vendredi 26 juin 2009

Pour le service public de l'Education nationale : rassemblement demain matin à Créteil


Depuis mardi, l’Education nationale a un nouveau ministre
. Il s’agit de Luc Chatel, ancien secrétaire d’Etat à la Consommation et au Tourisme et ancien secrétaire d’Etat à l’Industrie et à la Consommation. Il succède à Xavier Darcos, affaibli notamment par l'enlisement de la réforme du lycée.
Son successeur hérite d’une feuille de route qui comporte, parmi d'autres objectifs, 16 000 suppressions de postes dans l’Education dans le cadre du budget 2010.
Certes, M. Darcos s’est efforcé de “flouter” la réalité qu'implique ce choix en l’habillant d’explications techniques (“Il s’agit de 600 postes d’agents admnistratifs et de 14000 postes d’enseignants stagiaires affectés en institut universitaire de formation des maîtres ou équivalent pour l’enseignement privé (à hauteur de 1400)” expliquait-t-il dans La Tribune du 24 juin).

À la lumière crue de l’expérience de terrain, la cruauté de cette amputation apparaît toutefois clairement. De même que son caractère aberrant, au regard du discours même des représentants du Ministère de l’Education nationale. En jeu ? L’égalité des chances de réussite scolaire et les marges de manoeuvre pour innover efficacement dans la poursuite de cet objectif - compte tenu des évolutions du public scolaire. Mais aussi la crédibilité de l’Education nationale - ressort clé de l’investissement des élèves dans leurs études (voir mon post du vendredi 26 décembre 2008).
Récemment, lors d’un échange avec un Inspecteur d'académie, je me suis entendu expliquer, ainsi que mes collègues avec qui nous protestions contre la fermeture d’une classe, qu’il est important, lorsqu’on exprime des besoins en matière de moyens, de tenir compte du contexte dans lequel cette demande s’inscrit.
Nous nous sommes entendus recommander la lecture de sociologues et de démographes, et expliquer qu’une baisse démographique laisse présager une baisse imminente des effectifs à l’entrée au collège. Volontiers lecteur de sociologues et d’économistes, j’ai pu répondre que, sauf à pratiquer une lecture à trous, leurs textes permettent : 1) de reconnaître un raisonnement “toutes choses égales par ailleurs” et d'en apprécier la pertinence ; 2) de comprendre que l’environnement d’un établissement scolaire et des élèves, ce n’est pas seulement une réalité démographique, mais aussi - entre autres - une réalité économique, sociale, et humaine, durement marquée par une dramatique aggravation du chômage pour les parents, les grands frères ou grandes soeurs ; 3) qu’en matière de chances de réussite scolaire, les effets de contexte (taux de réussite scolaire et professionnelle dans l’environnement quotidien) jouent à fond, rendant suicidaire un raisonnement sur des bases exclusivement démographiques, tout particulièrement dans la crise sévère que nous connaissons.

De telles considérations cadrent mal avec la gestion essentiellement comptable de l’éducation pour laquelle la droite a opté depuis maintenant un certain temps. Une gestion face à laquelle, il faut bien le reconnaître, la gauche - et le PS en particulier - peine aujourd’hui encore à proposer un projet alternatif. En septembre 2009, la journaliste Christine Garin constatait ainsi qu’ “obnubilés par leur prochain congrès, à Reims en novembre, les socialistes n’[avaient] pas vu passer la rentrée scolaire traditionnellement propice aux retrouvailles entre leur parti et le monde enseignant” (“Le PS et les enseignants, la désillusion”, Christine Garin, Le Monde du 20 septembre 2008).

Une forme d’ “autisme” dont, comme militant “de base”, j’ai pu faire l’expérience à l’époque. En effet, avec des camarades de Vincennes, Saint-Mandé et Fontenay-sous-Bois, nous avions alors lancé un appel à la vigilance et à un véritable travail en réseau, au plus près des réalités locales (voir ci-contre). Malheureusement, cette initiative n’avait été que faiblement relayée, les responsables locaux étant accaparés par la préparation du Congrès. (De quoi réfléchir, peut-être, sur les modalités d’organisation de ces temps forts de la vie du PS.)
Depuis quelques mois cependant, le PS semble désireux de prendre de nouveau à bras le corps les problématiques de l’Education, en vue de construire un projet en la matière (voir mon post du mercredi 8 avril 2009).


En attendant, le “passage à la moulinette” du service public de l’Education nationale a bel et bien suivi son cours durant cette année scolaire, et s’annonce tout aussi vigoureux pour la suivante. Entre autres : suppression de 13500 postes dont 3000 Rased, réduction des heures d’enseignement, remise en cause de la scolarisation des 2-3 ans et de la maternelle publique et gratuite...
Force est de constater après coup que le bilan est lourd. Et aussi - même si cela ne saurait suffire - de manifester notre opposition à cette politique durement subie ceux qui étudient et travaillent dans la plupart des établissements scolaires publics. Par exemple, en participant au rassemblement organisé demain à 11 h devant le rectorat de Créteil, à l’initiative de plusieurs syndicats enseignants et de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves des écoles publiques FCPE (voir invitation ci-dessous).



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