mardi 30 juin 2009

Val-de-Marne : TPE et PME, des acteurs clé du territoire à ne pas « laisser tomber » face à la crise


Cela devait finir par arriver, les PME et les TPE (très petites entreprises) val-de-marnaises ne sont pas épargnées par la crise
. Certes, notre département a un temps bénéficié d’une sorte de répit (comparé à Paris ou aux Hauts-de-Seine). D’une part, les difficultés économiques se sont d’abord réparties et « diluées » dans le tissu économique val-de-marnais, très diversifié (voir mon post du mercredi 1er avril Val-de-Marne : les « forces vives » en première ligne face à la crise). D’autre part, les TPE et PME val-de-marnaises satisfont des besoins essentiellement locaux, ce qui a retardé d’autant l’impact du ralentissement de l’économie mondiale.
Mais la situation se tend bel et bien. Quelques chiffres : +9% de défaillances d’entreprises par rapport à juin 2008 (au total, 363 défaillances enregistrées depuis cette date) ; recours au chômage partiel multiplié par 8 ; nombre de demandeurs d’emploi en hausse de 18,8%.
Concrètement, depuis plusieurs semaines, les carnets de commande des entreprises diminuent, et les demandes de délais de paiement augmentent (il y en a eu 3 fois plus au premier trimestre 2009 qu’au premier trimestre 2008).

Or, les TPE et les PME constituent pour notre département et pour sa vitalité des acteurs stratégiques, qu’on ne saurait « laisser tomber ». Naturellement, pour des raisons de solidarité évidentes.
Mais aussi en raison de la structure du tissu économique val-de-marnais : les Très petites entreprises et les PME représentent… 98% de celui-ci !
En outre, ces entreprises recèlent un potentiel d’innovation précieux. À Saint-Maur par exemple, Alain Custey (carrossier, présent mercredi dernier à Saint-Mandé lors de la soirée d’échange de cartes de visite organisé par la CGPME 94) s’est mis à réparer les véhicules trop accidentés que l’on envoie d’habitude directement à la casse après un sinistre.
À cela s’ajoutent les défis liés à l’intégration du Val-de-Marne dans le futur « Grand Paris » / « Paris Métropole ». Des défis qui exigent une transformation de notre département déjà engagée sur de nombreux plans (offre immobilière, transports, environnement sur le lieu de travail…) évoqués lors de la réunion publique qui s’est tenue jeudi dernier à l’Agence de développement du Val-de-Marne à Ivry-sur-Seine, devant un public essentiellement composé de cadres, de dirigeants et de créateurs d’entreprises. J’aurai l’occasion d’y revenir dans les mois qui viennent.



Dans ce contexte, « ne pas laisser tomber » les TPE et les PME, qu’est-ce que ça veut dire, concrètement?

Porter conseil ou secours aux entreprises en difficulté. Au niveau du département, la Chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne (CCIP) a mis en place depuis novembre dernier un plan d’urgence pour les PME (qui peuvent obtenir aide et conseil pour faire face à leurs difficultés en appelant le 0820.012.112), et un dispositif appelé « Tiers de confiance de la médiation » permet aux sociétés privées de concours bancaires d’accéder au crédit. Des dispositifs auxquels 89 entreprises ont eu recours depuis octobre 2008 (surtout des très petites entreprises dans le secteur du commerce de détail et des cafés-hôtels-restaurants).

Répondre aux besoins d’accompagnement des porteurs de projet val-de-marnais et favoriser l’initiative. C’est par exemple le but du « Forum de l’entreprenariat », dont la 11e édition s’est tenue le 11 juin dernier à Créteil (à l’initiative du Conseil général, de la CCIP du Val-de-Marne, de la Chambre des métiers et de l’artisanat du Val-de-Marne, et de l’Université Paris XII). Parmi les questions traitées : entreprendre dans l’économie sociale et solidaire ; les aides et accompagnements à la création d’une entreprise innovante ; les jeunes et l’entreprenariat ; créer une entreprise artisanale ; la reprise d’entreprise, une autre façon de créer.
Avec une nouveauté : le lancement de l’opération « Entreprendre dans les quartiers prioritaires du Val-de-Marne ». Il s’agit de favoriser l’émergence d’une nouvelle dynamique économique dans les quartiers en difficulté, de sensibiliser les jeunes qui y résident à l’entreprenariat tout en démythifiant ses exigences (il n’est pas forcément nécessaire d’avoir beaucoup d’argent ou bac +8 pour créer sa société) ; et de proposer un accompagnement spécifique et gratuit aux personnes souhaitant s’installer dans ces territoires (zone franche urbaine du Bois-l’Abbé - les Mordacs à Champigny, zone de redynamisation urbaine quartier sud - Grand Ensemble à Alfortville…).

Permettre aux entreprises de suivre les transformations du territoire val-de-marnais et d’anticiper sur les potentialités dont elles sont porteuses (développement de puissants pôles d’activité et de vie comme le projet « Ivry confluences », le pôle Orly – Rungis - Seine amont, le projet « Cœur d’Orly »…). C’était l’esprit de la rencontre à laquelle j’ai participé à l’Agence de développement du Val-de-Marne jeudi dernier. Dans cet esprit aussi, le Conseil général va, depuis trois mois, à la rencontre des entreprises val-de-marnaises pour expliquer le projet « Orbival » (voir mon post du mercredi 25 mars Val-de-Marne : « Orbival » expliqué aux entreprises).

On peut penser à d’autres pistes encore, évoquées samedi dernier lors de la « Journée PME-TPE » organisée au siège du PS (rue de Solférino), et à laquelle j’ai participé.
Par exemple : pérenniser le poste de médiateur du crédit et élargir ses moyens de contrôle ; créer temporairement un pôle d’investissement public, en complément du système bancaire privé, pour soutenir les entreprises viables mais fragilisées ; créer (dans les mêmes conditions) un pôle financier public pour assurer un déblocage du crédit aux PME et obliger par cette concurrence les banques privées à reprendre l’initiative ; surveiller les pratiques des assurances crédits et des agences de notation (qui peuvent signer l’ « arrêt de mort » d’une entreprise en quelques semaines sans avoir à rendre de comptes).
Ou encore, encourager la mutualisation de moyens par bassin d’emplois (pour créer des emplois, ou financer des missions de conseil juridique et financier aux PME en difficulté…) ; assouplir les dates de règlement pour les commerçants dont le stock a une faible rotation (ameublement, gros électroménager…) ; favoriser l’emploi des jeunes au travers de l’apprentissage notamment chez les artisans (en s’assurant que les contrats d’embauche sont bien en CDI pour éviter l’ « effet d’aubaine ») ; pour les PME mettant en œuvre une stratégie d’innovation, élargir aux dépenses liées à celle-ci l’assiette du crédit impôt recherche ; encourager le regroupement de PME pour répondre aux appels d’offre de marchés publics (dont elles sont aujourd’hui exclues)…

En résumé : informer, sécuriser, encourager l’initiative, l’innovation et les synergies. Mais aussi se méfier des « mirages », ou des « miracles périlleux », comme le fameux statut d’ « auto-entrepreneur » - qui n'est pas sans dangers sur plusieurs plans et sur lequel j’ai contribué à attirer l’attention lors de notre journée de travail sur les TPE-PME.

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