samedi 28 mars 2009

Un week-end ouvert sur l'international...


Hasard du calendrier, ce week-end tout entier (ou presque !) a été placé sous le signe de l'ouverture sur l’international. Autour de deux questions à la fois d’une actualité vive, aux racines profondes d’un point de vue historique, et lourdes d'enjeux pour le proche avenir.


Samedi, j’étais au siège d’Amnesty International (métro... Colonel Fabien !) pour une journée de formation sur les discriminations. Vigoureusement mise en relief ces derniers jours par le débat autour des propositions de M. Yazid Sabeg en matière de statistiques ethniques, cette notion recouvre des réalités multiples - plus encore quand on l'envisage à l'échelle mondiale, dans des contextes socio-culturels divers. Ce qui fait la complexité du travail nécessaire pour faire reculer les discriminations.
C'est d'ailleurs un des points soulignés jeudi dernier par Louis Schweitzer (président de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité) et la députée PS George Pau-Langevin, lors d'une émission organisée par France Culture en partenariat avec le Nouvel Observateur.
Pour découvrir le contenu de leurs échanges, voir le blog de Mme Pau-Langevin à l'adresse suivante: http://www.georgepau-langevin.com/article-29534039.html
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Aujourd’hui, c’est à Saint-Denis que ma journée a commencé. Il y était question du Proche-Orient. Dans la continuité de la crise de Gaza et de l’atelier-débat auquel je m’étais rendu dimanche dernier à Fontenay-sous-Bois (voir mon post du 22 mars), j’assistais à la 2e Conférence internationale sur le Droit au retour.
Organisée par l’AJPF (Association pour les jumelages entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises), cette conférence s’articulait en deux journées de débats et d'interventions.
Hier, il avait été question de la notion de “droit au retour” des réfugiés palestiniens (signification historique de cette notion, évolutions depuis les accords d’Oslo, perspectives stratégiques des rapports israélo-palestiniens...).
Les interventions d’aujourd’hui portaient, elles, sur la question du jumelage de villes françaises avec des camps de réfugiés palestiniens, ainsi que sur les actions en cours et les pistes de travail en commun. À ce titre sont intervenus plusieurs élus franciliens (parlementaires ou maires, notamment Michel Fourcade, maire PS de Pierrefitte) d'ores et déjà engagés dans des initiatives de diverses natures.
Outre madame Hind Khoury (déléguée générale de l'Autorité palestinienne en France), d'autres intervenants, représentant des ONG européennes, ont aidé à mettre en perspective ces actions en les replaçant dans le contexte (y compris juridique) international. J'aurai l'occasion de revenir sur les enseignements de ces échanges, et de ceux auxquels j'ai assisté la semaine dernière au foyer Matteraz à Fontenay.


De quoi, en tout cas, continuer à nourrir la réflexion sur deux sujets qui nécessitent de le faire sur la durée, en saisissant les occasions de qualité qui s'offrent à nous de croiser les points de vue. L'action passe inévitablement par là...

jeudi 26 mars 2009

5e Forum mondial de l'eau : inquiétudes à l'issue des discussions...



La semaine dernière s’est tenu, à Istanbul, le Forum mondial de l’eau. Sur les rives du Bosphore, plus de 25000 participants ont débattu des moyens de protéger et de préserver cette ressource.
Deux phénomènes rendent de plus en plus urgente la prise en charge sérieuse de ce défi : la croissance démographique (la population mondiale atteindra 9 milliards en 2050, contre 6,5 milliards aujourd’hui), et le réchauffement climatique.

Au regard de cette réalité, la déclaration politique à laquelle le Forum a donné lieu apparaît incontestablement décevante. Cette déclaration ministérielle, adoptée à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau (le 22 mars), n’a pas retenu la notion de “droit à l’accès à l’eau”. Pourtant, plusieurs pays (la France, l’Espagne, plusieurs pays d’Amérique Latine et d’Afrique) se sont efforcés d’obtenir la reconnaissance comme droit humain fondamental de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement de l’eau - qui reste donc assimilé à un simple “besoin”.
Cet infléchissement a provoqué une désapprobation si forte qu’une vingtaine de pays participants (parmi lesquels l'Espagne, l'Afrique du Sud ou le Bangladesh) ont signé une déclaration dissidente !
La France ne l’a pas signée, mais le Partenariat français pour l'eau (PFE), qui regroupe des représentants de l'Etat, des collectivités locales, des entreprises et des ONG, a "déploré" que la notion de “droit à l’accès à l’eau” ne figure pas dans la déclaration finale.
Dans ces conditions, rien ne garantit que la déclaration finale pourra constituer "un document qui servira de repère" (comme l'a estimé le ministre de l'environnement turc Veysel Eroglu).

Malgré tout, le Forum a donné lieu - c’était bien le moins - à un véritable foisonnement d’idées et d’échanges, et permis de rappeler les enjeux sous-jacents à la gestion de l’eau à l’échelle de la planète. En particulier, a été mis en relief le lien étroit entre eau, énergie, alimentation et santé, sécurité aussi.
Jacques Diouf (directeur général de la Food and Agricultural Organization) a notamment souligné que l’avenir de l’agriculture est indissociable d’une utilisation plus efficace de l’eau (à elle seule, l’agriculture représente 70% de la consommation mondiale).
Rappelons aussi que dans les pays en développement, environ 80% des maladies (diarrhées, choléra...) sont liées à la qualité insuffisante de l’accès à l’eau. Ou à d’autres phénomènes liés à celle-ci : le ministre de l’eau du Bangladesh a ainsi soulignéé l’ampleur des défis auquel est confronté son pays en matière d’inondations et d’érosion des berges.
Autre dimension elle aussi en arrière-plan des discussions : le risque de conflits liés à l’eau. De fait, quelques jours avant l’ouverture du Forum, l’ONU avait rappelé dans un rapport très clair la prégnance de cette réalité sur le plan géopolitique, qu’il s’agisse des fréquents conflits liés à l’irrigation, ou des conflits qui se produisent au niveau des cours d’eau transfontaliers.

Le prochain Forum mondial de l’eau se tiendra en 2012 (sont d’ores et déjà candidates pour l’accueillir les villes de Durban, en Afrique du Sud, et Marseille). Le temps d’avancer dans la prise en charge de ces enjeux ? Voire : la France a annoncé avant le Forum son intention de ratifier la convention des Nations Unies sur les cours d’eau transfontaliers adoptée en 1997... mais toujours pas entrée en vigueur faute d’avoir atteint le seuil des 35 ratifications nécessaires!
D’ici là, dans chaque pays, c’est donc aux acteurs associatifs et politiques que revient la responsabilité de faire le nécessaire pour mettre au coeur du débat public, dans toute sa portée, la problématique de la gestion de l’eau. Et pour faire avancer de manière réflexion et action dans ce domaine, de manière significative!

mercredi 25 mars 2009

Val-de-Marne : “Orbival” expliqué aux entreprises


Hier mardi, a commencé dans notre département une campagne d’information qui se poursuivra jusqu’à l’été
(fin juin, exactement) : à bord d’un bus spécial, des représentants du Département vont aller à la rencontre d’une centaine d’entreprises val-de-marnaises pour expliquer “Orbival”.

Rappelons-le, il s’agit d’un projet de métro qui relierait Arcueil-Cachan à Fontenay-sous-Bois à travers notre département, en desservant 13 communes. Soit un itinéraire de 20 km environ permettant de contourner Paris. Environ 300 000 voyageurs seraient concernés.
Initié en 2006, ce projet est encore à l’état d’ébauche (il n’a pas encore été validé). Il est porté par le Conseil général du Val-de-Marne (dont le président a été reçu à l’Elysée le 10 février dernier), et soutenu activement par l’association Orbival (plus de 30 000 personnes).






L’enjeu ? Il se situe à deux niveaux :
- réduire sensiblement le trafic automobile dans notre département, en faisant circuler jusqu’à 40 000 voitures en moins chaque jour (rappelons que 60% des salariés val-de-marnais travaillent de banlieue à banlieue) ;
- dynamiser notre environnement économique, en termes d’activités et d’emplois. D’après Christian Favier, président du Conseil général du Val-de-Marne, Orbival permettrait de générer des constructions importantes de logements et de commerces (créant pour ces constructions une surface estimée à 7,5 millions de mètres carrés, soit 2 fois et demi la surface de La Défense).
Un double apport potentiel que met en avant le chef du projet.

Autre défi, technique celui-là : concevoir un dispositif de financement à la mesure d’un tel projet (les estimations actuelles sont de 2 milliards d’euros, soit environ 100 millions du kilomètre). Dans ces conditions, comme cela a été souligné lors du colloque dont Orbival a fait l’objet cet hiver (réunissant différents acteurs du département, de la région et d’institutions concernées par la potentielle infrastructure), l’innovation et le partenariat seront nécessairement de mise.
(Pour rappel, la construction d'une infrastructure lourde de type métro peut être financée à travers trois dispositifs : marché public ; délégation de service public ; contrat de financement (dispositif retenu, par exemple, pour le futur canal Seine-Nord-Europe et le contournement de Montpellier, et qui apparaît peut-être le mieux à même de permettre gain de temps et maîtrise du coût, sans pour autant déposséder l’autorité publique).

lundi 23 mars 2009

Un “Printemps” timide qui invite à “changer de braquet”


Au lendemain du “Printemps des libertés” organisé hier au
Zénith par Martine Aubry, on aura presque plus "entendu" (médias aidant !) Manuel Valls que la Première secrétaire du PS! Au risque de susciter la critique (doublement, car il anticipait sur la tenue de l’événement), le député-maire d’Evry a mis en garde samedi (sur son blog) contre les risques d’un “antisarkosisme obsessionnel”. Une disposition d’esprit dont il voit se dessiner en filigrane le spectre dans la manière dont l’actuelle direction du PS commence d’attaquer l’exécutif sous l’angle des atteintes qu’il porte aux libertés publiques.


J’ai dit combien, pour ma part, je trouve sain que le PS s’efforce de se réapproprier le combat pour les valeurs républicaines (voir mon post du vendredi 13 mars). Qu'il refuse de “sous-traiter” ce pan essentiel du débat - et de l’action - politique. Moins heureuse, à l’évidence, la façon qu’a eu la direction socialiste de préparer (ou plutôt, reconnaissons-le, de ne pas préparer) une mobilisation large et profonde autour de cette initiative.
Sous ce relatif échec, je vois en partie les mêmes ressorts que sous l'accueil tiède du “Contre-plan de relance”. En particulier : le manque d’une “passion du projet” - et de l’élan qu’elle sait susciter ; l'insuffisance actuelle de lien humain et d'esprit participatif au sein du PS - qu’il reste certes du temps pour combler, comme il faut bien reconnaître que Ségolène Royal avait su le faire, témoin l’affluence massive suscitée par le rassemblement de la Fraternité qu’elle avait organisé au même Zénith il y a quelques mois.

Martine Aubry et ses proches incarnant une autre approche, il n’est pas anormal que les choses se fassent d'une manière et sur un rythme différents. Manuel Valls, avec nos camarades du pôle “L’Espoir à Gauche”, aspire à une revitalisation radicale du PS dans sa pensée comme dans sa force militante. Si l’on ajoute à cela un goût certain pour la provocation (parfois utile pour se faire entendre), on comprend facilement la “vigueur” de sa mise en garde - comme d’ailleurs les grincements de dents qu’elle a suscités.

Quoi qu’il en soit, sur un point important je partage totalement l’analyse de Manuel Valls : pour être fécond, le combat pour les libertés ne doit pas se réduire à une mise en accusation de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement. Je l’ai écrit dans mon post du 21 janvier : le triptyque liberté-indépendance-autonomie doit fait l’objet d’une réflexion athentiquement créatrice de notre part. C’est ce qui me fait y voir une “nouvelle frontière” pour le PS.
Partir à la conquête de cette frontière avec de réelles chances de succès, cela exige un “changement de braquet”. Un effort pour se doter des outils (techniques, intellectuels, pratiques) nécessaires pour penser ces notions, et leur donner tout leur contenu, dans le contexte offert par le XXIe siècle commençant. Un contexte marqué - depuis presque une décennie déjà - par des évolutions profondes et rapides dans de nombreux domaines qui finissent par travailler notre vécu quotidien. Un contexte dans lequel nous ne devons plus craindre (nous n’en avons plus le temps !) d’enraciner notre réflexion, et pas seulement en y affichant notre présence.

Une suggestion pour commencer : n’opposons pas combat pour les libertés et politique de sécurité (Manuel Valls ne le fait d'ailleurs pas). Car la sécurité des personnes, c’est celle dont ils bénéficient dans l’espace public, comme personnes physiques, ou encore comme agents économiques (propriétaires de biens, force de travail et porteurs de savoir-faire...), aussi bien que comme citoyens membres d’une communauté (la République) au nom de laquelle leurs droits doivent être respectés, leurs devoirs honorés.
De même les libertés, c’est une réalité qui revêt plusieurs dimensions concrètes. Un territoire vaste, composé de plusieurs régions. Chacune d’elles appelant, pour être garantie, des moyens spécifiques. Perdre de vue une partie de ce territoire, c’est déjà s’exposer à le voir s’étrécir.

Or, c’est bien à cette forme risquée de diversion que nous exposent certaines approches de la question des sécurités. Un exemple : l’utilisation quelquefois irrationnelle des caméras. En matière de présence de ces équipements sur notre territoire, un cap est actuellement en train d’être franchi. Rappelons qu’en juillet dernier, un courrier préfectoral invitait les maires du Val-de-Marne à réfléchir à la question. Cela en cohérence avec l’objectif, annoncé en 2007 par Michèle Alliot-Marie, de tripler en deux ans le nombre de caméras installées sur notre territoire. À cela s’est ajoutée, il y a quelques semaines, la demande de Nicolas Sarkozy au Ministre de l’Intérieur d’établir un plan contre les violences de bandes. Parmi les premières pistes évoquées : équiper les établissements scolaires de caméras de surveillance.

Une limite évidente : comme le souligne William Geib, élu PS à Nogent-sur-Marne, filmer un endroit précis - en l’occurrence une sortie de collège - risque surtout de déplacer les actes de délinquance un peu plus loin. Or on ne peut installer des caméras de surveillance à l’infini, parce que cela poserait des problèmes éthiques (quid de la liberté individuelle ?), techniques et économiques (les caméras coûtent cher, et les images filmées dans le cadre de la vidéosurveillance doivent être conservées dans des conditions très strictes). Cela n’empêche cependant pas certains “exploits” : la commune de France la “mieux” (en tout cas la plus) équipée à cejour est le village de Baudinard-sur-Verdon (dans le Var), avec 12 caméras pour... 156 habitants !

Un risque : sacrifier une sécurité à une autre. Dans les quartiers sensibles, équiper les établissements scolaires d’outils de surveillance (a priori tournés vers l’extérieur) au moment même où les conditions de travail des élèves (et dans bien des cas, leur environnement quotidien) ne cessent de se dégrader, c’est s’enfoncer un peu plus dans un processus qui est en grande partie à la source des violences dans les quartiers sensibles. Un processus sur lequel on commence à mettre un nom : “ghettoisation” (voir mon post du 29 décembre).
Renforcer la surveillance “mécanique” sans que cela aille pair avec une politique (de la ville notamment) réellement désenclavante et une politique (notamment scolaire) qui redonne aux jeunes concernés toutes leurs chances de mobilité professionnelle et sociale, c’est habiller le renoncement d’une armure ! Il serait à l’évidence malsain - et dommageable pour notre pays ! - qu’une “bunkerisation” des établissements scolaires en zone sensible prenne le pas sur l’ambition d’en faire un espace où l’on acquiert un socle irréductible de liberté et de sécurité face aux exigences de la vie (capacité à penser par soi-même, à se former, à découvrir et affirmer ses propres goûts et talents...).

Une politique authentiquement républicaine ne consisterait-elle pas, plutôt, à garantir la sécurité des citoyens sans jamais oublier de l’articuler avec les principes fondamentaux de notre république ? Traduction : que vaut de sécuriser les environs d’un collège ou d’un lycée, si une fois les grilles franchies les élèves se sentent mis en danger sur le plan scolaire, et sentent menacée leur liberté de développer assez leurs capacités pour se frayer un chemin dans la vie ?
Insécurité, effets d’entraînement, effets de contexte... c’est ensemble, que ces obstacles à leur liberté doivent être pris à bras le corps. Sinon, les logiques de “marketing politique” (affichage d’un nombre croissant de caméras) l’emportent sur le service réel des citoyens. Ces derniers perdent alors une partie de leurs chances, en même temps que l’action publique une partie de son sens.


En un mot : pour être efficaces sur la question des libertés et des sécurités, bien sûr ne cédons pas à l’angélisme, refusons tout autant la monomanie... mais surtout autorisons-nous à penser ! Et dans ce travail, dès lors que cela s’impose, osons "changer de braquet"!

dimanche 22 mars 2009

Un week-end “local”... entre évasion et réflexion


Semaine chargée, envie de profiter de ceux que j’aime, et aussi du retour (encore un peu timide...) du soleil : j’avais trois bonnes raisons de ne pas trop avoir envie de bouger ce week-end! Du coup, la politique est passée au second plan... ce qui ne fait pas de mal !

Deux événements intéressants, et même, chacun à leur façon, passionnants m’y ont tout de même un peu ramené.

Invité par des amis, j’ai assisté samedi au spectacle “The Golden Vanity” donné par les jeunes (tout jeunes même, pour certains !) artistes de la filière chant du Conservatoire de Vincennes. Une fable poétique remarquablement servie par la qualité (impressionnante) des chants, et l’originalité de la mise en scène... et qui réussit à emmener ses spectateurs très loin !
Un spectacle qui renforce aussi mon sentiment que, pour une personnalité en train de se construire, vivre de telles expériences artistiques (comme acteur, et pas comme simple spectateur) est un coup de pouce extraordinaire. Ce coup de pouce, il devrait vraiment être à la portée du plus possible de nos (tout) jeunes, dans leur commune comme dans leur école... Veillons-y !

Changement de registre pour cet après-midi... J’étais au Foyer Matteraz, à Fontenay-sous-Bois, où se tenait un atelier-débat intitulé “60 ans après, où est la Palestine ?” Parmi les intervenants, outre un de mes amis qui représentait Amnesty International, Bernard Ravenel (président de l’Association France Palestine Solidarité), Jean-Guy Greilsamer (de l’Union Juive Française Pour la Paix), Bernard Flichy (Secours catholique/Plateforme des ONG pour la Palestine)...
Au lendemain du drame de Gaza, de nombreuses facettes de la question ont été abordées : enjeux sur le plan des relations internationales (responsabilités des Etats Unis, de l’Union européenne...) aux ressorts de la situation actuelle (histoire, situation politique en Israël et dans les territoires palestiniens), en passant par des réalités plus techniques (questions du “mur” et du tramway, moyens d’action actuellement à l’oeuvre et à notre portée)...
Présentés de façon claire et posée (avec tout de même certains témoignages impressionnants), ces questions ont suscité des échanges nombreux et vivants. Au total, de quoi nourrir notre réflexion collective sur les réalités travaillant cette région du monde. Une réflexion qui pour avancer autant que de besoin, comme je l’écrivais il y a quelques semaines (voir mon post du 21 janvier), a vocation à se construire non seulement "à chaud", mais au-delà, sur la durée.

jeudi 19 mars 2009

Manifestations du 19 mars : mobilisation record !


Entre 1,2 million et 3 millions de personnes ont défilé dans les 219 manifestations qui se sont déployées aujourd’hui, à l'appel des huit syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, Solidaires, FSU, Unsa).

Une mobilisation en hausse, donc, par rapport au 29 janvier (entre 1,08 million et 2,5 millions de personnes avaient alors battu le pavé). Des catégories socio-professionnelles très diverses étaient représentées : salariés du privé en masse (cadres compris), notamment d'entreprises touchées par des plans sociaux ou du chômage partiel (Total, Carrefour, Molex, Caterpillar), personnel enseignant, agents hospitaliers, cheminots, handicapés, retraités, chômeurs...

Ces manifestations (qualifiées de "réussite" par les syndicats et soutenues par les différents partis politiques de gauche), égalent les pics de mobilisation de 2006 contre le Contrat première embauche (CPE) et constituent un nouveau record depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.

La mobilisation a été très forte à la fois dans les grandes villes comme Rennes, Marseille ou Bordeaux, et dans les villes moyennes (Le Havre, Tarbes...). À Paris, entre la place de la Bastille et la Nation, le cortège a rassemblé entre 85 000 et 350 000 personnes (il a même fallu ouvrir un second itinéraire pour désengorger le parcours).

Des militants socialistes venus de plusieurs fédérations (dont celle du Val-de-Marne) se sont rassemblés aux abords du Cirque d’hiver, et se sont placés sur le trajet des manifestants pour marquer le soutien du PS au mouvement.



dimanche 15 mars 2009

Un sondage qui doit "booster" le PS !


Il y a trois jours, était rendu public un sondage IFOP pour le Journal du dimanche. Ce sondage - en particulier à quelques mois des élections européennes - sonne pour le PS comme un avertissement, mais aussi comme un encouragement vigoureux à agir concrètement!


D’après cette enquête :
- 76 % des Français jugent que le PS n'a pas de réponses à la crise économique ;
- 69 % des personnes interrogées estiment qu'il ne ferait pas mieux que le gouvernement actuel s'il était au pouvoir ;
- 39 % considèrent qu'il a "des dirigeants de qualité" ;
- 53 % estiment que le PS ne s'oppose pas suffisamment ;
- pour 74% des personnes interrogées, la situation du PS "n'a pas changé" depuis l'arrivée à sa tête de Martine Aubry ;
- 55 % considèrent qu'il est "en phase avec les mouvements sociaux" ;
- 52% (contre 48%) le voient "proche des préoccupations des Français".


Passée la première réaction de déception, et mettant de côté l’inquiétude que ces résultats ne peuvent que nous inspirer, quelques éléments d’appréciation personnels.

Sur l’ “absence” de réponse à la crise économique, on peut y voir un contre-coup du relatif échec qu’avait été la publication du “Contre-plan de relance”. Cela confirme la nécessité d’une ligne claire et homogène, qui pour être perçue comme pertinente doit s’élaborer à partir d’une réflexion au plus près des réalités. Pour cela, il serait aberrant de ne pas mettre notamment à profit les ressources de la démarche participative, mise en avant aussi bien par Ségolène Royal que par Pierre Moscovici.

Sur le doute quant à notre capacité à faire mieux que l’actuel gouvernement. J’y lis l’appel à une opposition “par la preuve”. C’est-à-dire consistant à montrer par des initiatives concrètes et des actions durables notre capacité à aider nos concitoyens face aux difficultés nées de la crise (ou accentuées par elle).

Le jugement sur la qualité des dirigeants socialistes me paraît, en toute franchise, d’une sévérité excessive. Pour autant, fort de mon (mes) expérience(s) locale(s), comme militant socialiste et associatif, j’y vois le rappel de cette réalité : désormais, nos concitoyens sont beaucoup plus exigeants sur la qualité d’écoute et la qualité de présence dans l’espace public des acteurs politiques.
Sont en cause, la capacité à tisser dans la durée un lien avec nos concitoyens, la capacité à susciter et à nourrir - y compris au-delà des “frontières” du PS - une réflexion et une action collectives, en particulier dans la période actuelle des actions collectives contribuant tant soit peu à amortir concrètement les effets de la crise sur les Français... Argument supplémentaire, à mes yeux, pour une pratique plus stricte du non-cumul des mandats.

Cette nouvelle réalité explique aussi sans aucun doute le sentiment majoritaire que le PS “ne s’oppose pas suffisamment”. La présence accrue des socialistes au côté ou à l’intérieur des mouvements sociaux ne suffit visiblement pas à convaincre sur ce plan.
Le sentiment de nos concitoyens devrait en partie s’améliorer avec le retour (enfin !) du PS à une saine combativité dans la défense des valeurs républicaines et en particulier des libertés publiques (voir mon post du vendredi 13 mars).
Mais aussi, on peut penser que ce qu’on met aujourd’hui dans le mot “s’opposer” a changé, là aussi dans le sens d’une exigence plus forte. S’opposer, c’est non seulement dénoncer les erreurs et les limites de la majorité, mais aussi proposer une politique alternative clairement identifiée (un "cap", en quelque sorte) ; et surtout, au-delà, lui donner un début de traduction en actes - sans attendre d’être “aux manettes” ! À nous - y compris “militants de base” - d’en inventer les moyens.

Enfin, le constat fait par 74% des personnes interrogées que la situation du PS “n’a pas changé” depuis l’arrivée de Martine Aubry à sa tête. J’y vois trois explications.
Le travail pour moderniser le PS se met à peine en marche - des efforts sont d’ailleurs faits pour le mettre en lumière -, il est donc trop tôt pour qu’il commence à porter ses fruits.
D’autant plus que la majorité constituée à l’occasion du Congrès de Reims réunit des conceptions parfois très différentes dans ce domaine, et que Martine Aubry elle-même n’abordait ce travail qu’avec un enthousiasme et une audace modérés (c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’avais décidé de soutenir la motion E). À cet égard, on peut espérer que l’arrivée au sein de la direction de représentants du pôle “l'Espoir à Gauche” muscle l'effort collectif dans ce sens.
Deuxième explication : les “bisbilles” à répétition, qui ont pu donner le sentiment que le PS continuait à être davantage tourné vers lui-même, que vers les Français.
Autre explication : l’héritage de l’ “ère Chirac” et, déjà, de la “méthode Sarkozy”. Autrement dit, une défiance de nos concitoyens vis-à-vis de tout ce qui ressemble à un marketing politique fait d’effets d’annonce et de “slogans”. L’intuition qu'en matière de “changement” ou de “renouvellement”, comme dans d'autres domaines, plus on en parle et... moins les choses avancent concrètement ! À nous de démontrer le contraire avec des résultats concrets, et vite !


Voyons le bon côté des choses : nos concitoyens attendent beaucoup de nous. On peut donc penser que, si nous savons être à la hauteur des défis concrets qui aujourd'hui se présentent à nous dans l’espace public - et sur lesquels nous sommes attendus - ce travail ne restera pas vain!


samedi 14 mars 2009

Diversité : Patrick Weil refuse de participer au "Comité pour la mesure et l'évaluation des discriminations et de la diversité" nommé par Yazid Sabeg

Source : "Hexagone", le blog de Catherine Coroller, journaliste à Libération.
http://immigration.blogs.liberation.fr


Ci-dessous, la lettre qu'il a envoyée à Yazid Sabeg:

Monsieur le Commissaire,

J'ai bien reçu votre invitation à participer à un «comité pour la mesure et l'évaluation des discriminations et de la diversité» et vous en remercie.

J'ai toujours pensé que pour un chercheur, accepter de faire partie d'un comité, d'une commission nommée par le pouvoir politique, c'était faire de la politique. En faire avec la formation et l'information du scientifique, mais en faire tout de même puisqu'il s'agit de faire des propositions politiques ce qui implique, non pas un accord complet, mais un minimum d'accord avec le cadre général de la politique suivie dans le domaine de la mission ou de la commission.

Or dans des domaines qui sont particulièrement de ma compétence, ceux de l'immigration et de la nationalité, qui ne sont pas étrangers à la mission de votre commissariat, le gouvernement qui a vous a nommé mène une politique discrètement et objectivement discriminatoire, à un niveau jamais atteint depuis la Seconde Guerre mondiale, sous l'impulsion d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, inédit dans notre histoire politique.

Je ne me vois pas travailler aux outils de la lutte contre la discrimination dans le cadre d'une commission nommée par vous, pendant que les naturalisations et l'accès à la nationalité par mariage, le regroupement des conjoints de Français, pour ne citer que quelques exemples, continueront de s'effectuer de façons de plus en plus discrétionnaire et discriminatoire.

Je ne saisis pas non plus très bien l'objectif de cette commission et il m'inquiète même pour le moins. S'agit-il mettre en oeuvre une politique de lutte contre les discriminations en raison de l'origine réelle ou supposée? Si c'est le cas, les instruments existent, ils ont été rappelés clairement par la commission présidée par Madame Simone Veil dont j'approuve l'excellent rapport.

Au mois de juin dernier Patrick Simon et moi-même rappelions que dans le cadre constitutionnel existant, une meilleure connaissance des nationalités et lieux de naissance des ascendants, croisée avec des données socioprofessionnelles permettraient dans les statistiques publiques et au niveau des grandes entreprises privées de mieux approcher les phénomènes discriminatoires et d'ainsi mieux les combattre.

De façon ponctuelle, pour permettre notamment de relier les informations recueillies à partir de ces données objectives à la perception ou la réalité des discriminations, sur échantillon anonyme et sous le contrôle de la CNIL, des enquêtes conduites par la statistique publique pourraient contenir des questions faisant référence à la religion, aux origines ou à la couleur de la peau.

Mesurer la diversité dans la société française est un objectif différent, qui ne me paraît ni prioritaire ni de même de la compétence légitime des pouvoirs publics, contraire en réalité à l'article 1 de notre Constitution.

Pour toutes ces raisons, je ne peux accepter votre proposition.


Je vous prie d'agréer, Monsieur le Commissaire, l'expression de mes sentiments les meilleurs.


Patrick WeilCitation

vendredi 13 mars 2009

Libertés publiques: les socialistes de retour en première ligne dans le combat républicain !


Comme je l'annonçais il y a trois semaines, le Parti socialiste revient en pointe dans le combat pour les valeurs républicaines, en particulier pour les libertés.

Autant le dire carrément, je suis fier de ce retour à une saine combativité sur ce sujet! Avec d'autres (notamment des militants vincennois avec qui nous avons travaillé pour préparer les dernières élections municipales à Vincennes), je m'efforce en effet depuis des mois de le faire revenir au coeur de l'espace public et au coeur de notre action collective (y compris au niveau local)... avec les moyens modestes d'un "militant de base" actif et d'un citoyen vigilant (voir mon post du samedi 21 février)!

Oser porter haut des valeurs républicaines qui sont au fondement de notre engagement commun, y compris en organisant des mobilisations d'un genre nouveau largement ouvertes sur l'extérieur du PS (comme Ségolène Royal l'avait fait elle-même au Zénith autour du principe républicain de "Fraternité") ; oser penser "grand" et mobiliser largement sur cette question par une démarche participative : tel est l'esprit de la campagne aujourd'hui lancée par le PS...




« LA FRANCE EN LIBERTES SURVEILLEES »

La République en danger

Agir pour les libertés publiques

Au moment où la France traverse une grave crise économique et sociale, elle subit également un terrible recul des libertés publiques. Droits collectifs et individuels sont un à un remis en cause. Le Parti socialiste qui refuse cette situation, reprend aujourd’hui l’initiative en proposant à chaque militant et chaque citoyen de se réapproprier ce combat :

RENDEZ-VOUS : « LE PRINTEMPS DES LIBERTÉS » dimanche 22 mars


Le printemps des libertés

Rendez-vous dimanche 22 mars à partir de 10h30

au Zénith de Paris


pour une grande journée de réflexion et de fête pour la défense des libertés publiques, trop souvent mises à mal depuis l’élection de Nicolas Sarkozy.



Tables rondes, débats et concerts seront au programme de ce grand rassemblement. Des droits de l’opposition, à la liberté d’expression, en passant par les libertés individuelles, tout les aspects seront abordés autour d’acteurs associatifs et syndicaux.


APPEL A TÉMOIN : "LES LIBERTÉS PUBLIQUES ET VOUS"

Le recul des libertés publiques n’est pas une abstraction. Chacun d’entre nous a pu en faire l’expérience : arrestation pour délit d’outrage, garde à vue musclée, bavure policière, expulsion de sans-papiers, perquisition, pressions… Si vous avez été confronté, de près ou de loin, à l’une de ces situations, vous pouvez livrer votre témoignage. Ce sera votre contribution à la défense de notre pacte républicain. Les photos et vidéos sont les bienvenues.

Adresse : appelsatemoins@parti-socialiste.fr





jeudi 12 mars 2009

Liste pour les élections européennes : oui… à une mise en pratique plus stricte du non-cumul !


Nous votons ce soir pour les listes de nos candidats pour les élections européennes de juin prochain. On le sait (les médias s’en font suffisamment l’écho), ces listes provoquent des remous, voire de la colère.
Comment en est-on arrivé là ? Qu’est-ce qui est en jeu, aujourd’hui, et pour après les élections européennes ? Cela, il faut un tout petit peu plus de temps pour y voir clair. Moi, en tout cas, il m’en a fallu. Mais j’en avais besoin pour décider ce que j’allais voter – et à quoi cela m’engage, comme militant, pour la suite.


D’où viennent les tensions autour des listes ?

Quelques éléments de réponse. Certains sont à mettre sur le compte de réalités objectives, indépendantes de l’actuelle direction du PS. D’autres, sur le compte de réalités héritées, au sein du PS, du congrès de Reims. D’autres enfin, tiennent à des choix de l’actuelle direction – dont certains d’ailleurs sont à mettre à son crédit.

1) L' "héritage" du Congrès de Reims. En particulier, le « tir groupé » des proches de Martine Aubry dans le Nord-ouest, où ils occupent les places éligibles, a contraint à trouver des points de chute pour ceux qui du coup étaient écartés (Vincent Peillon par exemple).
2) Pour la nouvelle Première secrétaire du PS, les marges de manœuvre étaient d’autant plus réduites que, pour être élue, elle a dû s’appuyer sur une majorité fragile associant des courants très divers, eux-mêmes organisés autour de plusieurs personnalités fortes et de leurs proches.
3) L’actuelle direction du PS n'a pas eu d'autre choix que de prendre en compte le poids, au sein du PS, des signataires de la motion E (mise en tête par les militants lors du Congrès de Reims, ce qui rendait ses représentants incontournables).
4) Outre la parité, l’actuelle direction a aussi voulu prendre en compte la « diversité », et respecter de manière plus stricte le principe de non-cumul des mandats.
5) Autre réalité qui contribue à « tendre » les débats : a priori, le PS aura moins d’élus qu’aux dernières élections européennes, à la fois parce que son score avait alors été exceptionnellement haut et parce que, avec l’élargissement de l’UE, le nombre de places réservées à la France au Parlement européen s’est réduit entre temps.


Quels enjeux ces tensions (re)mettent-elles en lumière ?

Osons-nous assumer la logique qui va de par avec l’importance prépondérante de l’élection présidentielle dans notre système politique, tel qu’il est ? Fin janvier, j’avais reproduit sur mon blog un article du Monde intitulé « Digérer le vinaigre de Reims », dans lequel cet enjeu était mis en évidence par deux des meilleurs connaisseurs du PS (Gérard Grumberg et Alain Bergougnioux). On y trouvait notamment cette analyse :
« Ce congrès a fait éclater la contradiction entre les deux logiques à l'oeuvre dans le parti depuis sa création à Epinay en juin 1971. D'un côté, le principe de la représentation proportionnelle des motions dans les instances dirigeantes et de la délibération collective pour définir la ligne politique. De l'autre, le principe de l'élection directe du leader par l'ensemble des adhérents dans une logique majoritaire empruntée au mode de scrutin présidentiel français. (...) Le congrès a échoué à définir une ligne politique puis à désigner un leader dont la légitimité puisse s'imposer à tous. »
Désormais, le fonctionnement démocratique du PS ne doit désormais se réduire à concilier en permanence les aspirations des courants. Mais dans l’adoption d’une ligne homogène et de son représentant ou sa représentante, par la majorité des militants. La construction du projet politique dans son détail se faisant ensuite, collectivement, autour de cette colonne vertébrale ferme. Sinon, la logique de gestion ou de "survie" remplace tout véritable pouvoir-vivre.

Dès lors, quelle place… et quel rôle pour les « courants » ? Au niveau national, et pourquoi pas local, les « courants » peuvent être utiles. À condition d’être d’authentiques pôles de travail, de véritables courants de pensée, affluents d’une réflexion politique commune. Dans son livre Choisir. Lettre ouverte à tous ceux qui veulent encore espérer de la gauche, Gaëtan Gorce fait des propositions très intéressantes dans ce sens. Dans le Val-de-Marne par exemple, le pôle issu de la motion E, pour ce que j’en vois, fonctionne bel et bien dans cet esprit, avec des résultats intéressants !

Les sacrifices exigés de la "base", en prenant sur soi comme militant ou comme représentant d’un territoire, sont-ils respectés au PS? Autrement dit le PS fera-t-il, dans la durée, une place réelle aux principes par lesquels on justifie ces sacrifices? Par exemple : la rigueur accrue dans la mise en pratique du non-cumul des mandats, si elle frustre des aspirations légitimes à prendre part au travail du Parlement européen, peut néanmoins constituer un « sacrifice utile » si elle se confirme dans la durée. Autrement dit, si l’exigence stricte de non-cumul est désormais mise en pratique à chaque investiture pour les scrutins (de liste ou uninominal).

À partir de là, quelle « mission » pour les sections locales et les acteurs locaux du PS (secrétaires fédéraux et de section, élus, militants…) ? Avant tout, faire en sorte qu’on parle plus de l’Europe et des européens et moins de la pré…-préparation de la campagne pour les élections européennes ! Ne pas avoir su éviter cela, reconnaissons-le, est un échec pour l’actuelle direction du PS. Je crains que cela ne se traduise ce soir par une abstention très forte de la part des militants socialistes. Et, pour en avoir animé plusieurs, je sais que cela n’est jamais bon à la veille d’une campagne.
Et puis, aussi, nous appliquer à nous-mêmes cette exigence de rigueur en matière de non-cumul des fonctions partisanes et électives (mandats, fonctions internes, investitures…). Pourquoi ?
Entre autres, parce que c’est ainsi que la part des ambitions individuelles se réduira, au bénéfice d’une authentique passion, cultivée et mûrie, de l’espace publique et du travail au plus près de nos concitoyens.
Et aussi, pour sortir du goulot d’étranglement, auquel se trouve aujourd’hui confrontée la direction du PS, en matière de promotion de la « diversité ». Quand on écoute les personnes concernées, on se rend bien compte que ce n’est pas servir cette cause que de confier « au nom de la diversité » des places à des camarades qui souvent, refusant d’être la « touche colorée » dans le tableau, n’en veulent pas. Appliquer avec rigueur le non-cumul des fonctions et des responsabilités, c’est multiplier les possibilités de parcours formateurs pour les militants socialistes. Donc donner à des talents beaucoup plus nombreux l’occasion de se révéler, ce qui est naturellement la première étape vers une meilleure représentation de la société française dans sa diversité.
Du coup, pour enclencher le mouvement au niveau de nos sections, savoir donner aux militants l’envie de militer, et l’idée d’être eux aussi à l’initiative dans la vie de leur section même quand ils n’y ont pas une fonction « officielle ». Pour l’avoir vécu lors de nos dernières campagnes, c’est la première chose que je regarde dans une section socialiste pour voir sa vitalité !


Oui… à l’application plus stricte du non-cumul !

Malgré mes réserves, ce soir je voterai oui. Principalement pour dire oui à la mise en pratique plus stricte du non-cumul, passage obligé vers une rénovation concrète et profonde du PS et de son projet. Je plaide cette cause depuis assez longtemps, pour savoir qu'il ne faut laisser passer aucune occasion de la faire avancer.
Et aussi parce que, à titre personnel, je crois plus important de faire en sorte que les socialistes pèsent le plus possible pour faire progresser l’Union européenne dans les prochaines années, que d’adresser aujourd’hui un message – légitime ! - à l’actuelle direction du PS.
Enfin, parce que même si je regrette les erreurs du Congrès de Reims et la façon dont il s’est réglé (les tensions suscitées par les listes proposées sont le prolongement et la conséquence directs), aujourd’hui il nous faut bien l’assumer collectivement. Pourvu que cela renforce notre détermination à ne pas faire les mêmes erreurs lors du prochain congrès ! Cela dépendra avant tout de nous, et d'ores et déjà cela dépend de notre façon de militer dans nos sections, comme je l'ai écrit au lendemain du Congrès de Reims.

Mais qu’on ne compte pas sur moi pour faire la leçon (ou y participer !) à ceux de nos camarades qui diront « non » à ces listes, ou choisiront de voter blanc ou de s’abstenir !
Je comprends ceux, parmi nos camarades, qui ce soir rejetteront la prévalence des logiques de "courants" ; ou estimeront que l’on ne va pas encore assez loin dans l’exigence du non-cumul.
Ayant proposé, quand nous préparions notre nouvelle « Déclaration de principes », d’y inscrire noir sur blanc la pratique effective du non-cumul, nous nous retrouverons chaque fois qu’il s’agira de faire avancer cette pratique – passage obligé pour donner à notre famille politique et à son projet tout leur pouvoir-vivre !

dimanche 8 mars 2009

Journée internationale des femmes : mobilisation galvanisante, pour une vigilance nécessaire !


Mobilisation pour les droits des femmes (samedi, place de la Bourse à Paris)


Samedi matin, c'est à Créteil que le week-end avait commencé pour moi, en compagnie de mes amis Sidicatou et Patrice. Nous étions au siège de la fédération socialiste du Val-de-Marne, où se tenait notre Conseil fédéral. Il s'y dit souvent des choses intéressantes, on y apprend aussi des choses sur notre département, la réalité de ses villes, mais mon tempérament me fait quand même préférer le contact direct, sur la "place publique", avec nos concitoyens.


J'étais donc heureux, en début d'après-midi, de me rendre place de la Bourse à Paris, à l'invitation d'ami(e)s (socialistes ou militants associatifs), pour le début de la grande manifestation pour les droits des femmes. Un rendez-vous auquel, dans la période de crise économique qui s'ouvre (et qui promet de s'accompagner d'une aggravation des inégalités), il m'a paru important de répondre présent. Y compris comme militant socialiste, au côté notamment d'Harlem Désir.


J'ai ensuite rejoint (in extremis !) mes camarades socialistes de Vincennes (Chantal, Hervé, Georges, Brigitte, Guy, Anne-Marie, Jean-Pierre, Nicole...) et de Fontenay-sous-Bois (merci Claude!) mobilisés rue du Midi pour une distribution de roses et de tracts rappelant l'action et les engagements des socialistes européens pour les femmes. Nous avions, avec bonheur, expérimenté cette initiative une première fois l'année dernière, pendant la campagne des élections municipales. L'occasion de discuter avec des "sympathisants" souvent croisés ces deux dernières années, que j'ai été heureux de retrouver... et avec qui nous commençons décidément à bien nous connaître !


Un samedi dont il fallait profiter si l'on voulait répondre présent dans le combat pour les droits des femmes - étant donné le temps pluvieux annoncé pour ce matin, et surtout l'énergie galvanisante qui ressortait de ces rassemblements. Tout cela donne du sens à l'engagement, et nourrit la persévérance ! Cela donne aussi envie, plutôt que de souhaiter rituellement une "bonne journée des femmes" aux lectrices de ce blog (et aux autres!), de conclure ce post sur une expression plus personnelle (et durable!) de gratitude et de solidarité, de vigilance et de combativité :


Merci, et belles journées !




JOURNEE DES FEMMES. Manifestation pour les droits de la femme à Paris.
Source : nouvelobs.com (7 mars 2009)

A l'approche de la Journée de la femme, le Collectif national pour les droits des femmes appelle à manifester à 14 heures place de la Bourse, à Paris, près du siège du Planning familial.

L'absence de progrès récents dans la réduction des inégalités professionnelles entre hommes et femmes, tant au sein des salariés qu'à la tête des entreprises, est au cœur cette année la Journée internationale de la femme du 8 mars, selon féministes, syndicats et économistes.
"Nos droits sont fragiles, ils veulent les remettre en question", proclame le Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), qui appelle à manifester samedi à 14 heures place de la Bourse (2ème), symboliquement près du siège du Planning familial, qui affirme être toujours menacé de restrictions de crédits, malgré les assurances gouvernementales.
Pour le CNDF, "l'année 2009 risque de voir les inégalités accentuées par la crise économique, dont les femmes pourraient être particulièrement victimes", alors que le chômage des femmes est déjà plus élevé que celui des hommes (9,6% contre 8,1%).
Selon un rapport du bureau international du travail (BIT) rendu public jeudi, les femmes devraient davantage souffrir du chômage que les hommes en 2009.

Davantage de temps partiel pour les femmes

A l'heure actuelle, selon deux économistes de l'OFCE (centre de recherche en économie de Sciences Po) Françoise Milewski et Hélène Périvier, "le flot récent des demandeurs d'emploi est surtout constitué d'hommes, car les destructions d'emplois sont concentrés dans les secteurs industriels".
Mais les femmes, davantage présentes dans le temps partiel et les contrats précaires, pourraient souffrir plus que les hommes de réductions d'horaires, donc de réductions de salaires, et d'une aggravation de la précarité, poursuivent-elles dans un texte publié jeudi.
Le travail saisonnier se féminise "en raison du chômage des femmes qui ne faiblit pas et de l'explosion du nombre de femmes seules peu qualifiées", souligne la CGT. Par ailleurs, selon les deux économistes, "la crise risque de reléguer au dernier plan" la question de l'égalité professionnelle.
L'annonce mercredi par le ministre du Travail Brice Hortefeux qu'une "mission" suivie d'une concertation allait traiter de l'égalité salariale, promise maintes fois pour 2010, fait craindre à beaucoup que la loi sur les sanctions financières aux entreprises récalcitrantes ne voit pas le jour.

Recul de la parité

"Il ne faut pas être naïf, cela veut dire qu'il n'y a pas de volonté politique, pour des sanctions, il faut une loi", affirme à l'AFP Marie-Jo Zimmermann, députée UMP, dont la proposition de loi sur la place des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises a été jugée jeudi par Brice Hortefeux "trop en avance".
"Cela fait quarante ans que les féministes se battent, dit-elle, on connaît la situation, on n'a pas besoin d'une mission".
Le mouvement patronal Ethic s'est indigné mercredi du recul de la parité au sein des entreprises du CAC 40, l'Oréal étant la seule société présentant un taux de mixité supérieur de 15% à tous les échelons.

Appel à la vigilance sur le droit à l'avortement

La situation s'aggrave même puisque, selon une étude de l'agence Capitalcom, la part des femmes dans l'effectif global des dirigeants du CAC 40 a baissé de 3,3 points sur un an.
Les féministes ont d'autres sujets de mécontentement. Elles attendent du gouvernement qu'il s'engage plus avant dans la lutte contre les violences faites aux femmes, demandant une loi-cadre comme en Espagne.
Elles appellent à la vigilance sur l'application du droit à l'avortement, à l'information sexuelle, et attendent des modes de garde à la hauteur des besoins des familles, protestant contre l'abandon de la promesse de campagne de "droit opposable" à la garde d'enfant.

samedi 7 mars 2009

Droits des femmes : le PS et le PSEuropéen répondent présents


Tous ensemble pour le droit des femmes !



Tract Journée de la femme

Le gouvernement de Sarkozy attaque sans relâche nos droits et nos libertés. Les femmes sont les premières victimes de ces régressions !

Le 8 mars, les socialistes manifesteront, dans toute l’Europe, aux côtés de toutes celles et tous ceux qui luttent pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

Planning Familial : L’Etat se désengage. 1/3 des plannings familiaux sont menacés. Le Parti Socialiste est signataire de la pétition pour le maintien des subventions. Les parlementaires
socialistes ont demandé une mission d’information et continuent de lutter.

Congé parental : Sarkozy pense que c’est un « immense gâchis pour les femmes », qu’il faut le diminuer. Pour les socialistes, dans parental il y a parents. Un véritable congé, partagé entre hommes et femmes, cela existe ailleurs, c’est ce que nous voulons en France !

Salaires : En France, les femmes représentent 83% des temps partiels, 80% des employéEs payéEs en dessous du SMIC. Parce que, souvent, elles ont arrêté de travailler pour s’occuper de leur foyer, elles touchent des retraites de misère. Dans leur plan de relance, les socialistes proposent une revalorisation du SMIC et une revalorisation des retraites.

Services publics : Avec la Révision générale des politiques publiques (RGPP) le gouvernement s’attaque à l’ensemble des services publics. Dans ce cadre, le Service des droits des femmes et de l’égalité (SDFE) est supprimé. Le Parti Socialiste dénonce cette disparition. Pas de ministère aux droits des femmes, plus de service droits des femmes égalité : et demain ?

C'est pourquoi le Parti socialiste appelle chacune et chacun à rejoindre la Manifestation Unitaire du 7 mars 2009 à 14h
Angle rue Vivienne/rue du 4 septembre (M° Bourse)




Les Socialistes Européens agissent pour les Femmes !

Le 7 juin, nous élirons nos députéEs EuropéenEs. Le Parti Socialiste Européen (PSE) a élaboré puis adopté à l'unanimité un Manifeste commun à tous les partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes de l'Union Européenne. Pour les Socialistes d'Europe, il est temps de répondre concrètement, à travers des propositions fortes, à la volonté générale de la population d'engager l'Union dans une nouvelle direction.

Voici les 9 propositions phares du Manifesto 2009 du PSE :

1/ Créer une charte Européenne des droits de la Femme
Pour améliorer les droits effectifs des femmes dans toute l'Union Européenne et pour établir des mécanismes assurant l'égalité femmes-hommes dans tous les domaines de la vie sociale, économique et politique.

2/ Congé parental
S'aligner sur les droits actuels les plus favorables en Europe. La maternité est, en effet, trop souvent synonyme pour les femmes de dépendance économique. Les femmes comme les hommes doivent pouvoir disposer de temps libre pour leurs enfants.

3/ Parité
Représentation paritaire entre femmes et hommes au sein de la Commission Européenne et du Parlement Européen. Création d'un poste de Commissaire EuropéenE à l'égalité hommes-femmes. En effet, les femmes sont encore trop largement sous représentées en politique.
Parlement Européen : 31,1 %
Commission Européenne : 37 %.
Parlement Français : 18,5 % des députés et 21,9 % des sénateurs.

4/ Famille
Aider les parents à concilier leurs responsabilités familiales et professionnelles par exemple en obligeant les Etats membres à atteindre 90 % de scolarisation en classes maternelles ; avec des objectifs de qualité d'accueil. En 2006, dans l'UE à 27, le taux d'activité des femmes ayant au moins un enfant de moins de 12 ans était encore de 62,4 % contre 91,4 % pour les hommes.

5/ Vie professionnelle
Lutter vraiment contre les inégalités de salaire. Dans l'UE en général, les hommes gagnent 24,6 % de plus que les femmes. En France, le salaire annuel moyen des femmes est inféfieur à celui des hommes de 18,9 % dans le secteur privé et semi-public, de 13,8 % dans la fonction publique d'Etat (données 2007).

6/ Carrières
Soutenir les femmes chefs d'entreprises, les femmes scientifiques et les chercheuses. Les femmes représentent 76,8 % des employés mais seulement 17,1 % des chefs d'entreprises de 10 salariés et plus.

7/ Sexualité
Garantir et défendre les droits des femmes à disposer de leur corps. Aujourd'hui, une grossesse sur trois reste encore non prévue et le droit à l'avortement est toujours interdit dans certains Etats de l'Union.

8/ Justice et sécurité
Intensifier la coopération européenne pour mieux lutter contre le trafic d'êtres humains et l'exploitation sexuelle.
"La forme la plus courante de trafic d'êtres humais reste l'exploitation sexuelle. Les victimes de ce genre d'exploitation sont pricipalement des femmes. L'Europe est la destination qui recense le plus grand nombre d'origines parmi les victimes" (Rapport de l'ONUDC, février 2009).

9/ Violences
Grâce à l'Europe, lutter contre les violences faites aux femmes. Plusieurs programme et fonds européens y contribuent. Nous les utiliserons !
12 à 15 % des femmes en Europe sont victimes, chaque jour, de violences domestiques. En France, 1 femme décède tous les 3 jours sous les coups de son compagnon.

En juin 2009, donnons un nouveau sens à l'Europe !

Dans son Manifeste 2009, le PSE dénonce les inégalités qui persistent au sein de l'Union entre hommes et femmes : violences, emplois, salaires, formation, harmonisation des temps de vie, libertés, dignité, justice, parité, etc... La liste est longue !

Lors des prochaines élections européennes, des garanties nouvelles pour les droits des femmes et l'égalité entre les femmes et les hommes peuvent être obtenues.

Nous pouvons changer la donne et faire, enfin, de l'égalité entre les sexes une égalité pour tous !

http://elections2009.pes.org

Obésité infantile : pour plus d'efficacité, osons franchir un cap !


Si en France, l’obésité touche de nombreux adultes, l’obésité infantile constitue elle aussi un problème de santé publique à part entière!
Certes, on peut se rassurer en observant une relative stabilité depuis 2000 en termes de part de la population touchée. (Chez les enfants de 7 à 9 ans, une étude récente conclut au maintien à 3,5% pour l’obésité et 14,3% pour le surpoids.) Et se dire que, au sein de l’Union européenne, la France garde une prévalence de l’obésité et du surpoids chez les enfants parmi les plus faibles.
Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, dans notre pays, près d’1 enfant sur 6 est obèse (soit 3 à 4 fois plus que dans les années 1970). Autre évolution inquiétante : face à l’obésité et aux risques d’en être frappé, l’écart se creuse entre les enfants issus de milieux aisés et ceux issus de milieux sociaux moins favorisés ou défavorisés.
Dans ce contexte, 40 associations de médecins, pédiatres, cardiologues, spécialistes de la nutrition, restaurateurs, parents d'élèves, malades et consommateurs ont lancé mardi un appel aux députés pour réglementer fermement la publicité télévisée pour certains produits alimentaires durant les programmes télévisés destinés aux enfants et aux adolescents. (Voir mon post d’hier.)
Concerné à plusieurs titres (notamment pour des raisons professionnelles), j'ai éprouvé le besoin de faire un « point » rapide sur cette question de santé publique : quels enjeux et quels ressorts sont en cause? quels types d’action invitent-ils à privilégier?


Face à l’obésité infantile : la situation actuelle (action et écueils)

1.1. La politique de santé publique actuellement mise en œuvre. À l’heure actuelle, la lutte contre l’obésité infantile prend la forme d’une « démarche globale de prévention et d’éducation », recommandée par le Programme National Nutrition-Santé (PNNS).
Moyens mis en œuvre pour cela : de nombreux documents largement diffusés auprès des professionnels de santé comme du grand public ; pour les professionnels de santé des outils facilitant un dépistage et une prise en charge précoces du risque d’obésité, et un logiciel mis à leur disposition pour faciliter le diagnostic et le lien avec les autres professionnels et les familles.
Également, une implication accrue des collectivités territoriales (au travers de chartes spécifiques), un engagement des industriels sur la composition de leurs produits (au travers de chartes de qualité).
Décret et arrêté du 27 février 2007 (sur les messages publicitaires et promotionnels en faveur de certains aliments devant être accompagnés d’informations à caractère sanitaire). Pour les enfants, compte tenu de leurs possibles difficultés de lecture, les messages sont délivrés oralement en « encadrement » des pages publicitaires concernées. Dans un document émanant du Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports (publié dans le JO Sénat du 06/03/2008, p. 449), on peut lire que « plusieurs études réalisées par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) montrent une très grande acceptabilité d’une information sanitaire dans les messages publicitaires en faveur des boissons avec ajouts de sucre, de sel ou d’édulcorant de synthèse », et que « chez les jeunes, les résultats en termes de mémorisation, compréhension et agrément sont très largement positifs ». Résultats « bruts », en quelque sorte, j’y reviendrai. Pourtant, l’obésité infantile ne recule pas. Pourquoi?

1.2. Les limites pratiques de la prévention. Entre sa naissance et 6 ans, un enfant bénéficie de 20 consultations médicales, prises en charge à 100%. (Tous les mois de 0 à 6 mois, puis à 9 mois et à 12 mois, puis tous les 4 mois dans sa 2e année, enfin entre 2 et 6 ans une tous les 6 mois.) Mais à partir de 6 ans, on observe un relâchement. Notamment parce que la prévention et ses moyens ne sont pas, en réalité, toujours bien compris.

1.3. Les disparités territoriales en termes de moyens et des chances d’éviter l’obésité. Si les pédiatres sont nombreux dans les villes universitaires (et donc dans des régions comme PACA ou l’Ile-de-France), leur présence diminue à mesure qu’on s’en éloigne. En outre, l’évolution démographique conduit les pédiatres à déserter certaines zones ou villes, où prédominent nettement les personnes proches de la retraite ou au-delà. (Par exemple, depuis le 31 décembre 2008 il risque de ne plus y avoir de pédiatre à Montluçon.) Comment réduire l’effet de ces écueils ?

1.4. Recourir à l'interdiction est parfois nécessaire pour être efficace... Et la puissance publique, à l'occasion, sait en tenir compte. Depuis la rentrée 2005, les distributeurs automatiques de produits alimentaires ont ainsi été supprimés dans les établissements scolaires.


Les dangers, pour les personnes atteintes et dans la façon de prendre en charge l'obésité infantile

2.1. Un mal qui « ne lâche pas prise » facilement une fois qu’il a « mordu ». Pour 80% des enfants de plus de 10 ans qu’elle atteint, l’obésité persiste à l’âge adulte. En effet, l’organisme en pleine croissance des enfants reste marqué à vie par les premières habitudes alimentaires.

2.2. Un impact lourd sur la santé. Des complications métaboliques : diabète de type 2, à long terme athérosclérose (dégradation des artères), complications orthopédiques (notamment problèmes au niveau des genoux)… Des complication psychologiques peuvent s’y ajouter (perte de l’estime d soi…).

2.3. Le danger d’une approche réductrice ou « unidimensionnelle » de l’obésité. L’obésité est un phénomène complexe : difficile de dire une fois pour toute dans quelle mesure on « naît obèse » et dans quelle mesure on le devient. Plusieurs facteurs se conjuguent : alimentation (alimentation trop riche), prédisposition génétique, dans certains cas causes psychologiques (deuils par exemple, vulnérabilité particulière au marketing alimentaire et à ses dérives…). À quoi s’ajoutent, on l’a vu, des facteurs environnementaux (qualité de la présence médicale dans la zone géographique où l’on vit) et sociaux.

2.4. Le risque de l’assoupissement sous l’effet de textes rassurants à peu de frais et à l’efficacité pratique incertaine. L’existence de « chartes » ou de documents écrits ne porte, en soi, aucune garantie quant à la réalisation de leur contenu. Elle ne saurait donc exonérer de mesures concrètes, trouvant immédiatement une traduction pratique. Sous peine de laisser les modalités d’action les plus efficaces se perdre et se diluer, entre écrans de fumée et de déclarations de bonnes intentions.
Par exemple, la charte signée le 18 février dernier par les publicitaires et professionnels de l’audiovisuel, prévoyant notamment la diffusion d’émissions sur la nutrition – mais pas de suppression des publicités en cause. Les associations (…) posent avec bon sens la question suivante : contre le déferlement quotidien de publicités non régulées, quelle protection apporteront de trop rares spots éducatifs, diffusés de loin en loin (j’ajoute : et dont rien ne garantit que les téléspectateurs les regarderont et ne « zapperont » pas) ?
Au-delà, on peut craindre qu’une charte de cette nature ait aussi – surtout ? – pour objectif d’éloigner toute idée de réglementation des publicités alimentaires. Menacé, peut-être : l’amendement 552 à la loi sur l’hôpital, dont la discussion à l’Assemblée devrait intervenir la semaine prochaine, et qui vise à interdire pendant les programmes jeunesse la diffusion de publicités pour les produits trop gras ou trop sucrés. Une mesure d’encadrement largement soutenue par l’opinion publique, ainsi que par l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), et par un récent rapport parlementaire (rapport de la mission parlementaire d’information sur la prévention de l’obésité, présenté le 30 septembre 2008 par Valérie Boyer devant la Commission des affaires familiales et sociales de l’Assemblée nationale).


Des pistes pour aller plus loin, plus efficacement


3.1. Renforcer la prévention de manière à ce que toutes les familles y aient davantage recours. Si l’on n’a pas de bon pédiatre près de chez soi, on peut très bien s’adresser à son médecin généraliste. Les actes de base du suivi médical sont simples : peser, mesurer, faire les courbes. Cela permet de définir l’indice de masse corporelle (IMC) de l’enfant. (Entre 2 et 6 ans, la masse corporelle doit rester stable. Si la courbe de corpulence s’écarte trop en hauteur, alors on a un risque de passage à l’embonpoint, puis à l’obésité.) Dans le carnet de santé, à chacun des grands âges de la vie de l’enfant, tous les repères sur le plan nutritionnel sont marqués. Faire connaître (ou rappeler) ces outils de base de la prévention, à la portée de tous, doit être une priorité – en liaison avec l’information sur les risques.

3.2. Coupler information sur les « bonnes pratiques » alimentaires du point de vue nutritionnel, et information sur les « bonnes pratiques » alimentaires du point de vue du budget familial. J’ai déjà eu l’occasion d’insister pour que l’on associe ces deux aspects des choses, lors d’une réunion à laquelle je participais cet automne dans l’établissement scolaire où je travaille (situé en Zone d’éducation prioritaire).
Les documents édités par le Programme Nutrition Santé (PNS) proposent 9 repères en matière de comportement alimentaire : au moins 5 fruits et légumes par jour ; de la viande, du poisson et des œufs, 1 à 2 fois par jour ; des féculents à chaque repas ; 3 ou 4 produits laitiers par jour ; de l’eau ; consommer sucre, matières grasses et sel en quantité limitée ; une heure d’activité physique pour les enfants.
Or, avec l’augmentation du coût de la vie et l’érosion du pouvoir d’achat des ménages (accentuée par la crise économique actuelle), il peut paraître de plus en plus difficile de respecter les conseils de nutrition élémentaires (composition, voire fréquence des repas).
Cependant, il existe des moyens de limiter le coût de l’alimentation tout en veillant à la qualité de celle-ci sur le plan nutritionnel. Par exemple en misant sur des fruits et légumes de saison, ou encore en conserves ou en surgelés (aussi valables sur le plan nutritionnels, et en général moins cher). Ou, autre exemple, en « redécouvrant » des féculents comme les lentilles. L’information, la mutualisation des savoirs (y compris entre des générations aux cultures alimentaires différentes) dans ce domaine apparaissent aujourd’hui comme des priorités pour faire reculer l’obésité y compris dans les milieux sociaux défavorisés. Dans les établissements scolaires, des « forums santé » organisés par exemple dans les endroits où les parents d’élèves attendent d’être reçus par les enseignants le jour de la remise des bulletins, y contribuent avec succès.

3.3. Pour mieux « neutraliser » les disparités sociales et géographiques, et les vulnérabilités spécifiques des enfants et des adolescents, oser recourir aux mesures fortes que cela exige.

Trois exemples.
Pour les entreprises vendeuses de produits avec ajout de sucre, le rapport propose d’augmenter la taxe sur ces publicités (en la portant de 1,5% à 5%) et de supprimer l’exonération dont ces produits peuvent profiter.
Autre exemple : supprimer les confiseries disposées au niveau des caisses dans les supermarchés, et qui exercent sur les enfants une tentation très forte quand celles-ci sont surchargées.
Enfin, comme le propose le rapport, la publicité pour les produits de « grignotage » et les boissons sucrées devrait être interdite dans les programmes télévisés largement regardés par les enfants et par les adolescents. En effet, 60 % des enfants regardent le petit écran tous les jours en rentrant de l’école, et 3⁄4% d’entre eux avouent préférer les produits promus à la télévision plutôt que ceux ne bénéficiant d’aucune pub. Les parents sont plus de 80 % à acheter les produits vus à la télévision et réclamés par les enfants. Comme le souligne la Société française de nutrition, la publicité pour les boissons et produits alimentaires trop gras, trop sucrés ou trop salés contribue ainsi à l’obésité infantile.
C’est le sens de l’amendement 552 à la loi sur l’hôpital : renforcer la protection des enfants et des adolescents par l’encadrement strict de la publicité en faveur des produits à forte teneur en sucres ou en matière grasse et d’édulcorants de synthèse et en donnant au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le soin de définir les émissions qui seront concernées. En Angleterre par exemple, cela se fait depuis déjà un an et demi.


Agir pour faire reculer l'obésité infantile, c'est prendre à bras le corps des enjeux aujourd'hui au coeur de l'action politique. La solidarité entre les générations, la santé des générations « montantes » et à venir, la qualité de leur environnement (y compris, en l'occurrence, télévisuel) et du rapport qu’ils entretiennent avec lui (accepte-t-on que cet environnement mette en danger leur santé ? ou même, à terme, les ampute d'une partie de leur capacité à s'y déplacer ?)… Autant d'enjeux qui relèvent du combat pour le pouvoir-vivre !
C’est pourquoi, les députés étant appelés à discuter l'amendement 552 la semaine prochaine à l'Assemblée nationale, j’ai écrit aujourd’hui au député de notre circonscription, M. Patrick Beaudouin, pour lui demander quelle est sa position sur cette importante question de santé publique. Et en particulier, pour m'associer à l'appel des 40 associations signataires et lui demander de voter pour la suppression, au cours et autour des « émissions dont une partie importante du public est constituée d’enfants et d’adolescents », des publicités portant sur « des boissons et des produits alimentaires manufacturés avec ajout de sucres, matières grasses, ou édulcorants de synthèse ».
Sur des questions de cette nature, qui doivent échapper aux clivages partisans, nos concitoyens doivent plus que jamais pouvoir trouver chez leurs élus réceptivité et fermeté!