dimanche 4 octobre 2009

"Rencontres démocrates" : chronique d'une quinzaine placée sous le signe d’un double défi - renouvellement et démocratie


Retour à mon clavier après une quinzaine chargée. Chargée, et placée sous le signe d’un double défi : renouvellement, et démocratie. Réaliser l’un comme l’autre est décidément un combat! Réaliser l’un et l’autre apparaît souvent, particulièrement ces temps-ci, comme un seul et même combat. Pas plus facile pour autant à bien mener, et à gagner! Bref retour sur une quinzaine exigeante, et instructive, à cet égard.


Mardi 22 septembre, à Créteil : réunion à la fédération du PS val-de-marnais sur les projets “Grand Paris” et “Paris Métropole”. Une réunion intéressante, animée par notre camarade Jean Francheteau (président de la Commission université des savoirs), avec des interventions de Jean-Paul Planchou (vice-prsident de la Région Ile-de-France) et Fabien Ansel (secrétaire fédéral de Paris, membre du cabinet d’Anne Hidalgo, en charge de Paris Métropole et enjeux régionaux). En arrière-plan de chacun de ces projets, une ambition : renouveler les dynamiques et les synergies à l’oeuvre dans la zone constituée par Paris et ses proche et moyenne banlieues. Différence majeure (entre autres) entre ces deux projets : le caractère plus ou moins démocratique de leur élaboration, puis de leur mise en oeuvre éventuelle. J’y reviendrai une autre fois.

Samedi et dimanche derniers : assemblée générale extraordinaire d’Amnesty international (section française), pour élaborer et voter les nouveaux règlement intérieur et statuts de l’association. Un week-end de travail qui se tenait au centre des congrès de la Cité des sciences et de l’industrie à La Villette, et auquel je participais comme délégué de mon groupe (Vincennes, Saint-Mandé, Fontenay-sous-Bois). Parmi les enjeux forts du débat et de la réflexion : comment assurer le renouvellement de l’association (éviter le cumul des mandats dans le temps pour les “cadres”, favoriser l’investissement accru des jeunes...) ? comment garantir une réelle capacité d’expression et d’influence des acteurs de terrain (en particulier les jeunes) ?

Mardi : votation citoyenne sur l’avenir de la Poste, à Pierrefitte-sur-Seine (Seine Saint-Denis). Geste symbolique, à l’heure où, en matière d’intégration républicaine, l’Etat semble désinvestir certaines parties du territoire dont celle-ci. Cela se voit d’ores et déjà en matière de sécurité, tandis que par un système de “vases communicants”, les enjeux de sécurité auxquels sont confrontés les habitants de la Seine Saint-Denis concernent aussi les habitants du Val-de-Marne. En effet, depuis le 14 septembre dernier, la Préfecture de police de Paris (PP) gère elle-même les déplacements des effectifs de police en tenue, non seulement intra muros, mais également dans les Hauts-de-Seine (92), la Seine-Saint-Denis (93) et le Val-de-Marne (94).

Mercredi : AG de rentrée du groupe 96 d’Amnesty dont je fais partie, à Vincennes. Parmi les sujets abordés, bien sûr, la disparition annoncée de la Défenseure des enfants, à la veille du 20e anniversaire de la Convention internationale sur les droits de l’enfant (voir mon post du 24 septembre). Une initiative qui rappelle, de façon cruelle, que le renouvellement du paysage institutionnel se fait aussi quelquefois à rebours des enjeux démocratiques. C’est-à-dire de la capacité de chacun à faire entendre sa voix dans l’espace public – et en l’occurrence, à en devenir pleinement acteur.

Jeudi : à Vincennes, conférence du philosophe et historien Marcel Gauchet (invité à parler de l'éducation par l'association "Rencontres démocrates", à la maison des associations). L'occasion d'échanges très intéressants, notamment sur la place de l'autorité dans l' "école" telle qu'elle est aujourd'hui (institution scolaire, moyens, élèves, communauté éducative...). Profitant de l'occasion pour confronter ma propre expérience à la hauteur de vue et à l'expertise de M. Gauchet, j'ai apprécié de trouver un interlocuteur attentif et précis, au propos simple et riche à la fois. Un sentiment qui m'a paru largement partagé dans l'assistance, dont j'ai regretté de ne pas pouvoir partager la chance jusqu'au bout !
Le même soir à Vincennes, vote militant pour la “rénovation” du PS
. Malgré des réserves sur la formulation ambiguë de certaines questions, et donc leur portée concrète, j’ai le sentiment que cette consultation peut être un point de départ utile. Mais auquel on ne saurait s’en tenir. Au-delà d’une rénovation, tout le monde le sait, c’est une véritable renaissance qui s’impose aujourd’hui au PS. C'est d'ailleurs ce qu'avait affirmé Martine Aubry, dans sa première déclaration comme première secrétaire du Parti socialiste (Déclaration officielle de Martine Aubry, nouvelle Première secrétaire du PS, le 23 novembre 2008). Cette renaissance, elle exige d’oser la radicalité. Autrement dit : savoir aller à la racine, pour parler juste et agir fort.
À la racine du PS, il y a des valeurs, à réexplorer sans cesse pour voir quelles approches, quelles actions concrètes elles appellent dans l’époque présente. Le 150e anniversaire de la naissance de Jaurès (le 3 septembre dernier) en était une belle occasion, à mes yeux manquée par le PS.
À la racine de l’ “appareil” du PS, il y a des sections, des militants, des sympathisants. Dans la nécessaire renaissance du PS, c’est en réalité eux, le levier majeur. La preuve : le questionnaire sur lequel ils viennent de voter. Par leur vote massif pour une transformation en profondeur du PS lors du Congrès de Reims, les militants socialistes ont fait basculer ceux qui s’opposaient à cet élan... dans la démarche qu’il appelait. Essai marqué : à transformer... si l’aptitude à la radicalité est encore dans les “gènes” du PS.
À la racine des réalités sociales - et pas seulement des votes -, il y a des personnes. Il y a urgence à leur refaire une place majeure dans notre travail... ce qui implique de prendre le temps de les rencontrer, et pas seulement en période de campagne électorale !

Samedi après-midi, à Vincennes, accueil de nos concitoyens désirant s’exprimer sur l’avenir de la Poste (dans le cadre de la “Votation citoyenne”), au côté de camarades communistes, verts, « Parti de gauche », et d’autres socialistes bien sûr!
Un combat qui, en ce qui me concerne, n’est pas nouveau. Dès novembre dernier, avant que le PS ne rejoigne le mouvement, j’avais ainsi participé au rassemblement départemental contre la privatisation de la Poste devant la poste centrale de Créteil, puis “milité” au sein de ma famille politique pour que nous ne restions pas spectateurs de ce débat.
Origines rurales, refus de laisser s’installer, sur le territoire de notre république, des “angles morts” où l’on oubliera les besoins d’une partie de nos concitoyens : voilà, entre autres, ce qui fait mon attachement au service public de la Poste.
Constat aussi de ce qui se passe ailleurs en Europe, quand la poste a été privatisée. Échangeant cet après-midi avec un Italien de passage à Vincennes, j’ai appris qu’en Italie, où la Poste a déjà été privatisée, le délai s’est allongé entre l’arrivée du courrier dans les bureaux de poste et sa réception par les destinataires... au point que l’on n’appose plus de cachet indiquant la date d’arrivée du courrier au dépôt !
Bien sûr, il faut donner à la Poste les moyens de se moderniser, de s’adapter aux nouvelles demandes de ses usagers. Mais réduire nos concitoyens à l’état de spectateurs, puis finalement d’ “otages”, si l’on devait ouvrir la voie vers une privatisation, ne fait certainement pas partie de ces moyens. Entériner l’abandon de certaines parties du territoire français non plus. Pas plus que renoncer à la qualité du service rendu. Ce qui est en jeu, c’est aussi tout simplement la capacité de tous nos concitoyens à s’exprimer dans l’espace public !


Je conclus ce billet par un hommage à Marek Edelman, dernier commandant de l'insurrection du ghetto juif de Varsovie contre les nazis en 1943, dont on a appris la mort vendredi. Un militant, un combattant, dans la vie duquel il y a beaucoup à puiser, pour la réflexion comme pour l'action. Car non seulement sa mémoire, mais ses combats - pour la démocratie, contre le racisme - lui survivent.


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