mardi 30 décembre 2008

Gaza - Heures sombres pour le Proche-Orient et tous ceux qui aiment cette région du monde


Difficile de ne rien dire sur ce qui se déroule en ce moment même à Gaza. Et en même temps, la complexité et la cruauté de la situation, la distance géographique - qui ne peuvent que rendre un peu dérisoire toute prise de position n’aidant pas directement à faire avancer les choses -, la nature de ce blog aussi, ne se prêtent guère à de longs développements sur le sujet.
Simplement ceci : ceux qui savent les liens affectifs qui m’attachent au Proche-Orient, et de quelle façon cette région du monde m’intéresse, devinent aisément mon état d’esprit. Face aux images et aux nouvelles qui nous parviennent, je pense évidemment à tous ceux qui se trouvent à nouveau pris dans une Histoire qui par trop leur échappe. Et aussi à Edward W. Saïd, disparu prématurément en 2003, et dont la réflexion aurait pu faire - j’espère, fera - beaucoup pour le Proche-Orient et ceux qui y vivent.




Byblos (Liban)





lundi 29 décembre 2008

Diversité : l’heure n’est déjà plus aux mesures “gadgets” et à l’agitation de “symboles” !


Rapide synthèse de deux articles à paraître dans Le Monde du 30 décembre (et déjà mis en ligne sur le site LeMonde.fr). De quoi compléter mon précédent post sur les limites prévisibles de l’ “approche Sarkozy” en matière d’ “égalité réelle des chances” à l’école faute d’une politique véritablement cohérente, et d’une réelle volonté d’efficacité vis-à-vis des individus victimes des ségrégations sociale et territoriale...

Le "plan banlieue" reste très loin de ses objectifs (d'après un article de Luc Bronner)...
Pour l'emploi, considéré comme le dossier le plus important, moins de la moitié des objectifs ont été tenus. Le secrétariat d'Etat annonce 2 000 contrats autonomie signés fin 2008, contre 4 500 prévus à cette date et 45 000 promis en trois ans.
Difficultés aussi dans la mise en place du "busing", dispositif importé des Etats-Unis pour favoriser une plus grande mixité sociale dans les écoles. Lors de l'annonce du plan, il y a dix mois, M. Sarkozy avait fixé l'objectif de 50 communes expérimentant ce modèle d'affectation des élèves des quartiers dans des écoles plus favorisées. Fin 2008, seules sept communes s'étaient lancées dans l'opération. Cinq autres pourraient s'y ajouter en septembre 2009.
En matière de rénovation urbaine, un rapport du comité d'évaluation et de suivi de l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) s'inquiétait du désengagement de l'Etat et des difficultés de financement des opérations à moyen terme (Le Monde du 13 novembre). La crise économique, en rendant urgente la mise en place d'un plan de relance, a toutefois contraint l'Etat à revoir ses objectifs à la hausse. Le gouvernement a annoncé le déblocage anticipé de 350 millions d'euros pour permettre le lancement de nouveaux travaux dès 2009.

...Dans un contexte en nette dégradation (d'après un entretien réalisé par Luc Bronner)
Dans un ouvrage paru récemment (Ghetto urbain, éd. Robert Laffont, 2008), le sociologue Didier Lapeyronnie explique comment nombre de quartiers, partout en France, se sont transformés en ghettos ces dernières années.
Il y a dix ans, il n’aurait pas utilisé ce terme. Pour que se constitue un ghetto, il faut à la fois une fermeture d'un territoire vis-à-vis du reste de la société et la construction, dans cette cité, d'une contre-société ou d'un mode de vie particulier. Or aujourd’hui, une telle réalité commence bel et bien à apparaître en France. Avec comme socle le fait de se considérer relégué et abandonné, d'être obligé de vivre dans un espace non choisi, de se sentir victimes de la société et de ceux qu'ils désignent comme des "Français" ou des "Blancs" - les citoyens à part entière que les habitants des ghettos ne sont pas. Paradoxalement, ces phénomènes de ghettoïsation sont plus marqués dans les villes moyennes de province que dans les régions auxquelles on pense habituellement, comme la Seine-Saint-Denis ou la banlieue lyonnaise. Le niveau de chômage et l'enfermement social et ethnique y apparaissent encore plus forts. On peut craindre qu'avec la crise actuelle les évolutions économiques y soient aussi plus brutales.
Par ailleurs, un lien s’établit entre l’apparition de ces ghettos et la dégradation des rapports hommes-femmes. Aujourd'hui, en France, la féminité permet en effet d'échapper au racisme, au moins en partie. Lorsqu'on interroge des filles, elles disent souvent : "Avec une minijupe et les cheveux lisses, je rentre partout" - y compris dans les boîtes de nuit à l’entrée desquelles les garçons se voient refuser. Cette expérience se traduit par un profond sentiment d'humiliation pour les hommes qui perçoivent l'émancipation des femmes comme une démonstration supplémentaire de leur relégation, et la "féminité" comme une trahison. Du coup, ils tendent à se replier sur les modes sociaux traditionnels, sur les rôles familiaux rigides où chacun a une place prédéfinie.

Face à cette réalité, les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy pour redonner ses chances à... l’égalité des chances, apparaissent bien dérisoires. Et la responsabilité du Parti socialiste, s’agissant d’élaborer une politique - et pour l’heure de jouer un rôle actif - à la hauteur de la situation, considérable. Pour l'heure, espérons que l'exécutif saura entendre ce que recouvraient les propos tenus dimanche 21 décembre sur les ondes de la BBC par Dominique Strauss-Kahn. Reconnaissant que l’augmentation de la dette publique était “inquiétante”, le Secrétaire général du FMI a appelé les gouvernements à une action forte face à la récession (hausse des dépenses budgétaires, réductions fiscales temporaires) - pour ne pas ignorer que “l’ensemble de la société va souffrir” en 2009.

vendredi 26 décembre 2008

“Égalité réelle des chances” : dépasser l' "approche Sarkozy" en matière de parcours scolaires... ou renoncer à faire vivre la diversité !


Il y a une semaine, mercredi 17 décembre dernier, Nicolas Sarkozy annonçait à l’Ecole polytechnique l’essentiel d’un ensemble de mesures visant à “favoriser l’égalité réelle des chances”.
Dans l’idée, il s’agirait de marquer le franchissement d’un cap, peut-être d’ouvrir une nouvelle ère dans la façon dont notre société assume sa diversité - à la fois sociale et culturelle - . Naturellement, l’un des premiers espaces où se jouera l’efficacité de la prise en charge d’un tel défi est l’espace éducatif.
D’où le volet éducatif envisagé par le Président de la République : objectif de 30% de boursiers dans chaque classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) d'ici la rentrée 2010 (Jacques Chirac avait fixé en 2005 un objectif d'un tiers de boursiers dans l'ensemble des prépas, ce qui avait permis de porter le taux de boursiers à une moyenne de 22% en 2006), et création d'"internats de la réussite" où les élèves de prépas issus des “banlieues” se verront offrir un logement et un accompagnement pédagogique.
Qu’en penser ? Replaçons la ligne politique esquissée par M. Sarkozy dans la situation que connaît aujourd’hui la France. Décalage criant entre les principes “universalistes” dont nous revendiquons collectivement l’héritage, et la peine dont nous faisons preuve à faire réellement vivre au sein de notre société la diversité dans ses différentes dimensions - voir à ce sujet la tribune intitulée “Oui à la diversité, mais à toutes les diversités, y compris le handicap”, publiée par Monique Pelletier et Edouard Braine dans Le Monde du 25 décembre -. Mécanismes à l’oeuvre dans les “banlieues” censées bénéficier des mesures annoncées. Prendre en compte ces réalités, c’est mettre au jour les limites évidentes des propositions formulées par le Président de la République, et de l’approche qu’elles reflètent face aux inégalités en matière de chances de “réussir sa vie”. Pourquoi ces limites ? Pourquoi l’approche en question apparaît-elle promise à une efficacité dramatiquement réduite, par rapport aux exigences auxquelles nous sommes confrontés ? Une ligne alternative est-elle envisageable, et si c’est le cas, autour de quels axes de travail pourrait-elle s’articuler ?

Rapportée aux exigences auxquelles nous sommes aujourd’hui collectivement confrontés face aux inégalités de chances de “réussir sa vie”, l’approche esquissée par Nicolas Sarkozy apparaît condamnée à l’inefficacité. Au mieux, à une efficacité réduite, et marginale.
Qui est censé bénéficier de l’approche appelée de ses voeux par M. Sarkozy ? Les enfants issus de milieux, sociaux et culturels notamment, ayant peu accès aux filières donnant massivement accès à la réussite professionnelle. Des filières - et donc des niveaux de responsabilité dans le monde du travail - où ces milieux sont du même coup extrêmement peu “représentés”. Dès lors, le véritable enjeu, c’est de permettre à des profils plus divers de trouver leur place et de jouer leur rôle avec de vrais chances de réussir dans ces espaces, scolaires et professionnels. Or, globalement, cela implique qu’un nombre suffisant de ces enfants et adolescents persévère dans le système éducatif jusqu’à l’âge adulte et même au-delà (argument quantitatif). Ce que rien ne garantit dans l’ “approche Sarkozy”.
Deuxième limite de cette approche : elle intervient essentiellement en surface, et à l’échelle d’ “îlots” (argument qualitatif, d’efficacité à court terme). En surface, c’est-à-dire bien tard dans le parcours scolaire des intéressés : à l’issue de l’éducation secondaire, alors que beaucoup - pour ne pas dire l’essentiel - est déjà joué. Ce sont les quotas de places réservées aux élèves boursiers dans toutes les classes préparatoires. C’est la mise en place en 2009, dans tous les ministères et les fonctions publiques hospitalière et territoriale, de classes préparatoires aux concours, à destination des élèves boursiers ou issus des quartiers. Cette approche se contente d’agir en surface aussi, dans la mesure où elle tend à provilégier l’ “effet vitrine”, au niveau d’ “îlots-vitrine”, sur le souci d’efficacité durable pour les intéressés. Garantir l’accès d’un certain nombre d’entre eux aux classes prépératoires aux grandes écoles, c’est bien. Mais l’objectif qui compte, si l’on veut vraiment faire émerger une “élite issue des quartiers”, c’est de diversifier rapidement le public des grandes écoles. Or là encore, l’ “approche Sarkozy” ne porte pas le moindre embryon de garantie.
Troisième limite : à supposer qu’elle porte ses fruits pour une partie des individus auxquels elle est destinée, l’approche annoncée par M. Sarkozy semble nous condamner, sur la durée, à perpétuer une terrible déperdition de moyens sans apporter de changement significatif en matière d’ “égalité des chances” (argument “économique” et d’efficacité sur la durée). Politique hors-sol, elle apparaît vouée à n’avoir qu’un impact très marginal sur les chances des voisins et des générations suivantes dans les “quartiers”.

Origine de ces limites prévisibles ? Les réalités en matière de développement des enfants et des adolescents, de parcours scolaires et de leurs étapes, d’impact de l’environnement quotidien sur les chances de réussite des individus.
En matière de développement et de constitution de la personnalité (capital essentiel dans un parcours de formation), beaucoup voire l’essentiel se joue dès les premiers mois et années de la vie - et pas seulement dans le cadre scolaire. Aujourd’hui d’ailleurs, un consensus se dessine pour dire que les différentes formes de pauvreté sont d’autant plus pénalisantes qu’elles affectent les premières années de la vie - de sorte que, plus l’action compensatrice est précoce et massive (avant même la scolarisation), plus les bénéfices pour l’enfant et la société sont importants. (Les rares études disponibles sur la réussite à l’école maternelle suggèrent ainsi que les inégalités cognitives entre élèves de maternelle sont non seulement d’emblée extrêmement importantes, mais ont en outre tendance à s’accentuer ensuite.) C’est que, comme le souligne Eric Maurin (Le Ghetto français. Enquête sur le séparatisme social, La République des idées, Seuil, 2004), cette période de la vie inscrit dans chaque génération un ensemble d’inégalités très profondes dans la constitution même des personnes - ensuite rendues visibles à l’école puis sur le marché du travail. Or pour réussir ses études, il est nécessaire d’avoir pu bénéficier dans son enfance de conditions d’études correctes, mais aussi de conditions d’existence propices. C’est donc à ce niveau aussi qu’il faut agir en priorité.
Deuxièmement, ce qui empêche beaucoup d’enfants “issus de la diversité” (au sens culturel ou social) de bénéficier d’une formation réussie et porteuse d’avenir, c’est une crise de confiance aujourd’hui solidement enracinée. Depuis la fin des années 1990, une crise de confiance semble en effet s’être installée, notamment chez les jeunes issus des classes populaires, vis-à-vis du système éducatif. D’une part, parce qu’ils ont constaté que les études qui leur étaient “réservées” n’étaient pas celles permettant de monter dans la hiérarchie sociale. Mais aussi, d’autre part, parce que leur famille ne pouvaient pas financer ces dernières, voies de la réussite sociale - le système actuel des bourses ne changeant pas grand chose à cela. Dès lors, permettre dans une mesure significative aux jeunes issus des classes populaires de persévérer dans le système éducatif jusqu’à l’âge adulte et même au-delà, cela exige de se donner les moyens de résoudre cette crise de confiance source de blocage. À cet égard, les mesures annoncées par M. Sarkozy ne sont pas du tout à la hauteur.
Troisième réalité qui appelle un verdict sévère sur l’ “approche Sarkozy” : les effets de contexte, qui déterminent le degré d’efficacité d’une politique prétendant agir sur l’égalité des chances de bénéficier d’une formation ouvrant des perspectives de réussite. L’ “effet de contexte”, qu’est-ce que c’est ? En France, plus de 20% des inégalités devant le retard scolaire au primaire et au collège sont en réalité dues aux inégalités de voisinage social ! (cf Eric Maurin, op. cit.) En particulier, le lieu de résidence représente pour les enfants et les adolescents un enjeu plus grand encore que pour les adultes, car il conditionne les interactions auxquelles ils ont accès à un moment décisif de leur développement, personnel et intellectuel. En clair, toutes choses égales par ailleurs, un enfant vivant dans une HLM risque beaucoup plus l’échec scolaire si il habite une HLM peuplée d’enfants en échec, que si sa HLM est peuplée d’enfants ayant réussi à éviter l’échec scolaire. Ou encore, les enfants dont les parents ont fait des études courtes n’ont quasiment aucune chance d’interagir avec des enfants ou des adultes ayant dans leur famille l’expérience d’une scolarité longue - donc qu’ils envisagent pour eux-mêmes un tel destin scolaire. Par conséquent, faute d’une action suffisamment forte pour la mixité sociale (application de la loi SRU), on n’augmentera pas significativement les chances de réussite des enfants que la ségrégation territoriale pénalise dès leurs premières années. Or, ni l’actuel gouvernement ni les alliés politiques de M. Sarkozy dans les communes (que l’on pense à Laurent Lafon à Vincennes ou de Patrick Beaudouin à Saint-Mandé...) ne semblent fortement mobilisés pour une telle action.

Une autre approche est-elle envisageable, et si c’est le cas, autour de quelles axes de travail peut-elle s’articuler ?
Comme le pose très bien Eric Maurin dans l’ouvrage que j’ai déjà cité, ségrégation territoriale et déficit de mixité sociale (et de cohabitation de destins sociaux divers) contribuent lourdement à enfermer chacun dans un destin écrit d’avance. Face à cette réalité, Nicolas Sarkozy entend aider ceux que leur origine sociale - et donc souvent leur quartier de résidence - défavorise le plus, ce qui revient en grande partie à essayer d’estomper les effets de la ségrégation urbaine en dehors des territoires qui la subissent. Une autre voie est possible - et préférable. Elle consiste à promouvoir une mixité sociale accrue, à mieux exploiter l’influence du contexte social, à encourager de façon volontariste l’avènement d’une société où la pauvreté familiale ne condamne pas les enfants à vivre dans des quartiers eux-mêmes dévastés par l’échec. Pour cela, il ne faut évidemment pas attendre la sortie du secondaire pour se préoccuper des conditions faites aux jeunes issus de milieux populaires pour se former ! C’est bien avant qu’il s’agit d’oeuvrer en priorité, si l’on veut vraiment être efficace !
Concrètement, il faut nous donner les moyens d’aider au développement des enfants en les soutenant à mesure de leurs besoins dès avant leur scolarisation. L’idée d’un soutien pré-scolaire est à étudier, dans le cadre d’une politique ambitieuse de la petite enfance.
En aval, repenser le système des bourses pourrait s’avérer utile. Actuellement, ce système repose sur un saupoudrage en direction d’un nombre de bénéficiaires trop important, sans atteindre dans chaque cas un niveau suffisant pour avoir un impact réellement positif sur l’attitude vis-à-vis des études. On pourrait par exemple envisager un système fondé sur des bourses d’un montant plus important et centrées sur un nombre plus réduit de bénéficiaires. Exigence : obtenir par ailleurs des résultats suffisants pour bénéficier aux autres élèves qui, autrement, auraient eu besoin de bourses. Et donner plus aux enfants et adolescents dont les familles sont le plus démunies de ressources (en travaillant en particulier sur leurs conditions de logement).
Pour cela, on pourrait faire le choix de se déprendre de l’habitude consistant à prendre les territoires géographiques comme point d’application systématique des politiques. Dans cette logique, les politiques s’enlisent, s’épuisent. Ciblant avant tout des territoires, on s’expose à voir le dispositif s’alourdir au fil de pérennisations et de généralisations politiquement difficiles à refuser - mais qui tuent dans son principe même l’idée du ciblage tout en finissant par stigmatiser des territoires qui s’enlisent dans l’aide sociale. Dans les ZEP par exemple, on est confronté à un saupoudrage et à un insuffisant ciblage des moyens, avec des résultats cruellement faibles par rapport aux objectifs de départ et des territoires pâtissant d’une mauvaise “image”. Pour atténuer tant soit peu les effets destructeurs de la ségrégation territoriale, il faut cibler correctement les individus eux-mêmes.
Cela n’a évidemment de sens que si l’on joue à fond la carte de l’effet d’entraînement. De même que chacun souffre de la pauvreté et des échecs qui frappent son voisinage, de même chacun bénéficie des améliorations et de la réussite devenues possibles pour ses voisins. Autrement dit, toute politique sociale ou éducative diminuant les risques d’échecs dans un type particulier de famille a pour effet indirect de diminuer les risques d’échec dans les familles vivant à proximité, même si elles n’en sont pas directement bénéficiaires. Ainsi, on continuera de servir aussi les territoires et les quartiers.
Dans les établissements scolaires du secondaire (à commencer par les collèges), le travail sur l’orientation et le contenu de la “culture scolaire” appellent une réflexion soigneuse, en vue d'ajustements nécessaires. Pour bien la mettre en oeuvre, il faut impérativement tenir compte de la diversité des situations, des profils et des “missions” spécifiques des acteurs de la communauté éducative (y compris les parents d’élèves), très variables d’un secteur scolaire à l’autre. Refusant les simplifications abusives qui aveuglent, il faut notamment être à l’affût des partenariats les plus directement efficaces (y compris, encore une fois, avec les parents d’élèves comme cela est actuellement expérimenté sur un autre plan avec un projet comme “La Malette des parents” dans plusieurs collèges de l'académie de Créteil).

En résumé, cessons de raisonner en termes de “quotas” systématiques, et de perpétuer tout en le plafonnant le traditionnel (et peu fécond) saupoudrage de moyens ! Acteur de premier plan pour relever le défi de la diversité, l’éducation nationale regroupe certes des situations individuelles très contrastées et des acteurs très divers. Mais tous peuvent bénéficier collectivement d’effets d’entraînement puissants. Si l'on veut les faire jouer à plein, le moment est venu de regarder les choses en profondeur, pour articuler efficacement spécificité des situations, et dynamiques latentes - dans une politique cohérente qui ne les neutralise pas d'avance !

mercredi 24 décembre 2008

Crise de l’économie réelle : témoignages édifiants de salariés et de sous-traitants du secteur automobile

En complément à mon “billet” du 20 décembre (où il était notamment question du risque de "se perdre" qui guette les travailleurs et contre lequel il faut d'urgence nous prémunir), ce panel de témoignages trouvé depuis sur le site lemonde.fr. Des travailleurs et des sous-traitants du secteur automobile y racontent comment ils vivent la crise au quotidien, et en quoi leurs conditions de travail se durcissent. (Les témoignages ont été adressés par courrier électronique, d’où le nom quelquefois étrange des intéressés !)
En les “entendant”, on comprend combien dans la période actuelle, les mesures strictement économiques n’ont aucun sens - et risquent fort de n’être pas durablement efficaces - si elles ne s’accompagnent pas d’un combat pour préserver la qualité de vie au quotidien - ce qui passe notamment par la préservation d’un temps à vivre suffisant en dehors du temps travaillé.
J’avais également été amené, dans le cadre de mon travail pour l’Université permanente du PS, à réfléchir sur la place et les conditions faites aux travailleurs dans leur espace de travail. Cet embryon de réflexion (intitulé dans mon mémoire “Pour que vive le travail... faire toute leur place aux travailleurs”) appelle sans aucun doute approfondissement : il est au coeur de la problématique du pouvoir-vivre, indispensable point d’appui pour faire face à la crise actuelle. Dont acte !

<< "Dans l'automobile, nous vivons la peur au ventre"

Les internautes du Monde.fr travaillant dans des entreprises du secteur ou des sous-traitants racontent la crise au quotidien.

"Les prestataires, principale variable d'ajustement" par Melvyn
A chaque fois qu'il est question de la crise du secteur automobile, on fait référence aux situations des constructeurs (Renault, PSA) et de leurs fournisseurs (par exemple Valeo, Faurecia, Magnetti Marelli, etc). Mais quid du cas des milliers d'employés des sociétés de prestations auxquelles les constructeurs ont largement recours ? Pour le site du Technocentre, nous ne sommes pas loin de 30 %. Aujourd'hui, ces prestataires ne sont plus qu'une variable d'ajustement pour venir au secours de la trésorie des grands groupes de l'industrie automobile. Les non-reconductions de contrat en 2009, souvent annoncées à la dernière minute, nous rappellent douloureusement l'aspect précaire de notre travail.

"Tous nos contrats prennent fin au 31 décembre" par Thaddée
Je suis prestataire pour un grand constructeur automobile français dans le secteur de l'ingénierie. Il y a trois semaines, nous avons appris que tous nos contrats prenaient fin au 31 décembre. De quoi passer de bonnes fêtes... Etant jeune ingénieur, j'ai bon espoir de retrouver du travail dans un autre secteur, mais la majorité de mes collègues n'ont pas cette chance. Beaucoup n'ont d'expérience que dans ce secteur. Quelles perspectives d'avenir ont-ils ? A l'aube d'une crise absolument monumentale, nous avançons malheureusement dans une obscurité absolue.

"Nous sommes en chômage technique tous les vendredis" par Guillaume
Je suis chef de projet chez un sous-traitant de premier rang. Mon secteur est l'un des moins touchés pour le moment, et pourtant nous sommes en chômage technique tous les vendredis, et un jeudi sur deux. Pendant les vacances de Noël, nous serons fermés plus de quatre semaines. Nous savons qu'il va y avoir des licenciements et les personnes concernées l'apprendont en janvier. On nous a annoncé une année 2009 très difficile : le volume de travail ne diminuera pas, à l'inverse des personnels, et pourtant, nous sommes déjà en sous-effectif.

"L'entreprise se sépare des intérimaires et des CDD" par Gilles
Je travaille pour le groupe SANDEN, le numéro deux de climatisation automobile. Depuis quelques mois, l'entreprise se sépare a vitesse grand V des intérimaires et des CDD. On ne parle pas encore de plan social mais nous y pensons tous. Nous sommes très inquiets de l'avenir. Pour ma part, à 44 ans, je ne sais pas si je pourrais retrouver du travail.

"Le maître mot c'est : passer l'hiver !" par Nurieta
Je travaille chez un équipementier automobile, basé en région parisienne. La crise, nous la vivons la peur au ventre. Chaque jour les nouvelles sont pires que celles de la veille. Le maître mot c'est : passer l'hiver ! Ceux qui survivront en sortiront renforcés. J'espère que passer l'hiver suffira, car le quotidien devient très difficile à vivre.

"La production a baissé de 30 % entre septembre et octobre" par Ptitkon
Je travaille chez un fournisseur de premier rang dans la branche automobile. Nous subissons de plein fouet les conséquences de cette crise : la production a baissé de 30 % entre septembre et octobre, une diminution de 25 % est attendue pour l'an prochain. Tous les intérimaires, soit une centaine de personnes, ont été renvoyés chez eux. Les consultants vont bientôt subir le même sort. L'équipe de nuit est supprimée.
Mon poste n'est pas directement lié à la production : chef de projet, je travaille sur les futurs produits de l'entreprise. A mon niveau, j'observe un gel de projets, une diminution drastique du plan d'essai par nos clients (moins de prototypes, réduction du kilométrage des essais de validation) et une réduction des échanges directs (annulation de nombreuses réunions, pour ne pas payer l'avion). Je constate également un intérêt croissant des constructeurs pour les moteurs de petite et très petite cylindrées, éventuellement couplés en hybridation. En matière de nouvelles technologies, la tendance va vers des produits basiques et peu chers. Le plus terrible, c'est que personne ne sait à quoi ressemblera cette industrie dans cinq ans.

"Ma société a été mise en vente" par Anonyme
Je suis ingénieur études dans une société de prestation pour l'automobile qui compte 300 personnes en relations publiques. Cette entreprise, détenue par une société étrangère, a vu son carnet de commandes fondre vers un zéro prévisionnel pour 2009. Notre client principal réduit le panel de ses "partenaires" et ma société n'en fait plus partie. "Le marché français n'est plus porteur", et la société mère fait face à de grandes difficultés financières. Résultat : nous sommes mis en vente. L'incertitude règne concernant un éventuel repreneur. Pour assurer mes arrières au cas où la société fermerait, j'ai déjà passé trente entretiens d'embauches. Au bout du compte, je reçois toujours la même réponse : on attend les budgets 2009.

"Le système politico-médiatique a tendance à exagérer cette crise" par Chris
Je suis ingénieur dans une société de prestation travaillant pour le constructeur au losange, et je ne me sens pas du tout menacé par la crise automobile. En effet, même si j'admets être dans un position favorable (en CDI, environ 2 000 € net par mois à 24 ans), je pense que le système politico-médiatique a tendance à exagérer cette crise, provoquant ainsi un vent de panique très néfaste pour la Bourse. Dans mon entreprise, personne n'a été licencié, et les embauches se poursuivent puisqu'il y a plus de projets disponibles que de ressources humaines. Pour certains patrons la crise n'est qu'un pretexte à justifier des plans sociaux qui auraient eu lieu de toutes facons.

"L'industrie automobile est un des plus gros clients de la branche FRET de la SNCF" par Abdel Hakim
Je suis conducteur de train, affecté au FRET SNCF. Plusieurs grands groupes de l'industrie automobile ayant passé des contrats avec la SNCF ont supprimé des trains de marchandises en raison d'une baisse de la production. Conséquence pour moi : une baisse de ma rémunération car une bonne partie de mon salaire varie en fonction de la charge de travail. En effet, l'industrie automobile est un des plus gros clients de la branche FRET de la SNCF. C'est pareil pour la sidérurgie, où les baisses de production influent sur le nombre de trains commandés ensuite à la SNCF.

"Le marché allemand n'est pas épargné" par Geoff
Je travaille en Bavière pour un important fournisseur des constructeurs allemand. Ici, les arrêts de chaîne sont adaptés en fonction de la production des clients. Dans ma branche, le design, les projets dits secondaires ou moins prioritaires (et moins rentables) sont laissés à l'abandon. Les postes d'externes se raréfient, les embauches également. Seuls quelques postes stratégiques font exception. Le marché allemand n'est pas épargné : les ventes chutent, les stocks augmentent et il faut faire le dos rond. L'ambiance est plutot maussade, même si les plans sociaux ne sont pas encore à l'ordre du jour. >>

dimanche 21 décembre 2008

Pierre Moscovici veut organiser au sein du PS un pôle dynamisant pour construire "un socialisme du 21e siècle"

Le 7 décembre dernier, je m’inquiétais des conditions dans lesquelles le Parti socialiste et sa nouvelle direction allaient savoir relever les défis de la diversité dans les mois et les années à venir. En commençant, naturellement, par faire vivre dans nos propres instances (nationales et locales) les diverses sensibilités que le PS rassemble en son sein, de manière à ne se priver d'aucune force de proposition pour "revitaliser" son projet. Un travail indispensable pour faire pleinement entrer notre famille politique dans le 21e siècle, et lui donner tous les moyens d’être à la hauteur des exigences rigoureuses dont celui-ci est d’ores et déjà porteur.
En tout état de cause, ce ne sont pas les ressources de bonne qualité ni les volontés, si une démarche résolument collective sait leur faire une juste place, qui feront défaut dans ce travail. Témoin la ligne et les objectifs que se fixe clairement sur son blog Pierre Moscovici, résumés dans un article mis en ligne sur nouvelobs.com le 19 décembre et que je reproduis ci-dessous.


<< "Loyauté" à la direction de Martine Aubry et "liberté", écrit le député socialiste sur son blog, définissant ainsi la ligne de conduite de son mouvement "Besoin de gauche".

Dans une "Lettre aux amis de 'Besoin de gauche'", postée jeudi 18 décembre sur son blog, l'ancien ministre des Affaires Européennes, Pierre Moscovici définit sa ligne de conduite : "loyauté" à la direction de Martine Aubry et "liberté". Nullement "un retrait, moins encore une retraite", écrit-il. Il invite fin janvier à une "réunion nationale" de "Besoin de gauche". Pierre Moscovici indique qu'il veut faire grandir" son mouvement "Besoin de gauche" pour construire, au sein du PS, une "force de réflexion, de proposition et d'action majeure".

Un groupe de poids
"Besoin de gauche", du nom de la contribution dont il était le premier signataire avant de rallier Bertrand Delanoë, "existe et pèse", assure ce proche de Dominique Strauss-Kahn. Le groupe compte "une trentaine de membres dans les instances nationales du PS, plusieurs premiers secrétaires fédéraux, 5 membres du Bureau national, 2 secrétaires nationales". Il s'agit de "construire et nous construire". Pierre Moscovici, qui avait été candidat à la tête du Parti, veut "faire grandir Besoin de gauche", "en faire une force de réflexion, de proposition et d'action majeure, au service du socialisme du XXIe siècle".

Une base "un peu étroite" pour Aubry
Pour lui, la direction de Martine Aubry s'est installée sur une base "un peu étroite", "coalise des forces hétérogènes". Pierre Moscovici préconise un "travail de fond" et une "organisation rigoureuse": avec un "collectif politique d'animation", "des experts" qui "travailleront de façon ouverte", des "camarades" qui "réfléchiront à la vie du Parti", des "correspondants" dans chaque Fédération, une lettre hebdomadaire dès janvier 2009.

Objectif : les futures "électorales"
Il s'agit de "préparer les conventions et textes du Parti" et de prendre toute (sa) place dans les échéances futures" "électorales" ou "internes" au PS. "Nous pourrons jouer un rôle central dans la rénovation, incontournable de la gauche et dans la préparation de l'alternance, indispensable à la politique de liquidation de Nicolas Sarkozy", écrit encore le député du Doubs. >>

samedi 20 décembre 2008

Temps de travail : dissiper les séductions brumeuses du “pragmatisme”, assumer les exigences réelles du progressisme

Cet été, je proposais à mon camarade Akli Mellouli d’adresser au journal Le Monde une tribune, pour dénoncer l’aberration que constituait la décision du gouvernement Fillon de relever le plafond du nombre de jour travaillés pour les “cadres”. Aberration au regard des aspirations croissantes et légitimes des individus dans la société française - et que cette société a besoin de faire vivre pour bien et durablement fonctionner. En particulier, l’aspiration croissante à avoir du temps pour soi, et du temps à passer avec ses proches. À “pouvoir se réaliser aussi, jour après jour, à travers une vie sociale et affective épanouissante, où la part humaine reprenne pleinement ses droits”.
Tandis que le choc de la crise se se propage, et que la crise financière internationale se fait crise de l’économie réelle, on prend progressivement la mesure de cette aberration. (Les ambitions affichées par le Président de la République en matière de diversité du recrutement dans les grandes écoles contribuent d’ailleurs à la mettre en évidence, j’y reviendrai prochainement.)
En effet, la “crise de l’économie réelle”, qu’est-ce que cela signifie ? Entre autres choses, un durcissement des conditions de travail au quotidien (y compris du fait des incertitudes accrues sur leur avenir professionnel pour les salariés, ouvrant la voie à des pressions accrues). Les bonnes résolutions et les engagements prometteurs suscités par la crise financière n’ont évidemment pas pu, à ce jour, se traduire par une transformation des pratiques qui régissent nos économies, et le quotidien des acteurs économiques (entreprises, travailleurs). Ce sont donc ces pratiques qui vont s’appliquer, avec une brutalité proportionnelle à la gravité de la situation (dès fin octobre le Bureau international du travail avait prévenu que la crise financière risquait d'accroître de 20 millions le nombre de chômeurs dans le monde, qui pourrait atteindre un record historique de 210 millions de personnes fin 2009).
Le risque ? Que ces acteurs économiques, c’est-à-dire tout simplement pour la plupart des hommes et des femmes qui travaillent pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, se perdent. Perdent leur travail. Soient dépossédés de tout pouvoir de trouver un sens à leur travail - qui sans cela devient abrutissant. Se voient arracher la disponibilité nécessaire pour “se reconstituer”, récupérer de l’usure du travail et exister autrement que par celui-ci (avoir une vie de famille, se cultiver, avoir une vie sociale, “faire le point” quand le besoin s’en fait sentir...). Autrement dit ? Que la vie se fasse sans eux, que d’autres transforment la société sans qu’ils aient la moindre chance d’y jouer pleinement leur rôle, ou d’y vivre leurs aspirations légitimes. Sauf à “tout casser” pour refuser qu’on les casse, et qu’on casse ce qu’ils veulent construire - parce qu’un acteur économique c’est aussi un citoyen, et une personne.
Fréquemment oubliée, cette évidence s’impose aujourd’hui avec force. Et sa prise en compte s’impose parmi les règles de l’économie. Ainsi, il y a quelques jours, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a souligné que les gouvernements doivent rapidement empêcher la récession économique de laisser les troubles sociaux se généraliser. En clair : les marchés vont devoir à nouveau pleinement intégrer la variable politique, sociale et humaine dans leur évaluation des risques.
Comment faire ? Une piste parmi d’autres : refuser la “privation de l’intime” (pour reprendre la notion-titre du philosophe Michaël Foessel), et faire résolument à celui-ci toute la place qui lui revient. Pour commencer, dans notre vie jour après jour. L’intime, c’est un ensemble de relations (y compris avec soi-même) où chacun exerce sa liberté de choix et expérimente sa capacité à créer des relations singulières, enchevêtrées dans une histoire, “en dehors” des mécanismes socio-économiques prédominants. C’est d’ailleurs une conquête des Lumières, l’invention de l’intime au XVIIIe siècle s’étant faite contre la toute-puissance de la religion sur les vies. C’est aussi ce terreau des expériences affectives, amoureuses, amicales, où germent les nouvelles normes que ses membres adressent à une société au fil de son histoire, la faisant ainsi progresser, se “moderniser”. Or, ainsi que l’analyse très bien Axel Honneth dans son ouvrage La Société du mépris, les évolutions néolibérales sont largement porteuses d’une dissolution de l’intime, en associant à la vie professionnelle “des exigences accrues en temps et en mobilité”, “des attentes constantes de responsabilité propre et d’engagement émotionnel plus conséquent”.
Concrètement, cela commence par refuser l’instauration insidieuse du travail dominical. Comme d’ailleurs les députés européens l’ont fait cette semaine pour l’augmentation du plafond de l’horaire de travail hebdomadaire. Mercredi 17 décembre, ils ont refusé la semaine de plus de 48 heures pour les travailleurs européens. Les Verts, les socialistes, un tiers des libéraux et une partie des chrétiens-démocrates unissant leurs voix, par 421 voix contre 273 (et 11 abstentions), ils ont imposé un amendement supprimant la possibilité laissée aux gouvernements européens de déroger, sous certaines conditions, à la limite du temps de travail hebdomadaire de l’UE (actuellement fixée à 48 heures). C'est un revers pour Xavier Bertrand, qui espérait un accord sur cet allongement.
Quittant la présidence de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy affirmait il y a quelques jours devant le Parlement européen qu’il sortait de cette expérience “plus européen”. Au point de reconnaître quelque pertinence aux députés européens et à leurs analyses sur les priorités et le sens de l’histoire en matière de temps de travail ? Après avoir tourné en dérision la réduction du temps de travail mise en oeuvre par le gouvernement Jospin, Nicolas Sarkozy et le gouvernement Fillon ont montré des velléités de repousser le plafond de ce temps... très loin. Nous verrons bien en janvier (le débat sur le travail dominical ayant été repoussé à cette date) ce qu’il reste du respect affirmé de M. Sarkozy pour les Européens et les analyses de leurs représentants.
Quoi qu’il en soit, les socialistes que nous sommes peuvent en tirer un encouragement à être eux-mêmes - tout en continuant de scruter les aspirations légitimes et fécondes de nos concitoyens, et en pensant soigneusement les moyens de les concrétiser. C’est à ce prix que nous dissiperons les séductions brumeuses du “pragmatisme”, et que nous redonnerons ses chances au progressisme.

mercredi 10 décembre 2008

Déclaration universelle des droits de l'Homme : 60 ans après, commémorer... ou faire pleinement vivre les libertés et droits fondamentaux ?

C’est aujourd’hui le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies). Est-ce un hasard? Tout dernièrement, le débat parlementaire sur la réforme de l’audiovisuel public a remis au cœur du débat politique la question des libertés publiques. C’est en effet sous cet angle que les élus de l’opposition (socialistes, communistes, citoyens et verts) ont décidé d’éclairer les enjeux du projet de loi, afin d’en mettre en évidence les graves travers. Au premier rang de ceux-ci : la « reprise en main » par l’exécutif de la nomination des dirigeants de l’audiovisuel public.
Bref rappel : en janvier 1989, la création du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) avait été une avancée pour les libertés publiques et l’équilibre des pouvoirs en France, le pouvoir de nomination dans ce domaine revenant à audit conseil. Avec la loi proposée aujourd’hui, les PDG de France Télévisions, Radio-France et de l’audiovisuel extérieur (Radio-France Internationale, TV5, Canal France International) seraient nommés en Conseil des ministres.
Autrement dit, on passerait d’une situation où l’Etat exerce sur ces sociétés un contrôle technique, notamment financier (les représentants du Parlement siègent déjà dans le conseil d'administration des différentes sociétés concernées, contrôlant chaque année l'utilisation des deniers publics ; de plus, l'audiovisuel public est régulièrement contrôlé par le contrôle d'Etat et par le ministère du budget), à une situation marquée par une influence directe de l’Etat sur leur travail.
C’est ce qui conduit certains, comme Jean-François Téaldi (l’un des porte-partole de l’intersyndicale de l’Audiovisuel public), à parler d’un « recul démocratique de quarante ans » et à craindre le retour d’une « télévision d’Etat » analogue à celle qui, dans les années soixante, voyait le ministre de l’Information dicter quotidiennement aux chaînes de télévision et de radio le contenu de leurs programmes et de leurs journaux (chat avec les lecteurs-internautes du site lemonde.fr le 5 décembre).
Certes, pour reprendre l’objection malicieusement soulevée par un de mes camarades sur un autre sujet rejoignant aussi la question des libertés publiques, « nous ne sommes pas sous Pinochet ». Nous ne l’étions pas non plus dans la France des années soixante. Souhaitons-nous pour autant renouer tranquillement avec les logiques de cette époque ?

En matière de respect des libertés publiques, une double vigilance s’impose. D’une part pour éviter – et le cas échéant, combattre – les mises en cause spectaculaires de ces libertés. Mais aussi d’autre part, pour ne pas passer à côté de réalités moins immédiatement perceptibles : réticences discrètes – et contredisant néanmoins les lois de la République – à les faire vivre au quotidien, sensibilité et exigences croissantes de nos concitoyens en matière de respect de ces libertés – et les obligations également croissantes que cela implique pour les responsables politiques. Dans ce domaine, l’histoire l’a souvent montré, rien, pas même la moindre approximation, n’est réellement anodin ni anecdotique.
Deux exemple, où l’on voit que les enjeux à l’œuvre dans un débat national comme celui de la réforme de l’audiovisuel public ont leur pendant plus près de nous.
L’ « affichage d’opinion et des associations sans but lucratif » ou « affichage libre », traduction concrète de la liberté d’expression. Il a été réglementé par la loi n° 79-1150 du 29 décembre 1979 et par le décret d’application n° 82-220 du 25 février 1982. Ces textes prévoient que dans chaque commune, sur une superficie définie suivant le nombre d’habitants, des emplacements d’affichage pouvant prendre différentes formes (panneau, colonne Morris, mur…) doivent être réservés aux associations ou à toute personne voulant passer une annonce gratuitement (sans but lucratif ou commercial). Dans une commune comme Vincennes, qui compte 47000 habitants, cela fait 27 mètres carrés mis à disposition des citoyens pour l’affichage libre. Y sont-ils ? Dans quelles conditions peut-on les utiliser ? Je vais faire dans les jours qui viennent ma propre enquête – disons que ce sera ma deuxième contribution personnelle à la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme !
Deuxième exemple : les conditions de vie faites aux personnes retenues dans les Centres de rétention administrative (CRA) comme celui de Vincennes, à proximité immédiate de notre commune. Fermé cet été après avoir brûlé, ce dernier a été rouvert au mois de novembre. Or dans ces centres, la décence des conditions de vie était jusqu’à présent partiellement garantie par le travail de la Cimade (association œcuménique d’entraide) - seule association assurant depuis 1984 une permanence dans les CRA, et qui publie chaque année un rapport très critique sur leur fonctionnement et le respect des droits dans ces structures. Malheureusement, dans le cadre de la refonte du système d’information des étrangers dans les 27 CRA répartis sur le territoire français (organisé par un décret daté du 22 août et devant entrer en vigueur le 1er janvier prochain), la Cimade perdra son exclusivité et les associations qui auront accès au CRA seront désormais désignées par le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire sur la base d’un appel d’offres lancé en août… par lui-même ! Contre cette inquiétante évolution, 260 élus de toutes tendances politiques (dont le numéro 2 du Modem et le député UMP Etienne Pinte) ont interpellé le Président de la République, dans une lettre ouverte publiée le jeudi 30 octobre. Ils estiment notamment “qu’imposer [aux] futurs intervenants un devoir de confidentialité et de neutralité va entraver tout témoignage public sur certaines situations contraires au respect des droits fondamentaux". Dès le lendemain, j’ai adressé à notre maire Laurent Lafon un courrier – que je reproduis ci-dessous – dans lequel je souhaitais obtenir des garanties sur sa position et celle de l’actuelle majorité municipale vincennoise sur cette question de politique générale qui trouve une application tristement concrète à 20 minutes à pieds du centre-ville de notre commune. À ce jour, ce courrier demeure sans réponse.

Comme citoyen, je souhaite que le 60e anniversaire de la DUDH soit aussi l’occasion de réfléchir ensemble sur les pratiques et les outils aujourd’hui nécessaires pour faire vivre pleinement – jusque dans notre environnement quotidien - les droits qu’elle a consacrés, et pour être à la hauteur des exigences croissantes de nos concitoyens en la matière. À l’heure où le local et le global se font écho, et se rencontrent sans cesse, l’échelon municipal n’a-t-il pas aussi vocation à accueillir une telle réflexion, et à y faire toute leur place aux citoyens et aux associations qui souhaiteraient y prendre part ? Les modalités restent à penser. Cela peut faire toute la différence entre une simple commémoration - où l’on se souvient "rituellement" - et un anniversaire – où l’on continue à faire vivre -.

dimanche 7 décembre 2008

Vous avez dit "diversité" ?...


Parcourant ce matin les informations mises en ligne sur le site internet lemonde.fr, un étrange écho a retenu mon attention. Echo entre les résultats de deux sondages réalisés à quelques jours d’intervalle, et qui voient nos concitoyens exprimer dans des proportions similaires deux sentiments a priori sans rapport entre eux.
D’après un sondage réalisé du 21 au 27 novembre, 78% des Français se sentent menacés par la réduction de la biodiversité (84% considérant la réduction de cette dernière comme un enjeu majeur du 21e siècle, et 56% déclarant n'être "pas d'accord" avec l'affirmation selon laquelle "on ne peut pas faire grand chose en tant que citoyen en faveur de la biodiversité [et que] c'est aux pouvoirs publics de prendre les décisions").
D’après un sondage réalisé les 4 et 5 décembre, “pour 71% des Français, le PS n’a pas de projet” (65% mettant en cause la qualité des dirigeants du parti).
Coïncidence anecdotique... ou au-delà et pour qui veut bien l'entendre, rappel à la lucidité et à la responsabilité dans nos pratiques internes ?

Que la préservation de la biodiversité apparaisse largement comme un enjeu majeur du 21e siècle, cela n’a plus rien d’étonnant. Notamment en raison de la place d’ores-et-déjà prise dans le débat public par la notion de diversité - sur les différents plans où elle se décline. Je partage naturellement cette conviction - et c’est sans grande originalité que j’ai mis cet objectif au coeur de ma réflexion sur le pouvoir-vivre, en esquissant les contours de ce que pourrait être une politique du pouvoir-vivre en matière environnementale. Ce qui retient l’attention, c’est qu’une majorité de nos concitoyens estime devoir - et pouvoir - jouer un rôle actif et direct dans préservation de la biodiversité. Et considère désormais ce combat pour faire vivre la diversité comme un enjeu incontournable de l’engagement politique et citoyen au 21e siècle.
Bonne nouvelle pour le débat politique, dont les acteurs vont devoir faire les efforts de lucidité et de rigueur nécessaires pour prendre à bras le corps cet enjeu, sans le faire de manière rhétorique ou superficielle. Bonne nouvelle aussi, a priori, pour le militant socialiste que je suis. Ma famille politique ne s’efforce-t-elle pas, au moment où elle amorce un renouvellement de son oganisation et sa remise en ordre de bataille, de relever le défi de la diversité dans ses différentes dimensions ?
Dès hier samedi, Martine Aubry a en effet annoncé que la nouvelle équipe de direction (secrétariat national) du PS serait une équipe parfaitement mixte avec 19 femmes et 19 hommes, soulignant que “c’est la première fois que cela arrive dans notre parti”. Le même secrétariat national comportera 20% de responsables issus des “minorités visibles” (c’est ce que Martine Aubry appelle, dans des termes effectivement plus heureux que cette formule, une direction “aux couleurs de la France”). Enfin, cette direction comportera “60% de nouveaux visages et 40% de moins de 40 ans”. Sont également annoncés, entre autres, deux outils susceptibles de garantir la diversité des idées dans le débat : "un forum des territoires" présidé par un grand élu PS, pour "que les élus retrouvent leur place au coeur du parti" avec pour missions notamment "d'échanger nos pratiques", "défendre nos collectivités" ; "un laboratoire des idées", pour "ouvrir les portes et les fenêtres" du PS "aux intellectuels, chercheurs, artistes, syndicalistes"... (Aubry: équipe de direction du PS de 38 membres, à parité hommes-femmes - dépêche AFP du 6 décembre, 14h20)
Ayant présenté la contribution de Martine Aubry parce que j’y trouvais un écho de mon engagement pour une politique du pouvoir-vivre, je ne suis pas étonné par ces idées prometteuses. Comme de celle de lancer des "assises de la rénovation" pour porter cet important chantier. Et pourtant, ce soir, j’ai des inquiétudes. Pas sur la bonne foi et la détermination de notre nouvelle Première secrétaire. Ni sur la capacité de nos valeurs, portées collectivement, à faire vivre ces transformations. Alors sur quoi ?
Poursuivant ma lecture, je découvre la dépêche AFP suivante : “Le Conseil national du PS a approuvé samedi par 146 voix pour et 72 abstentions le texte d'orientation politique proposé par la direction de Martine Aubry” (6 décembre 14h48).
Puis je tombe sur ce titre : “Le début de l'ère Aubry plombé par les divisions”, suivi des lignes suivantes en date du 6 décembre : “Nouvelle première secrétaire, nouvelle direction, nouveau texte d'orientation... Le Conseil national du Parti socialiste a marqué, samedi 7 décembre, le début de l'ère Aubry au PS. Mais ce Conseil qui devait être celui du renouvellement aura surtout été plombé par les divisions.”
Avant de rencontrer cette analyse de Vincent Peillon, disposé il y a peu à mettre ses qualités au service de la nouvelle direction du Parti socialiste, et déplorant aujourd’hui le “faux départ” de celle-ci : "tout a été fait pour mettre Ségolène Royal dehors" (faisant allusion à la ligne représentée par cette dernière, qui a recueilli face à Martine Aubry les suffrages d’environ 50% des militants) ; "le parti ce matin n'est pas en ordre de marche et j'ai regardé la direction telle quelle est composée. Cela ne permet pas de rassembler les socialistes, de s'opposer comme nous le devons à Nicolas Sarkozy" ; “Aujourd'hui, un Conseil national de plus de 300 membres a approuvé cette ligne à moins de 150 membres” autrement dit "Une semaine après le Congrès, il n'y a pas de majorité pour voter cette orientation politique [ce qui n’était] jamais arrivé". Espérant que “ce faux départ de la direction sera corrigé”, il réaffirme "Nous ferons tout ce que nous pourrons pour aider, mais en même temps nous ne pouvons être l'otage de quelque chose qui dénaturerait le vote des militants et l'attente des Français".
Résumons : faute de relever en profondeur le défi que constitue la diversité des lignes et des cultures politiques qui coexistent aujourd’hui au sein du PS, la nouvelle direction risque de le priver d’une partie de ses forces vives. Y compris, donc, dans l’exigeant travail d’élaboration de son projet.
Complétons, en revenant aux enseignements du sondage sur la biodiversité : renonçant à faire vivre à l’intérieur même de notre famille politique la diversité qui la caractérise, la nouvelle direction du PS, et avec elle notre parti, ne risque-t-elle pas d’apparaître inapte à prendre véritablement à bras le corps le combat pour faire vivre la diversité - ce combat qu’une majorité de nos concitoyens considère désormais comme un enjeu incontournable de l’engagement politique au 21e siècle?
Dans cette hypothèse, une réaction salutaire reste possible. Celle des militants qui se sentiraient “abandonnés” - et des autres, qui pourraient ne pas souhaiter cette situation. Comme les 56% de Français qui pensent désormais devoir - et pouvoir - prendre toute leur part dans préservation de la biodiversité sans attendre tout des pouvoirs publics, ces militants tendront-ils à jouer un rôle actif et direct dans la vie du PS sans attendre que l’impulsion soit donnée par ses instances dirigeantes ?
La possibilité et la portée de cette réaction salutaire - vecteur du “nouveau départ” souhaité par Vincent Peillon - dépendra alors très largement d’une chose : quel accueil et quel espace ces instances lui accorderont-elles ? Il reviendra aussi aux militants concernés, le cas échéant, de prendre leurs responsabilités pour faire entendre leurs aspirations et faire connaître ce qu’ils sont en mesure d’apporter au Parti socialiste.
Si cela se fait, et si les dirigeants socialistes - depuis le secrétariat national jusque dans nos fédérations et nos sections - font preuve de la réceptivité et de la souplesse nécessaires, alors nous pourrons réellement faire vivre le “tournant militant” ainsi nommé par Jean-Christophe Cambadélis, souhaité par Martine Aubry, et fortement appelé de leurs voeux par les militants socialistes lors du Congrès de Reims. Alors aussi, nous serons réellement rassemblés, et nous pourrons jouer pleinement notre rôle - en nous opposant et en nous imposant comme une alternative crédible aux yeux des Français.

samedi 6 décembre 2008

Lettre adressée fin octobre à M. Laurent Lafon concernant la réforme des conditions d'accès faites aux associations dans les CRA

Il y un peu plus d'un mois, j'ai adressé à M. Laurent Lafon un courrier dans lequel je l'interrogeais sur sa position, ainsi que sur la position de sa majorité municipale, sur la préoccupante réforme en cours du fonctionnement des Centres de rétention administrative (CRA).


Vincennes, vendredi 31 octobre 2008


Monsieur le maire,


ce jeudi 30 octobre, a été publiée une lettre ouverte dans laquelle 260 élus de toutes tendances politiques interpellent le Président de la République sur la réforme des conditions d’accès faites aux associations dans les centres de rétention administrative (CRA).
Comme vous le savez, cette initiative fait suite à un décret du 22 août qui organise une refonte complète du système d’information des étrangers dans les 27 CRA sur le territoire français, assuré jusqu’ici par la seule Cimade. Les nouvelles règles, dont celle de la confidentialité des intervenants, doivent entrer en vigueur le 1er janvier prochain. La Cimade perdra son exclusivité et les associations qui auront accès au CRA seront désormais désignées par le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire sur la base d’un appel d’offres lancé en août par lui.

Les signataires s’insurgent contre la remise en cause par le ministère de l’Immigration de la mission de la Cimade (association œcuménique d’entraide) - seule association assurant depuis 1984 une permanence dans les CRA, et qui publie chaque année un rapport très critique sur leur fonctionnement et le respect des droits dans ces centres. En particulier, ils jugent “que multiplier le nombre des intervenants au sein des CRA, qui seront désormais choisis dans le cadre d’un appel d’offres des marchés publics éclatés en huit lots distincts, empêchera dorénavant d’avoir une vision d’ensemble de la situation qui prévaut dans ces lieux d’enfermement". En outre, ils estiment “qu’imposer à ces futurs intervenants un devoir de confidentialité et de neutralité va entraver tout témoignage public sur certaines situations contraires au respect des droits fondamentaux".
Si le Tribunal administratif de Paris a annoncé le même jour avoir annulé l’appel d’offres lancé en août, le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire semble avoir annoncé, lui, que ce rejet "pour un motif de pure forme" ne met "nullement en cause, sur le fond, la réforme engagée", et qu'il va engager "immédiatement" un nouvel appel d'offres. Les mises en garde exprimées par vos confrères restent donc pleinement d’actualité.

Si notre ville n’accueille pas sur son territoire un de ces centres, elle a toutefois donné son nom à l’un d’eux, géographiquement très proche et mis sur le devant de l’actualité par plusieurs incidents dramatiques au cours des derniers mois. Par ailleurs, les modalités de fonctionnement de ces centres et leur évolution constituent un problème de politique générale, à ce titre concernant tous les élus de la République. En témoigne la variété des signataires de cette lettre ouverte : 14 parlementaires et 246 élus locaux, essentiellement Verts, socialistes et communistes, mais parmi lesquels on compte aussi le député européen et vice-président du MoDem Jean-Luc Bennahmias et le député UMP Etienne Pinte.

Suivant de près ce sujet, j’ai souhaité m’adresser directement à vous pour vous poser les questions suivantes :
- êtes-vous signataire de cette lettre ouverte ?
- vous reconnaissez-vous dans les mises en garde exprimées par ses signataires, et dans la critique qu’elles sous-tendent vis-à-vis de l’actuelle réforme du fonctionnement des CRA ?
- l’actuelle majorité municipale vincennoise a-t-elle une position commune vis-à-vis de cette réforme, et du problème de politique générale qu’elle constitue aux yeux de nombreux élus locaux ?

Insistant sur l’esprit républicain qui m’inspire ces interrogations, et en espérant trouver prochainement dans vos réponses la marque du même esprit, je vous adresse, monsieur Lafon, mes sincères et cordiales salutations.


Guillaume LOOCK, citoyen vincennois

dimanche 30 novembre 2008

Après le Congrès de Reims… cap sur le pouvoir-vivre !

Il y a quelques jours, se fermait un chapitre aussi mouvementé que riche de significations de l’histoire de notre famille politique : celui du Congrès de Reims. Aujourd’hui, nous voyons heureusement succéder aux soubresauts de ce congrès une volonté collective de faire vivre ce qu’il a vu jaillir, de façon spectaculaire, au sein de notre famille politique.
Car en effet, le contexte politique, économique et social auquel nous sommes affrontés aujourd’hui ne nous laisse pas le choix : sur ce congrès et sur les dynamiques qu’il a libérées au sein du Parti socialiste, les socialistes doivent s’appuyer, sous peine de perdre une part de ce qu’ils sont devenus – et dont nos concitoyens ont besoin.

Par-delà la diversité des votes et la complexité des alliances - où à travers même cette dernière qui n’a pas réussi à faire écran - les militants socialistes ont réussi leur congrès ! Avec une clarté... fracassante, ils ont exprimé une double exigence.
La première : circulation des responsabilités à travers une organisation résolument ouverte du PS, favorable au renouvellement des équipes et à un rôle plus direct et authentique des « simples » militants (qui plus que jamais dans le passé ont montré leur exaspération de voir ce rôle réduit à celui de « machines à voter » sur des options largement élaborées « en coulisses »).
Deuxième exigence : savoir assumer la radicalité quand elle s’impose. La radicalité, c’est-à-dire à la fois la conscience fière et lucide de ses racines historiques et la capacité à les assumer dans la France et le monde du XXIe siècle commençant. C’est-à-dire aussi savoir être intransigeant sur un certain nombre de combats : notamment celui pour faire vivre les valeurs et les pratiques républicaines, et celui pour faire vivre un modèle social qui, tout en sachant s’articuler avec l’économie de marché, ne soit pas celui d’une société de marché.

Les militants socialistes ont aussi lancé à notre famille politique les défis qui, pour exigeants qu’ils soient, la propulseront au coeur du XXI e siècle et de ses réalités - si elle ne les fuit pas mais les prend réellement à bras le corps, depuis ses sections jusque dans son existence au plan national. En somme, avec la générosité brusque des foules fortes, ils ont offert au Parti socialiste les points d’appuis sur lesquels soit il trébuchera fatalement en essayant de les esquiver, soit il reprendra l’élan capable de lui faire gagner des élections nationales. Ces défis, quels sont-ils ?
Revitaliser le Parti socialiste : renouvellement des équipes et circulation des responsabilités, dans une organisation politique progressiste jusque dans son propre fonctionnement et républicain jusque dans ses pratiques internes ; mise sur pied d’un projet politique crédible et convaincant parce qu’en prise avec les réalités de son temps ; présence physique et intellectuelle dans la société et les mouvements qui la travaillent plutôt qu’enfermement dans une politique “hors-sol”...
Dépasser les logiques de “courants” : par des reports de voix non-conformes aux appels des “chefs de motion”, les militants ont été nombreux à condamner ces logiques qui, souvent détachées des réalités du terrain, poussent vers l’écueil d’une pratique politique “hors sol” donc peu efficace ; condamnation d’ailleurs entendue par Pierre Moscovici qui, dès le lendemain du vote pour la nouvelle Première secrétaire, proposait le principe d’une direction collégiale pour notre parti.
Tourner la page d’un certain fonctionnement du Parti socialiste, trop systématiquement vertical, sclérosant et congestionnant (“cumul des mandats” et des responsabilités constituant le véritable vecteur du risque de voir le PS se transformer en parti de “supporters”). Un fonctionnement qui condamne ses dirigeants (instances et personnalités) à la défiance des « simples » militants qui ne se reconnaissent pas dans des façons de penser et d’agir en décalage avec ce qu’ils vivent sur le terrain (compétences disponibles, exigence légitime de disponibilité de la part de nos concitoyens), et souvent étrangères aux idées et aux pratiques censées faire le coeur de notre engagement commun comme socialistes. C’est ce que Jean-Christophe Cambadélis appelle “le tournant militant”.

Ce faisant, les militants socialistes ont doté le PS d’une feuille de route claire, consistant à mettre au coeur de notre engagement collectif :
les convictions socialistes, revitalisées et affirmées avec force. L’heure est à leur définition, lucide et précise, dans le contexte renouvelé – et non stabilisé - où il s’agit aujourd’hui de les faire vivre. À l’affirmation de leur pertinence et de leur crédibilité dans ce contexte – y compris par notre présence dans l’espace public, chaque fois que l’actualité l’appelle. À la démonstration de leur efficacité, en les faisant primer semaine après semaine dans les choix qui se font au sein de notre famille politique, et les actions qui s’y mènent.
l’élaboration d’un projet politique socialiste en phase avec les exigences du XXIe siècle naissant. Vincent Peillon semble être l’un des premiers à l’avoir compris et à s’être mis au travail en conséquence. Avec sa clairvoyance et sa hauteur de vue habituelles - et précieuses pour notre famille politique -, il a d’ores et déjà amorcé la définition - et espérons-le, la conquête - de la « nouvelle frontière » à l’assaut de laquelle le Parti socialiste doit dès maintenant se lancer s’il veut assumer le « combat [qui lui revient] pour le siècle à venir » (Le Nouvel Observateur, n° 2299 du 27 novembre au 3 décembre 2008, p. 46). (Au passage, voir aussi dans le supplément ParisObs du même numéro l’excellent dossier « Malgré le malaise… Mon école a des idées » auquel a contribué la jeune journaliste Laure Gnagbé Blédou, que j’ai eu le plaisir de rencontrer sur mon lieu de travail !) Pierre Moscovici, dans un ouvrage récemment publié sous la direction du même Vincent Peillon, souligne également que « le réformisme de gauche n’est pas condamné à l’accompagnement du libéralisme », et met en avant un certain nombre de champs d’action qui, à condition de savoir nous les approprier, « dessinent les contours du socialisme de demain – un réformisme radical ».

le renouvellement des structures et instances de notre famille politique, ainsi que de leur fonctionnement, dans le sens d’une souplesse, d’une diversité et d’une ouverture garantes d’une efficacité et d’une créativité plus grandes – et durables ! Il s’agit de ne pas se laisser engluer dans la gestion du “mécano” de nos instances : celles-ci doivent aussi être des lieux où se donne l’impulsion d’une action politique d’ampleur, et non constituer en elles-mêmes un horizon pouvant faire obstacle ou écran à cette action. Cela implique que, cessant de se penser comme un patchwork de motions, le PS s’impose comme un parti de missions soutenu par des lignes politiques authentiques et fortes.

last but not least… la force militante et l’initiative militante ! L’heure est à une vraie complémentarité et à un véritable partenariat, mutuellement stimulants et dynamisants, entre les instances dirigeantes - à tous les niveaux - et les “simples” militants. C’est comme cela que nous formerons nos nouvelles générations de responsables et d’acteurs politiques de premier plan sans rien renier de ce que nous sommes (et que nous venons de définir dans notre nouvelle Déclaration de principes). C’est comme cela aussi que se constituera le vivier de compétences et de personnalités où notre famille politique pourra puiser pour aborder en posture réellement conquérante les prochains rendez-vous électoraux (élections européennes, cantonales, régionales…) !

Pour les nombreux militants socialistes qui ont passé beaucoup de temps sur le terrain au cours des deux dernières années (pour mener les campagnes présidentielle, législatives, municipales et cantonales notamment, mais aussi dans le monde associatif), la montée de ces exigences et de ces objectifs avait été perceptible. Elle a sans aucun doute guidé leur choix beaucoup plus que les considérations de courant ou de fidélité à telle ou telle personnalité nationale - je l’ai vécu moi-même dans mon cheminement de militant au fil de ce congrès complexe.
Et c’est une chance ! Si cela signifie des militants décidés à faire passer le choix d’une ligne politique avant l’attachement à telle ou telle des “écuries de présidentiables” entre lesquelles les médias se plaisent à découper notre parti. Si cela signifie des militants refusant d’arrêter leurs élans et leur réflexion aux bornes fixées a priori par les contours de telle pièce du mécano complexe abrité rue de Solférino, et résolus plutôt à explorer le paysage socialiste jusque dans ses replis, pour y trouver de nouveaux points-de-vue, de nouvelles perspectives, de nouvelles ressources.
En somme si nous, “simples” militants socialistes, repartons à la rencontre les uns des autres, parcourons nos fédérations pour y faire connaître nos idées et nos travaux, sans lesquels, l’expérience l’a montré, il ne peut pas y avoir une action collective durablement efficace du Parti socialiste, des socialistes.

Pour ma part, je m’efforcerai de contribuer de la manière la plus utile possible à ce travail collectif. Bien sûr en m’associant, du mieux que je pourrai, à la dynamique de travail qui émergera dans ma section de Vincennes, naturellement en cohérence avec les aspirations exprimées par les militants socialistes lors de notre récent congrès.
Je vais aussi approfondir et renforcer la réflexion engagée depuis l’année dernière pour définir une politique du pouvoir-vivre, en faisant vivre à la modeste échelle de ce travail l’esprit que les militants ont souhaité voir présider au travail du Parti socialiste.
Je vais également poursuivre et concrétiser, avec celles et ceux qui auront l’envie de s’y joindre, le travail que j’ai engagé depuis plusieurs mois avec nos camarades de villes du département aujourd’hui tenues par la droite pour optimiser nos moyens et notre force militante. Pour contribuer activement à ce que les socialistes val-de-marnais abordent tous ensemble en posture conquérante les prochains combats électoraux !

En résumé, dans le fonctionnement de notre famille politique comme dans l’élaboration de son projet, après le Congrès de Reims plus encore qu’à sa veille, une priorité s’impose avec force: rassemblés et avec énergie, cap sur le pouvoir-vivre !

samedi 22 novembre 2008

Lettre post-élection

Vendredi 21 novembre 2008

Chers camarades,

Ainsi que notre secrétaire de section sortant l’a indiqué, notre camarade Claire Lemeunier est sortie gagnante du vote d’hier (jeudi 20 novembre). Elle est donc la nouvelle secrétaire de la section socialiste de Vincennes. Avec la sincérité que garantissent mon engagement de longue date comme militant socialiste, et mon attachement profond aux valeurs qui font le coeur de notre engagement commun, je lui adresse tous mes voeux de courage et de réussite dans cette tâche pour laquelle nous l’avons collectivement choisie. Je la félicite également pour la qualité de son propos et l’intégrité de sa démarche tout au long de cette “campagne interne”.

Au-delà, je remercie toutes celles et tous ceux d’entre vous qui, à l’occasion de ce congrès, ont participé à un temps fort de la vie de notre famille politique - un de ceux où, ensemble, nous construisons son histoire. Quelle qu’en soit l’issue - inconnue à l’heure où j’écris ces lignes -, je souhaite que nous fassions vivre collectivement les lignes politiques fortes qu’il aura fait émerger : le Parti socialiste y gagnera, nos concitoyens en ont besoin, et les temps nous y obligent. Personnellement, je contribuerai à ce travail autant que je le pourrai, et de la façon qui apparaîtra la plus utile.

À titre plus personnel, je remercie toutes celles et tous ceux d’entre vous, de Vincennes et d’ailleurs qui, sous une forme ou sous une autre, à un moment ou à un autre, m’ont accompagné dans cette étape importante et constructive de mon parcours de militant qu’ont été les deux dernières années. Pour l’expérience que j’en ai tirée sur le plan politique, pour ce que j’y ai gagné d’essentiel sur un plan humain, et pour les horizons que cela m’a ouverts, je leur exprime à nouveau, comme lors de notre débat de mardi dernier, ma gratitude.

À très bientôt car le travail continue, amitiés socialistes,


Guillaume

mercredi 19 novembre 2008

Déclaration de deux de des militants de Vincennes suite au débat de qualité du mardi 18 novembre 2008

Cher Guillaume, nous voulons revenir sur le débat d’hier soir.
Nous avons été nombreux à nous féliciter de cette réunion durant laquelle deux camarades ont pu présenter leurs projets respectifs pour la section.
Nous avons eu un débat de qualité où la confrontation des idées a été fructueuse pour tous.
Rien à voir avec l’image que donne parfois le PS, un peu trop bien aidé peut-être par les médias.
Bien que nous ayons soutenu ta candidature, nous tenons à réaffirmer par ailleurs toute notre amitié à la camarade qui a courageusement choisi de se présenter face à toi.
De toute façon, comme tu l’as rappelé, nous nous retrouverons après le vote et, quel qu'en soit l'issue, nous travaillerons tous ensemble pour faire progresser le PS à Vincennes, tant au plan national qu’européen.

Amitiés socialistes.
Chantal et Georges.

Lettre de soutien à la candidature de Guillaume Loock

Dimanche 16 novembre 2008, Vincennes

Chères camarades et chers camarades,
Après avoir pris connaissance des différents courriers que viennent de nous adresser les deux
candidats aux fonctions de premier secrétaire de la section socialiste de Vincennes (lettre et profession de foi), nous avons souhaité vous faire connaître notre soutien à la candidature de Guillaume LOOCK.
Depuis deux ans, nous avons pu apprécier la générosité et la force de son engagement
pour animer et coordonner nos campagnes (présidentielle, législative, municipale) et les équipes
qui s’y sont investies (coordination des actions de terrain, recrutement de nos assesseurs pour tenir les bureaux de vote, mobilisation de nos camarades pour une présence forte sur le terrain,
encouragement et accompagnement de leurs initiatives…).
Nous avons aussi apprécié la rigueur et l’efficacité avec laquelle il a soutenu, sans jamais perdre de vue le nécessaire respect des militants et par-delà leurs différences de sensibilité, nos candidats et notre action dans ces moments politiques importants.
Pour nous, cela fait de sa candidature un choix sûr, sur le plan des compétences, des
convictions, et de notre capacité d’action collective. Dans l’optique de nos défis immédiats et
des prochains rendez-vous électoraux, sa candidature est porteuse de tous les atouts que jusqu’à maintenant nos dirigeants nationaux et fédéraux ne nous ont pas apportés. Et donc qu’il nous faut trouver d’abord dans notre section.
Par ailleurs, nous prenons objectivement en compte les engagements publics des deux
candidats (cf. le blog de Guillaume), et la ligne préconisée hier à la tribune du congrès de Reims
d’une part par Ségolène Royal, d’autre part par Martine Aubry en proximité avec Benoît Hamon
(Mme Aubry souhaite un Parti socialiste « fortement ancré à gauche » et osant dire clairement « voilà ce que c’est que d’être socialiste », et veut que « des banderoles du PS surgissent au milieu des syndicalistes pour les accompagner »).
Guillaume nous apparaît le mieux à même de faire vivre au sein de notre section, durablement et à travers des actions politiques concrètes, les deux lignes politiques fortes qui au-delà des motions se dégagent de notre congrès, naturellement dans l’ouverture à toutes les sensibilités qui s’étaient exprimées lors de notre vote sur les motions.
Pour ces raisons, nous soutenons totalement sa candidature et souhaitons prendre une part active dans le projet collectif qu’il propose à la section socialiste de Vincennes.

Cordialement, avec nos sincères amitiés socialistes,
André KAYEMBÉ-KONGOLO
(3e de la liste « motion D » pour notre CA de section)
Sophie RODIER
(tête de liste des candidats « motion E » pour notre CA de section)
Patrice ARTINS
(responsable syndical, ex-signataire de la « motion C »)

Pour un Parti socialiste retrouvé : cap sur le pouvoir-vivre !

(article d'opinion adressé au journal Le Monde au mois d'août 2008)

Face aux paradoxes baroques d’une droite réactionnaire, les socialistes doivent se retrouver pour bâtir un projet clairement progressiste, réconciliant conquête du pouvoir d’achat et droit à vivre pleinement et dignement.


Etre progressiste, ce n’est pas réformer en tous sens, à toute allure. C’est reconnaître les élans nouveaux que chaque époque recèle, et faire porter leurs fruits aux aspirations engendrées par notre société au fil de son histoire. Etre réactionnaire, ce n’est pas être intolérant, ni refuser tout changement. C’est être prêt à combattre ces aspirations, fussent-elles légitimes et fécondes. C’est renoncer à prendre en compte toutes les possibilités et les exigences nouvelles de notre temps pour, à la place, les ignorer ou les briser.
Entre ces deux approches, l’exécutif et sa majorité ont clairement choisi la seconde. Et la rupture ne cesse de s’accentuer, entre les implications concrètes de la politique actuellement menée par la droite, et les généreuses pétitions de principes dont ses représentants s’évertuent à les habiller. Dans une tribune parue dans Le Monde du 17 juillet (sobrement intitulée « Le sarkozysme est l’allié de l’école »), le ministre de l’Education nationale prêtait ainsi au Président de la République ce credo : « le vrai progrès social est celui qui assure la réussite de tous sans exception ». Sous la plume de M. Darcos, on trouvait aussi le lointain écho d’aspirations qui s’expriment aujourd’hui dans notre société avec une force renouvelée. Six jours plus tard, la loi réformant la représentativité syndicale et le temps de travail (qui relève le plafond du nombre de jours travaillés de 218 à 235 par an pour les « salariés autonomes ») démentait toute prise en compte réelle de ces aspirations.
En revendiquant d’« assumer la liberté des élèves d’aller à leur rythme vers la réussite », Xavier Darcos semblait acter la
première de ces aspirations : une place accrue pour les choix individuels et pour l’autonomie dans l’organisation de sa vie, professionnelle et personnelle. Pourquoi dès lors la dénier aux « salariés autonomes », désormais moins libres de réussir « à leur rythme » ? De même, pour pouvoir tous s’investir auprès de leurs enfants de la façon qu’aime à promettre M. Darcos, les parents d’élèves ont naturellement besoin d’une disponibilité… directement menacée par la nouvelle loi imposée par Xavier Bertrand !
Soucieux de « reconnaître et valoriser le mérite des enseignants » par une « injection massive d’heures supplémentaires » améliorant leur pouvoir d’achat, M. Darcos semblait aussi percevoir cette autre aspiration, aussi simple que forte : pouvoir bien faire son travail, voir la qualité de celui-ci reconnue et justement valorisée. Mais valoriser sans condescendance le savoir-faire d’un travailleur, c’est d’abord lui garantir les conditions de travail nécessaires pour qu’il puisse l’exprimer (équipements de qualité, temps pour le partage d’expérience et pour reconstituer sa force de travail, densité d’occupation des locaux…). Qu’en est-il pour les enseignants ? Dans les collèges par exemple, pour assurer les heures de collègues dont le poste a été supprimé, nombre d’entre eux sont aujourd’hui contraints d’effectuer des heures supplémentaires au-delà de ce qu’ils pourraient souhaiter –et, la charge de travail déjà effectuée se conjuguant à des conditions de travail souvent éprouvantes, au-delà de ce qu’ils peuvent assurer au mieux. Qu’en sera-t-il demain pour les salariés que frappe la nouvelle loi sur le temps de travail ? Les travailleurs français doivent-ils, au nom du « pouvoir d’achat », s’amputer les uns après les autres d’une partie de leur savoir-faire, voire de leur vie personnelle ?
Troisième aspiration forte, qu’on ne saurait manquer d’entendre : pouvoir se réaliser aussi, jour après jour, à travers une vie sociale et affective épanouissante, où la part humaine de la vie reprenne pleinement ses droits. M. Darcos y pensait-il, en reliant la réussite d’un élève à « la stabilité et [au] soutien qu’il reçoit dans son environnement familial et social » ? En tout cas, il en va évidemment de même pour tout travailleur : témoin les crèches d’entreprise par lesquelles de plus en plus d’employeurs visent à garantir à leurs salariés un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Or, en tendant à réduire le temps libre qui permet aux parents d’offrir à leurs enfants l’attention et la qualité d’échanges dont ils partagent le besoin, la nouvelle loi du gouvernement Fillon ignore résolument cette aspiration, et brise les chances de la voir
se réaliser pour tous ceux qu’elle habite.
Face à cette politique clairement réactionnaire, la tâche du Parti socialiste ne souffre aucune ambiguïté ! Il faut d’urgence affirmer avec force nos valeurs et leur pertinence dans la France d’aujourd’hui, à travers un projet politique clairement progressiste. Un projet capable de rendre le présent à nouveau vivable, et de nouveau possible le progrès social. Qu’il y ait place pour un tel projet, comme pour une ample mobilisation autour de lui, cela ne fait aucun doute. Non seulement en raison de la politique aujourd’hui menée par la droite, mais surtout parce qu’il correspond de toute évidence aux attentes de nombreux Français. Les résultats des dernières élections cantonales et municipales en témoignent, tout comme le « triomphe » des valeurs de gauche dans les enquêtes d’opinion et les témoignages entendus sur le terrain.
Devant nous, d’ici au Congrès de Reims et au-delà, s’ouvre une période d’échanges intenses. Faisons-en un moment de construction collective ! Face à une politique qui rogne inexorablement –et laisse rogner– le pouvoir d’achat, le pouvoir-faire et le pouvoir-partager d’un nombre croissant de Français ; face à une politique qui, au bout du compte, fait renoncer à vivre, n’attendons pas davantage. Retrouvons-nous dans la prise en compte honnête et exigeante des nécessités de notre temps, mais aussi des aspirations de nos concitoyens, en pleine cohérence avec ce qui fait le coeur et la modernité de notre engagement !
Plus que jamais, soyons sans relâche au côté de nos concitoyens –salariés, retraités, étudiants, chômeurs…– dans la reconquête de leur droit à vivre ! Puisque nous y sommes prêts, travaillons sans attendre pour, le moment venu, réunir au moins trois conditions plus que jamais nécessaires à l’exercice de ce droit.
La pleine jouissance de soi-même de manière à pouvoir se construire et exister, dans la sphère privée comme dans le quotidien de la vie en commun, dans toutes ses dimensions : affective, intellectuelle par une politique éducative, culturelle et de formation à la hauteur des exigences du temps et des possibilités de chacun (ce qui exige aussi une véritable politique de formation tout au long de la vie), physique y compris en défendant bec et ongles l’accès pour tous à un environnement, à un système de santé et à une alimentation de qualité. Pour cela, il faut cesser d’opposer comme le fait la droite pouvoir d’achat et pouvoir-vivre !
La capacité de chacun à comprendre le complexe et le mouvant, et surtout à agir en s’appuyant sur eux. Dans un quotidien placé chaque jour davantage sous leur double signe (développement des mobilités volontaires et contraintes, discontinuité croissante des parcours professionnels et personnels, impact des processus à l’oeuvre dans une économie mondialisée…), la capacité d’initiative et les chances de réussite de nos concitoyens dans les différents domaines de leur vie
en dépendent directement.
La possibilité et le goût de prendre toute sa place dans l’espace public. Là encore, la qualité de ce champs d’activités multiples (travail, loisirs et activités associatives, découverte d’autres cultures, gestion des affaires publiques…) en dépend. Il s’en trouvera plus solidaire, et riche de ceux pour qui – faute de ressources ou de temps- il demeure ou redevient souvent scandaleusement difficile d’accès.
Face à une politique qui l’a déjà sacrifié, et au nom de ceux de plus en plus nombreux sur qui la droite laisse le présent se refermer, reconquérir le droit à vivre pleinement et dignement est une urgence. Cette reconquête a besoin d’une force motrice : c’est au Parti socialiste qu’il incombe de l’incarner ! Osons être nous-mêmes, soyons à la hauteur de notre histoire et de notre époque : dès maintenant, sachons nous retrouver pour construire puis porter ensemble une politique du pouvoir-vivre !

Guillaume Loock, militant à la section socialiste de Vincennes (Val-de-Marne), candidat aux élections municipales sur la liste « Vivons Vincennes ! », participant à l’Université d’été du Parti socialiste.
Akli Mellouli, maire-adjoint à Bonneuil (Val-de-Marne), membre du Conseil national du Parti socialiste, responsable national aux politiques territoriales.

dimanche 16 novembre 2008

Avec des représentants syndicaux devant la poste centrale de Créteil

Mobilisation départementale du 6 novembre contre la privatisation de la Poste

vendredi 14 novembre 2008

Quelques photos


A Arcueil, pour un débat animé par Jean-Louis Bianco, avec notre camarade Gilles BEHNAM.

Une expérience du porte-parolat...

jeudi 13 novembre 2008

Aperçu de mon travail pour l' Université permanente du PS

Parti socialiste
Université permanente des cadres nationaux et fédéraux
Promotion Lucie Aubrac (année 2008)

Pour une politique du pouvoir-vivre
Propositions pour un projet politique socialiste « revitalisé » à partir d’une exploration de la question du pouvoir d’achat.
Exemplaire de restitution.
Guillaume LOOCK
Section de Vincennes (fédération du Val-de-Marne)

À mes camarades et à mes amis qui se reconnaîtront, de Vincennes, du Val-de-Marne et d’ailleurs. Pour leurs réflexions qui stimulent. Pour leurs espérances qui obligent. Pour leur entretien qui inspire… Et pour leur présence, qui stimule ! Merci.

Pour une politique du pouvoir-vivre.
Propositions pour un projet politique socialiste revitalisé à partir d’une exploration de la question du pouvoir d’achat.
« Ce qui est terrible, c’est de se dire, devant ces morts, que la société n’a pas été juste pour eux ; qu’elle n’a pas respecté et glorifié en eux la dignité de la vie. »
Jean Jaurès, éditorial de L’Humanité du 14 mars 1906 (à propos de la catastrophe de Courrières)

« Et quand nous élevons ainsi tous les individus humains à l’état de personnes, quand nous les affranchissons de ce servage économique qui les ravale à la dépendance, à la passivité des choses, quand nous faisons de chaque citoyen un droit vivant égal à tous les autres droits, une volonté vivante égale à toutes les autres volontés, (…) on nous dit : Chimère et aberration ! »
Jean Jaurès, article paru dans La Revue de Paris, 1er décembre 1898

« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »
Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, 1956


Introduction.
L’actualité des derniers mois a été fortement marquée par une accélération de la dégradation du pouvoir d’achat. Ce dernier a été spectaculairement mis en avant durant la campagne pour les dernières élections présidentielles par Nicolas Sarkozy, qui s’en est fait une arme redoutable en se présentant comme le « candidat – et futur président – du pouvoir d’achat », posture efficacement résumée par le slogan « travailler plus, pour gagner plus ».
Sur ce terrain, nous n’avons pas su trouver notre propre voie, ni notre propre voix. Un peu comme si diverses exigences – ne pas nous départir d’un réalisme et d’une rigueur intellectuelle dont l’exercice prolongé des responsabilités nous a appris l’importance, ne pas renoncer à une approche résolument humaniste qui fait la spécificité et la profondeur de notre
engagement politique… -, entrant en résonance avec une réelle attente de nos concitoyens, avaient entravé notre réflexion.

Une chose est sûre : leur pouvoir d’achat est depuis maintenant plusieurs années une préoccupation majeure pour un nombre croissant de nos concitoyens. L’appréciation des
Français sur l’évolution de leur pouvoir d’achat est le plus dur depuis vingt ans, 65% estimant en septembre 2005 que leur pouvoir d’achat avait diminué durant les douze mois précédents
(+16 points par rapport à 2002)1. Cette préoccupation est même devenue la première pour une majorité de nos concitoyens, avant même le chômage2, et elle semble appelé à le rester longtemps. Plusieurs facteurs expliquent cela, sur lesquels on reviendra. On s’en tiendra pour l’instant à une observation simple : cette situation, si elle porte la rude obligation de rechercher des réponses solides et efficaces aux difficultés rencontrées jour après jour par des Français de plus en plus nombreux, porte peut-être en elle les ferments d’une modernisation radicale de notre projet politique.

C’est en quelque sorte un premier examen de cette possibilité qu’on se propose d’effectuer dans les pages qui suivent. Il n’est pas question ici d’asséner un programme abouti en vue d’une quelconque « refondation » ou « rénovation ». Simplement de mettre en relation, sur une orientation précise, le corpus de valeurs qui fonde notre pensée avec la société et le monde comme ils vont, afin de contribuer à donner toute sa force à cette pensée, et d’agir au mieux dans cette société et dans ce monde.

Une politique dont la clef de voûte serait la notion de « pouvoir d’achat » est-elle l’outil le plus efficace pour répondre aux problèmes que traduit aujourd’hui l’invocation de celle-ci ? Comment éviter qu’une politique prenant pleinement en compte ces problèmes ne réduise à leur fonction économique ceux qu’elle aspire à aider, les poussant ainsi dans les tentacules de la société de marché ? Ne peut-on envisager un projet – ou un pan de celui-ci - qui, tout en ayant le maximum de chances de convaincre par la clarté de son principe et les attraits de l’horizon qu’il propose d’atteindre, prenne en compte toutes les dimensions qui font l’identité d’un individu, et les conditions de sa participation active à la vie en société ?

[…]

Conclusion.
Ainsi donc, par delà les incertitudes que les dimensions de notre réflexion ne laissent de préserver, une chose apparaît clairement. Par la nature de ses ressorts, la grave et durable crise du pouvoir d’achat qui frappe un nombre croissant de nos concitoyens met à l’épreuve notre imagination. Et cette mise à l’épreuve nous conduit à distinguer dans cette situation de crise une obligation historique pour les socialistes que nous sommes : celle d’inverser le rapport entre satisfaction de vie et croissance économique tel qu’on le conçoit traditionnellement. Défi radical. Défi auquel nous obligent tout à la fois les dynamiques et les processus qui structurent désormais le monde et notre société, et les valeurs et les filiations constitutifs de notre engagement politique. Défi dans la prise en charge duquel une notion peut nous servir de point d’appui : celle du pouvoir-vivre.
Le pouvoir-vivre, c’est l’ensemble des dispositions – en chaque individu comme dans son environnement au sens le plus large du terme – susceptibles de garantir trois choses : la pleine possession de soi-même de manière à pouvoir – et aimer - exister dans toute sa profondeur et dans toutes ses dimensions ; la possibilité et le goût d’appréhender et de s’approprier le complexe et le mouvant, autrement dit ce qui n’est ni figé, ni unidimensionnel ; la capacité et le goût d’agir « en-dehors de soi-même », autrement dit d’intervenir dans l’espace public, ce champ d’activités multiples (travail, loisirs, militantisme…).
Née d’une exploration de l’enchevêtrement complexe des facteurs du bien-être – parmi lesquels le pouvoir d’achat -, répondant à des nécessités de notre temps à l’origine du défi qui nous requiert, en cohérence étroite avec ce qui fait le coeur de l’engagement socialiste, la notion de pouvoir-vivre s’offre comme clé de voûte d’un projet politique prétendant relever ce défi, et comme levier conceptuel susceptible de mobiliser autour de lui.
Telle que nous l’avons envisagée dans trois domaines où l’action publique revêt aujourd’hui une importance cruciale - l’environnement dans sa relation essentielle avec la santé, le travail, l’éducation -, une politique du pouvoir-vivre apparaît porteuse d’un horizon humainement attrayant, et fécond d’un point de vue social et républicain. Un horizon qui permettrait de faire à la satisfaction de vie, et aux facteurs de développement autres que le pouvoir d’achat, toute la place qu’exigent notre temps et nos concitoyens.

Au terme de cette réflexion, beaucoup reste à penser. Les premières pistes d’action esquissées sont sans aucun doute à mûrir, à approfondir. Elles sont aussi à compléter par d’autres, touchant à des domaines aussi essentiels que le logement, la culture, ou encore notre politique de construction européenne. Il serait aussi intéressant d’examiner quelles perspectives ouvrirait la mise en oeuvre d’une politique du pouvoir-vivre au niveau de la vie politique de notre pays – et, pourquoi pas, de notre parti. En somme, pour se donner toutes les chances et tous les moyens d’aller à son terme, notre réflexion ne demande qu’à se poursuivre en s’ouvrant aux apports de l’expertise, du partage d’expérience, et du croisement des points de vue.
Le chantier est ouvert !

BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages
Robert Castel, Peut-on vaincre l’insécurité sociale ?, éd. Le Temps des cerises, 2005
Condorcet, Cinq mémoires sur l’instruction publique (1791), éd. Garnier-Flammarion, 1994
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Jean Jaurès, éd. Rieder, 1928
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Juliette Grange, L’idée de République, éd. Pocket, collection Agora, 2008
Jean-Christophe Graz, La Gouvernance de la mondialisation, éd. La Découverte, 2008
Xavier Hochet, Transformer l'entreprise, éd. Odile Jacob, 2008
Christopher Lasch, Le moi assiégé – essai sur l’érosion de la personnalité, éd. Climats, 2008
Philippe Lukacs, Stratégie pour un futur souhaitable, éd. Dunod, 2008
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Vincent Peillon (dir.), Inégalités et justice sociale, éd. Le bord de l’eau, collection « Les rencontres de l’Institut Edgar Quinet – Collège des élus », 2008
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Bernard Stiegler (entretiens avec Philippe Petit et Vincent Bontems), Economie de l’hypermatériel et psychopouvoir, éd. Mille et une nuits, 2008
Tzvetan Todorov, L’Esprit des Lumières, éd. Le livre de poche, collection biblio essais, 2006
Jean Viard (avec la collaboration de Ugo Rollin), Eloge de la mobilité. Essai sur le capital temps libre et la valeur travail, éd. de L’Aube, 2008
Jean Viard, Françoise Potier, Jean-Didier Urbain (dir.), La France des temps libres et des vacances, éd. L’Aube-Datar, 2002

II. Enquêtes et rapports
Jan Bernheim, Francis Heylighen, « Bonheur et progrès : une exploration », Médi-Sphere Hebdo 189, 2003
BVA et L’Express, « Les salariés et leurs priorités à la veille de l’élection présidentielle », enquête
réalisée les 26 et 27 mars 2007
Pierre Cahuc, Gilbert Cette, André Zylberberg, «Smic, revenu minimum et coût du travail : quelle articulation pour combiner justice sociale, incitation au travail et compétitivité ?», rapport pour le Conseil d’analyse économique, 2008
Cegos (groupe), baromètre de climat social 2007
Cyclope (cercle, dirigé par Philippe Chalmin), « Prévisions pour 2008 », rendues publiques jeudi 24 janvier 2008
Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), statistiques fournies à l’occasion de la Conférence sur l’amélioration du travail organisée le 4 octobre 2007 à Paris
Jean-Pierre Dubois, Françoise Dumont, Agnès Tricoire (dir.), Une démocratie asphyxiée. L’état des droits de l’homme en France (édition 2008), éd. La Découverte, 2008
Anne-Cécile Geoffroy, Stéphane Béchaux, « Les perdants du pouvoir d’achat », Liaisons sociales
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Hervé Gosselin, Aptitude et inaptitude médicale au travail : diagnostic et perspectives, janvier 2007
Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), Organisation des Nations
unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « Perspectives agricoles pour 2008-2017 », publiées le 29 mai 2008
Sofres et Fondation Jean Jaurès, « Les Français et les inégalités », enquête réalisée les 2 et 3 juin 2004
Sofres, L’Hémicycle et Groupe Casino, « Le climat économique et social vu par les Français »,
enquête réalisée le 14 septembre 2005
Sofres et Télérama, « Liberté, Egalité, Fraternité : notre devise vue par les Français », enquête réalisée du 9 au 16 janvier 2007
Bernard Van Praag et Paul Frijters, The Measurement of Welfare and Well-being : the Leyden
approach, 1999, Kahneman, D., Diener, E., Schwarz, N. (éd.)

III. Articles, entretiens et discours
Isabelle Cassiers et Catherine Delain, « La croissance ne fait pas le bonheur : les économistes le
savent-ils ? », Problèmes économiques n° 2938, mercredi 2 janvier 2008
P. Chanial, « L’universelle dignité dans l’universelle solidarité. Le pari de l’égalité dans la tradition du socialisme républicain », in Vincent Peillon (dir.), Inégalités et justice sociale, éd. Le bord de l’eau, collection « Les rencontres de l’Institut Edgar Quinet – Collège des élus », 2008
Lucie Davoine, « L’économie du bonheur peut renouveler les politiques publiques », Problèmes
économiques, n°2938, 2 janvier 2008
Françoise Gri, « Sécurité, flexibilité et connexion », article paru dans Le Monde du 25 janvier2008
Jean Jaurès, discours prononcé à la Chambre des Députés, séance du 3 juillet 1897 (cité p.193-208 de Paul Desanges et Luc Mériga (nouvelle édition avec introduction et notices par), Pages choisies de Jean Jaurès, éd. Rieder, 1928)
Jean Jaurès, article paru dans La Revue de Paris, 1er décembre 1898 (cité p.208–244 de Paul
Desanges et Luc Mériga (nouvelle édition avec introduction et notices par), Pages choisies de Jean Jaurès, éd. Rieder, 1928)
Jean Jaurès, éditorial de L’Humanité du 14 mars 1906
Didier Migaud, « Pouvoir d’achat, le compte n’y est pas », Le Monde, 31 janvier 2008 « Face à l'inflation des prix alimentaires, "il faut s'attaquer à la question des salaires" », entretien réalisé par Mathilde Gérard, Le Monde du 27 février 2008.
Philippe Moati, directeur de recherche au Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, Lionel Prouteau, François-Charles Wolff, « La participation associative au regard des temps sociaux », Economie et Statistiques, n°352-353, 2002
Christophe Ramaux, « La flexisécurité : ne pas trop lui prêter », article paru dans Le Monde du 20 février 2008
Hubert Védrine, « La diplomatie de Sarkozy au peigne fin », entretien accordé au Nouvel Observateur, Le Nouvel Observateur, n°2279 du 10 au 16 juillet 2008
Raphaël Wintrebert, « Mesurer le bonheur : des indicateurs pertinents pour la France ? », Problèmes économiques, n° 2938, 2 janvier 2008

TABLE DES MATIÈRES
Introduction……………...…………………………………………………………………………………..p.4-5
I. À la redécouverte de la question du pouvoir d’achat : d’un tragique goulot
d’étranglement à la possibilité d’un défi radical……..……………………………………………p.6-12
1.1. L’érosion du pouvoir d’achat : une rude épreuve promise à durer… …………………….p.6-7
1.2. … et face à laquelle les marges d’action directe trouvent vite leurs limites… ……………p.8-9
1.3. … qui nous conduisent à mettre au jour un défi radical…..………………………………p.10-12

II. A la recherche du pouvoir-vivre : fondements, ascendances
et définition d’une notion politique.……………………………………………………………...p.13-21
2.1. Le pouvoir-vivre comme pleine « propriété de soi »…..……………………………………p.13-15
2.2. Le pouvoir-vivre, ou savoir appréhender « un fleuve où chaque flot est une source »..…...p.16-18
2.3. Le pouvoir-vivre : « marcher fièrement sous le soleil » (Jaurès)……………………………p.19-21

III. Vers une politique du pouvoir-vivre : des idées pour agir..………………………………….p.22-33
3.1. L’environnement, source de vie.…………………………………………………………….p.22-25
3.2. Pour que vive le travail : faire toute leur place aux travailleurs.……………………………p.26-29
3.3. Ego, logos, ago : pour une politique éducative du pouvoir-vivre.…………………………..p.30-33

Conclusion…………………………………………………………………………………………...p.34
Bibliographie……………………………………………………………………………………..p.35-36
Table des matières…………………………………………………………………………………...p.37