistes européennes" que lui et ses amis désirent faire avancer.
- Tout en assurant que ce n’est pas une prise de distance par rapport à Martine Aubry, Pierre Moscovici s’est abstenu lors du vote sur les listes pour les élections européennes. Il a notamment déploré que celles-ci aient été élaborées à la proportionnelle des courants ("une scorie de ce Congrès" qui "a montré dramatiquement ses limites en aboutissant à un certain nombre d'incohérences").
Pour conclure, deux réactions personnelles à cette prise de position de l’ancien ministre des affaires européennes. 1. J’espère que ce choix de Pierre Moscovici contribuera à ce que, pour de plus en plus de socialistes, “motion” rime de moins en moins avec “cloison” !
2. Je souhaite que Pierre, dont les talents m’ont paru insuffisamment mis à profit lors de notre dernier Congrès (en partie par manque d’audace de sa part, en hésitant puis en renonçant à rejoindre ceux qui poussaient vers un renouvellement clair et profond du PS), trouve les moyens de faire bénéficier les socialistes de tout ce qu’il peut leur apporter. Notamment dans notre réflexion collective sur la politique à mettre en oeuvre face à la crise, ou sur le projet européen.
Ces paroles m’avaient sincèrement peiné. Et m'ont fait réfléchir - d’ailleurs bien après le Congrès de Reims. Pourquoi, malgré cette proximité d’idées et les combats menés ensemble ces dernières années, nos routes s’écartaient-elles - au moins provisoirement mais au moment d’un choix important? Avais-je vraiment été, par mon choix, un “mauvais militant”?
J’ai fini par arriver aux deux conclusions suivantes.
1. La fidélité à une personnalité ne joue pas le même rôle pour tous les militants socialistes, au moment de faire un choix politique. Pour moi, et pour beaucoup de nos camarades qui ont pris part aux votes l’hiver dernier, on peut résumer les choses comme cela: le projet d’abord (projet pour le PS et ses militants, projet pour nos concitoyens, l’élan propre à ces projets) !
2. Soutenir une “motion” n’a peut-être pas la même signification pour tous les militants socialistes. Pour moi, c’est clair : soutenir une motion, c’est avant tout affirmer sa confiance dans la justesse et la force du projet spécifique dont elle est porteuse. Sûrement pas rejeter les aspirations ou les préférences d’autres socialistes - encore moins rejeter tel ou telle autre socialiste. Tous sont mes camarades.
Je ne crois pas que cet état d’esprit soit une question de “génération”... et encore moins une question de “motion” ! Je ne crois pas que la souplesse et l'ouverture d'esprit soient l'apanage de ceux qui ont fait le même choix que moi cet hiver. Pour preuve, ce que j’avais entendu lors de la réunion de lancement de “Besoin de gauche”, le pôle de travail animé par Pierre Moscovici (voir mon post du 25 janvier 2009). Mise à part l’étrange remarque d’une jeune camarade (“Que fais-tu là ? Tu ne sais plus où tu habites ?”), à mettre espérons-le sur le compte de l’humour (!), j’avais surtout perçu une aspiration à ne plus raisonner avant tout en termes de “motion”. Pierre Moscovici lui-même, d’ailleurs, m’avait paru privilégier avant tout, au sein du PS, le rassemblement des réformistes et des “pro-européens”. Impression aujourd’hui confirmée. Pierre Moscovici a en effet décidé de prendre ses distances avec la motion créée autour de Bertrand Delanoë pour le Congrès de Reims.
Je reproduis ci-dessous quelques déclarations et arguments exprimés par Pierre Moscovici pour expliquer son choix et son état d’esprit (rapportés notamment dans un article du journal Le Monde, et également exprimés sur le blog de l'intéressé sous le titre "L'audace d'espérer") :
- "Sans rompre avec Bertrand Delanoë, en pensant que nous avons toujours beaucoup de points communs (...), j'éprouve le besoin de construire quelque chose d'un peu différent".
- Le courant hérité de la “motion A” souffre d'un "positionnement incertain" et ne défend pas "suffisamment fort les idées social-démocrates réformistes européennes" que lui et ses amis désirent faire avancer.
- Tout en assurant que ce n’est pas une prise de distance par rapport à Martine Aubry, Pierre Moscovici s’est abstenu lors du vote sur les listes pour les élections européennes. Il a notamment déploré que celles-ci aient été élaborées à la proportionnelle des courants ("une scorie de ce Congrès" qui "a montré dramatiquement ses limites en aboutissant à un certain nombre d'incohérences").
Pour conclure, deux réactions personnelles à cette prise de position de l’ancien ministre des affaires européennes. 1. J’espère que ce choix de Pierre Moscovici contribuera à ce que, pour de plus en plus de socialistes, “motion” rime de moins en moins avec “cloison” !
2. Je souhaite que Pierre, dont les talents m’ont paru insuffisamment mis à profit lors de notre dernier Congrès (en partie par manque d’audace de sa part, en hésitant puis en renonçant à rejoindre ceux qui poussaient vers un renouvellement clair et profond du PS), trouve les moyens de faire bénéficier les socialistes de tout ce qu’il peut leur apporter. Notamment dans notre réflexion collective sur la politique à mettre en oeuvre face à la crise, ou sur le projet européen.
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