lundi 28 septembre 2009

Défenseure des enfants : la pétition

Suite à mes précédents posts sur le même sujet, je vous renvoie vers la pétition mise en ligne pour le maintien d'un Défenseur des enfants, sous la forme d'une institution indépendante et pleinement consacrée pour cette mission. Il ne s'agit pas de défendre une institution... Il s'agit de garantir la réalisation effective de sa mission ! 24 000 personnes ont déjà signé cet appel... rejoignez-nous !

jeudi 24 septembre 2009

Droits de l'enfant: RESF et la Défenseure des enfants sonnent l'alarme, le PS relaie


Alors que le monde s'apprête à célébrer (en novembre) le 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant, l'exécutif s'apprête à supprimer l'institution de la République (le Défenseur des enfants, créé en mars 2000 sur une initiative parlementaire) chargée de garantir son respect.


Quelle est la signification humaine, historique et politique de ce choix ?
Pour quelques éléments de réponse édifiants, je vous renvoie à la tribune, signée Dominique Versini (actuelle défenseure des enfants) et Claire Brisset (ancienne défenseure des enfants, médiatrice de la Ville de Paris), publiée aujourd'hui dans le quotidien Le Monde.

"Le défenseur des enfants exécuté sans procès ?" par Claire Brisset et Dominique Versini.


Cette suppression s'inscrit dans un ensemble de "bricolages" périlleux de la part de l'exécutif, et dans une situation critiquable en matière de respect des droits de l'enfant. Face à cette évolution préoccupante, j'ai comme d'autres éprouvé plusieurs fois au cours des derniers mois le besoin de "tirer la sonnette d'alarme"
: "Les femmes et les enfants aussi!" Le danger des trappes de vulnérabilité et d'invisibilité (post du mercredi 15 juillet), Voeux de rentrée... pour une fin de "vacance"! (post du vendredi 21 août).


Percevant la gravité de cette évolution, le Parti socialiste a décidé hier de signer l'appel RESF pour le respect par l'Etat des droits de l'enfant et de sa famille. Ci-dessous, le communiqué officiel du PS à ce sujet :

"Le 23 septembre 2009

Le Parti Socialiste signe l’appel RESF pour le respect par l’Etat des droits de l’enfant et de sa famille

Le Parti socialiste, lors de la réunion de son Secrétariat national du 23 septembre, a décidé de signer l’appel lancé par le Réseau Education Sans Frontières « Pour le respect par l’Etat des droits de l’enfant et de sa famille. »

Qu’il s’agisse de démembrement des familles lorsqu’un des deux parents est expulsé, ou de la mise en rétention des enfants avec leurs parents menacés d’expulsion en centre de rétention administrative, les droits des enfants sont mis à mal par la politique actuelle du gouvernement.

Pour le Parti socialiste, l’intérêt supérieur de l’enfant doit rester au premier plan. Le maintien de l’unité familiale doit devenir la règle, mais ne doit plus servir de prétexte à l’enfermement d’enfants.

Comme le soulignent régulièrement les associations, mais aussi des institutions comme l’Unicef, la Défenseure des Enfants ou la Commission Nationale de Déontologie de Sécurité, l’enfermement des enfants en centre de rétention administrative, lieu privatif de liberté, contrevient aux règles de la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant dont on va fêter prochainement le vingtième anniversaire.

Déjà signataire de l’appel fondateur de RESF, le Parti socialiste, par la présence de sa Secrétaire nationale à l’Immigration, Sandrine Mazetier, a participé au premier rassemblement organisé par RESF ce dimanche 20 septembre et appelle ses militants, dont un grand nombre parraine des familles sans papiers, à participer à ces rassemblements organisés tous les dimanches de 16h à 17h sur le parvis de Notre Dame de Paris jusqu’au 22 novembre."




dimanche 20 septembre 2009

Jeunes: l'inquiétant bricolage de l’exécutif


Le 26 août dernier dernier, j’exprimais une “satisfaction de principe” quant au projet de loi, présenté en conseil des ministres, portant notamment ouverture du Conseil économique et social à des représentants des jeunes et des étudiants (voir “Ouverture aux jeunes” du Conseil économique et social : essai “marqué”... mais à transformer ).
De cet apparent souci de prendre mieux en considération les réalités vécues par les jeunes, on pourrait presque voir une confirmation dans la possible extension du revenu de solidarité active (RSA) aux jeunes actifs âgés de 18 à 25 ans ayant travaillé au moins deux ans dans les trois dernières années.
Problème : en cette période de rentrée, plus nombreux sont les signes qui démentent la réalité d'un tel état d'esprit.

En août déjà, je remarquais le nombre très réduit des futurs représentants des jeunes et des étudiants au sein du nouveau "Conseil économique, social et environnemental" (4 sur... 233 membres). Je pointais aussi plusieurs indices d'un manque de détermination de l'actuelle majorité (du Président de la république à notre député Patrick Beaudouin) à prendre en considération réellement les difficultés, les besoins et les aspirations de tous les jeunes.

À présent, c’est la suppression de la Défenseure des enfants que l’on annonce. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de saluer le travail effectué par celle-ci pour réduire les trappes d’invisibilité et de vulnérabilité qui menace nombre de jeunes français. J'avais en effet pu personnellement apprécier l’ouverture et la réelle capacité de dialogue de madame Dominique Versini, à l’occasion d’une matinée de travail au Conseil économique et social (voir mon post du 19 juin dernier “La parole partagée, outil politique privilégié et source de plaisir”). Son courage et son intégrité aussi lorsqu'à la fin du mois d'août elle n’avait pas hésité, bien qu’issue des rangs de la droite, à dénoncer la situation faite aux enfants dans les Centres de rétention administrative (voir mon post du 21 août, Voeux de rentrée... pour une fin de “vacance”).
Est-ce la récompense de ce courage et de cette intégrité ? ou de cette ouverture au dialogue ? Cette interlocutrice facilement identifiable pour les enfants (ne serait-ce que par l'intitulé de sa fonction) et à eux entièrement consacrée, semble aujourd’hui appelée à disparaître. D’après un projet de loi organique révélé ces derniers jours, sa fonction se trouverait fondue parmi les différentes attributions d’un “défenseur des droits”, auquel reviendraient en outre les attributions hier prises en charge par le médiateur de la République, mais aussi par l'actuelle Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). Bon courage à ce “défenseur” pour trouver le temps et la disponibilité nécessaire pour égaler le travail accompli jour après jour par la Défenseure des enfants... et aux jeunes français pour trouver leur chemin jusqu’à ce nouvel interlocuteur !

Une absence d’interlocuteur auquel l’exécutif prend soin, rendons-lui cette justice, d’habituer certains jeunes Français par ailleurs. En particulier les collégiens et collégiennes des quartiers "sensibles".
On sait que le rectorat de Créteil a mis en place une cellule d’assistance aux chefs d’établissements, pour les aider à faire face aux difficultés de cette rentrée (cas de grippe A, postes d’enseignants non pourvus...). Dans ce dernier cas, il s’agit de pallier aux problèmes nés de la réduction continue du recrutement d’enseignants sur concours.
Dans un collège par exemple, un professeur “titulaire” absent de manière prolongée (arrêt maladie, etc.) est normalement remplacés par un “tzr” (enseignant recruté par le même concours, à disposition permanente de l’Education nationale, mais pas encore affecté dans un établissement de façon “définitive”, et ayant donc vocation à faire des remplacements). Comme l’Education nationale n’a plus assez de “titulaires” ni de “tzr”, elle fait appel à des “contractuels” ou à des “vacataires” (n’ayant pas passé de concours de l’Education nationale, mais moins coûteux, notamment parce qu’ils n’ont pas de congés payés).
Problème : ceux-ci ne postulent que s’ils en ont envie. Or là où les conditions de travail laissent à désirer (par exemple, en Seine Saint-Denis), ils sont moins nombreux à postuler. Si bien qu’en ce moment, le rectorat (qui s’assure tout de même que les “candidats” réunissent un certain nombre de compétences avant de les embaucher) n’arrive plus, même ainsi, à répondre aux besoins ! Traduction dans la salle de classe : des élèves sans professeur.

Autre espèce d'interlocuteurs “en voie de disparition” : les éducateurs de la Protection judiciaire pour la jeunesse.
Ces éducateurs, fonctionnaires du ministère de la Justice, suivent les mineurs en difficulté (délinquants mineurs ou jeunes en danger) de manière à leur permettre de devenir autonomes (notamment en construisant avec eux un projet d’orientation). Où les trouve-t-on ? Dans les centres d’action éducative en milieu ouvert (CAEMO), où ils prennent en charge des mineurs maintenus dans leur famille (ils les aident à résoudre leurs problèmes familiaux, les guident dans leur scolarité en les rencontrant régulièrement, les soutiennent en période de crise). Ou bien dans les foyers d’hébergement (psycho-éducatifs, scolaires ou professionnels) qui accueillent des mineurs en danger ou délinquants placés par le juge.
Problème : les travailleurs de la PJJ connaissent actuellement une situation peu propice à cette mission, au point que certains font le parallèle avec ce que connaissent depuis quelque temps les salariés de Renault et de France Télécom.
La PJJ a en effet engagé une vaste réorganisation administrative, dans un contexte de durcissement de la législation pour les mineurs (depuis 2007). Concrètement, les éducateurs doivent concentrer leur travail sur les mineurs délinquants et ne plus s'occuper des mineurs victimes, qui relèvent de l'aide sociale dans les départements. En outre, la PJJ souffre d'un déficit d'hébergements en région parisienne.
Résultat : une grande souffrance chez les personnes travaillant pour la PJJ. Au point que mardi dernier, une directrice départementale s’est jetée par la fenêtre de son lieu de travail - une chute à laquelle elle a heureusement survécu. D’après les premiers témoignages, cette fonctionnaire n’est pas une personne fragile. En revanche, elle a attribué son geste à une véritable “maltraitance institutionnelle”, se plaignant de devoir “appliquer tout très vite”, “faire et défaire en permanence”. À un vrai “conflit de loyauté” aussi : ancienne éducatrice, elle se demandait comment les éducateurs feraient désormais pour s’occuper des mineurs avec toutes leurs nouvelles tâches.

Ce grand mouvement de passage à la moulinette (ou d’enfouissement) d’interlocuteurs compétents et disponibles pour les enfants et les jeunes pose gravement problème, pour au moins deux raisons.
Dans un contexte d’explosion du chômage des jeunes (et de montée du chômage en général), nombre d’enfants et d’adolescents se trouvent - ou risquent de se trouver - pris dans des situations familiales difficiles, ou dans une crise de confiance déstabilisante vis-à-vis de l’école, de la collectivité en général, et de l’avenir.
Face à cette situation, mettre en crise la Protection judiciaire de la jeunesse, casser la continuité éducative dans les établissements les plus sensibles, camoufler au point de probablement la rendre invisible la Défenseure des enfants, sont de la part de l'exécutif des choix qui laissent perplexe.
Par ailleurs, au niveau local, la France manque d’espaces permettant aux jeunes de se faire réellement entendre de ceux qui font leur quotidien (au travers de décisions politiques ou de votes au Parlement), et d’échanger avec ceux qui le partagent.
Me revient ici la remarque d’une habitante de Fontenay-sous-Bois, entendue jeudi dernier. Ce soir-là se réunissait, dans la salle du Conseil municipal à l’Hôtel de ville, la commission municipale démocratie locale - ville numérique. On faisait le bilan d’un an d’expérimentation de la mise en place de nouvelles pratiques de démocratie locale à Fontenay. Au détour de la discussion, un habitant du quartier de Bois Cadet s’est fait l’écho du scepticisme des adolescents de son quartier vis-à-vis des Conseils de quartier (où ils pensent que leur parole ne sera pas prise en compte).

Entre “jeu de bonneteau” et “politique de l’autruche”, l’exécutif semble bel et bien se jouer de nos jeunes concitoyens, et s’occupe à des bricolages dont on ne peut que craindre l’effet destructeur pour la collectivité. Conjurer les effets de ce bricolage, c’est aussi la responsabilité des municipalités (le premier espace de vie des jeunes étant... la ville où ils résident).
À l’heure où le maire de Vincennes appelle ses administrés à participer à l'élaboration d'un “Agenda 21”, j'invite toutes les Vincennoises et tous les Vincennois qui se sentent concernés par cet enjeu se mobiliser, pour faire entendre à la majorité municipale cette réalité : le développement durable, c’est aussi celui d’une collectivité solidaire où tous se sentent réellement pris en compte - même les jeunes !

dimanche 13 septembre 2009

Ecole, entreprises, fiscalité: leçons de rentrée... et devoir de socialistes!


Les élections européennes de juin dernier avaient, à peu de choses près, coïncidé avec la fin de l’année scolaire. En cette période de rentrée, on voit se confirmer l’enseignement principal que l’on pouvait alors, par-delà les chiffres “bruts”, retirer de ce scrutin. La capacité à innover tout en redonnant à l’humain une place centrale dans la pensée et l’action politiques étaient apparues comme les exigences du temps nouveau qui, comme on pouvait le pressentir depuis quelque temps déjà, était en train de s’ouvrir. De cet humanisme créatif, l’actualité des deux dernières semaines a rappelé avec force - parfois violence - la nécessité.


Rentrée scolaire : derrière les chiffres, des espérances... et des êtres !

Je ne dresserai pas ici le "bulletin de notes" de cette rentrée scolaire. D’autres déjà l'ont fait. Je dois au passage mentionner l’initiative prise mardi dernier dans ce domaine par la majorité municipale (PC) de Valenton. Mardi soir se tenait en effet à l’école Henri Wallon un Conseil municipal extraordinaire sur la défense de l’école publique, organisé de manière à ce que les personnes de l’assistance puissent participer au débat. Compte tenu de l’appel que, de retour du Plessis-Trévise, je lançais à nos élus locaux le 3 juillet dernier (“écoute, exigence, imagination” dans l’organisation du débat public), je ne peux que saluer cette initiative !
En tendance, on sait comment les choses évoluent : toujours moins de moyens pour l’enseignement primaire et secondaire, et des faux-semblants dangereux en matière de petite enfance. Un chiffre quand même : à la date du 5 septembre, environ 800 élèves parisiens du secondaire n’avaient toujours pas d’établissement (soit parce qu’ils estimaient avoir été affectés dans un établissement trop loin de chez eux ou ne proposant pas les options demandées et avaient refusé de s’y inscrire ; soit parce qu’ils avaient déménagé pendant l’été et n’avaient toujours pas de place).

De mon point de vue, l’éducation fait partie des quelques “secteurs stratégiques” qui constituent, de fait, le creuset de notre avenir. Elle détermine en grande partie la qualité de celui-ci, pour chacun et pour la collectivité. À ce titre, compte tenu de l’aggravation des inégalités d’origine sociale et des nécessaires adaptations (voir mon post du 26 décembre dernier), elle mériterait pleinement - en particulier en matière d’accueil dès la petite enfance - de bénéficier d’innovations adossées au “grand emprunt” annoncé par le Président de la République. Un besoin d'innovation d’ailleurs souligné le 4 septembre dernier, dans la déclaration commune du collectif Un pays, une école, notre avenir, rassemblant syndicats d'enseignants, parents d'élèves, organisations étudiantes et lycéennes, associations pédagogiques (FCPE, FSU, Unsa, Unef, UNL, Ligue de l'enseignement...).

Quoi qu'il en soit, ce domaine de la vie nationale ne paraît pas compter parmi les secteurs stratégiques aux yeux du président de la République (voir mon post du 26 août dernier). Reste le combat pour faire entendre le caractère inquiétant de certaines situations ou modes de gestion. Austère labeur, digne d’un Sisyphe, tant le gouvernement demeure obstinément aveugle et sourd aux avertissements de ceux qui les vivent quotidiennement.
Un seul exemple, symbolique de cette cécité. Conformément à la loi "pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées" (du 11 février 2005), de plus en plus de collèges accueillent en leur sein des “Unités pédagogiques intégrées”. Aux termes des textes qui les définissent - et en réalité -, “les élèves admis dans les UPI sont des pré-adolescents ou des adolescents présentant différentes formes de handicap mental qui ne peuvent être accueillis à temps complet dans une classe ordinaire et pour lesquels l'admission dans un établissement spécialisé peut être différée.”
Des élèves, donc, dont le profil appelle une adaptation du travail scolaire et un environnement scolaire permettant de compenser, autant que possible, la “discontinuité éducative” liée notamment à leur suivi médical (SESSAD). Au collège par exemple, ces élèves sont intégrés pour l’année entière dans une classe déterminée. Or, ils ne sont pas... intégrés aux effectifs de cette classe ! En clair, ils n'en font pas officiellement partie ! Une sorte de “déni d’existence” que nombre d’enseignants, choqués, dénoncent.
Et tandis que le rocher de plaintes monte - en attendant, infailliblement, de retomber -, de jeunes concitoyens vivent leur scolarité. Le combat doit donc se doubler d’une attitude active envers eux. Les chiffres à la baisse ne doivent pas détourner notre regard de leurs talents, ni de ceux - les parents d’élèves - qui s’efforcent de les accompagner dans leur maturation.

À côté de la promotion d’un système éducatif renouvelé - il en a incontestablement besoin -, la créativité s’impose donc. Elle s’impose d’autant plus qu’un contexte de crise réduit les marges de manoeuvre budgétaires - d’une manière encore aggravée par les choix économiques et fiscaux du gouvernement Fillon.
Elle passe par une meilleure prise en compte des êtres dont l’avenir s’invente ici, mais aussi de ceux qui peuvent les accompagner dans cette odyssée quotidienne. Il y a quelques jours (mardi 8 septembre), le "supplément Val-de-Marne" du Parisien saluait le beau - et utile - projet intitulé “La mallette des parents”. Une initiative au lancement de laquelle j’ai eu la chance de participer l’année dernière (voir article du NouvelObs ci-contre). À présent, elle concerne 52 établissements, 13 dans le Val-de-Marne (dont Joliot-Curie à Fontenay-sous-Bois). Penser de façon nouvelle, plus concrète, la participation des parents d’élèves à la scolarité de leurs enfants est aussi une façon de réformer l’éducation nationale. Avec de premiers résultats semble-t-il prometteurs.

Reste qu’on peut s’interroger sur l’avenir de ces “promesses”, dans un contexte de discontinuité éducative croissante (remplacements tardifs faute d’un nombre d’enseignants suffisants, courts amputés faute d’une discipline qui vole régulièrement en éclats dans des classes surchargées...). Car les parents d’élèves sont aussi des personnes et des travailleurs. Des personnes usées, pour certaines, par les effets de la... non-mise en oeuvre du “Plan espoir banlieues” - dont l’intitulé semble avoir vocation à compenser, telle une formule magique, l’incapacité à susciter le moindre espoir sur le terrain. Des travailleurs aussi, dont la disponibilité pour leurs proches n’est guère, c’est le moins que l’on puisse dire, favorisée par la politique de l’actuel gouvernement en matière d’organisation du travail.
Il y a donc là pour le PS matière à réflexion. Espérons que le groupe de travail mis en place il y a quelques mois par la direction du PS fasse sien l’ “esprit de projet” qui semble vouloir faire son retour rue de Solférino !


Entreprises : "Pour que vive le travail, faire toute leur place aux travailleurs !"

Cette semaine a été marquée par l’annonce, coup sur coup, de deux tentatives de suicide de la part d’employés de France Télécom. Déjà bouleversantes en elles-mêmes, ces nouvelles le sont plus encore quand on entend le témoignage des salariés de l’entreprise, qui visiblement accusent le coup. Ces drames s’inscrivent dans un contexte de restructuration à marche forcée de l’entreprise, vécue de façon brutale par des employés victimes à la fois d’une pression écrasante et d’un management ressenti comme inhumain (travailleurs déplacés comme de véritables pions, ce qu’on appelle pudiquement la “mobilité subie”).
Il y a plusieurs mois déjà, la crise économique laissait craindre de telles épreuves pour les travailleurs de nombreuses entreprises. De ces inquiétudes, je m’étais, parmi d’autres, fait l’écho (voir mes posts des 20 et 24 décembre derniers). Notre devoir, comme socialistes, est de redonner au monde de l’entreprise une place centrale dans notre travail de réflexion. C’est notamment ce que j’appelais de mes voeux dans le mémoire remis à notre secrétaire national à la formation au printemps 2008, intitulé Pour une politique du pouvoir-vivre.
Écouter, réfléchir, innover. Dans quel sens ? Dans une partie de mon travail (“Pour que vive le travail, faire toute leur place aux travailleurs”), partant du constat d’une véritable “montée organisée de la mal vie au travail”, je proposais comme priorité de “lutter contre la précarisation de la santé, physique et mentale, au travail”, en soulignant que déjà dans notre pays “tous les indicateurs [étaient] actuellement au rouge” en matière de risques psychosociaux au travail.
Citant Patrick Légeron, co-auteur en 2008 du Rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail, je soulignais qu’entre “pressions et exigences constantes”, “changements incessants”, “frustrations très fortes”, ou encore mise en compétition systématique des individus les uns avec les autres, toutes les causes de stress étaient aujourd’hui en croissance dans notre pays. Une réalité, à l’époque déjà, venait de trouver une tragique illustration dans la série de suicides survenus au cours des mois précédents parmi les employés du Technicentre Renault à Guyancourt.
Parmi les pistes d’action innovante proposées : investir massivement dans le soin des maladies mentales, en mettant notamment en oeuvre d’autres moyens que les anti-dépresseurs ; développer les possibilités d’expression, ainsi que le pouvoir d’action et de décision des travailleurs dans leur environnement professionnel - dont ils sont parmi les meilleurs connaisseurs -, en particulier dans le domaine de la gestion du temps de travail et dans le sens d’une réduction des mobilités subies.
C’est pour prolonger et nourrir cette réflexion que je participais à la journée PME organisée en juin dernier rue de Solférino. Dans cet esprit encore que j’étais présent à l’Agence de développement du Val-de-Marne peu avant (voir "Val-de-Marne : TPE et PME, des acteurs clé du territoire à ne pas "laisser tomber"). Notre travail en la matière est loin d’être fini... les socialistes sont les premiers à en convenir !


Fiscalité écologique : inventer une fiscalité écologique... et humaine !

Innover en donnant toute sa place à l’humain. Une ambition qui apparaît aussi d’une actualité criante en matière fiscale, avec le débat autour de la “taxe carbone”.
Sous peine de perdre tout son sens, l’idée - excellente sur le principe - d’une fiscalité écologique ne doit pas faire abstraction des réalités humaines. L’humain ne fait-il pas partie du vivant ? Cette fiscalité ne doit donc pas servir de cheval de Troie à une aggravation des injustices sociales, par l’écrasement des revenus modestes qui en seraient frappés parmi les premiers. De ce point de vue, Ségolène Royal a socialement raison quand elle met en garde contre une mise en oeuvre “brutale” et indifférenciée, façon TVA, de la “taxe carbone”.
Pour échapper à cet écueil, c’est une réforme globale de la fiscalité qui s’impose pour permettre, sans en trahir l’esprit, un “impôt écologique” tel que la taxe carbone. Dans ce domaine aussi, assumer son rôle c’est pour le PS se montrer capable d’un humanisme créatif. En concevant un tel projet de réforme fiscale, qui n’ “écrabouille” pas les réalités humaines.
Un effort que certains, au sein de notre famille politique, appellent de leurs voeux depuis quelque temps déjà. Je pense notamment à Gaëtan Gorce (voir "L'Espoir à gauche : l'esprit de projet !", post du 14 avril dernier).


Le temps me manque pour dire quelques mots de la vie associative (c'était le 5 septembre la "Journée des associations" à Vincennes). Ces jours-ci pourtant, j’assiste - et je participe modestement - aux premiers pas d’une initiative locale qui me tient à coeur, généreuse dans son principe et innovante dans sa forme. À cette initiative dont j’aurai l’occasion de reparler, et qui pour moi incarne cet humanisme créatif dont la nécessité se lit de toutes parts, je souhaite amicalement bonne chance et longue vie !

samedi 5 septembre 2009

Grippe A - surpoids : cruelles «leçons d’outre-mer»


En même temps que l’année scolaire
(j'aurai l'occasion d'y revenir), la France métropolitaine s’efforce préparer sa confrontation avec la possible diffusion massive du virus H1N1 sur son territoire. Actuellement, on compte environ 3000 nouveaux cas par semaine sur l'ensemble du territoire français. Dans le Val-de-Marne, où le virus est « apparu » le 24 juin, la Préfecture a annoncé ce matin huit cas avérés de grippe H1N1 dans une classe de première du lycée d'Arsonval à Saint-Maur.
L’inversion des saisons entre hémisphères nord et sud fait que certains territoires d’Outre-mer, où c’est actuellement l’hiver, sont depuis un moment en première ligne. Outre les Réunionnais, les Néo-calédoniens, massivement touchés par le virus depuis déjà plusieurs semaines, en savent quelque chose.
D’un point de vue strictement quantitatif, l’épidémie tend à s’estomper en Nouvelle-Calédonie (consultations et absentéisme scolaire en net recul). Mais l’inquiétude des professionnels de santé ne suit pas - loin s’en faut - le même mouvement. En effet, plusieurs décès ont été enregistrés à l’hôpital de Nouméa, dont ceux de deux patients jeunes ne présentant aucun antécédent de pathologie (une femme de 46 ans, et un jeune homme).

Dans ce dernier cas, c’est bien l’effet aggravant du surpoids qui semble confirmée. Clairement formulé par la communauté médicale, cet impact du surpoids - et à plus forte raison de l’obésité - sur la vulnérabilité de l’organisme face au virus H1N1 trouve un écho dans les observations faites sur le continent américain.
Dès le 7 juillet dernier, l’Organisation mondiale de la santé relevait ainsi qu’une « forte prévalence de l’obésité [indice de masse corporelle supérieur à 30] a été rapportée au début chez les cas très graves ou mortels par les cliniciens mexicains » L’OMS mettait aussi en avant les résultats édifiants d’un rapport récent : sur 10 patients ventilés dans des services de soins intensifs du Michigan (États-Unis), 9 avaient un indice de masse corporelle supérieur à 30 et 7 un IMC supérieur à 40 ; sur les 50 cas mortels recensés en Californie, 30 avaient un IMC dépassant 30 (dont 11 ne présentant pas de facteurs de risque connus de complications).
Si les mécanismes par lesquels surpoids et obésité interviennent dans l’action du virus sur l’organisme restent à mettre au jour, leur effet aggravant sur cette évolution apparaît avérée.

Dans cette funeste « synergie », et indépendamment même du nombre de cas, force est de voir un nouvel – et cruel – avertissement. Avertissement quant aux dangers du manque de rigueur des politiques publiques, et de ceux qui les font, face à certaines réalités - redoutables par leur caractère peu spectaculaire même, tant leur portée peut ne se révéler qu’une fois installée la situation de crise.
Deux exemples.
Le 25 février dernier (un mois avant l’apparition de l’épidémie au Mexique), dans un « post » intitulé : « Environnement et sécurité sanitaire : malgré la crise, ne pas « laisser filer » ! », je relayais une inquiétude quant aux conséquences déjà palpables de la crise (et de sa gestion par les Etats) sur la surveillance et la prévention des maladies transmissibles à l’homme par les animaux (sauvages ou d’élevage). Un peu partout à travers le monde - tant dans les pays en développement que dans les pays développés -, on constatait déjà une décroissance des budgets publics pour les postes budgétaires correspondants, considérés en quelque sorte comme “dormants”.
Le 7 mars dernier, dans un autre « post » intitulé : « Obésité infantile : pour plus d’efficacité, osons franchir un cap ! », j’appelais à prendre la mesure du problème de santé publique que représente l’obésité. Le raisonnement : cette réalité touche ou menace une part non négligeable de la population - en particulier les jeunes - ; désormais, elle frappe avec une inégalité croissante en fonction de l’origine sociale ; il faut donc dès maintenant faire l’effort de se hisser, en matière d’action des pouvoirs publics, au niveau de rigueur et d’efficacité qu’exigent l’impact de ce phénomène sur les organismes, et son évolution au sein de la population française.
J’annonçais avoir écrit le même jour à M. Patrick Beaudouin, député de notre circonscription, pour lui demander de voter pour l’adoption de l’amendement 552 à la loi sur l’hôpital – alors en discussion à l’Assemblée nationale -, porteur d’un tel effort.
Dans une réponse qui avait le mérite – réel – d’exister, M. Beaudouin m’expliquait que, n’ayant pas assisté à la séance au cours de laquelle a été débattu cet amendement, il était toutefois satisfait de la position de la ministre de la santé qui avait conduit à le rejeter. Une position qu’il s’efforçait de justifier (voir mon post du lundi 20 avril, « L’ « absence attentive » de Patrick Beaudouin… »). J’avais dit la faute que constituait à mes yeux une attitude qui, manquant au principe de solidarité inter-générationnelle, « ne pren[ait] pas la mesure d’une véritable urgence ».

Les opposants à la politique plus rigoureuse des pouvoirs publics en matière de prévention de l’obésité (dont relevait l’amendement 552), avaient alors tiré argument de la crise économique. On ne pouvait, selon eux, prendre le risque d'un manque à gagner pour les annonceurs. Autrement dit : un curieux avatar du principe de précaution (au bénéfice financier de ces derniers) devait primer sur l'effort de protection (des jeunes contre surpoids et obésité).
Le vécu personnel sans doute, dont on n’est certes pas seul maître, la confrontation à certaines réalités au travers de ses activités quotidiennes, aussi, font la plus ou moins grande lucidité de chacun face à ces problématiques et à leurs enjeux.
J’aurais malgré tout souhaité que les inquiétudes et les avertissements exprimés sur ce blog – et probablement ailleurs - ne trouvent pas a posteriori une telle illustration.
Souhaitons que ceux qui ont aujourd’hui charge de nous représenter, comme de garantir les conditions de notre quotidien et de notre avenir, apprendront à entendre la part d’intérêt général dont elles sont porteuses – d’où qu’elles viennent. Et fassent leur, en matière de santé, cette exigence : « malgré la crise, ne pas « laisser filer»! »