mardi 2 mars 2010

Régionales : “vue courte et maux croissants” ou l’approche ubuesque de la droite face aux violences en milieu scolaire


Quelques mots sur le débat contradictoire organisé hier soir dans l’émission politique “Mots croisés”, en vue des élections régionales. Seul du genre, à ma connaissance, que ces élections se soient vu accorder à ce jour ! Pour m’en tenir à l’angle sous lequel j’ai décidé d’envisager la campagne en priorité, je reviens sur la partie - importante - du débat consacrée aux “violences en milieu scolaire”. (Pour mémoire tous les lycées, qu'ils soient d'enseignement général, techniques ou professionnels, publics ou privés sous contrat, relèvent à la fois de l'Etat et des Régions.)
Cette partie du débat, une des plus ancrées dans les préoccupations quotidiennes des Franciliens, a eu en outre le mérite de faire apparaître clairement ce que recouvre - sur ce sujet et en termes de projet pour les jeunes - l’opposition entre l’UMP-Nouveau Centre et leurs alliés d’une part, le PS, Europe Ecologie et le Front de Gauche d’autre part.

À droite, Laurent Wauquiez - pas Lafon... gare aux homonymies -. Avec un raisonnement auquel le bilan de l’actuelle majorité présidentielle condamne ses représentants : la société est le théâtre d’une montée de la violence - indirectement soutenue par la politique, à bien des égards brutale, de l’actuel gouvernement - ; il s’agit donc de la cloisonner en parcelles qui communiquent le moins possible entre elles.
Concrètement : enfermer les lycées derrière un rempart d’appareils de vidéo-surveillance et de grilles toujours plus hautes, en se persuadant que l’écho de la violence polymorphe qui marque le quotidien de nombre de nos concitoyens, fuyant les caméras et se diffusant par voie aérienne tel un gaz lourd, renonce à toucher les établissements scolaires. La droite ou “l’imagination au pouvoir”...
Comme si l’écho de cette violence, quand il frappe collégiens ou lycéens, ne prenait pas plus simplement la forme d’actes commis par des personnes, venues d’autres quartiers que ceux où se trouvent le collège ou le lycée, le plus souvent devant l’entrée des établissements scolaires (ou aux abords des équipements sportifs utilisés par ceux-ci à l’extérieur de leurs murs), ou bien à l’intérieur par des individus entrés... par la porte des mêmes établissements.
Soyons justes : M. Wauquiez ne se contente pas de ces invocations. Tenant compte du rôle des rapports entre les personnes dans la lutte contre les violences en milieu scolaire, il assure que le gouvernement a engagé dernièrement une politique de recrutement massif de personnel éducatif compétent. Trop récemment sans doute : personne, sur le terrain, n’en aperçoit à ce jour le moindre signe. Sans doute le deuil - des 16 000 suppressions de postes en 2010 annoncées par le gouvernement - voile-t-il le regard des observateurs les mieux placés... À moins que M. Wauquiez ne confonde “sanctuaire” - le gouvernement aspirant selon lui à “sanctuariser” les établissements scolaires - et “ossuaire”.

Quelle alternative ? À gauche - Benoît Hamon pour le Parti socialiste, Cécile Duflot pour Europe Ecologie, Marie-George Buffet pour le Front de Gauche -, les discours étaient bien accordés. Chacun exprimant tranquillement sa sensibilité propre, ce qui n’empêchait nullement une vraie cohérence d’approche de se dégager.
Je n’entre pas ici dans le détail des propositions - j’aurai, et d’autres avec moi, le temps de le faire d’ici au 14, puis au 21 mars.
Première remarque : à gauche, c’est rassurant, on ne renonce pas à prévenir les violences, c’est-à-dire à dénouer en amont les tensions qui les font naître. Punir les actes violents (le cas échéant à l’aide de la vidéo-surveillance) c’est nécessaire pour recadrer les fautifs. Empêcher qu’ils n’adviennent, en agissant en amont aussi souvent que possible, c’est encore mieux - surtout pour les victimes.
Deuxième remarque : porteurs d’une part de “radicalité” ou d’une volonté d’innover plus - ou autrement - affirmée que le Parti socialiste, ses partenaires apportent dans notre démarche commune une réelle valeur ajoutée. Par exemple, j’ai entendu avec plaisir Mme Buffet et Mme Duflot appeler de leurs voeux des partenariats innovants entre les membres de la communauté éducative dans leur diversité (voir, à ce sujet, mon post du 13 septembre dernier Ecole, entreprises, fiscalité : leçons de rentrée... et devoir de socialistes!). Notre approche, résolument progressiste, ne se réduit donc pas à la demande de “toujours plus de moyens”. Elle se rassemble dans l’ambition d’innover, pour être efficaces ! Il serait temps que la droite, en tout cas ses porte-parole, l’entende - ce qui n’était pas le cas hier soir encore.

À ce propos et pour conclure, force est de souligner la triste “cohérence” entre l’approche de la droite représentée hier par M. Wauquiez en matière de violences en milieu scolaire, et l’approche “tactique” de cette même droite en vue du scrutin des 14 et 21 mars prochains.
Quelle cohérence ? Quand M. Wauquiez, en fin de débat, tourne en dérision les alliances que Parti socialiste, Front de Gauche et Europe Ecologie se disent prêts à construire pour le second tour, il fait malgré lui un aveu terrible. Celui d’une droite prisonnière de son renoncement au dialogue. Un renoncement qui, confondant choix tactique et méthode de gouvernement et malgré des exceptions locales (voir la page du site “Forum français pour lé sécurité urbaine” consacrée au Projet “Franciliens tous médiateurs !” et à la rencontre régionale du 24 novembre dernier à Pierrefitte-sur-Seine), dicte largement à la droite sa politique en direction des jeunes (voir mon post du 16 octobre dernier Jeunes et éthique républicaine : une rencontre fondatrice sacrifiée par l'exécutif) !

Vouloir insuffler du “pouvoir-vivre” dans l’espace public - y compris pour les jeunes Franciliens : une raison supplémentaire de choisir, dès le 14 mars, la gauche pour nos régions !

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