vendredi 21 août 2009

Voeux de rentrée... pour une fin de “vacance”


Mon engagement citoyen vient, entre autres, d'une vigilance aiguë face aux “trapes” de précarité et de vulnérabilité. Ces espaces et ces situations qui constituent de véritables angles morts où, oubliées parce qu’invisibles ou peu visibles, certaines personnes se trouvent laissées en proie à diverses formes de préjudices face auxquels elles sont particulièrement démunies.
D’où par exemple, l’alerte lancée sur ce blog il y a un mois, à la suite de la publication du rapport préparatoire de Brigitte Gresy sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, et du 4e rapport du Comité des droits de l’enfant de l’ONU (évaluant l’application de la Convention internationale des droits de l’enfant ratifiée par la France en 1990). (Voir mon post du mercredi 15 juillet.)


Au début de l’été, j’avais eu la chance de pouvoir échanger longuement, dans des conditions privilégiées, avec madame Dominique Versini, Défenseure des enfants. (Voir mon post du vendredi 19 juin.) Dans le cadre d’une journée de travail au Conseil économique et social, la discussion en “petit comité” avait porté sur la précarité et les domaines dans lesquels elle vient à faire obstacle aux droits de l’enfant (milieu de vie, conditions de travail scolaire, loisirs, santé...).

Parmi les espaces qui, en la matière, constituent des zones de non-droit inacceptables sur le territoire de la République française, il en est d’une sorte à propos de laquelle j’avais eu par ailleurs l’occasion d’interpeller le maire de Vincennes à l’automne 2008. (Voir mon post du jeudi 23 avril.)
Dans une lettre restée à ce jour sans réponse, j’attirais son attention sur la dégradation du sort fait dans les centres de rétention administrative (dont le CRA de Vincennes) aux personnes qui s’y trouvent retenues. Face à la politique menée par le gouvernement en la matière, de nombreux élus de la République (parmi lesquels des membres de la majorité) avaient adressé au Président de la république une lettre ouverte mettant en garde contre les conséquences de l’évolution ainsi cautionnée. J’avais donc souhaité connaître la position de Laurent Lafon (et le cas échéant, de sa majorité municipale) sur cette question. En vain.

Tous les acteurs politiques interpellés sur le sujet ne cèdent pas, fort heureusement, à la tentation de l’ignorer. Dépassant les clivages politiques, Dominique Versini (ancienne ministre de Jacques Chirac) a, le 14 août dernier, sévèrement critiqué la gestion des CRA actuellement cautionnée par le gouvernement. Soulignant de façon générale que “des enfants qui n’ont pas commis d’infraction n’ont pas à séjourner dans des lieux privatifs de liberté”, madame Versini a dénoncé en particulier les aménagements spéciaux censés permettre leur accueil. Ainsi les a-t-elle jugés “mal adaptés à la vie quotidienne des enfants qui présentent souvent des signes de souffrance psychique (troubles du sommeil, mutisme, maux de ventre, dépression...)”.


Le non-respect ponctuel des droits fondamentaux en tel ou tel point d'un territoire a, l’histoire le montre, fâcheusement tendance à y faire "tache d’huile". Ce sujet concerne donc aussi, plus qu’il n’y paraît, nos concitoyens.
Souhaitons donc que ce courageux désaveu d’un pan sinistre de la politique du gouvernement contribue à lui redonner, dans le débat public national et local, toute la place qu’il convient - et que s’efforcent de lui faire des associations comme RESF, la Ligue des droits de l’homme ou encore Amnesty international.
Souhaitons aussi, à la veille de la rentrée politique, qu’il fasse école auprès des acteurs de la république tentés de chasser cette réalité de leur champ de vision, la maintenant ainsi dans un dangereux angle mort. Et, les détournant d’une telle vacance, les réconcilie, face à de tels enjeux, avec le dialogue républicain, ses exigences d’ouverture et de courage.

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