lundi 8 juin 2009

Premier état des lieux après les élections européennes


Au terme d’une journée de reprise avec “prolongations” (le combat pour un service public de l’éducation nationale de qualité, y compris dans les quartiers dits “sensibles”, continue - j’aurai l’occasion d’y revenir très prochainement !), quelques mots sur les résultats des élections européennes. Je m’en tiens à un premier état des lieux : le travail d'interprétation ne fait que s’ouvrir, et vu les résultats en question, mieux vaut s'en acquitter avec soin !


1. Nette victoire des droites européennes.

Le PPE (Parti Populaire Européen), majoritaire dans le Parlement sortant, voit sa position au sein de celui-ci encore renforcée pour la prochaine législature. La droite arrive en première position en Allemagne (38% des voix soit un recul par rapport à 2004, mais mieux que le SPD qui obtient 20,8%) ; en Grande-Bretagne (29%, contre 15% pour le Parti travailliste) ; en Espagne (42%, mais le Parti socialiste obtient tout de même 38,7 %) ; en Italie (35% pour le parti de Silvio Berlusconi, qui espérait cependant 40%) ; en Pologne (le parti libéral Plateforme civique au pouvoir obtient 45,3%, le parti conservateur Droit et Justice 29,5%) ; en Belgique (avec les chrétiens-démocrates flamands), au Portugal (33,07%) ; en Bulgarie, en Lituanie, en Lettonie, en Slovénie, à Chypre.
Force est de le constater, le tour de force qu’a constitué l’élaboration du Manifesto n’a guère convaincu, sinon enthousiasmé, nos concitoyens. A-t-il détourné, pour une raison ou pour une autre, de ceux qui le portaient une partie des électeurs progressistes ? A-t-il simplement laissé indifférent ? A-t-il été mal utilisé par ceux qui s’en étaient dotés comme d’un “sésame” pour un Parlement européen à majorité progressiste, avec comme pivot un PSE fort ?


2. En France, l’UMP-Nouveau Centre seule dans une droite asséchée, le PS très bas au sein d’une gauche qui bouge, et même… bouillonne !

En valeur absolue, le score de l’UMP-Nouveau Centre au niveau national est très bon. Avec 27,8%, la droite gouvernementale obtient son meilleur score aux élections européennes depuis trente ans. Un score d’autant plus impressionnant que l’écart avec le PS (plus de 10 points) est énorme. Problème : il est tout aussi évident que sept électeurs sur dix ont rejeté ceux qui se présentaient comme les VRP de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement. Alors que l’échec de la politique « sarkozienne » en matière de sécurité commence à se faire sérieusement sentir – travaillant en Seine Saint-Denis, je suis bien placé pour le savoir -, cela n’est guère rassurant pour la droite, qui par ailleurs ne dispose guère de réserves de voix dans le camp conservateur.
À gauche, c’est tout l’inverse. Le PS (16,5 %) – deuxième au national mais qui fait jeu égal avec « Europe-Ecologie » (16,3 %) - , est historiquement bas au sein d’une gauche qui, elle, bouge et même bouillonne. Avec la spectaculaire percée des listes emmenées par le trio Daniel Cohn-Bendit-Eva Joly-José Bové, et dans la prédominance du « Front de Gauche » (qui revendique une culture de gouvernement et une culture fondamentalement républicaine) sur le NPA, la transformation du paysage politique pressentie au fil de cette campagne (voir mon post du dimanche 31 mai) semble se confirmer. Reste à savoir s’il est plus juste, pour cette partie du paysage politique, de parler de « gauche » ou d’ « arc progressiste » : derrière les mots, les enjeux ne sont pas minces.


3. À Vincennes…

À Vincennes, les résultats sont les suivants : l’UMP-Nouveau Centre obtient 32,6% des voix, « Europe Ecologie » 26,2%, le PS 12,3%, le Modem 9,9%, et le « Front de Gauche » 3,7%. Comme un écho terriblement amplifié des messages reçus, comme militant socialiste, au fil de la campagne (voir notamment mon post du dimanche 24 mai).
S’agissant de l’interprétation de ces résultats au niveau local (ville, circonscription, département), j’attends beaucoup des échanges dont nous prendrons vraisemblablement le temps avec les militants de notre section, de notre fédération, et peut-être - ce qui serait une première façon de prendre pleinement en compte ce résultat - avec nos concitoyens.


4. Un espace politique progressiste ouvert et riche d’avenir – mais exigeant !

Finissons pour ce soir sur une note positive. Il y a lieu de le faire... pour peu qu’on envisage le résultat des élections européennes en France du point de vue des aspirations manifestées par nos concitoyens à travers leur vote (et non plus seulement en termes de scores enregistrés par chaque liste).
Le scrutin de dimanche fait apparaître un espace progressiste ouvert (en l’absence d’un parti hégémonique), et qui recèle un potentiel de mobilisation considérable (en témoigne l’ampleur de la percée réalisée par « Europe Ecologie »). Mais aussi, un espace progressiste marqué par une grande exigence en matière de construction d’un projet politique.
Quelle formation politique (ou, au cas où se nouerait rapidement un partenariat de travail quelles formations politiques) saura (ou sauront) intégrer cette réalité et les règles du jeu dont elle est porteuse ? Qui saura, dès les semaines ou les mois qui viennent, donner des gages de sa capacité à prendre à bras le corps les exigences qui s’y expriment ?
Commencer à répondre, c’est peut-être d’abord, pour nos eurodéputés, prendre ses responsabilités afin de tourner la page de la commission Barroso… Une bataille nécessaire, capitale pour l’avenir immédiat de l’UE, mais qui exige de trouver les chemins d’une majorité progressiste – et d’articuler une telle majorité.

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