lundi 18 mai 2009

Européennes : pour la "2e mi-temps", soyons mobilisés, clairs... et ouverts !


Campagne des européennes oblige, ce week-end a fait pour moi une large place à l’Europe
, aux enjeux qui la travaillent aujourd’hui, aux projets avancés pour y répondre. Aux échanges avec nos concitoyens aussi - à Vincennes samedi et dimanche, à Paris vendredi soir.
À trois semaines des élections au parlement européen, c’est la dernière ligne droite qui s’ouvre. Et qu’il s’agit d’aborder avec vigueur ! L’heure n’est plus tant à la formation des militants, “entre soi”, sur les enjeux actuels de la construction européenne, qu’à la confrontation publique des projets et au dialogue, le plus large et direct possible, avec nos concitoyens.


Vendredi soir, j’ai profité d’une invitation de dernière minute pour assister à la “Soirée nationale d’interpellation des listes candidates” organisée à l’initiative d’Attac au FIAP (dans le 14e arrondissement).
L’objectif : clarifier les enjeux de cette élection et ceux de la construction européenne aujourd’hui, à travers une rencontre entre listes candidates et citoyens.

Le principe : un représentant par liste ayant accepté de se prêter au “jeu” ; quatre thématiques abordées à partir d’une question générale ; chaque “porte-parole” répond à cette question générale - assortie d’une question plus spécifique - de manière à faire apparaître les lignes de force du projet qu’il porte.
Sur la tribune, Omar Slaouti (tête de liste du NPA en Ile-de-France), Cécile Duflot (secrétaire nationale des Verts), Patrick le Hyaric (tête de liste du Front de Gauche en Ile-de-France), Pervenche Berès (n°4 de la liste PS en Ile-de-France, eurodéputée depuis 1994, actuellement présidente de la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen), et Nicolas Dupont-Aignan (Président de Debout la République).

Au programme :
- l’Europe face à la crise économique et financière (Emploi et reconversion écologique : pour une action au niveau de l’Union européenne ? avec quels moyens ?) ;
- l’Europe face à la crise sociale (quelle conception de l’ “Europe sociale” ?) ;
- l’Europe face aux enjeux environnementaux (Ecologie, croissance : l’Union européenne doit-elle choisir ?) ;
- l’Europe institutionnelle, institutions et traités (quelle place pour le Parlement européen dans les prises de décision ? jusqu’où respecter la voix des peuples dans le processus de ratification du Traité de Lisbonne ? quel “programme” en cas de non-ratification dudit Traité ?).

Un exercice exigeant. Et des prestations - pour cette raison - éclairantes sur les projets, et plus ou moins révélatrices sur l’ “esprit”, la dynamique propres de chaque liste - du moins à ce moment de la campagne.
Sans revenir ici sur le détail des interventions, disons qu’elles faisaient apparaître trois approches.

L'approche “hyperprotestataire” (avec le représentant de la liste NPA), marquée par une énergie indéniable, mais aussi une véhémence qui faisait vite écran au reste, empêchant de distinguer clairement propositions et perspectives.

L'approche volontariste, porteuse d’une vision (que d’aucuns qualifieront d’ “utopiste”) de l’Union européenne profondément renouvelée et fortement polarisée (autour de la reconversion écologique, de la priorité sociale, ou d’une restitution d’une capacité d’initiative aux nations), et s’appuyant donc sur un réformisme radical. Avec des contenus différents, se retrouvaient dans cette posture les représentants des listes “Europe-écologie”, “Front anticapitaliste”, et “Debout la République”.

Une approche plus en nuances et se voulant manifestement plus réaliste, dictée par l’expérience du parlementarisme européen, la pratique des institutions européennes, et le souci rigoureux de l’expertise - qui sont ceux de Pervenche Berès. Contrepartie : un discours aux arrêtes moins saillantes, une vision aux contours moins nets. Reflet, en réalité, de l’esprit du parlementarisme européen.

Disons-le : à l’issue de cette réunion passionnante, le PS apparaissait comme porteur d’une expertise et d’une compétence incontestables, manifestement utiles dans une Europe aux rouages toujours aussi (plus ?) complexes. Mais l’Europe dont il est porteur, elle, n’apparaît pas encore clairement. Le contraste avec le discours des tenants d’un “réformisme radical” accentuant encore ce sentiment.


Conséquence sur le terrain, où j’étais, samedi après-midi et dimanche matin, à pied d’oeuvre avec d’autres camarades vincennois ? Une réflexion entendue samedi après-midi, rue du Midi, l’illustre assez bien : à ce stade de la campagne, beaucoup de nos concitoyens ont l’impression que le PS ne se sent pas complètement dans son élément naturel dans l’engagement européen ; et que, entré tardivement dans la campagne des européennes, il n’y met guère les moyens en termes de propositions.

Impression ô combien paradoxale, au regard des compétences et de l’expérience dont nous sommes collectivement porteurs en matière de construction européenne ! Au regard, aussi, de l’ambition d’un engagement authentiquement européen qu’illustre le “Manifesto”, plateforme élaborée collectivement par l’ensemble des socialistes et sociaux-démocrates européens. Et qui ne manque guère de contenu (plan de relance européen, bouclier social, salaire minimum, investissements écologiques...) !

À ce paradoxe, dont il nous faut tenir compte, je vois notamment deux explications :
1. Un début de campagne qui a vu le PS placer l'antisarkozysme (certes assorti de son pendant européen, “anti-barroso”) au coeur de son argumentaire. Et ainsi, alimenter l’abondant concert de critiques à forte teneur nationale sans vraiment le dominer (c’est plutôt le fait de François Bayrou actuellement), et finissant par donner l’impression que, tout à une obsession “anti-sarkoziste”, nous nous détournions de l’avenir de l’Europe et des Européens (le syndrôme du “Présider autrement” du candidat Jospin en 2002).
2. Un insuffisant effort pour mettre en perspective et en cohérence nos propositions, en les inscrivant dans une vision clairement articulée de notre avenir européen. Fiers peut-être - à juste titre - du travail accompli avec nos partenaires socialistes et sociaux-démocrates européens pour produire le “Manifesto”, nous avons eu tendance à dire : regardez, nous, nous savons travailler ensemble... sans dire clairement pour quoi. À dire notre efficacité collective - sans indiquer clairement au service de quoi nous entendons la mettre, et quelle Europe elle peut faire advenir. C’est ce que j’appelle l’ “esprit de projet” (voir mes posts du lundi 23 mars, du samedi 4 avril, du mercredi 8 avril, ou encore du mardi 14 avril).
À cet égard, j’ai vu un signe encourageant dans les propos tenus hier par Martine Aubry. La première secrétaire du PS a affirmé ne pas vouloir être "l'opposante numéro un" à Nicolas Sarkozy, mais "la proposante numéro un".


Dans cette campagne, la première mi-temps est donc terminée. Notre jeu y a certes manqué de rythme et d’avancées décisives sur le terrain des propositions, de leur mise en valeur, et de leur identification par l'opinion. Reste toutefois la seconde mi-temps : à nous de redonner rythme et résonnance à notre campagne européenne, de manière à finir en tête du scrutin français. Nous avons les ressources pour cela, j’en suis convaincu. Comment ?

D’abord, en sachant mobiliser plus encore nos militants. En la matière, l’impulsion vient à la fois de Solférino (qui doit d’urgence définir, en termes clairs et simples, l’horizon dans lequel nos propositions prennent sens - et qu’elles entendent ouvrir à nos concitoyens) et de “la base” (volonté des militants, capacité des responsables locaux à la susciter et à l’encourager).

Mais aussi, il faut maintenant ouvrir d’urgence notre campagne sur l’extérieur - et ne surtout pas rester dans l’ “entre soi”. L'ouvrir sur l’Europe (sur ce point, je rejoins Pierre Moscovici). Oublions un peu Nicolas Sarkozy : la campagne européenne est aussi l’occasion, saine, de ramener le personnage à sa juste dimension dans l’ensemble des grandes questions qui se posent à nous aujourd’hui, au plan international !
L'ouvrir sur nos concitoyens : qu’ils aient déjà fait un choix différent du nôtre ou qu’ils réfléchissent encore (ou hésitent à aller voter !), nous ne devons pas avoir peur de les rencontrer - de les écouter - et d’échanger avec eux. Pourquoi ne pas, par exemple, oser organiser des débats publics - au moins avec nos partenaires de gauche ? Quel meilleur moyen de montrer notre capacité d’initiative sur le terrain du débat d’idées, de prouver que nous ne craignons pas la comparaison des projets, et ainsi de faire connaître celui dont nous sommes porteurs, avec nos camarades européens ?







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