mardi 14 avril 2009

« L’Espoir à Gauche » : l’«esprit de projet» !


Face à la crise, à ses effets sur les Français, et aux blocages historiques qu’elle marque, c’est entendu : le PS a un devoir d’efficacité. Non seulement pour trouver des solutions, mais aussi pour inventer l'avenir ("inventer le possible", pour reprendre la belle expression jadis forgée par Lionel Jospin).

Que commande la situation actuelle ? Au-delà, que proposons-nous en termes de projet politique ? Travailler à ces deux niveaux, c’est renouer avec ce que j’appelle l’ «esprit de projet» - condition première d’une authentique rénovation du PS.
Membres du pôle « L’Espoir à gauche », Gaëtan Gorce (député de la Nièvre) et Manuel Valls (député-maire d’Evry), montrent par leurs analyses que cette ambition existe bel et bien dans les rangs du PS…


Identifier clairement les inégalités, injustices et goulots d’étranglement mis au jour par la crise

Pour Gaëtan Gorce, « c’est toute la problématique de la justice fiscale, malmenée ces dernières années, qui remonte aujourd’hui à la surface ». À travers, bien sûr, les scandales engendrés par le « bouclier fiscal » et révélés par le rapport récent de la Commission des finances de l’Assemblée (330 000 euros restitués à chacun des titulaires d’un patrimoine de 15 millions d’euros !).
Au-delà, si la part des salaires dans la valeur ajoutée est restée globalement stable ces 20 dernières années, et si sur la même période les écarts de revenus entre les déciles n’ont guère augmenté, en revanche les écarts de revenus se sont creusés entre les extrêmes. Les 1% des ménages les plus fortunés ont vu leur pouvoir d’achat augmenter de plus de 40% (contre 4% en moyenne pour l’ensemble des Français). À l’origine de ce décrochage : l’explosion des revenus financiers, et la réduction de la progressivité de l’impôt.

Autre exemple, l’équilibre rompu entre exigence de compétitivité et exigence de solidarité s’avère désormais insupportable. La rupture s'est produite il y a près de 30 ans avec la fin du modèle dit « fordiste » et du compromis social-démocrate qui lui était attaché. Sous l’effet de la révolution informatique, de la libéralisation des échanges et de l’innovation financière, s’est effondré un système dont les caractéristiques étaient les suivantes: une production standardisée, intégrant dans l'emploi le plus souvent peu qualifié des millions de salariés en échange d'un statut social protecteur et d'une participation garantie aux bénéfices de la croissance.
Cette évolution a eu des aspects positifs (prospérité relancée et relativement mondialisée), mais aussi une face sombre : recul des droits sociaux, désyndicalisation spectaculaire, au final désarticulation de l’économique et du social. À un modèle qui s’appuyait sur le social (gage de stabilité et de soutien à la demande), en a succédé un où l’on profitait des opportunités offertes par la mondialisation du marché du travail pour faire peser sur celui-ci tout le poids des économies à réaliser.
Avec la crise, cette occultation systématique de l’exigence de solidarité vient de trouver sa limite. Les excès de cette logique choquent désormais trop l’opinion et par contrecoup les gouvernements, et il ne sera plus possible de compenser la déflation salariale par le recours à l’endettement comme soutien à la consommation (Gaëtan Gorce).


Franchir un "cap" intellectuel en prenant acte de la nouvelle donne et en se dotant d’outils à sa dimension

La crise, marquant le retour d’une période de chômage de masse, impose « de raisonner à moyen-long terme » et à grande échelle (Manuel Valls).
Par exemple, renforcer le couple entre des régions fortes et puissantes capables de rivaliser avec leurs partenaires européens, et de grandes métropoles organisées en réseau assurant un équilibre du territoire national (cela tout en respectant mieux le principe de spécialité). L’alliance entre ces deux échelons territoriaux, principales sources de l’investissement public en France et acteurs essentiels de l’aménagement du territoire, apparaît comme un puissant levier en matière de croissance et de progrès – à ne pas négliger en ces temps difficiles (M. Valls).

Pour dépasser le goulot d’étranglement de l’injustice fiscale, Gaëtan Gorce propose que la France se dote d’un véritable « stabilisateur fiscal ». Celui-ci serait activé chaque fois que l’on noterait un décalage trop important entre l’évolution des revenus moyens des français et celui des ménages les plus aisés. L’écart excessif constaté serait alors corrigé par une modification du taux d’imposition sur les tranches les plus élevées (voire par un prélèvement exceptionnel).

Autre levier incontournable (Gaëtan Gorce) : jouer à fond la carte du « capital humain ». L’avenir de nos économies se bâtira en effet plus sûrement sur la valorisation de ce dernier que, par exemple, sur la spéculation immobilière.
Cette « révolution copernicienne » (que j’appelais d’ailleurs de mes vœux dans mon travail pour l'université permanente du PS, intitulé «Pour une politique du pouvoir-vivre») nécessite, pour avoir lieu, que l’on se donne les moyens de la réaliser : rétablissement du pouvoir de négociation des syndicats, association d’une élévation des niveaux de formation avec celle des salaires, recul de la précarisation via un socle de droits sociaux indépendants du statut professionnel… Condition de son efficacité : cet effort devra fonder un nouvel équilibre entre le social et le marché, prenant en compte la fluidité et la flexibilité de la nouvelle économie et de l’environnement dans lequel il s’inscrit.
Dans la même optique, Manuel Valls préconise d’investir massivement dans la formation et la qualification à travers un « pacte social entre l’Etat et les collectivités territoriales ».


La « méthode » : transparence, dialogue, audace dans la réflexion, souplesse dans l’action

Pour Gaëtan Gorce, « libérée des préjugés, de droite comme de gauche, la politique fiscale pourrait se montrer plus subtile ». Manuel Valls va dans le même sens. Interrogé il y a quelques semaines sur son désir de voir simplifier l’organisation territoriale et réformer en profondeur la fiscalité locale, il affirme que « sur un certain nombre de sujets, des consensus doivent pouvoir être trouvés » - tout en soulignant que [son] choix est clairement à gauche ».

Liberté rime alors avec « proximité ». Il n’y a généralement « pas de réponse uniforme à des situations complexes », il faut donc « encourager l’expérimentation en fonction des réalités locales » . Exemple en matière de fiscalité locale : moderniser la taxe professionnelle en la fusionnant avec l’impôt sur les sociétés.
Pour Manuel Valls toujours, en matière de réflexion politique, liberté rime avec « projet ». Ainsi refuse-t-il de se ranger dans « une quelconque écurie présidentielle » : pour lui, la priorité de sa génération est de redonner au PS une identité, un projet, des propositions qui parlent concrètement aux Français. »

Dialogue et transparence ? La mesure fiscale proposée par Gaëtan Gorce illustre cet esprit. Elle obligerait la nation tout entière à se demander régulièrement – et clairement - quelles inégalités sont acceptables, ou au contraire intolérables.
De même, G. Gorce appelle de ses vœux un véritable « Bretton Woods du social ». Il s’agirait que la Confédération européenne des syndicats réunisse gouvernants, universitaires, représentants du monde de l’entreprise pour forger ensemble les instruments d’un nouvel équilibre entre le social et le marché prenant en compte la fluidité de la nouvelle économie.


Un esprit et une démarche prometteurs, donc... et qui se retrouvent dans notre fédération! C'est le sentiment exprimé par ceux d'entre nous qui ont participé la semaine dernière à la réunion de travail du pôle "L'Espoir à Gauche 94", notamment notre ami Patrice Artins (ici au côté de notre camarade Jacqueline Robert Lezenes de Fontenay, de l'eurodéputée Monique Saliou, et de Denis Weisser et Benoît Joseph Onambele, animateurs de "L'EAG" pour le Val-de-Marne) !

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