dimanche 30 novembre 2008

Après le Congrès de Reims… cap sur le pouvoir-vivre !

Il y a quelques jours, se fermait un chapitre aussi mouvementé que riche de significations de l’histoire de notre famille politique : celui du Congrès de Reims. Aujourd’hui, nous voyons heureusement succéder aux soubresauts de ce congrès une volonté collective de faire vivre ce qu’il a vu jaillir, de façon spectaculaire, au sein de notre famille politique.
Car en effet, le contexte politique, économique et social auquel nous sommes affrontés aujourd’hui ne nous laisse pas le choix : sur ce congrès et sur les dynamiques qu’il a libérées au sein du Parti socialiste, les socialistes doivent s’appuyer, sous peine de perdre une part de ce qu’ils sont devenus – et dont nos concitoyens ont besoin.

Par-delà la diversité des votes et la complexité des alliances - où à travers même cette dernière qui n’a pas réussi à faire écran - les militants socialistes ont réussi leur congrès ! Avec une clarté... fracassante, ils ont exprimé une double exigence.
La première : circulation des responsabilités à travers une organisation résolument ouverte du PS, favorable au renouvellement des équipes et à un rôle plus direct et authentique des « simples » militants (qui plus que jamais dans le passé ont montré leur exaspération de voir ce rôle réduit à celui de « machines à voter » sur des options largement élaborées « en coulisses »).
Deuxième exigence : savoir assumer la radicalité quand elle s’impose. La radicalité, c’est-à-dire à la fois la conscience fière et lucide de ses racines historiques et la capacité à les assumer dans la France et le monde du XXIe siècle commençant. C’est-à-dire aussi savoir être intransigeant sur un certain nombre de combats : notamment celui pour faire vivre les valeurs et les pratiques républicaines, et celui pour faire vivre un modèle social qui, tout en sachant s’articuler avec l’économie de marché, ne soit pas celui d’une société de marché.

Les militants socialistes ont aussi lancé à notre famille politique les défis qui, pour exigeants qu’ils soient, la propulseront au coeur du XXI e siècle et de ses réalités - si elle ne les fuit pas mais les prend réellement à bras le corps, depuis ses sections jusque dans son existence au plan national. En somme, avec la générosité brusque des foules fortes, ils ont offert au Parti socialiste les points d’appuis sur lesquels soit il trébuchera fatalement en essayant de les esquiver, soit il reprendra l’élan capable de lui faire gagner des élections nationales. Ces défis, quels sont-ils ?
Revitaliser le Parti socialiste : renouvellement des équipes et circulation des responsabilités, dans une organisation politique progressiste jusque dans son propre fonctionnement et républicain jusque dans ses pratiques internes ; mise sur pied d’un projet politique crédible et convaincant parce qu’en prise avec les réalités de son temps ; présence physique et intellectuelle dans la société et les mouvements qui la travaillent plutôt qu’enfermement dans une politique “hors-sol”...
Dépasser les logiques de “courants” : par des reports de voix non-conformes aux appels des “chefs de motion”, les militants ont été nombreux à condamner ces logiques qui, souvent détachées des réalités du terrain, poussent vers l’écueil d’une pratique politique “hors sol” donc peu efficace ; condamnation d’ailleurs entendue par Pierre Moscovici qui, dès le lendemain du vote pour la nouvelle Première secrétaire, proposait le principe d’une direction collégiale pour notre parti.
Tourner la page d’un certain fonctionnement du Parti socialiste, trop systématiquement vertical, sclérosant et congestionnant (“cumul des mandats” et des responsabilités constituant le véritable vecteur du risque de voir le PS se transformer en parti de “supporters”). Un fonctionnement qui condamne ses dirigeants (instances et personnalités) à la défiance des « simples » militants qui ne se reconnaissent pas dans des façons de penser et d’agir en décalage avec ce qu’ils vivent sur le terrain (compétences disponibles, exigence légitime de disponibilité de la part de nos concitoyens), et souvent étrangères aux idées et aux pratiques censées faire le coeur de notre engagement commun comme socialistes. C’est ce que Jean-Christophe Cambadélis appelle “le tournant militant”.

Ce faisant, les militants socialistes ont doté le PS d’une feuille de route claire, consistant à mettre au coeur de notre engagement collectif :
les convictions socialistes, revitalisées et affirmées avec force. L’heure est à leur définition, lucide et précise, dans le contexte renouvelé – et non stabilisé - où il s’agit aujourd’hui de les faire vivre. À l’affirmation de leur pertinence et de leur crédibilité dans ce contexte – y compris par notre présence dans l’espace public, chaque fois que l’actualité l’appelle. À la démonstration de leur efficacité, en les faisant primer semaine après semaine dans les choix qui se font au sein de notre famille politique, et les actions qui s’y mènent.
l’élaboration d’un projet politique socialiste en phase avec les exigences du XXIe siècle naissant. Vincent Peillon semble être l’un des premiers à l’avoir compris et à s’être mis au travail en conséquence. Avec sa clairvoyance et sa hauteur de vue habituelles - et précieuses pour notre famille politique -, il a d’ores et déjà amorcé la définition - et espérons-le, la conquête - de la « nouvelle frontière » à l’assaut de laquelle le Parti socialiste doit dès maintenant se lancer s’il veut assumer le « combat [qui lui revient] pour le siècle à venir » (Le Nouvel Observateur, n° 2299 du 27 novembre au 3 décembre 2008, p. 46). (Au passage, voir aussi dans le supplément ParisObs du même numéro l’excellent dossier « Malgré le malaise… Mon école a des idées » auquel a contribué la jeune journaliste Laure Gnagbé Blédou, que j’ai eu le plaisir de rencontrer sur mon lieu de travail !) Pierre Moscovici, dans un ouvrage récemment publié sous la direction du même Vincent Peillon, souligne également que « le réformisme de gauche n’est pas condamné à l’accompagnement du libéralisme », et met en avant un certain nombre de champs d’action qui, à condition de savoir nous les approprier, « dessinent les contours du socialisme de demain – un réformisme radical ».

le renouvellement des structures et instances de notre famille politique, ainsi que de leur fonctionnement, dans le sens d’une souplesse, d’une diversité et d’une ouverture garantes d’une efficacité et d’une créativité plus grandes – et durables ! Il s’agit de ne pas se laisser engluer dans la gestion du “mécano” de nos instances : celles-ci doivent aussi être des lieux où se donne l’impulsion d’une action politique d’ampleur, et non constituer en elles-mêmes un horizon pouvant faire obstacle ou écran à cette action. Cela implique que, cessant de se penser comme un patchwork de motions, le PS s’impose comme un parti de missions soutenu par des lignes politiques authentiques et fortes.

last but not least… la force militante et l’initiative militante ! L’heure est à une vraie complémentarité et à un véritable partenariat, mutuellement stimulants et dynamisants, entre les instances dirigeantes - à tous les niveaux - et les “simples” militants. C’est comme cela que nous formerons nos nouvelles générations de responsables et d’acteurs politiques de premier plan sans rien renier de ce que nous sommes (et que nous venons de définir dans notre nouvelle Déclaration de principes). C’est comme cela aussi que se constituera le vivier de compétences et de personnalités où notre famille politique pourra puiser pour aborder en posture réellement conquérante les prochains rendez-vous électoraux (élections européennes, cantonales, régionales…) !

Pour les nombreux militants socialistes qui ont passé beaucoup de temps sur le terrain au cours des deux dernières années (pour mener les campagnes présidentielle, législatives, municipales et cantonales notamment, mais aussi dans le monde associatif), la montée de ces exigences et de ces objectifs avait été perceptible. Elle a sans aucun doute guidé leur choix beaucoup plus que les considérations de courant ou de fidélité à telle ou telle personnalité nationale - je l’ai vécu moi-même dans mon cheminement de militant au fil de ce congrès complexe.
Et c’est une chance ! Si cela signifie des militants décidés à faire passer le choix d’une ligne politique avant l’attachement à telle ou telle des “écuries de présidentiables” entre lesquelles les médias se plaisent à découper notre parti. Si cela signifie des militants refusant d’arrêter leurs élans et leur réflexion aux bornes fixées a priori par les contours de telle pièce du mécano complexe abrité rue de Solférino, et résolus plutôt à explorer le paysage socialiste jusque dans ses replis, pour y trouver de nouveaux points-de-vue, de nouvelles perspectives, de nouvelles ressources.
En somme si nous, “simples” militants socialistes, repartons à la rencontre les uns des autres, parcourons nos fédérations pour y faire connaître nos idées et nos travaux, sans lesquels, l’expérience l’a montré, il ne peut pas y avoir une action collective durablement efficace du Parti socialiste, des socialistes.

Pour ma part, je m’efforcerai de contribuer de la manière la plus utile possible à ce travail collectif. Bien sûr en m’associant, du mieux que je pourrai, à la dynamique de travail qui émergera dans ma section de Vincennes, naturellement en cohérence avec les aspirations exprimées par les militants socialistes lors de notre récent congrès.
Je vais aussi approfondir et renforcer la réflexion engagée depuis l’année dernière pour définir une politique du pouvoir-vivre, en faisant vivre à la modeste échelle de ce travail l’esprit que les militants ont souhaité voir présider au travail du Parti socialiste.
Je vais également poursuivre et concrétiser, avec celles et ceux qui auront l’envie de s’y joindre, le travail que j’ai engagé depuis plusieurs mois avec nos camarades de villes du département aujourd’hui tenues par la droite pour optimiser nos moyens et notre force militante. Pour contribuer activement à ce que les socialistes val-de-marnais abordent tous ensemble en posture conquérante les prochains combats électoraux !

En résumé, dans le fonctionnement de notre famille politique comme dans l’élaboration de son projet, après le Congrès de Reims plus encore qu’à sa veille, une priorité s’impose avec force: rassemblés et avec énergie, cap sur le pouvoir-vivre !

Aucun commentaire: