mardi 30 juin 2009

Val-de-Marne : TPE et PME, des acteurs clé du territoire à ne pas « laisser tomber » face à la crise


Cela devait finir par arriver, les PME et les TPE (très petites entreprises) val-de-marnaises ne sont pas épargnées par la crise
. Certes, notre département a un temps bénéficié d’une sorte de répit (comparé à Paris ou aux Hauts-de-Seine). D’une part, les difficultés économiques se sont d’abord réparties et « diluées » dans le tissu économique val-de-marnais, très diversifié (voir mon post du mercredi 1er avril Val-de-Marne : les « forces vives » en première ligne face à la crise). D’autre part, les TPE et PME val-de-marnaises satisfont des besoins essentiellement locaux, ce qui a retardé d’autant l’impact du ralentissement de l’économie mondiale.
Mais la situation se tend bel et bien. Quelques chiffres : +9% de défaillances d’entreprises par rapport à juin 2008 (au total, 363 défaillances enregistrées depuis cette date) ; recours au chômage partiel multiplié par 8 ; nombre de demandeurs d’emploi en hausse de 18,8%.
Concrètement, depuis plusieurs semaines, les carnets de commande des entreprises diminuent, et les demandes de délais de paiement augmentent (il y en a eu 3 fois plus au premier trimestre 2009 qu’au premier trimestre 2008).

Or, les TPE et les PME constituent pour notre département et pour sa vitalité des acteurs stratégiques, qu’on ne saurait « laisser tomber ». Naturellement, pour des raisons de solidarité évidentes.
Mais aussi en raison de la structure du tissu économique val-de-marnais : les Très petites entreprises et les PME représentent… 98% de celui-ci !
En outre, ces entreprises recèlent un potentiel d’innovation précieux. À Saint-Maur par exemple, Alain Custey (carrossier, présent mercredi dernier à Saint-Mandé lors de la soirée d’échange de cartes de visite organisé par la CGPME 94) s’est mis à réparer les véhicules trop accidentés que l’on envoie d’habitude directement à la casse après un sinistre.
À cela s’ajoutent les défis liés à l’intégration du Val-de-Marne dans le futur « Grand Paris » / « Paris Métropole ». Des défis qui exigent une transformation de notre département déjà engagée sur de nombreux plans (offre immobilière, transports, environnement sur le lieu de travail…) évoqués lors de la réunion publique qui s’est tenue jeudi dernier à l’Agence de développement du Val-de-Marne à Ivry-sur-Seine, devant un public essentiellement composé de cadres, de dirigeants et de créateurs d’entreprises. J’aurai l’occasion d’y revenir dans les mois qui viennent.



Dans ce contexte, « ne pas laisser tomber » les TPE et les PME, qu’est-ce que ça veut dire, concrètement?

Porter conseil ou secours aux entreprises en difficulté. Au niveau du département, la Chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne (CCIP) a mis en place depuis novembre dernier un plan d’urgence pour les PME (qui peuvent obtenir aide et conseil pour faire face à leurs difficultés en appelant le 0820.012.112), et un dispositif appelé « Tiers de confiance de la médiation » permet aux sociétés privées de concours bancaires d’accéder au crédit. Des dispositifs auxquels 89 entreprises ont eu recours depuis octobre 2008 (surtout des très petites entreprises dans le secteur du commerce de détail et des cafés-hôtels-restaurants).

Répondre aux besoins d’accompagnement des porteurs de projet val-de-marnais et favoriser l’initiative. C’est par exemple le but du « Forum de l’entreprenariat », dont la 11e édition s’est tenue le 11 juin dernier à Créteil (à l’initiative du Conseil général, de la CCIP du Val-de-Marne, de la Chambre des métiers et de l’artisanat du Val-de-Marne, et de l’Université Paris XII). Parmi les questions traitées : entreprendre dans l’économie sociale et solidaire ; les aides et accompagnements à la création d’une entreprise innovante ; les jeunes et l’entreprenariat ; créer une entreprise artisanale ; la reprise d’entreprise, une autre façon de créer.
Avec une nouveauté : le lancement de l’opération « Entreprendre dans les quartiers prioritaires du Val-de-Marne ». Il s’agit de favoriser l’émergence d’une nouvelle dynamique économique dans les quartiers en difficulté, de sensibiliser les jeunes qui y résident à l’entreprenariat tout en démythifiant ses exigences (il n’est pas forcément nécessaire d’avoir beaucoup d’argent ou bac +8 pour créer sa société) ; et de proposer un accompagnement spécifique et gratuit aux personnes souhaitant s’installer dans ces territoires (zone franche urbaine du Bois-l’Abbé - les Mordacs à Champigny, zone de redynamisation urbaine quartier sud - Grand Ensemble à Alfortville…).

Permettre aux entreprises de suivre les transformations du territoire val-de-marnais et d’anticiper sur les potentialités dont elles sont porteuses (développement de puissants pôles d’activité et de vie comme le projet « Ivry confluences », le pôle Orly – Rungis - Seine amont, le projet « Cœur d’Orly »…). C’était l’esprit de la rencontre à laquelle j’ai participé à l’Agence de développement du Val-de-Marne jeudi dernier. Dans cet esprit aussi, le Conseil général va, depuis trois mois, à la rencontre des entreprises val-de-marnaises pour expliquer le projet « Orbival » (voir mon post du mercredi 25 mars Val-de-Marne : « Orbival » expliqué aux entreprises).

On peut penser à d’autres pistes encore, évoquées samedi dernier lors de la « Journée PME-TPE » organisée au siège du PS (rue de Solférino), et à laquelle j’ai participé.
Par exemple : pérenniser le poste de médiateur du crédit et élargir ses moyens de contrôle ; créer temporairement un pôle d’investissement public, en complément du système bancaire privé, pour soutenir les entreprises viables mais fragilisées ; créer (dans les mêmes conditions) un pôle financier public pour assurer un déblocage du crédit aux PME et obliger par cette concurrence les banques privées à reprendre l’initiative ; surveiller les pratiques des assurances crédits et des agences de notation (qui peuvent signer l’ « arrêt de mort » d’une entreprise en quelques semaines sans avoir à rendre de comptes).
Ou encore, encourager la mutualisation de moyens par bassin d’emplois (pour créer des emplois, ou financer des missions de conseil juridique et financier aux PME en difficulté…) ; assouplir les dates de règlement pour les commerçants dont le stock a une faible rotation (ameublement, gros électroménager…) ; favoriser l’emploi des jeunes au travers de l’apprentissage notamment chez les artisans (en s’assurant que les contrats d’embauche sont bien en CDI pour éviter l’ « effet d’aubaine ») ; pour les PME mettant en œuvre une stratégie d’innovation, élargir aux dépenses liées à celle-ci l’assiette du crédit impôt recherche ; encourager le regroupement de PME pour répondre aux appels d’offre de marchés publics (dont elles sont aujourd’hui exclues)…

En résumé : informer, sécuriser, encourager l’initiative, l’innovation et les synergies. Mais aussi se méfier des « mirages », ou des « miracles périlleux », comme le fameux statut d’ « auto-entrepreneur » - qui n'est pas sans dangers sur plusieurs plans et sur lequel j’ai contribué à attirer l’attention lors de notre journée de travail sur les TPE-PME.

vendredi 26 juin 2009

Pour le service public de l'Education nationale : rassemblement demain matin à Créteil


Depuis mardi, l’Education nationale a un nouveau ministre
. Il s’agit de Luc Chatel, ancien secrétaire d’Etat à la Consommation et au Tourisme et ancien secrétaire d’Etat à l’Industrie et à la Consommation. Il succède à Xavier Darcos, affaibli notamment par l'enlisement de la réforme du lycée.
Son successeur hérite d’une feuille de route qui comporte, parmi d'autres objectifs, 16 000 suppressions de postes dans l’Education dans le cadre du budget 2010.
Certes, M. Darcos s’est efforcé de “flouter” la réalité qu'implique ce choix en l’habillant d’explications techniques (“Il s’agit de 600 postes d’agents admnistratifs et de 14000 postes d’enseignants stagiaires affectés en institut universitaire de formation des maîtres ou équivalent pour l’enseignement privé (à hauteur de 1400)” expliquait-t-il dans La Tribune du 24 juin).

À la lumière crue de l’expérience de terrain, la cruauté de cette amputation apparaît toutefois clairement. De même que son caractère aberrant, au regard du discours même des représentants du Ministère de l’Education nationale. En jeu ? L’égalité des chances de réussite scolaire et les marges de manoeuvre pour innover efficacement dans la poursuite de cet objectif - compte tenu des évolutions du public scolaire. Mais aussi la crédibilité de l’Education nationale - ressort clé de l’investissement des élèves dans leurs études (voir mon post du vendredi 26 décembre 2008).
Récemment, lors d’un échange avec un Inspecteur d'académie, je me suis entendu expliquer, ainsi que mes collègues avec qui nous protestions contre la fermeture d’une classe, qu’il est important, lorsqu’on exprime des besoins en matière de moyens, de tenir compte du contexte dans lequel cette demande s’inscrit.
Nous nous sommes entendus recommander la lecture de sociologues et de démographes, et expliquer qu’une baisse démographique laisse présager une baisse imminente des effectifs à l’entrée au collège. Volontiers lecteur de sociologues et d’économistes, j’ai pu répondre que, sauf à pratiquer une lecture à trous, leurs textes permettent : 1) de reconnaître un raisonnement “toutes choses égales par ailleurs” et d'en apprécier la pertinence ; 2) de comprendre que l’environnement d’un établissement scolaire et des élèves, ce n’est pas seulement une réalité démographique, mais aussi - entre autres - une réalité économique, sociale, et humaine, durement marquée par une dramatique aggravation du chômage pour les parents, les grands frères ou grandes soeurs ; 3) qu’en matière de chances de réussite scolaire, les effets de contexte (taux de réussite scolaire et professionnelle dans l’environnement quotidien) jouent à fond, rendant suicidaire un raisonnement sur des bases exclusivement démographiques, tout particulièrement dans la crise sévère que nous connaissons.

De telles considérations cadrent mal avec la gestion essentiellement comptable de l’éducation pour laquelle la droite a opté depuis maintenant un certain temps. Une gestion face à laquelle, il faut bien le reconnaître, la gauche - et le PS en particulier - peine aujourd’hui encore à proposer un projet alternatif. En septembre 2009, la journaliste Christine Garin constatait ainsi qu’ “obnubilés par leur prochain congrès, à Reims en novembre, les socialistes n’[avaient] pas vu passer la rentrée scolaire traditionnellement propice aux retrouvailles entre leur parti et le monde enseignant” (“Le PS et les enseignants, la désillusion”, Christine Garin, Le Monde du 20 septembre 2008).

Une forme d’ “autisme” dont, comme militant “de base”, j’ai pu faire l’expérience à l’époque. En effet, avec des camarades de Vincennes, Saint-Mandé et Fontenay-sous-Bois, nous avions alors lancé un appel à la vigilance et à un véritable travail en réseau, au plus près des réalités locales (voir ci-contre). Malheureusement, cette initiative n’avait été que faiblement relayée, les responsables locaux étant accaparés par la préparation du Congrès. (De quoi réfléchir, peut-être, sur les modalités d’organisation de ces temps forts de la vie du PS.)
Depuis quelques mois cependant, le PS semble désireux de prendre de nouveau à bras le corps les problématiques de l’Education, en vue de construire un projet en la matière (voir mon post du mercredi 8 avril 2009).


En attendant, le “passage à la moulinette” du service public de l’Education nationale a bel et bien suivi son cours durant cette année scolaire, et s’annonce tout aussi vigoureux pour la suivante. Entre autres : suppression de 13500 postes dont 3000 Rased, réduction des heures d’enseignement, remise en cause de la scolarisation des 2-3 ans et de la maternelle publique et gratuite...
Force est de constater après coup que le bilan est lourd. Et aussi - même si cela ne saurait suffire - de manifester notre opposition à cette politique durement subie ceux qui étudient et travaillent dans la plupart des établissements scolaires publics. Par exemple, en participant au rassemblement organisé demain à 11 h devant le rectorat de Créteil, à l’initiative de plusieurs syndicats enseignants et de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves des écoles publiques FCPE (voir invitation ci-dessous).



mardi 23 juin 2009

Laurent Lafon face aux représentants du personnel municipal : “rouleau compresseur” plutôt que “respect de l’interlocuteur” ?


Avec Laurent Lafon, les représentants du personnel de la ville de Vincennes peinent décidément à trouver un interlocuteur respectueux.
Ainsi hier, ils ont dû refuser de prendre part au Comité Technique Paritaire
- qui, faute de quorum, n’a pas pu se tenir.
Le Comité technique paritaire, c’est une instance de représentation et de dialogue chargée de donner un avis sur l’organisation et le fonctionnement de la fonction publique territoriale (ou, dans d’autres cas, d’Etat). En particulier, sur l’organisation interne, la répartition des services, les méthodes et techniques utilisées au travail. Sur le plan social, les CTP ont aussi vocation à se prononcer sur les questions touchant aux effectifs, sur la situation des personnels contractuels, le travail à temps partiel, la réopartition des primes...
Pourquoi cette décision intersyndicale (dans laquelle se rejoignent FO, la CGT et la CFDT) ? Pour protester contre le manque de concertation dont font preuve Laurent Lafon et son équipe municipale. Un choix expliqué dans une lettre ouverte remise au maire de Vincennes et distribuée à l’ensemble du personnel communal hier après-midi (voir ci-contre).


Réaction de M. Lafon face à ce signal d’alarme ? Convoquer en urgence un nouveau Comité technique paritaire demain matin à 9h30. Traduction : le maire de Vincennes a décidé de passer en force en ignorant ses contradicteurs (quand un CTP se réunit pour la 2e fois, le quorum n’est plus nécessaire), afin que soient validés in extremis de nombreux points qu’il souhaite faire approuver le soir même en Conseil municipal.
Parmi ces points, le nouveau règlement intérieur des bibliothèques - désapprouvé par une très forte majorité du personnel concerné et par ses représentants (voir mon post du jeudi 11 juin). Que sont devenues les demandes adressées par ces derniers à M. Lafon pour qu’ils les reçoive et dialogue avec eux ? Quel accueil le maire de Vincennes a-t-il réservé aux centaines de soutiens recueillis par eux auprès des utilisateurs de la médiathèque, lors de leur récent mouvement de grève ? La réponse semble, à ce jour, être la même que pour la demande d’information que j’avais adressée à M. Lafon l’automne dernier, sur une question concernant le CRA de Vincennes et touchant aux valeurs républicaines - demeurant à ce jour sans réponse (voir mon post du jeudi 23 avril).

La “proximité à éclipses” de Laurent Lafon et de son équipe continue donc de sévir. D’une manière qui engage directement la qualité de l’accès à la vie culturelle pour les Vincennois, et la vitalité de celle-ci dans les prochaines années. Et qui, au-delà, révèle la tendance du maire de Vincennes à fouler aux pieds, à l'occasion, certains principes de base du dialogue républicain - la prise en compte des points de vue qui s’expriment dans l’espace public, et le respect de ceux qui ont vocation à les faire entendre.

Face à cette approche préoccupante de la vie municipale et de la vie culturelle vincennoise, j’ai proposé à nos élus municipaux d’intervenir, lors du Conseil municipal de demain, de la façon qui leur semblera la plus efficace. Je me rendrai bien entendu à ce Conseil, qui se tiendra à partir de 19 heures.

vendredi 19 juin 2009

La parole partagée, outil politique privilégié et source de plaisir


Journée “magique” pour le professeur de lettres et le citoyen que je suis ! Elle a montré combien le verbe, la parole partagée, quand on leur accorde toute leur place et quand on sait en reconnaître les richesses, sont un des ferments du “vivre ensemble”. À la fois comme outil privilégié pour construire un projet politique commun, et parce qu’ils nous ouvrent un espace de plaisir partagé.

Toute la journée, j’étais au Conseil économique, social et environnemental (ainsi rebaptisée depuis la révision constitutionnelle du 21 juillet 2008, cette assemblée permet la représentation au niveau national des organisations professionnelles, et la communication entre les différents acteurs de l’économie). J’y accompagnais des élèves dont je suis professeur principal, pour qu’ils participent à la grande consultation nationale “Parole aux jeunes”.
Centrée sur le thème de la précarité, cette journée a conduit nos jeunes concitoyens à réfléchir sur différents aspects de cette question cruciale (précarité et vie scolaire, précarité et vie sociale, précarité et lieux de vie - départements, villes, quartiers...-, précarité et santé, précarité et avenir professionnel). Et les accompagnateurs, dont je faisais partie, à rencontrer avec des interlocuteurs intéressants tels que Christian Larose (vice-président du Conseil économique, social et environnemental et président de la section “Travail” au sein de cleui-ci) ; Dominique Versini, Défenseure des enfants ; Pierre Saglio, Président de l’association ATD Quart Monde ; Claire Villiers, vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, chargée de la démocratie régionale...).
La vitalité et la pertinence des adolescents à qui j’ai la chance d’enseigner, encore accentuées - comme souvent - quand on leur prête une écoute bienveillante et que l’on sort du cadre “traditionnel” de la salle de classe, m’ont une fois de plus impressionné. Les échanges, avec les organisateurs, qui ont suivi cette journée de travail et de partage d’idées ont montré que cette impression était partagée !
À la fierté de voir participer fructueusement à ce travail les jeunes gens à qui je me suis efforcé tout au long de l’année d’apprendre à développer leur capacité de dialogue et d’expression, et à exprimer ce qu’ils pensent avec précision, s’ajoutait une certaine émotion.
Celle de voir ces apprentis citoyens s’approprier, avec un bonheur visible, cet important lieu de la République française et du dialogue républicain. La capacité d’exprimer leurs idées, de mettre en paroles leur vécu quotidien, a ouvert à “mes” élèves de cinquième de Seine Saint-Denis un espace de dialogue, et de partage heureux, avec d’autres collégiens et lycéens venus d’horizons très différents (collège de jeunes filles privé, lycée de Neuilly, collège du Val-de-Marne, établissement de Nangis en Seine-et-Marne). Savent-ils combien ce soir je suis fier d’eux, et heureux pour eux ? Sur un autre plan, c’est aussi de tels moments que se nourrit mon attachement profond au dialogue républicain.

Ma journée s’est terminée avec l’inauguration de la nouvelle librairie “Mille Pages”, rue de Fontenay. Énormément de monde, dans un très bel endroit, sur fond - ce qui ne gâche rien ! - de musique très sympa. Venu en voisin, j’ai apprécié doublement ce qui m’apparaît comme un véritable temps fort de la vie culturelle vincennoise en 2009. Humainement, j’ai pris plaisir à retrouver, en cette période quelque peu chargée, des amis avec qui nous avons en commun différents engagements (associatif ou politique) dans l’espace public vincennois.
À cette joie simple s’est ajouté, pour le professeur de lettres que je suis, celle de voir que l’ouverture d’un espace dédié à l’humanisme, à la découverte par le verbe, dès lors que l’on s’efforce d’en faire un espace de vie et d'échange se fait lieu d’un plaisir partagé par beaucoup ! Une journée “magique” décidément, à savourer en cette fin d’année scolaire !

jeudi 11 juin 2009

Vincennes:Laurent Lafon ou la "proximité à éclipses" (suite)


Il y a quelques semaines, je constatais la “proximité à éclipses” Laurent Lafon
(voir mon post du jeudi 23 avril). Une approche singulière de la politique qui se traduit chez le maire de Vincennes par une sorte de cécité face à certaines réalités humaines - régulièrement aggravée par l’enfermement dans une logique étroitement comptable.
En résultent des choix qui, notamment, tournent le dos aux besoins de nos concitoyens en matière de service public. On l’avait déjà vu avec la fermeture du Tribunal d’instance de Vincennes à l’occasion d’une réforme de la carte judiciaire dont M. Lafon avait regretté qu’elle n’aille pas “plus loin” - alors même qu’elle oblige nombre de justiciables à mobilité réduite (personnes âgées sous tutelle) à faire un trajet compliqué jusqu’à Nogent-sur-Marne.
De cette tournure d’esprit singulières, nous avons eu récemment un nouveau témoignage. Comme beaucoup de Vincennois ont pu le constater, la gestion de la médiathèque municipale a suscité il y a peu un mouvement de grève au sein de celle-ci. Cette grève était la troisième en quatre semaines, et avait été précédée d’une autre grève l’année dernière. L'occasion d'échanger longuement avec des représentants du personnel, et de comprendre les enjeux de cette mobilisation.

De quoi s’agit-il ? L’équipe municipale a décidé d’augmenter les horaires hebdomadaires d’ouverture au public de la médiathèque (qui passeraient de 26 à 31 heures). Une augmentation de 20% des horaires qui, pour être viable, exige la création d’un poste à temps plein.
Dans le même temps, la mairie refuse toute embauche. Solution proposée - et imposée - par Laurent Lafon et son équipe : réduire les animations, accueillir moins de publics scolaires, fermer la bibliothèque Ouest le vendredi sans repenser la cohérence des horaires d’ouverture respectifs des 4 bibliothèques du réseau. En résumé : utiliser comme variable d’ajustement le temps indispensable pour mettre en valeur les collections et permettre aux Vincennois de mieux s’y repérer, ainsi que la disponibilité et la créativité des personnels - dont l’activité s’apparentera de plus en plus à une sorte de travail à la chaîne.
Certes, Laurent Lafon et son équipe pourront chercher refuge dans tel ou tel argument comptable. Par exemple, en arguant du fait qu’avec 33 agents, la médiathèque de Vincennes a un effectif équivalent à d’autres villes de taille comparable. Nouvel exemple de la “cécité” que j’évoquais plus haut ! C’est oublier la réalité humaine dans laquelle s’inscrit la médiathèque de Vincennes : 23% des Vincennois y sont inscrits - au lieu de 17% en moyenne dans les communes françaises -, avec un taux d’emprunt important (+40% de prêts dès l’ouverture de la nouvelle bibliothèque en 2005, niveau maintenu depuis).

Quand on a pour métier, au quotidien, de contribuer à ouvrir l’horizon culturel de ceux qui en ressentent le besoin, on sait ce qu’une telle approche signifie en termes de rapport à la culture : le basculement vers une logique d' "abattage" et de consommation, au détriment de la découverte, et de la créativité, en un mot du plaisir.
Une conception aride, apauvrissante, de l’accès à la culture, où l’affichage du nombre d’heures d’ouverture prime sur l’apport réel au public censé en bénéficier. Bref, une conception du service public de la culture placée sous le signe du renoncement.
Doit-on vraiment souhaiter ce régime pour les Vincennois ? Ne peut-on pas penser que, dans un domaine aussi important que l’accès à la culture, une démarche constructive doit prévaloir ?
Or, d’après les informations que j’ai pu recueillir, Laurent Lafon refuse obstinément de recevoir les représentants du personnel de la médiathèque. Une attitude qui - au passage - laisse songeur sur la bonne foi de la droite lorsqu’un autre de ses représentants locaux, Patrick Beaudouin, rappelle volontiers qu’ “un accord négocié peut, parfois, se révéler plus efficace que la contrainte” (voir mon post du lundi 20 avril). Et un refus de l’échange d’idées et du dialogue dont, semble-t-il, le maire de Vincennes voudrait faire une règle dans le fonctionnement de la médiathèque !

En effet, les conditions imposées aux agents de la médiathèque municipale reviendraient à réduire leur capacité d’initiative en matière d’animations et d’activités d’accueil : n’ayant guère le temps de monter des projets à destination des Vincennois, ils n’auront d’autre possibilité que d’exécuter ceux imposés “par en haut”.
Elles réduiraient aussi leur disponibilité, nécessaire à un contact direct et de qualité avec les Vincennois. En invoquant un “recentrage du travail du bibliothécaire” (Le Parisien du 13 mai), la première adjointe de M. Lafon veut-elle dire que cet aspect de leur travail, essentiel au plein fonctionnement d’une médiathèque, doit devenir une préoccupation périphérique ?
Concrètement par exemple, c’est aujourd’hui l’accueil régulier de classes de collège ou de lycée dans l’espace musique qui est inenvisageable dans de bonnes conditions. Un comble, au moment où commencent à entrer en vigueur dans les collèges de nouveaux programmes qui font une place à la musique jusqu’en cours de français (dans le cadre de l’enseignement de l’histoire des arts) !
Rappelons au passage que ces nouveaux programmes ont été conçus à l’initiative de la famille politique de M. Lafon (le ministre de l’Education nationale était alors Gilles de Robien, proche du Nouveau Centre)... Face à cette réticence à contribuer à la bonne mise en oeuvre de la politique éducative préconisée par ses propres amis, deux hypothèses : soit l’éducation ne constitue pas une priorité pour le maire de Vincennes; soit les choix de ses amis dans ce domaine ne lui paraissent pas devoir être réalisés (parce qu’à ses yeux irréalistes, ou mauvais ?).


Quoi qu'il en soit, avec sa médiathèque et son réseau de bibliothèques, Vincennes a la chance d’être doté d’un magnifique outil en matière d’accès à la culture. Après avoir réalisé un tel investissement, renoncer à une partie des services qu’il peut rendre aux Vincennois n'a aucun sens... et relève du pur et simple gaspillage !

Lieu d’accès à la culture, la médiathèque a par définition vocation à être un lieu de vie culturelle. C'est-à-dire un espace d’échange, de découverte, de créativité. Elle doit donc disposer des moyens que cela exige, à définir dans un dialogue ouvert avec le personnel et ses représentants !