samedi 4 avril 2009

Fin de semaine aux parfums de... début d'ère


Etonnante période…
Où l’on voit coïncider la crise, ses effets et les pronostics sombres quant à sa possible durée, annoncer la fin d’un modèle d’économie ; mais aussi le retour du printemps, un certain espoir avec la tenue du G20, une reviviscence du monde associatif et de l’espace public local à la faveur des beaux jours, la résurgence de l’Europe comme horizon politique (campagne des européennes oblige)… Pour moi, la fin de cette semaine a été en quelque sorte à l’image de cette singulière période !

Jeudi soir, réunion « tri-section » sur l’Europe. Les militants des sections de Fontenay-sous-Bois, Saint-Mandé et Vincennes étaient invités à se retrouver au Centre de loisir de la rue d’Estienne d’Orves (à Vincennes). Étaient également présents mon camarade Jean-Pierre Dusseaulx (secrétaire de la section PS du Perreux-sur-Marne), Akli Mellouli (secrétaire fédéral aux élections), et Emmanuel Lacresse (ex-responsable national aux politiques communautaires).

Les échanges se sont articulés autour de deux thèmes simples, constituant sans doute la meilleure entrée en matière à l’orée de notre campagne pour les élections européennes :
1) Où en est l’Europe après le refus du Traité constitutionnel européen et le Traité de Lisbonne ? ;
2) quel projet les socialistes (français et européens) portent-ils dans ce contexte ?

Si la campagne pour les élections peine manifestement encore à mobiliser, des interventions souvent « percutantes » ont mis au jour les ressorts possibles d’une campagne combative et d’un élan sincère. Côté « exposés », nos camarades David Dornbusch et Laure Herbert (de Fontenay-sous-Bois), ainsi qu'Emmanuel Lacresse, ont permis un tour d’horizon éclairant de la situation de l’Union européenne et de la gauche européenne à la veille des élections.

Les points de vue exprimés depuis la salle (où se trouvaient de nombreux camarades vincennois proches de « L’Espoir à Gauche », pour qui la question européenne occupe une place cruciale dans notre réflexion collective comme socialistes), ont pour leur part fait émerger une aspiration forte. Que le PS (et l’ensemble des socialistes européens) relèvent ce défi : proposer un horizon, un projet clairs et fermes pour l’Europe. Notre camarade Patrice Artins, comme un militant fontenaysien et moi-même, a notamment exprimé cette aspiration.

Une exigence renforcée par le contexte national et international, et l’attente qu’il crée chez nos concitoyens. Et par cette réalité paradoxale : si la gauche sociale-démocrate a d’ores et déjà gagné sur le plan des idées et des propositions présentées à l’occasion des élections européennes, elle pourrait bien perdre celles-ci dans les urnes faute de savoir proposer un horizon clair qui donne à son discours un sens fort – indispensable pour contre-carrer le populisme de la droite dans de nombreux pays de l’UE.

Cet effort est de surcroît indispensable pour ne pas gâcher une chance historique : pour la première fois, l’essentiel des socialistes européens présentent un candidat commun et de grande qualité pour la présidence de la Commission européenne (le Danois Poul Nyrup Rasmussen). Il y a là une occasion exceptionnelle de « déverrouiller » le rapport de force entre les différentes institutions parties prenantes dans la désignation du Président de la Commission européenne (actuellement décidée, en pratique, par les seuls gouvernements nationaux, donc échappant au Parlement européen). Une étape historique sur la voie d’un fonctionnement plus ouvert de l’Europe politique.

Samedi, réunion de lancement des "Etats généraux de la ville numérique", à Fontenay-sous-Bois (à la Maison du citoyen et de la vie associative). Objectif annoncé de cette démarche : «moderniser l’administration municipale et les rapports avec les citoyens» (voir le site http://www.fontenaynumerique.net).

Parmi les façons dont le numérique peut enrichir et vitaliser l’espace public local, quelques exemples marquants. La possibilité, pour les habitants de la commune de Grigny, de dialoguer avec les habitants de Koupela (ville du Burkina-Faso avec laquelle Grigny est jumelé et qui est doté du haut débit).
Ou encore, la possibilité pour des associations ou des établissements scolaires par exemple, de faire des économies en matière d’équipements informatiques (postes de travail) grâce à une externalisation de leur bureautique telle que le propose une entreprise lyonnaise venue présenter ses services. En quelque sorte, la fin du PC comme « personal computer » !

J’ai aussi été impressionné par la palette d’outils numériques à disposition des Fontenaysiens à la médiathèque Louis Aragon : livres électroniques chronodégradables une fois la période de prêt révolue, une discothèque virtuelle avec 430 000 pistes disponibles, le logiciel Kompass outil précieux lorsqu’on cherche un emploi…
La révolution numérique en cours, c’est donc de nouvelles opportunités pour les usagers des médiathèques – en outre revitalisées par les services proposés autour de l’outil informatique et numérique, objet d’une forte demande. C’est aussi d’ailleurs une évolution du rôle des médiathèques : non plus seulement aider à trouver l’information recherchée, mais contribuer à organiser la masse croissance des connaissances accessibles à nos concitoyens.

Si l’on a l’impression d’être au seuil d’une nouvelle ère, force est de constater des tâtonnements, sinon des hésitations de la part de ceux qui sont en pointe pour l’investir. On le voit avec le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN – structure qui, en réalité, apparaît à beaucoup d’égards dépassée dans le nouvel ordre mondial.
On le voit aussi, dans une certaine mesure, avec les limites du sommet du G20 – telles qu’elles apparaissent aujourd’hui en tout cas. Élément positif : le retour des Etats dans le jeu économique mondial, tout en intégrant de nouvelles puissances dans la « conduite » de celui-ci, en cohérence avec l’évolution des rapports de force et des dynamiques à l’œuvre dans l’économie mondiale. À quoi s'ajoute un possible effet bénéfique sur la confiance des acteurs économiques.
En revanche, faiblesse vis-à-vis des paradis fiscaux (pas d’interdiction), pas d’action contre les formes de spéculation autres que celle réalisée par les fonds spéculatifs systémiques, impasse sur plusieurs questions essentielles (fluctuation des monnaies, déséquilibre entre la sphère financière et la sphère productive, besoins considérables des pays en développement, répartition des fruits de la croissance entre capital et travail à rééquilibrer…).
Au total, le sommet du G20 n’est en quelque sorte qu’un seuil – dont il reste pour beaucoup à faire en sorte qu’il ouvre sur quelque chose de satisfaisant, qui reste à construire. Par exemple, il reste à garantir que la mise en œuvre d’une relance au niveau international, et les profits de la croissance censée en résulter, bénéficiera aussi aux contribuables – et dans des conditions justes. Pour cela, l’action politique est pleinement de mise, par exemple au travers de politiques fiscales adéquates.

Sans doute sommes-nous aujourd’hui au seuil d’une nouvelle ère. Enthousiasme – ou inquiétudes – mis à part, reste à faire l’essentiel : dresser l’encadrement de la porte, le doter de charnières solides, y monter la porte… et bâtir ce sur quoi nous voulons qu’elle ouvre!

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