La “campagne officielle” des européennes - c’est-à-dire, en pratique, la seconde mi-temps de la campagne - commence. De façon extraordinairement - et scandaleusement - tardive, compte tenu de la date du scrutin (dimanche 7 juin), mais il faut faire avec. Et se démener d'autant plus pour être le plus présents possibles, chacun des 14 prochains jours.
Suivant la double exigence que je me suis fixée pour contribuer le plus efficacement possible à la campagne de ma famille politique, j’étais ce week-end “sur le terrain”, à Vincennes. Samedi au marché Diderot, et dimanche matin rue de Fontenay. (Pas de réunion publique ce week-end, des obligations associatives et des... copies à corriger ne me l'ont pas permis !)
Pour faire connaître le programme des socialistes européens, et battre le rappel pour la réunion publique qu’avec la section de Vincennes nous organisons vendredi prochain (voir invitation ci-contre).
L’occasion aussi, quelquefois, de poursuivre le dialogue noué depuis maintenant plus de deux ans avec des Vincennoises et des Vincennois avec qui nous avons pris l’habitude d’échanger nos points de vue, au fil des campagnes et des rencontres.
Je retiens en particulier cette longue conversation avec deux amis dont le choix - à ce jour - se porte sur la liste du “Front de Gauche”. Des remarques cinglantes, principalement contre l’attitude du PS lors du vote sur le Traité constitutionnel européen en 2005 (encore...), ou quand il a approuvé le traité de Lisbonne. Sur le mode : le PS est dans le même camp que la droite de Nicolas Sarkozy et le PPE, comment le croire quand il crie “stop Sarkozy, stop Barroso” ?
De ma part cette réponse en forme de question, parmi d’autres : quand la CGT et le patronat parviennent à un accord d’entreprise, accusez-vous la CGT d’avoir basculé dans le camp du patronat ?
Car au niveau européen, le travail parlementaire ne se fait pas exactement de la même façon que dans les parlements nationaux. Il y faut des majorités plus composites et larges, y compris en valeur absolue (le Parlement européen comptera 736 députés le 8 juin). Donc un patient et minutieux travail de préparation des textes (directives et amendements) avant qu’ils ne soient soumis au vote des parlementaires. Un travail de l’ordre de la négociation entre partenaires sociaux en vue de parvenir à un accord d’entreprise.
Le texte sur lequel les eurodéputés votent finalement, c’est un peu l’équivalent de l’accord d’entreprise, fruit de négociations serrées nécessairement faites de gains et de concessions, autour duquel partenaires sociaux et dirigeants d’entreprise arrivent à se retrouver - tout en faisant avancer leurs causes respectives.
Avec mes interlocuteurs du “Front de Gauche” toujours, nous nous sommes en tout cas rejoints dans un constat (outre bien sûr celui des excès délétères du PPE): dans une campagne aussi courte, et dans une Union européenne qui souffre d’un déficit démocratique, les débats publics réunissant des représentants de plusieurs listes constituent un "outil" pédagogique privilégié. Et un outil de mobilisation autour du débat européen à ne pas négliger.
Pour faire apparaître plus nettement non seulement les lignes de force de chaque projet, mais sa spécificité par rapport aux autres et la direction dans laquelle il entend faire avancer l’Europe et les citoyens européens.
Ou encore, le cas échéant, pour responsabiliser les eurodéputés en leur demandant des comptes - ou des explications - sur telle ou telle prise de position lors de la mandature écoulée (pour avoir participé à quelques débats de ce type, on est quelquefois surpris de la précision des questions posées).
J’ajoute que le PS en a besoin, pour donner toute sa mesure dans cette campagne. C’est-à-dire montrer de façon convaincante que son choix est celui d’une Europe clairement à gauche. Et faire apparaître - et connaître - l’idée force de son programme.
Un sentiment partagé aussi par des sympathisants qui, à ce jour, s’apprêtent à adresser un avertissement au PS en votant “Modem”. Comme cet Italien habitant Montreuil rencontré aujourd'hui sur le marché.
Répondre à ceux de nos concitoyens qui partagent cet état d’esprit n’est pas facile.
Souligner la très faible teneur européenne du discours du Modem et de ses têtes de liste, tel qu’il est relayé dans les médias ? (Voir à ce sujet l'interview de Vincent Peillon "Trancher entre deux orientations européennes" mise en ligne sur son blog.)
Et ajouter que dès lors, pour aller vers une Europe authentiquement progressiste, mieux vaut voter directement socialiste plutôt que Modem ?
La réponse fuse : "on attend plus du PS", première force d’opposition, et qui doit donc porter un projet clair. Et "voter malgré tout pour le PS aujourd’hui, c’est le priver d’une chance de se réveiller à temps pour les prochains scrutins nationaux".
Malgré tout, s'agissant de la campagne pour les européennes je finis cette semaine avec deux espérances et une conviction.
L’espérance que suffisamment de progressistes exigeants, non acquis à ce jour au vote socialiste, prennent part à nos réunions publiques, pour que ces appels salutaires soient entendus.
L’espérance aussi que les choix de nos concitoyens ne soient pas encore figés - à cet égard, le nombre de Vincennois que j’ai vu ce matin prendre avec soin tous les tracts distribués sur le marché est un signe encourageant. Je souhaite notamment que, d'ici au 7 juin, nous réussissions à faire reculer l'abstention.
Et cette conviction : dans les deux semaines qui nous restent, les socialistes peuvent combler leur retard sur l’UMP, et apporter doublement la preuve qu’ils sont le choix le plus prometteur dès ces élections européennes. En sachant se mobiliser autant qu’ils avaient su le faire lors des dernières campagnes (présidentielles, législatives, municipales, cantonales). Et en donnant un sens clair à l’ensemble de propositions qu’ils portent pour l’Europe.
C’est ce que j’appelle l’ “esprit de projet”, et qu’appellent de leurs voeux de plus en plus de nos concitoyens dans le “camp” progressiste. Y compris, d’ailleurs, Aquilino Morelle (ex-conseiller de Lionel Jospin à Matignon), dont je cite ces propos parus hier dans le journal Le Monde :
“(...) les idées, en réalité, ne manquent pas au PS. Ce qui manque, c'est la capacité à choisir entre elles et à les présenter de façon cohérente et articulée en un projet clair et ferme, un projet qui tranche les grands débats contemporains. Ce qu'il faut, c'est donner un sens à ce projet, c'est-à-dire à la fois une direction et une signification.”
Pour faire connaître le programme des socialistes européens, et battre le rappel pour la réunion publique qu’avec la section de Vincennes nous organisons vendredi prochain (voir invitation ci-contre).
L’occasion aussi, quelquefois, de poursuivre le dialogue noué depuis maintenant plus de deux ans avec des Vincennoises et des Vincennois avec qui nous avons pris l’habitude d’échanger nos points de vue, au fil des campagnes et des rencontres.
Je retiens en particulier cette longue conversation avec deux amis dont le choix - à ce jour - se porte sur la liste du “Front de Gauche”. Des remarques cinglantes, principalement contre l’attitude du PS lors du vote sur le Traité constitutionnel européen en 2005 (encore...), ou quand il a approuvé le traité de Lisbonne. Sur le mode : le PS est dans le même camp que la droite de Nicolas Sarkozy et le PPE, comment le croire quand il crie “stop Sarkozy, stop Barroso” ?
De ma part cette réponse en forme de question, parmi d’autres : quand la CGT et le patronat parviennent à un accord d’entreprise, accusez-vous la CGT d’avoir basculé dans le camp du patronat ?
Car au niveau européen, le travail parlementaire ne se fait pas exactement de la même façon que dans les parlements nationaux. Il y faut des majorités plus composites et larges, y compris en valeur absolue (le Parlement européen comptera 736 députés le 8 juin). Donc un patient et minutieux travail de préparation des textes (directives et amendements) avant qu’ils ne soient soumis au vote des parlementaires. Un travail de l’ordre de la négociation entre partenaires sociaux en vue de parvenir à un accord d’entreprise.
Le texte sur lequel les eurodéputés votent finalement, c’est un peu l’équivalent de l’accord d’entreprise, fruit de négociations serrées nécessairement faites de gains et de concessions, autour duquel partenaires sociaux et dirigeants d’entreprise arrivent à se retrouver - tout en faisant avancer leurs causes respectives.
Avec mes interlocuteurs du “Front de Gauche” toujours, nous nous sommes en tout cas rejoints dans un constat (outre bien sûr celui des excès délétères du PPE): dans une campagne aussi courte, et dans une Union européenne qui souffre d’un déficit démocratique, les débats publics réunissant des représentants de plusieurs listes constituent un "outil" pédagogique privilégié. Et un outil de mobilisation autour du débat européen à ne pas négliger.
Pour faire apparaître plus nettement non seulement les lignes de force de chaque projet, mais sa spécificité par rapport aux autres et la direction dans laquelle il entend faire avancer l’Europe et les citoyens européens.
Ou encore, le cas échéant, pour responsabiliser les eurodéputés en leur demandant des comptes - ou des explications - sur telle ou telle prise de position lors de la mandature écoulée (pour avoir participé à quelques débats de ce type, on est quelquefois surpris de la précision des questions posées).
J’ajoute que le PS en a besoin, pour donner toute sa mesure dans cette campagne. C’est-à-dire montrer de façon convaincante que son choix est celui d’une Europe clairement à gauche. Et faire apparaître - et connaître - l’idée force de son programme.
Un sentiment partagé aussi par des sympathisants qui, à ce jour, s’apprêtent à adresser un avertissement au PS en votant “Modem”. Comme cet Italien habitant Montreuil rencontré aujourd'hui sur le marché.
Répondre à ceux de nos concitoyens qui partagent cet état d’esprit n’est pas facile.
Souligner la très faible teneur européenne du discours du Modem et de ses têtes de liste, tel qu’il est relayé dans les médias ? (Voir à ce sujet l'interview de Vincent Peillon "Trancher entre deux orientations européennes" mise en ligne sur son blog.)
Et ajouter que dès lors, pour aller vers une Europe authentiquement progressiste, mieux vaut voter directement socialiste plutôt que Modem ?
La réponse fuse : "on attend plus du PS", première force d’opposition, et qui doit donc porter un projet clair. Et "voter malgré tout pour le PS aujourd’hui, c’est le priver d’une chance de se réveiller à temps pour les prochains scrutins nationaux".
Malgré tout, s'agissant de la campagne pour les européennes je finis cette semaine avec deux espérances et une conviction.
L’espérance que suffisamment de progressistes exigeants, non acquis à ce jour au vote socialiste, prennent part à nos réunions publiques, pour que ces appels salutaires soient entendus.
L’espérance aussi que les choix de nos concitoyens ne soient pas encore figés - à cet égard, le nombre de Vincennois que j’ai vu ce matin prendre avec soin tous les tracts distribués sur le marché est un signe encourageant. Je souhaite notamment que, d'ici au 7 juin, nous réussissions à faire reculer l'abstention.
Et cette conviction : dans les deux semaines qui nous restent, les socialistes peuvent combler leur retard sur l’UMP, et apporter doublement la preuve qu’ils sont le choix le plus prometteur dès ces élections européennes. En sachant se mobiliser autant qu’ils avaient su le faire lors des dernières campagnes (présidentielles, législatives, municipales, cantonales). Et en donnant un sens clair à l’ensemble de propositions qu’ils portent pour l’Europe.
C’est ce que j’appelle l’ “esprit de projet”, et qu’appellent de leurs voeux de plus en plus de nos concitoyens dans le “camp” progressiste. Y compris, d’ailleurs, Aquilino Morelle (ex-conseiller de Lionel Jospin à Matignon), dont je cite ces propos parus hier dans le journal Le Monde :
“(...) les idées, en réalité, ne manquent pas au PS. Ce qui manque, c'est la capacité à choisir entre elles et à les présenter de façon cohérente et articulée en un projet clair et ferme, un projet qui tranche les grands débats contemporains. Ce qu'il faut, c'est donner un sens à ce projet, c'est-à-dire à la fois une direction et une signification.”
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