Dans une semaine, nous élirons nos représentants au Parlement européen. Qu’on hésite encore (y compris à aller voter), ou qu’on ait arrêté son choix (et même, comme c’est mon cas, qu’on cherche à le faire partager !), une méthode sûre pour bien choisir : écouter, et comparer.
C’est en tout cas ce que je me suis astreint à faire depuis le début de cette campagne (y compris avant l’ouverture de la campagne officielle), et que je continue à faire.
À cela, je suis conduit aussi par une réalité : le paysage politique dans lequel s’inscrit aujourd’hui le PS, et dans lequel celui-ci doit faire entendre ses propositions, connaît actuellement d'importantes transformations.
À gauche, formation d’un pôle de radicalité (le "Front de Gauche") porteur d'une certaine dynamique qui, contrairement au NPA et à Lutte ouvrière, revendique haut et fort sa culture républicaine donc sa volonté de jouer, le cas échéant, son rôle de parti de gouvernement.
Positionnement en partie actualisé des Verts, au sein du front constitué à travers les listes “Europe Ecologie” : outre un partenariat pleinement assumé avec le monde associatif, l’affirmation que s’impose le retour à un civisme intransigeant en matière de circulation des richesses au niveau international (c’est le message fort attaché à l’engagement d’Eva Joly).
Transformation enfin de l’électorat du "Modem" en même temps que de François Bayrou, dans l’exigence républicaine forte autour de laquelle ils semblent se retrouver. Au point que dans Le Nouvel observateur de cette semaine, Jacques Julliard, qui avait durement critiqué M. Bayrou lors de la dernière présidentielle, parle à son sujet d’une “véritable métamorphose”. Et estime que “le démocrate-chrétien ondoyant et divers du passé a fait place à un républicain pur et dur”, dont il “ne voi[t] pas ce qu’un Jean-Pierre Chevènement pourrait trouver à redire à son dernier livre”.
Mais revenons à la campagne des européennes. Ecouter donc, et comparer.
Jeudi soir, j’étais à Cachan pour une réunion publique à laquelle devaient initialement participer Alain Lipietz (eurodéputé “Vert” sortant) pour la liste Europe Ecologie, Joseph Rossignol (maire de Limeil-Brévannes) pour la liste “Front de Gauche”, et Marie-Noëlle Lienemann pour la liste PS (finalement excusée).
Une réunion intéressante, avec l’éclairage technique que son expérience d’eurodéputé permet à Alain Lipietz d’apporter. Particulièrement éclairants : des échanges sur ce qui relève réellement du Parlement européen, y compris à l'intérieur d'un même domaine (énergie-environnement, social...), au-delà de l'idée que "70 à 80% des lois nationales viennent de l'Union européenne".
Vendredi soir, je participais à Vincennes au meeting organisé par notre section. L’invitée était Pervenche Berès. J’ai pris plaisir à retrouver, à nouveau rassemblés, beaucoup de camarades des trois villes de notre circonscription (Fontenay-sous-Bois, Saint-Mandé, Vincennes) avec qui nous avions beaucoup travaillé ensemble pour les dernières élections législatives et présidentielle. Au programme : quelle politique européenne pour sortir de la crise économique et financière ? quelle politique pour une Europe sociale préservant les services publics ?
J’ai trouvé Pervenche Berès meilleure qu’elle n’avait été au FIAP. Toujours à l'aise pour parler de son travail d'eurodéputé (qu'elle assume depuis 1994). Mais surtout plus percutante dans l'exposé de notre programme. Cela me conforte dans une conviction : certes le PS n’a guère réussi jusqu’à présent à faire émerger un cap clair et net, donnant à son programme une orientation aisément identifiable ; mais la richesse et la pertinence dudit programme, joint au sentiment croissant de l’enjeu chez ses porte-parole et peut-être chez nos concitoyens, peuvent tout à fait compenser d’ici le 7 juin cette lacune. Et permettre à nos listes d’arriver, le 7 juin, à la hauteur de l’UMP - voire mieux.
Une satisfaction aussi : le discours sans fausse pudeur de notre camarade sur le scandale des Centres de rétention administrative (CRA), dans lesquels le traitement réservé aux migrants s'est trouvé aggravé par la "directive retour" (aussi appelée "directive de la honte"). Les habitués de ce blog savent l'intérêt que je porte à cette question (voir billets du mercredi 22 avril et du jeudi 23 avril).
Un seul regret : la réunion s’étant terminée assez tôt (au profit d'un moment de convivialité appréciable à ce stade de la campagne !), le jeu des tours de parole ne m’a pas permis de poser une question qui me tenait à coeur. Le plafonnement actuel des intentions de vote en faveur du PS tient en partie à l’abstentionnisme et à la défection des “jeunes” (peu mobilisés ou attirés par d’autres listes que les nôtres). Si peu de jeunes étaient présents dans la salle, en revanche la plupart des personnes présentes étaient des militants actifs, dont certains retourneraient dès le lendemain sur le terrain pour mobiliser les électeurs.
À une semaine du vote, quelle idée force mettre en avant (dans les quelques secondes que durent en moyenne les échanges que nous avons quand nous distribuons nos tracts) pour donner, aux yeux des jeunes électeurs, du sens à la mobilisation pour nos listes - sans mentir sur ce qu’il est possible de faire dans le cadre du parlement européen, à partir de la situation existante (processus de Bologne), et dans le cadre d’une législature ?
Mon état d’esprit au terme de ce week-end : d’ici le 7 juin, nous pouvons encore revenir à hauteur de l’UMP - voire la dépasser. En particulier si nous savons mobiliser et convaincre de voter pour nos listes nos jeunes concitoyens - aujourd’hui attirés par un vote plus radical -, et nos sympathisants exigeants - à juste titre - qui souhaitent nous entendre porter un projet solidement articulé et clairement orienté. C’est, du moins, ce que j’ai ressenti dans les échanges que j’ai pu avoir samedi après-midi, rue du Midi, et ce matin rue de Fontenay.
Pour cela : savoir dire clairement à quelle Europe nous entendons donner corps (ou contribuer à donner corps) depuis le Parlement de Strasbourg ; et oser mettre en avant les points de radicalité, moteurs de ce travail, dont notre programme réformiste est porteur. Je tâcherai de le faire dans les jours qui viennent. Pour l'heure, je vous renvoie à l'outil de comparaison des programmes mis en ligne sur lemonde.fr .