mardi 3 novembre 2009

Odéon, Bamako : deux horizons, "une" exigence


C’est entendu, le monde est entré dans une nouvelle ère. Des observateurs aussi avisés que Pierre Moscovici ou Hubert Védrine, dans leurs derniers ouvrages, le soulignent assez. Et chacun de nous, dans son quotidien même, le perçoit.
Nouveau rythme et nouveaux modes de diffusion des communications et de l’information grâce aux nouvelles technologies de la communication et de l’information. Prise de conscience qu’un rapport nouveau à notre environnement doit advenir. Prise de conscience de ce que la seule croissance ne suffit pas à rendre heureux - y compris sur les territoires qui en bénéficient globalement -, et que d’autres éléments pèsent lourd dans le bonheur d’une population...
De cela découlent certaines obligations. Et notamment, d’urgence, revitaliser et inventer les bons repères (valeurs, pratiques, connaissances) à partir desquels aborder les rapports entre les espaces et ceux qui les peuplent. Sur notre propre territoire, comme vis-à-vis des autres pays et continents.


Pour certains, empoigner ce défi, cela passe avant tout par un débat sur l’identité nationale. Sur ce débat, j’aurai l’occasion de revenir, mais une autre fois. Parce que, en ce qui me concerne, “mon” actualité fait que le travail a, d’ores et déjà, pris une autre forme. Avec des horizons d’action fort divers (ne serait-ce qu’en termes de distance !) : les régions françaises dans la diversité de leurs territoires et de leurs populations ; le Mali, comme pôle d’un dialogue interculturel ambitieux. Mais à partir d’un repère fort, fil d’Ariane reliant en profondeur ces horizons d’action : l’exigence de solidarité entre les territoires.


Hier, ma soirée a donc commencé aux abords du Sénat, rue Rotrou, avec ceux de nos concitoyens qui s’étaient mobilisés pour l’avenir de la Poste au moment où les sénateurs examinaient le projet de loi portant changement de statut de celle-ci.
Citoyens, associatifs, militants syndicaux, militants politiques... Nous étions plusieurs centaines à faire entendre une double exigence : celle d’une solidarité irréductible entre les territoires - forme de “fraternité” au coeur selon nous du pacte républicain, fondateur de l’identité nationale sur le plan politique - ; celle d’une association renouvelée, plus effective et plus profonde, des citoyens au processus d’élaboration de certaines décisions stratégiques, touchant au coeur de ce qu’ils ressentent comme leur patrimoine commun - y compris sur le plan des valeurs censées régir les rapports entre eux -. D’où l’appel, solidaire, à la tenue d’un référendum sur l’avenir de la Poste.
Ayant vécu avec tristesse, l’hiver dernier, la faible ampleur de la mobilisation devant la poste centrale de Créteil, j’ai ressenti avec bonheur l’intensité et la diversité du rassemblement d’hier soir - en particulier la présence du parti socialiste, désormais pleinement parti prenante dans ce combat.

Ma soirée s’est prolongée à Saint-Ouen, pour une réunion de travail pour un projet d’échange culturel avec le Mali. Au coeur de ce projet, à la genèse duquel j’ai participé depuis l’année dernière, une double conviction : la culture traditionnelle d’un pays comme le Mali regorge d’enseignements sur les rapports possibles, plus harmonieux, entre l’homme et son environnement naturel ; les nouvelles technologies, loin d’enfermer chacun dans une orbite d’autant plus étroite que l’avalanche d’informations - y compris les plus anecdotiques - tend à la saturation et entrave la prise de recul, peuvent contribuer à un dialogue en profondeur entre les cultures les plus différentes.
Au fondement de ce projet, une aspiration. Plus : une exigence vis-à-vis de soi-même, comme citoyen. Contribuer à faire émerger de nouveaux rapports, radicalement et réciproquement solidaires, non seulement entre les populations, mais aussi entre les territoires et les cultures dont ils sont porteurs. À l’appui de cette aventure : la diversité d’âges, de parcours, de compétences, de ceux qui ont choisi de s’y engager.


N’abordons pas le 21e siècle repliés sur nous-mêmes, “forts” d’un état d’esprit étriqué ou timoré qui, immanquablement, finirait par déteindre sur les comportements de chacun et par amoindrir notre force collective. C’est aussi dans des aventures humaines de cette nature, vécues à ces différentes échelles, que réside le creuset de la “nouvelle” citoyenneté. Celle qu’appelle le monde nouveau dans lequel, désormais, nous vivons - et à la vie duquel nous devons participer avec force.

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