jeudi 23 avril 2009

Laurent Lafon ou la "proximité à éclipses"


Il y a quelques jours (post du lundi 20 avril), j'évoquais la posture d' "absence attentive" de Patrick Beaudouin, député de notre circonscription, résumant par cette expression l'attitude de celui-ci à l'occasion du vote sur l'amendement 552 à la loi sur l'hôpital. Les arguments avancés, je l'ai dit, accusent de graves faiblesses.
Du moins cette attitude était-elle revendiquée dans un courrier répondant à ma demande d'information. Ce qui prouve que cette demande d'un jeune citoyen a été entendue, et prise en compte - il est vrai que l'ignorer aurait constitué un fâcheux contrepoint, alors que M. Beaudouin s'apprêtait à présider une "cérémonie de citoyenneté" pour les jeunes électeurs à la mairie de Saint-Mandé!

Je n'ai pas eu cette chance avec Laurent Lafon.

On le sait, le maire de Vincennes s'évertue à afficher une sorte de "parti pris de proximité". Multipliant les démarches visant à afficher un désir de proximité avec les Vincennois de manière à entendre la diversité de leurs préoccupations (j’y reviendrai une autre fois). Ou encore, faisant de la proximité géographique un argument pour défendre la suppression du Tribunal d’instance de Vincennes - en soulignant dans la presse que Nogent-sur-Marne, c’est quasiment Vincennes.

Force est de le constater, ce "parti pris de proximité" connaît des éclipses!

Témoin, une lettre adressée au maire de Vincennes il y a plusieurs mois, concernant la refonte du système d’information dans - et sur - les CRA (Centres de rétention administrative), dont le “CRA de Vincennes” naturellement. Actuellement, on le sait, le gouvernement tend à créer un contexte propice au développement de situations contraires au respect des droits fondamentaux (voir mon post d'hier).
Cette inquiétante évolution avait conduit 260 élus de toutes tendances politiques (dont le numéro 2 du Modem et le député UMP Etienne Pinte) à interpeller le Président de la République dans une lettre ouverte parue le 30 octobre dernier. À l’évidence, tous n’étaient pas élus d’un territoire ou d’une commune “accueillant” un CRA sur leur sol. Mais tous, comme élus de la République, avaient jugé de leur responsabilité d’intervenir dans le débat public sur cette question de politique générale. Estimant notamment “qu’imposer [aux] futurs intervenants un devoir de confidentialité et de neutralité va entraver tout témoignage public sur certaines situations contraires au respect des droits fondamentaux.”
Comme habitant d'une ville dont un CRA porte le nom, j’avais souhaité connaître la position de M. Lafon et de l’actuelle majorité municipale sur cette question de politique générale qui trouve une application tristement concrète à 20 minutes à pieds du centre-ville de notre commune.
Arrivé à bon port (de source... on ne peut plus sûre !), le courrier adressé au maire de Vincennes pour cela reste à ce jour sans réponse.

Devant ce silence, trois hypothèses s’imposent au jeune citoyen que je suis...

Ou bien parmi les questions de politique générale qui se posent dans notre espace public, le respect des droits fondamentaux sur l’ensemble du territoire de la République française n’intéresse pas M. Lafon.

Ou bien, le CRA de Vincennes ne se trouvant pas sur le territoire de sa commune au sens strictement administratif du terme, M. Lafon estime ne pas devoir prendre en considération ce qui s’y passe. Dans une géographie à géométrie variable, les Vincennois sont priés de croire que Nogent (et son Tribunal d’instance) c’est déjà presque Vincennes ; en revanche pour Laurent Lafon le CRA de Vincennes (situé dans le Bois de Vincennes à 20 minutes à pied de notre mairie) se trouve, lui, tout à coup beaucoup trop loin de notre ville pour pouvoir faire l’objet d’une réflexion collective et républicaine de notre part.

Ou bien encore, totalement accaparé par une partie de ses fonctions de maire, de conseiller régional, et de président du groupe "Centre et apparentés" au Conseil régional, M. Lafon ne dispose pas toujours de la disponibilité nécessaire pour répondre toujours aux interrogations de ses concitoyens - fût-ce sur une question de cette importance.

Disons-le clairement, à l'heure où l'espace public connaît une densification sans précédent, et où la circulation accélérée de l'information nourrit la réflexion des citoyens, cette dernière explication - qui n'exclut pas les deux autres - serait compréhensible. Tout aussi clairement, elle plaide en faveur d’une pratique plus stricte du non-cumul des mandats, condition d’une disponibilité plus constante de nos élus vis-à-vis de leurs concitoyens.

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