vendredi 23 octobre 2009

PS - travail : retour sur une fin de semaine contrastée


Retour sur la fin de semaine dernière. La question du travail et des conditions de travail des salariés y ont été au coeur des échanges auxquels j’ai pu, comme militant socialiste, prendre part. J’y ai contribué. J’en retire une impression contrastée.

Travail, conditions de travail et salariés au coeur de la réflexion des socialistes, donc. Vendredi soir, à Vincennes, c’était l’AG mensuelle de notre section locale. Parmi les points à l’ordre du jour j’avais demandé, relayant les demandes de nombreux de nos camarades (notamment de “L’Espoir à Gauche”), que l’on prenne le temps de prendre à bras le corps ce sujet. Parce qu’il est d’une actualité criante, qui, vis-à-vis de nos concitoyens, nous interdit de regarder ailleurs. Plus profondément, parce qu’il est au coeur de ce qui fait notre engagement commun, à nous socialistes. Histoire de notre pensée politique, sensibilité partagée face à ce dont est tissé le quotidien de nos semblables : notre responsabilité singulière est évidente. Au programme, du coup : un débat sur “la souffrance au travail”.
Samedi matin, ceux qui souhaitaient compléter et prolonger cette réflexion pouvaient se rendre à la journée de travail organisée par le PS à “La Bellevilloise”. Une journée intitulée : “Au travail pour l’emploi !” À la différence d’autres journées de travail (comme celle du printemps dernier consacrée aux PME qui à part quelques invités rassemblait exclusivement des socialistes), celle-ci s’annonçait comme une “journée de débat et de propositions avec l’ensemble des partis de gauche et des syndicats”. Pour être honnête, je n’ai pu être présent que le matin.
Le week-end a donc commencé pour moi par une promenade sportive du côté de Ménilmontant, avant d’enchaîner sur le discours inaugural de Harlem Désir, puis la table ronde “Comment protéger les salariés victimes de la crise ? Quels changements pour demain ?”, animée par Alain Vidalies (secrétaire national du PS à l’emploi et au travail). (Intervenants : Alain Vidalies, Thierry Lepaon membre de la commission exécutive de la CGT, Dominique Corona secrétaire national à la formation syndicale UNSA, Marcel Grignard secrétaire général adjoint CFDT, Pascale Gérard secrétaire nationale PS à la formation professionnelle et à la sécurité sociale professionnelle).

Au cours de ces deux moments de travail, j’ai entendu beaucoup de choses intéressantes. Certaines que j’avais déjà entendues, d’autres avec lesquelles j’étais d’accord, d’autres vis-à-vis desquelles j’avais des réserves (y compris à l’occasion parce que je ne les comprenais pas !). Au total, les échanges ne m’ont pas paru manquer de consistance. Ni de sincérité, ce qui sur un tel thème est déjà, d'une certaine façon, un signe de bonne santé pour le PS.
Pourtant, je l’ai dit, comme militant j’ai retiré de cette fin de semaine une impression mitigée. Plaisir de voir ma famille politique retrouver les chemins d’une de ses missions premières : penser un progrès qui se décline aussi dans le quotidien des travailleurs. Plaisir aussi de voir, dans le travail de réflexion mené pour cela, se négocier un tournant nécessaire et qu’avec d’autres j’appelais il y a quelque temps maintenant dans mon travail Pour une politique du pouvoir-vivre : celui qui consiste à rechercher le progrès non seulement dans les “conditions de travail” (temps de travail, conditions de rémunaration, etc., autrement dit le cadre à l’intérieur duquel les salariés exercent leur activité), mais aussi dans le contenu du travail lui-même (ce qui se fait et ce qui se passe sur le lieu de travail, durant une journée de travail, en termes de tâches, de relations de chacun avec son environnement, etc.).
Plaisir donc, mais aussi frustration. Dans le même temps où il annonce le rassemblement, l’appareil du PS, il faut le reconnaître, peine encore à mobiliser ses propres “troupes”. C'est-à-dire les militants. Or la “renaissance” (nécessaire et urgente) du Parti socialiste passe aussi par là.
De même, cette “renaissance” exige de faire émerger, sinon déjà de nouvelles idées, du moins des perspectives inédites. Comme autant de sillons où des idées nouvelles trouveraient, pour germer, un terreau propice. Cela ne s’est pas produit samedi. J’ai entendu beaucoup de choses intéressantes. Beaucoup de choses que j’avais entendues déjà en juin dernier. Je suis reparti (certes avant la fin) avec trop peu de pistes de travail nouvelles, à mon avis parce qu’il y a eu trop peu de débat. Trop peu de passion, aussi.
Pourquoi ? Mon sentiment : les interlocuteurs se connaissaient trop. Ils se sont trop habitués les uns aux autres. Et en même temps, on le sent bien, une partie d’entre eux se jaugent, à l’approche d’un rendez-vous électoral - les élections régionales - qui sera le premier à la veille duquel tout le monde aura conscience des transformations profondes qui travaillent actuellement le paysage politique français - et avaient déjà commencé à le travailler durant la campagne des élections européennes. Chacun s’apprête à “se compter”. Résultat : tous sont réunis dans une même salle, mais sur le plan des idées chacun reste dans son orbite traditionnelle, égrenant sans surprise analyses et propositions déjà formulées - pas encore essayées, par la force des choses. On sait quelle importance revêt pour moi la capacité du PS à agir avec ces partenaires historiques et naturels que sont les autres formations de gauche et les syndicats. Mais comment, dans ces conditions, attendre la passion que peut seul faire sourdre dans le débat le sentiment que, en France, un changement de rapport de forces politique est imminent - et donc, qu’à travers les analyses et propositions confrontées c’est demain que nous créons ?

Décidément, il s’avère désormais difficile de séparer audace dans les “partenariats de réflexion” (dans les lieux et les moments consacrés au travail sur le fond), et efficacité pour mettre au jour les chemins d’un projet politique nouveau et potentiellement majoritaire en France !
De l’audace dans les “partenariats de réflexion”, qu’est-ce à dire ? Notamment deux choses : oser prolonger le dialogue engagé cet été, à Marseille, avec non seulement Daniel Cohn-Bendit et Robert Hue, mais aussi Marielle de Sarnez. Cette dernière ne représentait pas tant le Modem - pas plus que Robert Hue le Parti communiste -, qu’elle n’exprimait une sensibilité politique et des aspirations ? Tant mieux. C’est la garantie d’une liberté, d’une énergie plus grandes dans les échanges, sans risque de sceller à la légère quelque alliance que ce soit. Et cela permet d’éviter de tout confondre, travail de fond et “stratégies d’alliance” à la veille d’une élection.
L’audace, c’est aussi nourrir notre travail d’échanges suivis et francs avec... les Français. Le “tour de France” entamé par Martine Aubry va, de ce point de vue, dans le bon sens. Mais on peut s’interroger sur sa portée et sur l’ampleur de son apport à la vigoureuse mobilisation intellectuelle qui s’impose au PS, si cette démarche de la Première secrétaire devait ne pas être relayée, localement, par sections et fédérations. Pour agir dans ce domaine, pour oser “sortir de nous-mêmes”, la campagne des élections régionales va nous ouvrir un espace. Notre bilan - qui en Ile-de-France, comme ailleurs, est bon - doit servir non seulement d’argument de campagne, mais surtout de point d’appui pour aller avec confiance au-devant de nos partenaires logiques dans l’espace public... à commencer par nos concitoyens ! Oser s’impose, et d’urgence, car ainsi que le souligne Pierre Moscovici dans son dernier ouvrage, “le compte à rebours pour 2012 est déjà entamé” !


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